mercredi 27 mai 2009

Simulacres et virtualités

Virtuel : « qui n’est tel qu’en puissance » Le Robert
Simulacres : « du lat. simulacrum image, idole ;apparence sensible qui se donne pour une réalité » le Robert
La bourse
Quelle réalité les sommes en jeu dans les cotations boursières ont-elles ? Ne sont-elles pas virtuelles ?
Mon père racontait qu’au début de la guerre il vendit son automobile, dont il n’était pas peu fier, et mit de côté l’argent de la vente. Il fut à la libération tout heureux et tout aise de se payer avec cette somme une brouette !

La vie politique
Les hommes politiques de la télé sont-ils vrais ou des « simulacres », puisque le moindre orage sur les Pyrénées suffit à décomposer leur image sur l’écran en petits carrés de peintres pointillistes ? Connaissent-ils la vraie vie ou vivent-ils dans un monde virtuel, se contentant de nous voir à travers le miroir ? Les vignettes de leur vie télé s'organisent comme un vaste roman photo.

Le courrier
Les messages mailés viennent-ils de nos amis ou ne sont-ils qu’une projection sur la toile ? Les mots de nos blogs s’inscrivent et s’effacent, se copient, se collent et se déplacent sur l’écran au gré de nos humeurs, comme un générique de Folon…

Le foot et le rugby
Peu à peu, les matches de foot ne nous parviennent qu’à travers l‘écran des commentaires :
-« il va partir l’entraîneur, il va signer une autre année, non , oui , peut-être »
- « zut on a pas vu le but, c’est pas grave y a le flash back, y aura les spécialistes ; on saura ce qu’il faut en penser …. »
Il y a désormais le rugby-fiction, avec de drôles de maillots rose façon vieilles dames anglaises, des shows façon technicolor à l’entrée et à la fin, et des chroniques people en liens à suivre sur le net. Mais y a-t-il encore le rugby en vrai, le dimanche après midi au bord du terrain sur la touche qui sent bon l’herbe des Barthes landaises, ou au plein vent du stade où l’on cherche l’abri des tribunes repeintes en rouge et blanc ? Le soir dans le train qui nous ramenait à Bordeaux on n'étaient pas peu fières de rencontrer "Bala" ou Otats...

L’usine à images tourne, le moulin à nouvelles mouline, la machine à gloses tourne à plein régime. Sur les écrans de nos vies passent des images, il y a un sous titre, il y a des onglets : légendent-ils ce que l’on voit sur l’image pour un ancrage explicatif ou parlent-ils d’une autre image pour l’instant virtuelle ?
Même sur l’écran de mon appareil photo je me demande parfois si s’inscrit l’image que je vais prendre ou celle que j’ai déjà prise…
Ménage et jardinage...
Alors je fais une petite cure de réalité, ménage et jardinage sont les deux mamelles du réel : frotter le bois de odorant et lisse de la salle à manger fait ressortir la belle veine du bois, qui capte alors le reflet d’un bouquet de camélias.


Courir à la jardinerie acquérir un hibiscus rose, trois bégonias, dix godets d’impatiens (chez moi on disait, j’aimais bien, des « impatiences ») une touffe de thym arrondie et en pleine fleur , les transplanter dans mon jardin à côté de l’angélique que j’ai plantée il y déjà deux on trois ans (je ne sais pas son usage culinaire, ni comment la soigner , en fait j’ai acheté son NOM mais elle grandit et se développe VRAIMENT) !!!
Gratter, planter, "touiller" la terre à pleines mains tout en se demandant comment finalement ces fleurs de serre supporteront la transplantation dans la vraie terre de mon jardin ?

Concerts
Je comprends aussi pourquoi même si j’écoute avec passion les disques de mes musiciens favoris encore et encore, j’aime tant aller assister à leurs concerts : on y vit une sensation de présence intense : les musiciens sont là dans l’instant, la musique nous englobe entièrement, c’est un moment unique, que je ne pourrai pas revivre en boucle, quel qu’en soit mon désir. On ressent un sentiment intense de l’existence de l’œuvre, d’une réalité aussi réelle qu’éphémère.
Comme l’éclosion d’une vraie fleur « qui me dit son nom » [1], ou l’océan à l’heure de la marée haute, ce jour là, sous l’orage, avant la nuit.
« On ne se baigne jamais deux fois dans le même concert »

Assez de gloses !
Je vais me repasser pour la dixième fois ou plus le DVD de « Rébecca », ou écouter le CD de la Linea del Sur pour la Xème fois…,ou celui de Luz Negra, ou Astor Piazzola , ou consulter le site de Richard G,ou ouvrir ma messagerie,
et Rêver…


[1] Rimbaud Aube

lundi 18 mai 2009

Richard Galliano ...encore !!!

