lundi 10 décembre 2018

MA CHÈRE AUTO



En ces temps de crise où une taxe nouvelle vient frapper le diesel et touche toutes voitures, y compris la dernière, celle achetée en un temps où les voitures « à essence » se trouvaient si bannies qu’on se refusa presque à reprendre la nôtre , ce «  petit camion rouge » cher à mon cœur, recherché avec ma Nad la veille-caniculaire-  de son accouchement, et  acheté le jour même de la naissance  de notre Camille …
…En ces temps de crise, des voix s’élèvent pour manifester que de voiture et donc d’essence, on en a besoin pour travailler et se déplacer en territoire rural ou seulement  provincial .

 Remarques  justes et qui rejoignent le sentiment croissant   que j’exprimai un jour dans un post « Paris et le désert français »,  et ré exprimai récemment sous le titre « En étrange pays dans mon pays même », le sentiment d’une fracture entre notre mode de vie, accès à la culture inclus, et le mode de vie des grandes villes du pays, dont Paris est l’éclatante vitrine …
J’ai d’ailleurs, petit souvenir triste, récemment rencontrée une jeune femme sans voiture et sans permis qui ne réussissait pas à faire -à vélo !-son travail d’auxiliaire de vie…
Mais remarques qui pour moi ne suffisent pas à exprimer la totalité des aspects de mon (et je dirai sans doute notre) attachement à la voiture …

Attachement ancien, attachement partagé par ma génération, et même celle nos parents …
Attachement affectif profondément symbolique …
Je me rappelle la première auto que j’ai vu acheter par mon Père. Pour, lui c’était la première qu’il pouvait acheter après la guerre , ayant dû vendre la précédente pour une bouchée de pain (au sens propre) !
Sa joie, son impatience à nous emmener promener…, à la mer, ou dans presque  toutes les régions de France, pourvu qu’on puisse faire étape en quelque lieu peu onéreux.
Travailler, il y allait à vélo et cela, jusqu’au dernier jour de sa carrière …même si le vélo ne se résumait pas à cet usage…
Non,  l’auto c’était un plaisir d’enfant , partagée avec les enfants …


Quand j’ai rencontré Michel nos premières échappées belles se firent dans la 2Cv prêtée par son père.
De « son père », bien sûr, ma belle mère ne conduisait pas, elle dépendait pour ses trajets de travail de son voisin, mais vivant à Bordeaux, elle usait avec habileté du tramway, et des taxis payés par son Ministère des Anciens Combattants
Ce n’était pas le cas de ma mère, qui faisait autant de vélo qu’elle pouvait, et prenait le train ou « l’autorail »volontiers. Mais qui s’essaya désespérément à apprendre à conduire, et finit par  réussir, à avoir son permis « à l’usure » disait-elle .Elle conduisit toujours mal, et c’était preuve de mon profond attachement filial, et déjà peut être de solidarité féminine,  que de l’accompagner… Nous en éprouvâmes des joies partagées de sorties le soir au concert toutes deux,  même si le retour qui incluait manœuvre pour rentrer au garage, assombrissait quelque peu les derniers rappels de la festivité…
Pour moi donc, conduire fut d’entrée,  mères et belles-mères en étant exclues  comme la plupart des femmes de leur génération,  symbole d’émancipation féminine. Soutenue il faut le dire par mon Michel.  Outre un de nos premiers achats, « notre » Dauphine, à qui nous devons nos premières échappées belles à deux, nous payâmes sur nos très modestes premiers salaires, les leçons de conduite nécessaires pour l’obtention de mon permis.
Que j’obtins sans peine à vrai dire, tant j’aimais cette activité et m’y appliquais . Félicitations du jury ..à une restriction près : mes créneaux … « d’avant guerre » sic !

Conduire était d’ores et déjà un plaisir mêlé de tension appliquée et d’appréhension…
Si au fil des ans, la tension à diminué presque jusqu’à disparaître,  conduire reste pour moi symbole d’autonomie, voire de liberté. Plaisir de la liberté d’aller à son gré, que j’éprouve encore chaque fois que « je m’en vais »…plaisir de l’accélération répondant à l’invite, du bruit du moteur « qui grimpe »  en puissance…
Et ce fut l’achat de « ma » voiture, ma petite R4 blanche « très d’occasion », quand la petite Nadja fut là, qu’ m’on dut la conduire à « la nounou » et à l’école …voire au lycée ! Et bien plus tard,  aller à Toulouse pour l’accompagner ou, seule, pour m’échapper et  la rejoindre et partager un peu de présence et de complicité

 Autonomie dans la vie, projets rendus possibles …
 Et travail certes ! Si au départ mon Lycée était assez proche pour m’y rendre en vélo, avec cartable et duffle coat, klaxonnée gentiment au passage par les routiers, j’ai vite apprécié le gain de confort de temps de ma petite R4, et un voisin collègue en profita aussi,  largement … !
Et  plus tard,  ayant changé de travail,  j’ai dû « courir » la région pour animer stages,  visites d’écoles et de jeunes apprentis- maîtres. J’ai beaucoup aimé ces moments d’itinérance et de rencontres. Notre Chien Youp exigea,  à force d’aboyer dans notre immeuble en ameutant les voisins, de ne pas être laissé pour compte. Il vint avec moi et je crois les aima aussi, ces trajets.

