vendredi 1 février 2013

Peut-on y croire , à la Chandeleur?



Presque chaque année on y croit, à la Chandeleur!
Après la clarté  dans la nuit du sapin de Noël, on traverse le mois de janvier, les yeux fixés sur ces petites minutes de jour qui allongent, saut de puce après saut de puce, les chiches lumières du mois de Janus, on y croit, à  la flamme ténue, résistante aux bourrasques, et  que le vent ne réussit pas à souffler, de la  petite chandelle de la chandeleur…

J’ai retrouvé le texte que j’avais écrit sur ce que j’appellerai:
L’illusion de la Chandeleur selon mon père




Quand j’étais enfant, si une fête comptait dans l’imaginaire païen de mon père, autant que Noël, et plus que l’Epiphanie, c’était la Chandeleur.
Je ne sais pourquoi, cette fête marquait pour lui la fin de l’hiver, l’espoir superstitieux que si on l’atteignait, une fois dépassé, ce jour marquait le terme des dangers liés au froid, au déclin de la lumière, aux maladies associées, catarrhes, pneumonies, bronchites, dont il faut bien le dire, on mourrait fréquemment à l’époque de son enfance.


La fin de l'hiver, l'espoir superstitieux....
Chaque année donc on marquait scrupuleusement le 2 février. Ma mère tournait les crêpes dont la pâte avait reposé une demi-journée dans un grand saladier de verre jaune doré…
Ma grande mère même, en faisant sauter la première crêpe de la main droite, y jetait une piécette de sa main gauche et envoyait le tout sur le buffet de la cuisine pour une année.
Plus tard quand la fatigue des années rendit ma mère plus paresseuse, elle achetait la pâte chez le boulanger dans des bouteilles de verre vert à long col.
Puis plus tard encore vint le temps de la grosse crêpe unique dont la pâte simplement tournée à la main dans un petit saladier était versée sur des tranches de pomme coupées fin et caramélisées à la poêle. La difficulté était de la retourner proprement pour qu’elle dore des deux côtés ; le délice était la mince couche de sucre glace dont on la saupoudrait, et l’odeur de pommes cuites et de pâte associée qui fumait dans la cuisine
Puis vint le temps des amours mortes : ma mère disparue, les enfants partis, mon père achetait encore chez son boulanger des crêpes toutes faites au fort parfum de fleur d’oranger et les mettait à tiédir dans une assiette posée sur une casserolée d’eau bouillante… (au four elles se dessécheraient disait-il), jusqu’au jour de sa mort qui survint par surprise une froide fin de février, à « Chandeleur dépassée » .

..qui survint par surprise une froide fin de février...

Quelle que soit la signification véridique du mot, et le sens religieux de la fête, pour moi la Chandeleur restera indélébilement associée, à l’image prégnante d’une chandelle allumée résistant aux souffles de l’hiver et marquant le triomphe de la lumière qui revient , se mêlant dans mon âme au parfum de la pâte chaude qui brunit au bord de la poêle, des pommes caramélisées, de la fleur d’oranger,et des crêpes partagées dans la chaleur du soir.





Cette année, froid au Nord et déluge dans notre sud, on n’y croyait  guère . Je n’avais pas même pas prévu que s’obstineraient les perce-neiges et s’ouvriraient les roses de Noël .Mais voilà qu’il y a eu quelques jours de douceur, et on s’est preque fait avoir , on y a presque cru à la fin de l’hiver…

Mais voilà qu’à la veille de ce  jour  festif, je me fais  « agripper » par surprise  par quelque chose qui ressemble à la Grippe ….Ce soir, je suis mal mal mal dans ma peau mais il faut, il faut absolument, que demain je fasse sauter la crêpe rituelle, censée  éloigner les maléfices de l’hiver et les vilenies de Janvier

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