mercredi 30 septembre 2015

Tulle ,pour un festival…



Prélude….
C’est le jeudi 17 septembre, on roule vers Tulle. Le temps est médiocre, incertain. Peu importe, on va  aux Nuits de Nacre.Voiture garée, on déjeune à la Taverne du Sommelier…On rejoint l’ hôtel, Quai de la République. Autrefois , on essayait divers restaurants, on tâtonnait pour trouver des hôtels…Maintenant, pour cette année en tous cas, ce sera le même hôtel que l’an passé, et peut-être la Taverne tous les midis, et le soir à la fortune du pot …la mie câline ou autre boutique à sandwiches…y a  la queue à faire pour les concerts !


Est-ce un effet de l’âge ?  On est bien dans cet hôtel au confort lumineux, de plein pied dans le festival, où parfois on a la chance de rencontrer ces musiciens qui nous font vibrer…on mange bien à la Taverne ? On y est presque connus !!!!on se sent un peu Tulliste- des nuits de nacre…ou bien avec le temps on se sécurise par les rituels… ?
Pour la queue aux concerts,  j’aurais aimé garder l’illusion, avec mes souvenirs de jeune groupie au Zénith (ou d’accompagnatrice de groupies), queue, sandwiches et longue attente…que nous étions restés  jeunes et fous…Mais non !, un regard sur nos compagnons d’attente révèle plus de têtes chenues que de têtes blondes, en somme gens de notre génération, avec qui sans doute nous partagerions les mêmes souvenirs de musique…
Bref, un peu reposés, d’un pied léger, et l’imper dans le sac à dos…nous allons à l’ouverture du festival…
Nous aimons, j’aime depuis  l’enfance ces prémices de fête, ce qui se prépare encore tout en étant déjà là…au fond peut-être plus délicieux encore à savourer parce que le temps est suspendu, préservé de la menace de la fin prochaine…Un Avant !

Je suis contente d’en goûter encore la saveur, car j’ai parfois redouté qu’avec le temps le poids anxiogène des préparatifs n’en rompe le charme….

C’est au Magic Mirrors et alentours que se tient le rendez-vous…
Devant l’entrée , des «  casetas »d’accueil des artistes et de services de presse et sur deux longues tables en nappes blanches, des alignements de verres multicolores que des bénévoles soigneux sont en rain de remplir…Pour qui ont ces boissons festives ?



Nous entrons dans le Magic déjà largement rempli, mais où la piste centrale est encore assez dégagée pour que les enfants comme chaque année soient invinciblement attirés pour y courir avec cris de joie , en cercles ou traversant les diamètres. Bruissement des foules attendant…Et pour attendre, on attend…
Vient le temps des discours !
Je ne saisis pas le grade de ceux qui parlent , je suppose qu’ils  interviennent en ordre hiérarchique croissant. Tous pratiquent le genre du discours politique, soulignent l’importance de l’évènement, et remercient les généreux sponsors ou donateurs qui le rendent possible. Je remarque des nuances dans les destinataires concernés mais sans en comprendre les arcanes. Les styles varient,  de la liste simple à la métaphore complexe et longuement filée .Tous nous paraissent longs, un peu creux, politiques ?. Mais on se dit, il faut qu’ils soient là, les sponsors qui paient, les politiques qui soutiennent …de Musique ils ne parlent point ! Heureusement tout à coup les claquettes frénétiques de la pluie musiquent sur le toit du Mirror. On en ferme les portes , je pense à tous les verres colorés servis dehors sur les longues tables blanches
C’est alors au  tour de Sébastien Farge, directeur artistique du festival de parler…Une voix chaleureuse, et la musique entre en scène !!! avec enthousiasme , avec conviction, avec passion ,il nous présente ce festival placé le signe de Gus Viseur dont c’est le Centenaire, confié aux soins de Marcel  Loeffler qui en tiendra le Fil Rouge, ainsi qu’ aux talents d’autres héritiers magnifiques , les deux Marcel , les Joe Baselli et Daniel Colin, les Venitucci et Contet, notre "grand"Richard Galliano,  et tous ces autres accordéonistes qui vont faire vibrer les rues de Tulle pendant ces journées…
Et Sébastien tout en nous conviant au pot de l’amitié remet à Marcel Loeffler la tâche symbolique d’Ouvrir !!!!