Mon auto changea un peu de standing devint in produit plus raffiné, presque luxueux …Autobianchi Abarth rouge, très aimée !

A l’heure des petites filles on passa pour moi au « camion » (rouge encore, mais modeste, juste un « break »  au nom d’artiste : Picasso !) Un grand ami collègue s’étonna un peu moqueur de cette mutation de look : Mais j’ai choisi et bien aimé ce camion pour sa conduite haut perchée, et surtout, pour les couffins, les sièges- autos de bébé, les trajets écoles et nounous …  et quelques déménagements que leurs arrivées avaient rendu nécessaires !

Bref je suis comme attachée sentimentalement et symboliquement  à cet objet de la vie, mon auto, même si j’ai aimé et aime encore le train et le métro.

Et j’aurais (ou j’aurai grrrr) peine à m’en séparer !!!
Et même si elle devient ma « chère » voiture, voiture chérie, attachement couteux, attachement coupable !

Et j’espère que le progrès technique et les scrupules écologiques  me permettront d’en jouir le plus longtemps « possible »...




« Possible »  comme disait Candide du meilleur des mondes !







lundi 12 novembre 2018

La Grande Guerre : Des histoires de l'Histoire...



Curieusement, la guerre de  1914-18 pour des gens de notre âge, et pour nos parents, et peut être à cause d’eux, a toujours été  présente dans notre culture historique et familiale. Pourtant nos parents avaient subi la  guerre de 1940, et nous mêmes avons vécu l’appréhension de la guerre d’Algérie . Mais la Grande Guerre, c’était celle de 14-18 , et ses images très présentes faisaient partie intégrante de  notre histoire de France telle que nous nous la représentions .
 Nos deux grand pères ,  dont nous imaginions difficilement qu’ils aient pu être de fringants jeunes hommes,  paysans ou étudiants, amoureux, danseurs endiablés ou romantiques lecteurs, furent de ces poilus mobilisés . 
Mon grand père, dernier enfant d’une très modeste métairie, devenu de ce fait   cheminot de fraîche date, déjà trop vieux pour être de la classe 14, n’échappa néanmoins pas à la mobilisation générale , destination Salonique… ! et « Parrain », le grand-père de Michel, petit coiffeur de la rive droite de la Garonne, participa à l’interminable campagne de Verdun…
Tous deux demeurèrent toujours pudiques et discrets et se racontaient peu .
De mon grand père « Lexou », j’ai entendu plutôt ses récits de garde républicain, des souffrances occasionnés par la selle du cheval, de son travail d’ordonnance pour nettoyer les jupes de la colonelle ou pour cirer les bottes du colonel , ou pour faire la soupe, fines pelures de pomme de terre obligées, ce dont il garda toujours un savoir faire domestique , sans doute mi ordonnance/ mi paysan  !!!

Mais nous ne pouvions ignorer les sagas familiales, parfois spectaculaires, que nous racontèrent leurs femmes et nos parents,  pour l’un le long trajet pour le front de Salonique, la « Grippe » qui affecte durablement les oreilles... 
Et pour l’autre l’aventure de Verdun,  vécue de bout en bout , où il fut enseveli par un bombardement lors d’une attaque, et dégagé  in extremis par les camarades grâce à la pointe de sa baïonnette qui affleurait  ,  les gaz redoutés, et parfois respirés, et qui lui laissèrent une atteinte pulmonaire durable, et puis, toute sa vie, l’attente de la légion d’honneur promise , qui n’arrivait jamais, et qui ne lui fut remise que peu de temps avant sa mort….

Pour moi, à ces récits familiaux marquants viennent se joindre des histoires de personnages fictifs ou célèbres, dont romans ou  biographies romancées retracent le vécu dans la «  grande » guerre !
J’aime les récits, je ne peux me déprendre de l’idée que la fiction peut révéler certains aspects fondamentaux de la réalité,  comme d’ailleurs la Poésie peut en « donner à voir » des beautés  voire un sens caché…
Sans doute  ai-je hérité cette conviction de mon père, historien riche de savoirs et de sagacité, et prof, qui toujours prétendait que Victor Hugo et Alexandre Dumas avaient fait plus que lui pour la connaissance de l’histoire par ses élèves et le public en général...
Bref , j’aime  l’Histoire, j aime les histoires, et… les histoires de l’Histoire.
En ces temps de « commémoration » de la Grande guerre, et du centenaire de l’Armistice, j’ ai retrouvé avec un plaisir romanesque des « petits » livres, découverts au hasard de mes furetages dans des librairies,  « Petits » livres n’étant certes pas un terme dépréciatif, mais exprimant au contraire toute l’affection,que je porte à ces œuvres qui sans prétention émeuvent et nous parlent, tout en étant de surcroit  souvent remarquablement bien écrites.
Deux auteurs de moi inconnus…
Deux récits, de deux personnages touchants :







Le premier est le héros d’une série publiée en 2005 que nous avions découverte et partagée avec ma fille Nadja , de Thierry Bourcy, et son héros , « flic et soldat » dans la guerre de14-18, Celestin Louise .









