samedi 16 juillet 2011

Retraite, variations

J’ai déjà évoqué la perplexité que le mot retraite provoquait en moi.
J’essaie de réfléchir à son emploi dans différentes expressions pour comprendre cette perplexité …


Prendre sa retraite ? Voilà un geste actif, qui suggère une décision énergique déterminée, un destin pris en mains….
Je croise souvent de ces amis actifs chantant la vie nouvelle et désormais choisie dont cette action a marqué le début : je les rangerais toutefois en deux catégories, les voyageurs globe-trotters, ou montagnards vadrouilleurs, ou sportifs entraînés aux rendez-vous énergiquement programmés…versus les bénévoles militants contre le faim, l’illettrisme, ou l’inculture…
Non trois catégories plutôt, la troisième étant celle des « grands parents » qui attendent à la sortie de l’école, ou à l’entrée des vacances, leurs petits enfants, avec lesquels ils revivent différemment, mais avec non moins d’investissement, de fatigue, et de bonheur l’éducation de leurs enfants …

Je ne pense pas avoir pris ma retraite…c’est la retraite qui m’est arrivée…Je ne saurais chanter sur le mode majeur le bonheur triomphant et la jeunesse persistante…J’ai quitté à regret un métier que j’aimais et qui me rendait heureuse…

Même si je reconnais avoir la chance que la liberté du temps offert nous ait ouvert celle de courir la musique à notre fantaisie, et d’accourir auprès de nos petits enfants à notre guise, ou selon la leur, et de découvrir ainsi un rapport unique et délicieux à leur enfance …

Battre en retraite ?
Quitter avec soulagement un métier qui épuise ou que l’on ressent comme se dégradant, se libérer de ses soucis et des angoisses inhérentes…?
Jamais je n’ai éprouvé ce besoin, ni un soulagement de cet ordre…
Non ! Mon optimisme un peu naïf sans doute, s’il perçoit les dégradations du travail d’enseignant, garde la conviction profonde qu’il ne s’agit que d’un passage et que pour peu qu’on lutte ou résiste, l’école sortira de cette crise là comme de tant d’autres…
Mais, et c’est là plutôt ce qui m’afflige, je souffre de ne plus être en position de participer à cette lutte, d’être désormais en retrait….


Faire retraite ?
Se faire ermite ou jardinier, retiré de l’urgence du monde, prendre du recul, aller moins vite et réfléchir avec lenteur, écrire sans urgence …
Serait plutôt positif …

Mais ce retrait est aussi un lent chemin vers les renoncements de tous poils, renoncer à voir Capri, à trouver le chemin qui mène à Rome, à courir vite, à skier bien …
Et c’est là le combat, ne pas renoncer à comprendre, à apprendre encore et encore, à écouter du nouveau…

Tant qu’une autre expression ne s’imposera pas à nous …
Maison de retraite!!!!!!!!

Tant que Ronsard ne nous fera pas dire :
" Il faut laisser maisons et jardins et vergers
"Vaisselles et vaisseaux que l’artisan burine…
"Et… »

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