jeudi 23 mai 2019

LOCO CELLO..


Titre prometteur, un disque « fou », folie de musique,  folie des cordes multiples à la recherche d’alliances nouvelles.
Réellement ce disque a sur moi un étrange pouvoir : il me séduit d’entrée par la puissance mélodique de ses thèmes,  la force raffinée de l’entrelacement des sons d’instruments à cordes :  le violoncelle roi, deux guitares de chants et de rythmes différents, et la profondeur  grave de la  contrebasse en arrière plan somptueux et omni présent…
Puis, arrière-pensée de  cette séduction magique, je me sens un peu débordée par la multiplicité « folle », en tous cas foisonnante, des cultures musicales sous-jacentes qui la nourrissent et l’inspirent, en filigrane. Je les ressens avec bonheur, mais sans les reconnaître exactement…
Un peu comme en littérature, quand on perçoit dans  certains textes, romans,  poèmes, récits, d’accès immédiat et dont on savoure d’emblée  l’évidence  esthétique, une richesse de références multiples…
La différence, c’est que dans le cas de la littérature,  assez souvent, si  je les ressens, je les reconnais aussi… !
Pour la musique, ces richesses incluses, ces arcanes, si je ressens leur magie,  je ne peux les identifier réellement !!! 

Folie, richesse, multiplicité, mais aussi il me semble une véritable unité, un vrai style d’ « auteur » : le style Samuel Strouk.
C’est par son talent à concevoir l’agencement d’une œuvre que nous l’avons découvert avec le Piazzolla de Daniel Mille …talent de référence pour Daniel, mais aussi pour Vincent Peirani , qui se plaît à le souligner …
Ensuite  voici qu’il se dévoile auteur  à son tour d’œuvres bien tentantes … Et pour nous ce fut la découverte de Silent Walk ! et de mélodies « belles à en pleurer », car toujours « chantant sur le mode mineur, l’amour vainqueur et la vie opportune … » et de la merveilleuse complicité avec nos idoles d’élection , Vincent Peirani et François Salque…
Et la découverte aussi d’un son, le Sien…

 Puis au fil de mes explorations sur You tube , outre des morceaux avec Peirani et Salque, des trouvailles multiples de créations : Le rêve de Maya, Yiddish…qu’on retrouve dans un disque, Loco Cello, avec cette fois  une richesse de productions personnelles ……….
_Lhassa, présence grandiose de la contrebasse à l’entame , chorus non moins superbes des complices, Tango Mio,rythmes remarquables, temps saisissants de guitare et  violoncelle ,-F.F.F,… Lost Birds, ces oiseaux perdus, ligne pure de la mélodie mélancolique violoncelle et guitare, un titre qui se souvient peut-être !!! de los Pajaros perdidos de Piazzolla qui pour moi est toujours le prince de la Mélodie autant que du tragique, Piazzolla qui   est aussi  convié à participer à la beauté des mélodies avec La melodia en la… mineur !
Tous ces morceaux recèlent encore et encore la passion mélodique , et  souvent aussi l’émotion nostalgique…
Avec parfois des airs et des rythmes de danses : de Tango, mais de Tango …Mio ! , thèmes populaires et rythmes enlevés  Medley Cello , et dans un autre registre, Yiddish : enchaînements de rythmes vifs par les quatre  instruments …chant déchirant du violoncelle …virtuosité entraînante …

Est  conviée en outre  la frénésie du grand  Django Reinhardt, La Flèche d’or et le magnifique Rythme futur, si bien nommés .

Ou l’ample sérénité d’un adagio de Mendelssohn., au violoncelle très beau,  allié à la ligne pure et vibrante des notes égrenées par la guitare

En outre il semble que le  souci d’un agencement subtil des morceaux aménage un entrelacs de diversité :
Le prélude à Lhassa se distingue de Lhassa pour l’annoncer 
Le rêve de Maya est traversé de la Flèche d’or de Django…L’Adagio de Mendelssohn ménage un temps « adagio » avant la transe de Rythme futur..