Le deuxième personnage, est le héros du roman  « Les forêts de Ravel » qui a pour auteur Michel Bernard,  n’est donc ni un anonyme, ni un personnage de fiction , c’est un grand personnage, un musicien célèbre , Maurice Ravel .
Tous deux ont pour caractéristique leur obstination à participer à la guerre : Célestin Louise en tant que policier pourrait être cantonné à un service de police sur place à Paris même. Quant à Maurice Ravel, déjà écarté du service militaire par son état de santé, se trouve à nouveau refusé lorsqu’il se porte volontaire pour être enrôlé dans l’armée…  Avec une énergie désespérée, il  refuse de «poursuivre son existence comme avant alors que des millions d’hommes, riches ou humbles, humbles surtout, avaient été mobilisés pour défendre le pays. »
 C'est aussi ce que refuse Célestin Louise …

Le récit du combat de Célestin Louise , c’est vivre la guerre du 22ème de ligne dans la tranchée
Le récit du combat de Ravel , « ostinato », c’est le combat pour se faire incorporer dans les services auxiliaires.
Le récit de chacun de ces combats est mené dans une tension dramatique bien organisée , Célestin Louise reste policier même sur le front et la résolution d’un meurtre, donne à l’intrigue un surplus de tension.
Pour le combat de Ravel ce sont les obstacles rencontrés pour réussir à participer au combat général qui créent le ressort de l’action…

  Personnages complexes qui intéressent par leur choix , peut-être historiquement situé, mais qui nous interroge, nous qui avons tant aimé « Le Déserteur » de Boris Vian, et qui l’aimons toujours !

Le réalisme  des contextes évoqués autour d’eux est remarquable, le  talent d’écriture descriptive et documentaire, et sans aucun doute documenté,  nous « donne à voir »les lieux , les tranchées…
Qui donc êtes vous Thierry Bourcy ?
Le neveu d’un Joachim tué à Verdun en 1915 , un mois après être arrivé au front… ?
Qui êtes-vous Michel Bertrand ? Un natif de Bar-le –Duc ? Une terre que vous connaissez intimement  et où la guerre est incorporée à jamais ?

Je convie à ma commémoration personnelle un troisième auteur pour « Un long dimanche de fiançailles » : Sébastien Japrisot , dont le roman a été remarquablement mis en images et porté au cinéma par Jean -Pierre Jeunet .        Le héros en est une héroïne , Mathilde : son combat , refuser d’accepter que « Manech » son fiancé  soit mort sur le front de la Somme…et   gagner ce combat!
Ce film dont se souvient peut-être   Duponcel  en créant  « Au revoir Là-haut » , est, comme Au revoir là-haut, lourd de représentations des combats de tranchées fictives mais plus vraies que le vrai , remarquables,  auxquelles on ne pourrait  reprocher que leur splendide beauté : « Dieu que la guerre est jolie » !
Bouleversant le roman, bouleversant le film,  par la tendresse qui émane de multiples personnages à la présence évidente,  et plus encore par l’extraordinaire- et enthousiasmant- refus du malheur par l’héroïne !!




Merci à ces trois auteurs pour nous avoir offert dans l’horreur de la guerre ces visages lumineux !





vendredi 12 octobre 2018


LORENZO NACCARATO TRIO , impressions croisées de Michel et Françoise


 Je ne redirai pas ce que raconte si bienMichel, la fascination exercée sur nous par la musique du trio !
Et ce, depuis les premières rencontres déjà racontées, à Oloron, puis à Toulouse…
Je me conterais de  dire ce que j’en aime particulièrement :
En premier lieu le piano  de Lorenzo !
Une grande présence d’un  son remarquable dans son évidente virtuosité.
En concert, la présence  tout aussi remarquable, très expressive,du pianiste lui-même,   qui nous semble nous regarder individuellement et jouer pour nous !
 Une virtuosité diverse :  notes ciselées dans la légèreté précise d’aigus aériens ,  graves profonds isolés ou enchaînés avec brio, accords vibrants. Cette variété de tons fait q’on s’attache à la surprise de leurs déroulements : ligne claire développant un thème mélodieux ou reprise obsédante , ostinato, allant s’élargissant en puissance et s’ éloignant ensuite en se fondant « dans des lointains bleuâtres »
La contrebasse d’Adrien Rodriguez et les drums de Benjamin Naud tout aussi remarquables,  bien plus qu’un simple arrière -plan dressent une sorte de décor fantastique pour cette musique qui nous construit un étrange univers :
Au premier plan, le piano, pureté, ligne claire, ostinati inquiétants , parfois puissants…
En arrière plan, sons insolites , « bruits » parfois sublimés en « sons »,transes de batterie, souffles étranges, contrastes énigmatiques  …
J’aime le caractère « cosmique » de cette musique.

Michel:
 il y a la notion de "musique cinématique". Le mouvement, geste ou émotion est au cœur de l'album. Sous cette notion, ce choix musical, il y a une véritable vision du monde, une véritable philosophie. Pour ainsi dire, l'inspiration de cet album est quasiment mystique. Quelque chose comme une vision panthéiste du monde. La nature, qui est essentiellement mouvement, est perçue comme une réalité quasi divine. La musique en est l'expression de sa quintessence.