Hasards
En consultant le site de R.Galliano comme je le fais tous les jours, j’ai trouvé l’annonce de la parution d’un DVD du concert de Marciac en 2001, d’un nouvel enregistrement de French Touch, avec –me semble-t-il – une nouvelle formation en trio et un concert en trio au « Petit Journal », lieu pour nous mythique et objet de désir….
Au même moment un ami « internet » de Michel nous fait le récit d’un très fabuleux concert en solo à Tilloloy et de l’ inquiétude soudaine de Galliano, devant un public que la fascination et le bonheur avaient rendu silencieux, que sa musique n’ait pas été aimée…

Je ne me lasse pas de dire notre admiration pour Galliano qui comme un enfant engagé tout entier dans sa passion, ne consent jamais à s’arrêter de jouer, de produire de nouveaux concerts, de nouveaux enregistrements, de rencontrer de nouveaux complices de jeu (comme dit ma petite Camille : « aujourd’hui, je me suis fait un autre petit copain») en n’étant ainsi « ni tout à fait un autre ni tout à fait le même », tant sa créativité est inépuisable et diverse.
Nous ferions bien nous aussi comme les enfants et nous attacherions bien à tous ses pas , c'est-à-dire à tous ses concerts…
Mais, adultes que nous sommes, le principe de réalité nous oblige à en sélectionner quelques uns plus accessibles et à nous contenter de commander tous les DVD et CD existants…
Du coup, je réécoute en boucle sa précédente production de French Touch.
Et je cite ce qu’écrit mieux que moi Pascal Anquetil sur la pochette de l’édition de French Touch (1998)
« Avec son accordéon, Galliano ouvre l’espace et enfièvre le temps…A chaque fois, il joue sans retenue, toute générosité déployée.. .Sur les ballades il sait allumer le feu de la nostalgie, cette douce souffrance que nous cause la proximité des lointains. Sur les tempos rapides il sait faire respirer la musique… »
Tout simplement je dirais nous aimons le son de accordéon, la vitalité et le bonheur que transmet sa musique, la force de ses mélodies, ses compositions qui parviennent à la simplicité de l’évidence.
Nous apprécions ce que nous imaginons de l’homme, ses capacités de partager avec d’autres sa joie de jouer, son désir de rendre heureux , d’être écouté, sa perpétuelle inquiétude de ne pas être à la hauteur des attentes…
J’avoue enfin que le fait qu’il n’ait que 6 ans de moins que nous me fascine, parce qu’il incarne à mes yeux l’exemple rêvé du « bien vieillir » ou du « rester soi-même »…

Mais en regardant la photo de la pochette de son DVD à paraître, une question surgit, une petite angoisse nous prend :
« Monsieur Galliano, dites-nous pourquoi vous êtes triste ? »
Je n’aime pas cette photo !!!

lundi 11 mai 2009

Catherine mon amie

Hasard objectif … encore…

Quelquefois le soir, tout en écoutant de la musique, enfermée entre mes petits écouteurs, je me balade sur le net.( « Surfer » en ce qui me concerne me paraît bien prétentieux voire périlleux…)

Et parfois je m’offre un petit quart d’heure narcissique en cherchant sur Google « f rebinguet »…je vois ainsi ce qui apparaît de mes humbles divagations écrivassières…

Et ce soir, première page et grande émotion, un titre « Rebinguet et Puech comme des chefs »
Bien sûr Rebinguet ce n’est pas moi, Puech, ce n’est pas elle, mon amie et complice de travail disparue il y a huit ans maintenant, brutalement, une fin de juin ironiquement pleine de soleil et de fleurs…

Je ne l’oublie jamais et ce titre qui, comme un mirage trompeur me paraît célébrer notre travail d’équipe, et son travail qui justement atteignait avant la catastrophe une sorte de pleine réussite, me remplit d’une douce et triste émotion, comme la rencontre par hasard de son pays, de sa maison, du jardin du Luxembourg, le souvenir de son rire moqueur, d’une image de réunion de travail, d’un voyage buissonnier et ….

Que les Puech et Rebinguet de la Dépêche, me pardonnent de m’avoir servi à invoquer des souvenirs : je les félicite de leur brillante victoire, bien réelle, et chargée de promesses !
Une fois encore la notion de hasard objectif me paraît d'une justesse réaliste bien que ou peut-être parce que surréaliste!!!