Les complices se sont multipliés :  Nous retrouvons avec bonheur François Salque au violoncelle magique. nous savourons pleinement la guitare de Samuel lui-même .Nous découvrons la guitare d’Adrien Moignard qui nous entraîne dans le monde du jazz Manouche, rythme effréné, reprise de phrases « ostinées »..
 La contrebasse de Jérémie Arranger , profondeur de l’arrière-plan,  nous  offre en outre des moments  extraordinaires en prélude  à Lhassa et  dans l’Adagio de la sonate n°2 de Mendelssohn

Plaisir premier de la séduction immédiate, plaisirs seconds, et sans doute à multiplier, de découvrir en chemin des liens culturels riches et divers !
(Pour qui comme moi ne se lasse pas de s’obstiner  à réécouter *…)



Mercis à tous, et pour Tout,  pour l’Invention, pour la Mélodie, pour l’ Energie magique que cette musique nous transmet !




*****Evidemment on ne se plaindrait pas d’une écoute en live !!!!!  en un lieu plus proche que Paris !!!

mercredi 15 mai 2019

Poète prend ton Luth...




Poète , prends ton Luth !
« Le printemps naît ce soir ; les vents vont s'embraser ; Et la bergeronnette, en attendant l'aurore, Aux premiers buissons verts commence à se poser.(Musset , la nuit de Mai)
«  Poète,prends ton luth, et me donne un baiser. »…

Objet du lyrisme de tant  de poètes , la Nature , Mer , montagnes , et plus modestement mon jardin, est souvent pour moi source de plaisir esthétique, ressource inépuisable d’un optimisme inconséquent( !!!), sujet de photos modestes … et quelquefois d’écritures non moins modestes !

Cette année c’est la joie de la glycine qui a commencé à provoquer en moi émerveillement naïf et plaisir d’en causer !

Le temps des glycines

La glycine , nous l’avons plantée , parce que mon père l’aimait , pire, l’aimait et ne la réussit jamais !!En même temps que le projet vif de planter une plante et de voir comment elle naît, pousse, et s’épanouit …c’est ma manière à moi de penser à lui , loin de sa pierre tombale où je vais rarement…Et cette année après les camélias , le rose , le rouge, que nous avons aussi plantés et vu croître et embellir , la glycine a produit grappes multiples et vrilles puissantes   grimpant, s’enlaçant au  tronc clair des bouleaux, et des fleurs mauves lumineuses et fragiles 


Et moi de prendre, à défaut de luth !, ma modeste écritoire !
…Et de retrouver par hasard au fil de mon désordre un petit recueil de poèmes ancien datant de mon enfance. Sans même avoir à le feuilleter, il s’est ouvert à l’une des pages que j’aimais …

Le temps a laissié son manteau
De vent, de froidure et de pluye,
Et s'est vestu de broderie,
De soleil luyant, cler et beau

Il n'y a beste, ne oyseau,
Qu'en son jargon ne chante ou crie
Le temps a laissié son manteau
De vent, de froidure et de pluye.

Riviere, fontaine et ruisseau
Portent, en livree jolie,
Gouttes d'argent, d'orfaverie ;
Chascun s'abille de nouveau
Le temps a laissié son manteau.


Et puis ce fut le temps de mon « jardin de curé !

Je dis souvent, en interprétation libre du terme, que mon jardin est un « jardin de curé ». Pour moi ça veut dire : je plante ou sème ce que j’aime et  en  confie la pousse au ciel, pousse que nonobstant mon athèisme je considérerais comme un don divin …Ainsi interprétè-je la formule « jardin de curé »

Cette année particulièrement, où les soucis amers ont encombré mon automne et notre début d’hiver, je n’ai guère, à part la plantation rituelles des pensées de Toussaint, dans des pots qui étaient laissés là , vides de plantes , ou encombrés de quelques tiges  de l’année passée , cultivé notre jardin, espérant que Nature en prendrait soin !
Ce qu’Elle a fait !
A notre grand émerveillement....


Et vint , modeste, car il n’y a  guère en ce jardin  que des rosiers grimpants , à peine taillés cette année de surcroît, le temps des roses !!!