C’est encore en  cela  que j’aime le travail de Lorenzo Naccarato.
 Car  qu’il explique son projet ou crée les titres de ses compositions , il aime les mots comme un poète !Il joue avec leur étymologie latine : «  mouvement  et  émotion , « deux termes qui étymologiquement se rejoignent »écrit-il, termes  qui pour moi sont l’essence de la musique.. et c’est pourquoi j’ajouterais, puisque pour Lorenzo « tout est souffle »le mot « anima », le souffle de la vie et aussi l’âme !
Il aime pour ses titres des mots qui suggèrent des connotations « nova rupta », « shapes and shadows » « medicea sidera » «  osmosis ».
Si « le musicien soliste peut y construire son paysage musical » , l’amateur de mots et l’amateur naïf de musique que je suis,  le peut bien aussi !
Nova Rupta parle d’un volcan, mais aussi pour  le latiniste d’ « éruption nouvelle »
Pour moi , cette éruption est celle de l’émotion musicale, du dépaysement sonore, du jaillissement des formes et des couleurs de l’imagination !
…Le train d’Himalaya, l’osmose des couleurs le soir sur la mer, les silhouettes des coureurs olympiques  dans le clair obscur, et le blanc étincelant de la Sibérie qui vibre interminablement !!!

Nova Rupta comme les musiques qu’ on aime va vibrer en nous interminablement 

vendredi 28 septembre 2018

FRED VARGAS J'aime !



Il y a des textes, romans, poèmes, essais, dont la lecture n’épuise pas le goût.
J’ai écrit un jour sur ce que j’appelle « mes livres de chevet » , j’ai envie d’essayer aujourd’hui de dire pourquoi j’aime tant les livres de Fred Vargas…pourquoi leur lecture m’est souvent un recours , après d’autres lectures, plus « rudes , pour retrouver le plaisir de lire,  rendre l’énergie, redonner  le goût de vivre, bercer l’angoisse de l’insomnie…
Je crois en premier, d’évidence et sans analyse   que c’est l’écriture des textes elle-même, la limpidité de la phrase, le rythme d’un phrasé spécifique, l’union intime de la précision des mots et de la syntaxe, avec des images en filigrane
De manière générale une sorte de réalisme , le plaisir de retrouver un réel « familier » , comme un  monde réel qu’on connait et aime , la «  montagne pierreuse » des Pyrénées ,  les galets de l’Ocean , la rosée matinale dans des chemins creux ou un jardin peu entretenu ,  ou le monde « minéral » de la ville où déambuler, de « Paris, la ville de pierre »…
Références culturelles à détails fouillés, portées par  les personnages :   archéologie des fouilles, Mathias le préhistorien,, sociologie canadienne, savoirs de certains personnages, encyclopédiques et livresques, (Danglard) ou culinaires, la vieille Marthe,  voire médicaux le docteur Josselin , historiques, le médiéviste Marc Vandoosler,  , des mondes ultra marins de Mathilde Forestier, les curiosités zoologiques de Voisinet, les contes de Mordent
Toutes références dont Fred Vargas, chercheuse patentée,  cite parfois ses sources avec un scrupule d’universitaire, mais toujours assorties d’un décalage poétique de rêve qui amuse et fait plaisir : car les choix dans ces références dénichent la précieuse rareté :  un épisode de Peste assez méconnu,(Pars vite et reviens tard) une légende du XIème siècle ,la Grande Chasse de La Mesnie Hellequin, (l’Armée  Furieuse) … une recette d’immortalité (Dans les bois éternels), un Illuminé massacreur échappé du cimetière  de Highgate (Un lieu incertain)…
Bref  un réel allié à la « fantaisie » poétique .
Le parler même des personnages relève d’un travail poétique sur la langue, source de plaisir, ou même jeux linguistiques raffinés  :
Le parler en alexandrins de Veyrenc, le parler à mots retournés des Vendermot , parfois des tics de langages :  le « je ne sais pas » d’Adamsberg, la précision méticuleuse de Danglard, les stéréotypes du Laurence
Le : «  ca pue, , la Grosse » de l’homme à lenvers,  les remarques naïves d’Estalère, les conversations « normandes » des buveurs –chasseurs d’Haroncourt …Et tant d’autres trouvailles …

Mais ces jeux de langages loin d’être gratuits,  ce qui serait en soi un plaisir, font partie de la caractérisation de personnages et  les intègrent au rôle qui leur est dévolu.
Pour moi, la création de ces personnages dans leur diversité témoigne d’une inventivité remarquable.
Tous, même, voire particulièrement, les personnages  secondaires,  sont criants d’une sorte de vérité, une présence évidente,  dont on pourrait dire « on n’invente pas ces choses-là ! » le vieux Lucio, , Mathilde, la vieille Marthe, le cueilleur chasseur, l’archéologue fouilleur, l’accordéoniste, Mo le délinquant incendiaire ….
Tous ont un rôle actif et spécifique dans la construction dramatique, et ils s’organisent d’autre part en un « système » qui par leurs contrastes ou leurs différences relève d’une organisation poétique.

