jeudi 21 septembre 2017

Rentrées , d'hier et d'aujourd'hui...

A ma mère...

J’ai une petite pensée émue  pour toi ma Maman, car seule de nous tous, tu aimais la Rentrée des classes !
Non,  je n’aime pas la rentrée !
Quand j’étais enfant puis adolescente, à l’école, au collège , au lycée, je travaillais avec détermination toujours, avec intérêt souvent, avec passion quelquefois …mais  ce qui en gâchait le goût , c’était la nécessité des notes , des compositions, des interrogations …Cette nécessité pesa constamment  sur mes élans !
Mais j’aimais bien sûr les copines , avec elles les trajets à vélo, ou plus encore à pied  : «  je t’accompagne , tu me raccompagnes »
Et puis venait l’été, et ce temps de parenthèse enchantée où le Temps était autre : lectures du soir jusqu’à pas d’heure, levers à dix heures ! maximum ! (notre mère jusque là silencieuse s’agitait, claquait portes  et volets)…
Alors de travail scolaire je ne faisais rien , rien ! rien de rien !!!
On ne faisait pas grand chose d’ailleurs  balades entre copains , piscine : « mais non il ne va pas pleuvoir...!" Quelques après midis à la plage, j’adorais déjà l’Océan (mais mon rêve aurait été d’y aller tout l’été, comme les voisins qui y avaient une  maison, mais on n’avait pas les moyens alors), petits voyages dans l’auto de Payou, en Bretagne, à Nice,  dans les Cévennes, petits séjours en Chalosse chez mon amie d’élection…
 Le sommet de l’été c’était les fêtes de Dax,  après le 15 aout !
A partir du 15 aout, ma grand-mère le disait  toujours : « On va à l’hiver » (rires…)
Mais déjà les soirs de bals de rue  de la Fête,  il faisait souvent frais, ou une petite averse !!!

Quand venait le fatidique 1er octobre, la cour aux platanes du collège : gamines on y jouait aux gendarmes et aux voleurs,  puis plus grandes, on l’arpentait bras dessus bras dessous, en se disant des secrets, ou en reluquant les quatre malheureux « philosophes » , comprenez les quatre élèves mâles,  admis au collège de jeunes filles pour faire leur année dans la classe de Philo !
Alors, le soir qui tombait de plus en plus vite ne me pesait pas,  alors , l’arrivée le matin après  le noir  du chemin, dans l’accueil,  la chaleur et l’animation du grand hall du collège,  la cheminée de la maison avec mes parents, à la veillée, l’espoir qu’un jour il neigerait,  peut-être !!!... l’amitié, les rires, le cinéma le dimanche après midi…suffisaient à rendre douillet ce temps de devoirs du soir, et de classes du jour…
Ce qui ne m’empêchait pas  de détester, plus encore que le déclin des températures et le déclin croissant du jour, l’enfermement dans les tâches obligatoires, stressantes autant que parfois passionnantes…
"RENTRER", pour l’enfant et l’adolescente  que j’ai été, c’était bien symbolique ! Fini  l’air libre, les couchers de soleil glorieux et interminables, les soirs sur la terrasse.
La  baisse de la lumière, c’était la   fin de l’été,  redouté dès fin aout, la fin d’une certaine liberté, d’une « vacance » de farniente.
"RENTRER" …la représentation la pire que j’en ai vécue, car la plus symbolique, ce fut ma Rentrée à l’internat de l’Ecole Normale de Bordeaux ! j’en ressens encore l’impression d’enfermement éprouvée alors  : plus de jardin, mais un parc figé de lycée , plus les rues paresseuses de ma petite ville, plus l’évasion vers les bois proches , plus les soirées au chaud de la lampe avec mes parents, mais l’ interdiction de sortir des Murs seule, dans l’univers minéral , superbe, de calcaire noirci,   de la froide et si belle ville !!!
Bien du temps a passé, où je m’accoutumai à ce nouvel univers, à sa beauté, à la chaleur de la vie communautaire de la pension…
Puis les rencontres, Michel,  la liberté de la Fac, le Maroc comme débutante, la fréquentation passionnante des textes et des élèves …
Bien du temps a passé, mais, aujourd’hui comme alors, et comme chaque année durant toutes mes années d’un métier que pourtant j’adorais, j’ai détesté la rentrée !

Aujourd’hui comme alors, aujourd’hui que la « vacance » parfois peut signifier « liberté » mais aussi  « vide »,   je n’aime toujours  pas la rentrée !!!

Et c’est alors, ma Mérotte, que je pense à toi, parmi nos mines déconfites, avec ta figure lumineuse et joyeuse à l’idée des attentes, des rencontres nouvelles et des travaux nouveaux, que tu entreprendrais (et tu en as sans hésiter entrepris beaucoup et de très nouveaux ) Toi qui avais eu  dans doute des rentrées bien difficiles dans des postes inconnus, perdus dans le Bordelais , loin des tiens, en train , à vélo, à pied ! Toi qui avais gardé comme un émerveillement de l’Aventure que t’ouvrait chaque année !

Joyeuse, souriante, détendue, tu Rentrais !

Merci… pour cet émerveillement et sa leçon d’allégresse !