Mais que l’on ne compte pas que je convoque ici Ronsard !!!

 vraiment marâtre Nature,
Puisqu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir

« Marâtre » !!! Esprit chagrin que ce Ronsard !!!
J’ai un jour écrit que la Nature Obstinée nous donnait leçon d’espoir et devoir d’énergie, et je le maintiens !

Après les roses…les lilas
Après le lilas , les Rhodo !


Nous avons planté le rhodo et les lilas , Payou !
Seule la pivoine dont tu rêvais sans doute en souvenir toi aussi d’un jardin d‘enfant, végète encore et encore !
« Elle ne se plait pas ici !!! »








Quant à l’été ?
J’ai planté les bégonias « tubéreux » et les « Impatiens » ou « Impatiences » ?On verra...


!!!Et bientôt,  je tirerai la porte pour retrouver la Mer,
Puisque la mer, la mer conseille nos « labeurs »
..Et le sable, les chemins de bois qui enjambent les dunes…

La dune où poussent seulement les oyats et quelques œillets sauvages,  et des buissons fleuris de blanc que j’aime …












La plage où brille le sable blanc …


 Et je confierai mon jardin à la nature,  jusqu’aux pensées de Toussaint, pour me consoler de l’Automne et me permettre d’attendre le courageux   Printemps !



Pour symbole de l'obstination de la nature , cette plante , dont les feuilles énormes ,vernissées , si encombrantes que nous n'arrivons pas à les couvrir convenablement d'un voile protecteur , et qui chaque année gèle...

Puis renaît !








mercredi 1 mai 2019

KIKO RUIZ, une sacrée rencontre !

Nous aimions la guitare de Kiko Ruiz pour l’avoir écoutée et appréciée avec Renaud Garcia Fons.
Sa coloration Flamenca accompagnait si bien  La Linea del Sur et les parfums de Méditerranées !
Mais le hasard qui préside aux émois culturels me l’a fait cette année rencontrer deux fois en solo.
C’était lors de  présentations par  J.L.Duzert de ses  photographies, balade remarquable dans l’univers du Flamenco.
Kiko l’accompagnait avec une discrétion qui n’avait d’égale que la  chaleureuse présence de sa guitare.
Bref ces solos m’ont donné à aimer  le son de cette guitare chaleureux, et vibrant,  d’une virtuosité étourdissante, et d’un rythme parfois de transe obsédante comme celle de  la cigale  des lieux marins, « de l’ insecte net  qui gratte la sècheresse »(Paul Valéry)

Bref  nous avons acheté son CD quoique ne connaissant guère le flamenco, et quoique ne le connaissant guère, nous nous sommes pris à aimer ce « Compaseando », où la guitare de Kiko mène le rythme de cette déambulation « au tempo des rythmes que nous propose la vie sur les sentiers du temps »
Car si je ne « sais » pas la musique, je l’aime, et   j’aime les mots, et je me laisse embarquer par ceux de KiKo et de la présentation lyrique qu’il nous propose de son projet sur « les rythmes du Temps qui nous  est compté,, qui nous est offert, le temps d’une promenade, d’un voyage » …

C’est la guitare  de Kiko qui mène et rythme la promenade … Mais avec lui ses remarquables amis, dont certains que nous connaissons déjà et dont nous aimons les sonorités familières :la  contrebasse magnifique  de Renaud Garcia  Fons, sa rondeur grave et profonde ou la finesse subtile  mélodique de l’accordéon de Gregory Daltin. Et nombre de voix et de percussions  variées, qui se mêlent avec bonheur et dont  nous sommes heureux de découvrir la beauté …..
Certains thèmes très mélodiques  m’ont enchantée au long de cette balade : l’intense ouverture « Cadiz », et au détour du chemin , la mélodie saisissante des « Rincones del alma » ou du « Monte de de los olivos » et du final « Soy de tu luz », aussi émouvants que leurs titres.
Mais à  vrai dire, tous les moments  sont mélodieux et  chaleureux et j’ai le sentiment que l’écoute et la réécoute  du disque, nous livreront, encore et encore, avec les connotations de leurs beaux titres, bien des images à rêver, et bien des impressions  à aimer….

Merci Kiko ,

Mercis à la belle équipe de ses compagnons