Ce monde qui ne masque pas vraiment la cruauté humaine, même l’utilise comme ressort dramatique policier, fait « du bien » à lire grâce un humanisme profond, une tendresse humaine, une sorte d’empathie dont Adamsberg est le centre.
Tous les fils se rattachent à lui, Veyrenc aux mèches rousses , blessures du passé,  ,Retancourt, déesse aux pouvoirs bénéfiques ,   Danglard qui sait Tout ou presque,  et ses cinq enfants , la vieille Marthe avec la couette sur son divan, et l’ amie qu’elle a recueillie,  hacker en baskets,  Camille , la petite Chérie,  et la Reine Mathilde , sa mère,   l’aveugle qu’elle aime …Tous et bien d’autres extraordinaires personnages secondaires , participent a un climat apaisant  par sa poésie et une sorte de tendresse humaine :  
L’écoute des autres, L’amour profond qui demeurent par delà les infidélités, et l’amitié infrangible en dépit des jalousies et des trahisons,  la solidarité de l’équipe, en dépit de, ou grâce, aux divergences de leurs acteurs.
 Ce sont des personnages bienfaisants.  Positifs malgré leurs failles …
Comme dans certains polars que j’aime, des « réparateurs de destin », à l’instar des Poirot, Maigret, Miss Marple, Miss Silver, Cadfaël…

Belle écriture d’un monde fictif, poétique, intelligemment construit pour s’y reposer lors «  d’embellies », parfois bienvenues !!!

mardi 4 septembre 2018

En étrange pays dans mon pays même...



«  En étrange pays dans mon pays même… »
Ainsi disait Aragon !
Mais c’était la guerre !
Sommes-nous en guerre ?
Guerre économique ? Guerre sociale ? guerre mondiale ?
Les infos sur France inter le matin à l’heure où je commence ma journée,  ou pire sur France Culture, qui dévident tous les malheurs du Monde , abus, sadismes, génocides, révoltes , oppressions sociales et dictatoriales , exodes migratoires,  où qu’ils se situent , ouvrent les journées sur un sentiment de culpabilité, le malaise d’oser encore quand on a de l’eau, des moissons à profusion, et pas trop de maladies , une retraite ! …s’affliger de vieillir, de se sentir un peu décalé dans un pays , le Mien , que l’on s’obstine à aimer et à trouver privilégié…
Ce sentiment d’étrangeté  a dû commencer quand j’ai dû prendre ma retraite…
Désormais hors des murs de ce monde que j’aimais  et donnait une liberté de penser , de réfléchir, de partager avec des élèves de trois à cinquante ans , je me suis sentie tout à coup   « Foraine »  c'est-à-dire « extérieure  »

Puis est advenue  la politique du » « Dégagisme »instauré comme principe universel de progrès !
Dégagé le Service public, instaurée l’initiative privée et personnelle ,
Dégagée la SNCF, Le Service Public, qui me paraissait, fille d’institutrice publique (ce terme d’ailleurs chiffonnait un peu sa pudibonderie) et d’un grand père « cheminot » qui considérait comme un progrès que les Compagnies de Chemins de fer accèdent au statut de Société Nationale de France, le service Public  me paraissait  servir l’Education, la Santé, l’Economie  publiques !
Dégagés surtout  les vieux briscards de la politique, et  suspects les retraités exclus du Travail désormais, et  qui coûtent si chers à l’Etat et aux travailleurs.
Je revivais certains moments de notre vie active ou les réformes parfois pleuvaient, sans qu’il y ait eu le moindre tri entre ce qui avait plus ou moins réussi, sans égard et sans examen !!
Et je pense  et souris,(ou pas) à tout ce qui est préconisé avec gravité et certitude  et qui ressemble si fort à ce qu’on préconisa …Jadis ! Et qui donna assez souvent quelques résultats bien remarquables.

Oui   je me sens tout à coup étrangère …et je reste bras ballants devant ce Chantier Haussmannien de remise en cause méthodique et perpétuelle des projets, des essais, des réalisations du passé qui était le nôtre !
Plus que jamais l’image de la France me parait ressembler à un vaste diner parisien entre amis !  Tout se fête à Paris, le 14 juillet , le Tour, la Coupe du monde de Foot, tous symboles du sentiment national…Et je deviens un peu « Girondine »
Je ne suis pas spécialement ancrée dans la vie rurale, mais il me semble que la province, en tout cas la nôtre, soit pays exotique…Je crois d’ailleurs qu’un homme politique, l’autre jour en parlant des régions, parlait de «  territoires » !


La force de la mer, qui est l’échappée belle de mon pays, m’attire alors plus que jamais, son horizon de  pins et de sable si fin et si blond …
Même si tout s’y mécanise : foin des bains nonchalants et des plages rituelles. S’y ajoutent ou les concurrencent, la course à pied dûment mesurée, les super  vélos filant sur , les  tenues techniques sophistiquées, les paddles multicolores glissant  silencieux.
En alternance avec le Consumérisme organisé, de soldes en marchés forains ,  de marchés forains en braderies ….de queues dés la fin d’aprem devant le marchand de  glaces (délicieuses il est vrai)…

Plus que jamais les mots de la littérature, la musique écoutée encore et encore, me servent d’évasion, de monde paradoxalement familier !