Et se forme alors, faisant fi de l’apéro offert,  autour de la lumière et la chaleur de la scène du Magic un cercle attentif, attiré au plus près par l’accordéon de Marcel entouré de son fils à la guitare rythmique ,et de Railo Helmstetter  à la guitare solo...

 Un cercle serré mais mais détendu, attentif à laisser place aux « photographieurs » amateurs , aux enfants  aspirés par la lumière et la musique.




Car des enfants, de jeunes parents de ces enfants, des ados il y en a…il n’y a pas seulement comme parfois aux concerts de jazz les têtes chenues des gens de notre âge…




Et  c’est, en quelques mesures, comme si se formait , dans cette salle circulaire assiégée de pluie, une petite bulle dorée et pétillante de beauté, autour de Marcel, (ainsi prénommé à cause du grand Marcel Azzolla), vêtu de sombre, au centre de la scène à côté de Cédric Loeffler à la guitare rythmique, et de la contrebasse de Gauthier Laurent , tandis que s’élève sa musique délicate et soyeuse, à la ligne mélodique claire mais d’un raffinement complexe…
Et  oubliée la pluie, oubliée la lourdeur des politiques…Pour la musique ! Pour un festival, pour CE festival… !!!!







samedi 26 septembre 2015

A Tulle , RICHARD GALLIANO raconte….

TULLE ,samedi 19 septembre 2015

C’était un concert très attendu…
Le final d’un très beau festival….
Un concert complet depuis des jours…
Une attente de plus d’une heure et demie pour être placé comme on aime….(pour nous au plus près si  possible !)
Une longue file et des rencontres où l’on échange de fines connivences avec des gens qu’on ne verra plus.
Et au fond de l’impatience, au cœur de l’impatiente attente, une pointe d’anxiété : que ce soit moins bien cette fois…
Et tandis que nous attendions, Richard Galliano qui passe, « les yeux fixés sur ses pensées »…
Pour lui aussi je pense que c’est le temps d’attente, le temps  où toutes ces attentes pèsent sur lui, plus encore que les 14 kg de son accordéon.
 Plus encore en ce lieu emblématique !

Nos attentes… mais plus encore celle de la «  grande famille »des accordéonistes qui sont là , la Famille Baselli, les Loeffler,  Azzolla et Colin , Lampidecchia, Venitucci, et tous ceux que je ne connais pas mais dont Richard Galliano ressent la présence…


Et c’est pourquoi dès son entrée sur scène, une scène d’un clair-obscur très contrasté (trop à mon sens !) violemment éclairé dans le noir ambiant, comme physiquement absorbé par son accordéon qui concentre toute la lumière et en réfléchit de brefs éclats, l’émotion est intense pour nous et à coup sûr pour lui, malgré la présence tutélaire dans la salle de Gisèle…
ET il l’avoue …. il avoue modestement la crainte de ne pas être à la hauteur de sa tâche qui pèse du poids de son accordéon et de son ambition : « honorer le passé »…



Et c’est pourquoi sur la chaise, unique décor de la scène, il a posé comme un recours son accordina, double recours, car moins lourd que son «  Victoria » bien sûr, et  parce que celui de Joe Baselli, offert par sa femme …
Et c’est aussi pourquoi, dit-il, comme une respiration dans son programme,  il parle et raconte…
Il suit le fil de Nacre de sa vie d’accordéon, une  vie de passion et d’émotions .
Tulle, c’est le lieu géométrique où viennent se croiser les fils du passé, de l’Accordéon et du sien …
Bien sûr ses premières nuits de Nacre, à la création desquelles il participa…
Mais avant même, des master classes où il se rappelle avoir conseillé des élèves aujourd’hui devenus grands.Il cite, et c’est pour nous un grand plaisir, Daniel  Mille, un de nos accordéonistes de prédilection .Il évoque le rire communicatif d’une de ces élèves, que nous ne connaissons pas…et de nous jouer  « Fou Rire », le deuxième morceau du concert, qu’elle lui inspira. Et chaque  morceau ou presque, est ainsi relié à  une histoire et donc une émotion.
 Tulle résonne  pour lui de la présence des accordéonistes- phares de son inspiration .
Gus , bien sûr  qu’on fête cette année ,et dont il joue Douce joie,  mais aussi Hamann, et Joe Baselli , dont les enfants sont là, Azzolla, toujours présent et talentueux, et qu’il remplaça un jour en tournée auprès de Gréco, tournée au cours de laquelle, pris de la nostalgie du pays, il composa la Valse à Margaux sa première valse musette.