Et la douceur de l’eau, l’odeur de sel , le bruit des vagues , la splendeur des écumes qui jaillissent ou s’étalent en franges, le jeu du soleil le soir sur la mer , ses brillances sur le lac le matin, « console nos labeurs »,
« Et nous parle en secret notre douce langue natale »









dimanche 3 juin 2018

THOMAS LELEU, un Concert de Poche, à Montardon

C'était à Montardon , mardi soir 29 Mai: Les Concerts de Poche et le Lycée Agricole de Montardon  organisaient une soirée avec Thomas LELEU et la pianiste Magali ALBERTINI,  et cette fois ce n’était pas seulement « Tuba’s French touch » mais aussi « L’Ame russe du tuba », avec la promesse de Tchaïkovski, Rachmaninov…


 Ma découverte du tuba, les  « Passeurs » de Musique
Comme je n’ai pas de culture musicale structurée telle qu’essaie d’en organiser l’Ecole pour la littérature, j’ai foi, pour accéder à la musique que j’aime, dans les « passeurs » de musique…
 (D’ailleurs, à vrai dire, pour tout chemin culturel !)
J’aime cette notion qui inclut l’idée de « passer, transmettre », et aussi l’idée de passage d’une musique à l’autre (chanson, jazz, classique, chants du Monde…)  Avec peut-être en filigrane, une idée de transgression de la rigidité des  codes… Celle aussi de rencontres et de réseaux.
Et nos  musiciens d’élection sont souvent pour nous des « Passeurs ».
Dans le cas du tuba, même si j’ai toujours aimé sa sonorité en contexte de fête, en particulier dans un groupe modeste au nom poétique, que nous aimions particulièrement, Les « Troublamours » , le Passeur pour le tuba , ce fut  , comme souvent, Richard Galliano !

En 2014, Il compose ses Fables of Tuba et obtient une récompense aux Victoires de la Musique, comme Thomas Leleu avait obtenu  celle de « Révélation comme soliste instrumental de l’année ». J’y discernai un projet à la Galliano, promouvoir cet instrument de « clique » vers d’autres horizons musicaux. 
J’ai donc suivi ces Victoires de la musique 2014 jusqu’à leur fin tardive, qui n’offrit pour Richard qu’une citation louangeuse, mais  sans aucune illustration musicale.
Bref on est fan ou on ne l’est pas, on est curieux ou on ne l’est pas, je me suis précipitée sur l’achat du CD pour écouter l’œuvre et son interprétation par Thomas !
Et bien sûr j’en ai aimé la découverte !
Depuis youtube… oui ! Et un grand  désir d’une écoute en live, mais peste soit de notre belle région ! Tous les concerts programmés étaient  loin !
ET c’est par hasard qu’en allant écouter Emile Parisien et Vincent Peirani près de Pau, dans une salle assez récente (L’espace Chambon)   j’ai découvert l’affiche des concerts de poche dans le Hall…
Pas question de manquer le venue de TH.Leleu à Pau , j’ai déplacé un rendez - vous médical pour ma sœur , et nous sommes rentrés en toute hâte de Dax où nous avait appelés ce RV et… Michel et moi, étions à Montardon  à l’heure dite !

Un concert insolite :
 « Concert de poche », comme on le sait, entreprise méritoire pour faire écouter aux jeunes des régions,  et au public local, de « grands » interprètes de « grandes » œuvres.
Un concert  musicalement fort  beau, par la qualité des interprètes, Thomas Leleu donc , et Magali Albertini au piano,  et des choix de programme à la fois « classiques », « contemporains » et je pense « populaires »  . Chopin , Rachmaninov , Chostakovitch, et des auteurs de moi inconnus, mais  tous  délibérément « mélodieux » Des œuvres choisies avec pertinence  pour servir le jeu raffiné au piano de Magali Albertini, et –merveille !- en direct , le son du tuba remarquablement nuancé de Thomas Leleu…

Mais un concert insolite désormais, pour nous !
Comme un retour au passé (j’ai tant accompagné de groupes au théâtre et aux concerts) et  de ce fait  chargé d’émotion et de tension à la fois.
Dans une salle surchauffée, au milieu de tant de jeunes lycéens, spectateurs à l’attention réelle mais désordonnée,  à l’enthousiasme ignorant des codes de concert, explosif mais sincère, chaleureux non sans  discernement…


 Des découvertes et des rencontres
Des œuvres que je découvre absolument, une étude de concert d’Alexandre Geodicke et  un Chant du Ménestrel( Alexander Glazunoov) qui m’a particulièrement touchée .
Des rencontres  d’œuvres que j’aime déjà : le Nocturne 2 de Chopin , des extraits du Lac des cygnes que  j’aime que voulez –vous, toujours et encore !Scène, La danse napolitaine, la danse espagnole..