 Et s’enchaînent ainsi  dans le programme des créations des différents moments de sa vie, des créations « Galliano » !
Habanerando, Chat pitre pour Valentine Petit, New york Tango , superbe deuxième mouvement de Opale concerto, Aria,…
…Sans que soient oubliées pour autant les références fondamentales de sa vie musicale,
My Funny Valentine évoque Chuck Baker, Tango pour Claude nous rappelle Vie violence, une superbe 
interprétation de  la Gnossienne 3  est le résultat d’un choix d’interprétation très  personnel, un « essai »nous dit-il !!!!
Et son très bel  Aria est  enchaîné avec libertango, le chef d’œuvre de Piazzolla, le maître et l’ami ,
Et c’est encore avec son Oblivion que nous nous quitterons…
Mais bien bien sûr c’est sur la Javanaise qu’il nous avait annoncé comme souvent ce moment des adieux fredonnant avec nous l’ au revoir : «  nous nous aimions, (nous VOUS aimions !) le temps d’une chanson »

Et avec toutes ses connotations personnelles, ces échos du passé,  la musique se charge d’une émotion intense,  qui  élargit le sens de l’engagement habituel qu’il met à la jouer.
 Il semble  se donner tout entier à sa musique avec son habituelle énergie, mais plus encore, comme s’il devait encore et  encore se prouver, et nous prouver, l’étendue de son talent .

Chaque morceau du programme survient comme par un chemin détourné,  puis se révèle en « épiphanie » , s’enrichit d’échappées multiples, comme improvisées,  recréées dans des variations virtuoses et inspirées, qui nous fascinent , car cette virtuosité époustouflante ne nuit jamais  à l’émotion de la ligne claire  de la mélodie .


Deux fois les rappels enthousiastes, chaleureux, conjurent le départ et la séparation ..
 Et puis le noir engloutit  la scène, et puis le vide, et puis c’est fini !!!

Sacrée soirée Monsieur Galliano !







jeudi 24 septembre 2015

ORTOGRAFIKEMENT VÔTRE !!!

Un jour j'ai écrit ce texte que je retrouve avec plaisir...!!!!

La Dictée, cette ringarde… ???



Elle a mauvaise réputation, elle véhicule des souvenirs à la Pagnol,  ou des images de maîtres sévères qui dictent en articulant trop bien,  en arpentant les allées de la classe, et en faisant craquer le cuir de leurs souliers bien cirés…
Elle peut être rude à ceux qui ont des problèmes ….et  accumulent  des décomptes de points qui dégringolent au-dessous de zéro…
Elle est l’outil détestable de leur stigmatisation.

Pourtant c’est bien en écrivant quantité de textes « normaux », de ceux qu’on rencontre en lecture, ou en « récitation »,  mais aussi de ceux qu’on produit, à force de rencontres multiples avec les mots , et les phrases qui les enchaînent les uns aux autres, qui les accordent en séquences , c’est bien à force d’écrire des textes, que l’on finit par orthographier à peu près correctement….
A force aussi d’y être aidé par un « feed back correctif » comme on disait en maternelle...[1].

En fait ce n’est pas la situation de dictée qui est mauvaise, ce sont les conditions de son déroulement, et son utilisation à des fins exclusives d’évaluation et de notation qui l’empêche de jouer son rôle d’outil d’apprentissage…