Mais plus encore Rachmaninov !
Je ne sais comment, adolescente, j’ai découvert et aimé pour toujours  le  concerto n°2; et voilà –rencontre !- qu’ Alexandre Tharaud l’enregistre en 2016 et nous parle de manière émouvante  dans le livret de son CD de ce 2ème concerto « chef d’œuvre absolu », de sa place dans la vie de Rachmaninov, et, peut-être dans la sienne propre, ainsi que  de son choix de la Mélodie et de la  Vocalise, et d’une voix la chantant…
 Comme cela convient bien au gout déclaré de Thomas Leleu pour le lyrisme et la mélodie… et c’est son tuba qui chante cette vocalise !!!

Décidément donc  j’aime le tuba…dépourvue de lexique technique,  je ne peux que le dire avec mes mots de tous les jours ! je l’aime  toujours, par ses graves profonds et parfois comme une touche  humour festif,  et le tuba  de Thomas en particulier,   pour la richesse extraordinaire de ses nuances : son  agilité légère et superbe dans l’aigu, sa profondeur émouvante et sa rondeur mélodique dans les graves …

Merci aux concerts de poche de nous avoir permis de l’entendre.
Grand merci pour cette entreprise militante de mettre l’itinérance au service de la Musique…
Merci au lycée agricole d’avoir organisé cette rencontre !

Merci à Thomas Leleu et Magali Albertini de se prêter à cette itinérance par amour de la musique !

Merci à Thomas Leleu pour Sa musique !!!

Et aussi pour notre  rencontre à l’issue du concert et pour la chaleur des quelques mots échangés …


Nous sommes toujours sensibles à ces courts moments d’échanges accordés par les musiciens après les concerts,   malgré leur fatigue et leur tension. Pour nous, ces moments « signent » en  quelque sorte le partage  précieux et unique de leur musique que nous venons de vivre…

dimanche 27 mai 2018

Mérotte et la mer



Ma mère n’aimait pas les bains de mer…ni se mettre en maillot, ni la plage , ni le sable qui colle aux pieds , ni s’asseoir par terre qui est si malcommode …


Sans doute aimait-elle la Mer pour son spectacle, pour les connotations poétiques qui lui sont attachées et  qui chantaient en Elle par toutes les « poésies » qu’elle avait apprises au cours de sa propre scolarité, et celles qu’elle sut choisir pour ses élèves  à qui elle tâchait de faire aimer la musique de notre langue. Elle gardait en mémoire nombre de ces poèmes et aimait à les réciter, parfois à les chanter, de sa voix qu’elle avait belle et juste…

Pourtant elle consentait à nous accompagner au bord de la mer, à Hossegor certains après-midis d’été : mon père sortait son auto, car lui aimait la mer,et lui aimait conduire…
De ces après-midis de plage je garde un souvenir à la fois tendre  et amusé, car il est vrai que c’était un moment désiré, agréable et délicieux, mais aussi chargé de frustrations : trop tard, on partait trop tard, il fallait attendre que la digestion fût terminée pour se mettre à l’eau ; et l’on rentrait trop tôt pour  dîner à l’heure ! seule compensation : quand ils eurent un peu plus d’aisance financière, on s’arrêtait avant de partir d’Hossegor manger des huitres chez Lamouliate, délice qui a forgé mon goût irrémédiable pour cette chair résistante, froide,  humide, et salée .
Ce goût- là nous le partagions ma mère et moi, mon père et ma sœur ne faisaient que nous accompagner du bout des lèvres !
Sans doute ce mélange de bonheur et de frustration a-t-il produit mon attachement profond à la mer. Sa simple présence vient parfois à  me manquer les mois d’hiver. Et  je la  recherche, maintenant que nous allons presque tout l’été au bord de la mer, à maintes reprises de la journée : Tous, je les fais sourire :«Je vais voir la mer » « Je n’ai pas encore vu la mer ! » « Il faut que j’aille voir la mer » « Je vais voir le coucher du soleil »
(Rite païen dont je constate que je  le partage avec bien des gens assez différents qui se rassemble sur la jetée  le soir …)
Amour que j’ai transmis à ma fille, je crois,  et elle à ses filles. Et souvent je dis donc aussi : « Qui vient voir la mer avec moi… ? »Et j’ai le plaisir d’être accompagnée pour ce rituel incontournable ».
 C’est ainsi qu’un jour,  Camille m’a dit : 
« Pourquoi as-tu/ a-t-on besoin d’aller voir la mer ? »
-Parce que le poète a dit : «  La mer, la vaste mer, console nos labeurs »
(et d’expliquer le sens de labeurs ici, et d’en rire, et de presser la petite main dans la mienne..
Petite main est devenue grande…Mais demeure notre passion magique !

Et pourtant si ma Mérotte n’aimait pas la mer , c’est en grande partie à elle que je dois, que nous devons, cette modeste maison qu’ils firent construire à Hossegor,  à sa patience, à son insistance, à son talent à choisir avec discernement les emplacements propices ..
Elle consentit à le faire , elle y contribua activement, certes, pour ne pas « gaspiller » le modeste pécule que rapporta à mon père et à son frère la vente de la maison paternelle, pour en tirer un petit revenu pour leurs voyages à deux , parce qu’elle avait l’intuition que mon père aussi aimait la mer, mais je le crois profondément, en même temps pour nous offrir  un accès à ce plaisir qu’elle ne put jamais vraiment partager,  mais dont elle devinait la profondeur… 

Et jouir avec amour et par procuration de notre passion…

Merci ma Mérotte …
Tu sais notre petite maison est devenue un peu plus grande aussi…le nombre des aficionados ayant  augmenté !
Merci…

dimanche 20 mai 2018

Frédéric Viale , Pars en thèse Jazz !