"Dictée à la parlante" 
Mais écrire sous la dictée un texte pourrait être une situation d’apprentissage intéressante
…a condition d’en changer  les règles du jeu :
-    choisir, ou faire choisir par les élèves un texte un vrai texte, d’une longueur modérée, un poème à apprendre, un petit passage de la lecture du jour, une phrase qu’on aime …
-     présenter la situation comme une situation problème : « Comment s’écrit ce texte, est-ce qu’on sait l’écrire ?"
-     y faire  jouer plutôt en petits groupes[2]
-     faire écrire le texte au brouillon d’abord. Comme un essai.
-     faire jouer « à la parlante » , en donnant  le droit de demander de l’aide pour les mots qu’on ne sait pas écrire, aux autres, puis à l’enseignant, qui doit toujours valider l’orthographe exacte du mot demandé, en l’écrivant au tableau le cas échéant.
     Il ne s’agit pas ici de dictée préparée à l’avance. Car comme le disait jadis une de mes collègues et amies de CM2, c’est quand on a le mot au bout du stylobille que la difficulté apparaît vraiment…
-     Eventuellement ménager un temps d’échange à l’intérieur du petit groupe. Ceci n’est pas obligatoire, on peut aussi se contenter d’un essai individuel de production .
-     Eventuellement aussi un temps où utiliser des outils d’aide (tableaux de conjugaison, ou dictionnaire, en particulier s’il y a discussion)…Mais ce n’est pas toujours nécessaire car ce temps alourdit la réalisation, et véhicule l’idée d’une tâche compliquée, alors que l’enseignant  et les autres sont là, et compétents pour faire avancer la tâche.
-    Puis procéder à la mise en commun pour établir la forme orthographiquement correcte du texte. Cette mise en commun doit être établie clairement au tableau, qui sert de référence,  et validée par l’enseignant.
-    Faire bien relire,  puis recopier le produit sur un cahier.
-     Ce cahier, qu’on pourrait appeler  « recueil de textes » pourrait  servir de mémoire, « un cahier- mémoire » et de référence possible lors de situations ultérieures.
Il pourrait être illustré, à la guise de chacun, ce serait un outil personnel. Une fois contrôlé, bien sur !!!

Il est très important à mon avis,
 -Que  les élèves aient l’impression que cette activité, loin d’être un simple exercice, contribue à donner au texte une existence –écrite-, une sorte de statut…c’est pourquoi le choix des textes par l’enseignant ou par l’élève est très important : il ne s’agit ni de choisir des textes artificiellement composés de difficultés  accumulées , ni des phrases aléatoires…L’essentiel , c’est le sens du texte, son intérêt…tout texte en effet présente suffisamment de difficultés orthographiques pour qu’il soit intéressant de chercher à l’écrire et l’orthographier.Ce n'est donc pas sa difficulté orthogaphique qui doit déterminer son choix. 
-Qu' elle donne lieu à un « produit »  soigné autant  qu’il se peut, qu’on aura plaisir à retrouver
-Que ce travail ne soit pas contaminé par un décompte comptable du nombre de« fautes » ni se solde par une estimation d’échec ou d’insurmontable difficulté.
On pourra faire par ailleurs des évaluations, mais ce travail devrait rester un  travail d’apprentissage de l’écriture d’un texte…
-Que  l’aide apportée soit constante et diligente, sans trop mégoter  avec des « tu le sais ! », «  tu devrais bien le savoir ! », « quoi ! tu ne le sais pas encore !!!! »

 Conclusion :

Même s’il s’agit là d’une activité très organisée et structurée dans son déroulement, le geste d’enseignement qu’elle met en œuvre  devrait je crois être généralisé à toutes les tâches d’écriture, à savoir :
-on va écrire tel ou tel texte
-est-ce qu’on sait ?
-qu’est-ce qu’on ne sait pas ? Voilà les aides nécessaires
-on essaie et je (ou d’autres , variables selon la compétence attendue pour cette tâche) vérifie, « parce que en principe j’en sais plus que vous sur la norme othographique »

Remarque:

Ces dictées à la parlante m’ont permis personnellement d’aider des proches de ma famille, je les ai ensuite utilisées avec des adultes réputés « illettrés », puis nos  enfants de l’école, et parfois du collège…

Rappel du matériel et des ingrédients nécessaires :
-   du texte, du vrai texte…
-         un stylo bille, ou éventuellement un crayon et une gomme
-         un bloc sténo
-         un cahier
-         le tableau ou un paper board…




[1] L’expression, empruntée à la théorie de la communication et utilisée par Laurence Lentin pour décrire le retour que fait l’adulte à ce que dit l’enfant. Simple retour de compréhension, «  Oui tu veux dire » « Oui, d’accord » ou d’incompréhension « ??? »…
Il peut aussi reprendre « dans la foulée » l’énoncé produit par l’enfant d’une manière plus explicite et correcte,. Il est alors dit feed back correctif…
[2] Le reste de la classe peut être occupée, de préférence  individuellement à d’autres travaux orthographiques autonomes, recopier la « récitation », la production d’écrit, des phrases qu’on aime, des titres de chansons ou de livres, dans son recueil de textes, rentrer un texte sur l’ordi  ….