 Frédéric   « Keep on swinging » !



De ce projet de Jazz, tout témoigne :
Le titre en forme de « manifeste » et l’ambigüité d’un double sens qui s’y attache, une « parenthèse » (enchantée) , et une échappée  résolue vers le jazz, « posé » comme une  aventure  vers cet objectif…et peut-être une « réflexion » ? une thèse ? 

 Les premiers morceaux donnent la note :
-Dès le 1 une « Réécriture » de « Vendredi 13 » :
 Morceau déjà créé dans « La Belle Chose » : La belle chose, j’ai vraiment aimé cette œuvre, et l’aime encore, et entre autre ce « vendredi 13 », avec la guitare de Nelson Veras et la basse de Natallino Neto….et déjà le saxo d’ Emanuele Cisi …et déjà la facture d’ un standard de jazz , mais avec un rythme à 3 temps (je cite Frédéric !) alors que le rythme, ici, se fait rapide, « fast-swing » et que le saxo d’Emanuele s’envole … et que contrebasse et batterie  nous offrent un superbe  duo rythmé avant que le beau thème ne reprenne le premier plan.

-Swing interdit  est  un vrai manifeste du Swing dont « quelques  bals musettes affichaient  à une certaine époque l’interdiction »…
Dès l’ouverture s’affiche le rythme-roi triomphant et ce thème enlevé connote dans ma rêverie,  une certaine tonalité un peu nostalgique, un peu en mineur, de la danse trépidante qui s’associe pour moi à la découverte du jazz 
-Frédéric convie  aussi à cette « parenthèse », Paul Chambers   « un des plus grands contrebassistes de jazz ». Thème frénétique et dansant, quoique mélodique, et toujours du swing… du swing …et  bien sûr, le saxo de Emanuele Cisi.
Et solo de batterie comme  conclusion… ! 
-Appelé, aussi  à prendre part à la fête, Kenny Baron (Song for Abdullah)  et cités aussi des noms qui me  sont inconnus, mais  je savoure  la musique née de leurs thèmes (Freddie Redd, Mulgrew Miller).


D’ailleurs  pour «  Pars en thèse Jazz »Frédéric Viale réunit un ensemble remarquable d’instruments jazzy : saxo ténor donc, d’Emanuele Cisi, contrebasse d’Aldo Zunino , batterie d’Adam Pache mais aussi un trombone, d’Humberto Amesquita, instrument dont j’aime particulièrement  la sombre et profonde sonorité …
Ensemble remarquable dont les  sonorités s’entrelacent avec une subtile composition équilibrée…
Mais l’accordéon dans tout ceci ?
Il est, me semble –t-il , l’Omniprésence du son continu, du bel accordéon de Frédéric, support discret et puissant de l’ensemble des instruments qui se succèdent , monologuant parfois ou dialoguant souvent de l’un à l’autre, avant de convier le rythme de la batterie ou de s’y associer…

Mais, Swing or no Swing, je dois avouer que je ne peux oublier jamais ce que j’aime toujours  , la Mélodie souveraine , qu’elle soit créée  par Frédéric Viale , ou empruntée à des jazzmen-cultes que quelquefois je ne connais pas, mais qui inspirent Frédéric et son groupe «  en jazz », pour l’ interpréter  en un tissage  original d’un instrument l’autre …

Tous les titres  sont mélodieux dans leurs différences, mais j’ai mes préférences !

Bien sur, Vendredi 13  pour son thème allègre, le plaisir de sa variation depuis  La Belle chose…

Mais ,en premier peut-être,  je mettrai AZUL  , un rythme alangui ,la coloration profonde et grave du trombone et de l’accordéon sur lesquels vient se détacher la légèreté et l’agileté du saxo  pour une ballade rêverie sur la couleur du ciel tu pays de Frédéric , azur intense , intense et vibrant …

Puis remarquable contraste OLE, bien nommé, c’est l’allégresse, le rythme vif, la coloration chaude…Pour moi, c’est la fête ! impression de cuivres, de bandas, ça guinche, avec parfois une touche de saudade …Génial !

Deep in a dream :A nouveau,  une ballade , une rêverie, profonde , un peu de nostalgie, beaucoup de douceur dans le retour du thème au saxo. Très belle…

Contraste à nouveau: Paul Chambers ; je reprends les mots de Frédéric pour mes connotations : « puissance, swing et élégance » : on se croirait dans un club newyorkais classieux !

Et Sous les ponts de Paris, une petite French Note : le thème archi-familier qui joue à cache-cache, et c’est bien délicieux…

Encore une belle mélodie pour une ballade de Kenny Barron … Song for Abdullah ! 


Je note pour finir  le raffinement  de la composition : grave  , lent , vs allègre et vif…. ! 

Belle parenthèse dont on rêve de l’entendre en live !!!!