samedi 31 mars 2012

Deuil de printemps




Presque vingt ans que nous avons perdu mes parents , cela parait difficile à croire tant je ressens toujours leur présence et la douleur de leur perte...

En revanche je ne hante guère le cimetière,je l’avoue, laissant la charge à ma grande sœur qui habite leur maison, la surveillance de leur tombe, et ne l’accompagnant guère qu’une fois l‘an pour y apporter les fleurs de la Toussaint…

Cette année j’ai planté pour ce jour une grosse coupe de pensées …
Mon père n’aimait pas aussi passionément les fleurs que ma mère. Mais il aimait jardiner , gratter la terre , ratisser, semer ou repiquer des tomates et des salades…et certaines fleurs : celles qui lui rappelaient son enfance, les iris mauves, les pivoines, et les glycines et.. quelques autres dont nous ne raffolions pas, les dahlias aux pétales violet foncé bordés de blanc , dits « Deuil du Roi Albert ! », les bégonias "Bertini" à nos yeux pauvres de fleurs et de feuilles , les œillets d’Inde marron et jaune à l’odeur bizarre, et Les Canas !!!il adorait les canas, ces fleurs raides aux corolles sans grâce et à la feuille comme plastifiée. Il en plantait chaque année et se désespérait de les « rater », ce dont nous ne parvenions pas à être affligés !!!
Et il aimait les pensées , ces petites fleurs fragiles, non vivaces, mais qui résistent  tout l’hiver au gel, dont la beauté éclate au printemps et périt au soleil de Juin…Mais là encore celles qu’il aimait c’était celles que j’aime le moins pour ma part, les brunes et jaunes , veloutées et sombres, "ces pensées qui semblaient avoir un visage "disait-il…J’aime les blanches, les bleues et les jaunes dont les teintes simples soulignent la forme…

Donc pour Toussaint, j'ai mêlé dans les coupes les deux sortes de teintes que nous aimions, car de la moisson achetée à la jardinerie j’ai fait deux coupes , une pour eux et une pour nous…

Leurs fleurs éclatent de couleurs depuis le début du printemps, près de notre porte, et quand je passe, elles accrochent fugitivement mon regard et ma pensée, pour un souvenir un tout petit peu triste, mais surtout doux , d’autant qu’au même moment de l’autre côté de l’entrée, la cactée de ma mère s’épanouit dans toute sa beauté…






Azzola et Lina à Bourg Saint Andéol: Ce que nous a dit Marcel…



Leur musique à Bourg Saint Andéol, ce fut un énorme bonheur simple et plein : deux heures pour un monde de musique sous leurs doigts virtuoses, qu’accompagnaient une vraie joie de jouer, une profonde et sincère complicité, un humour léger avec le détachement que confèrent l’âge et la plénitude du talent .

Lina, rencontrée peu avant, à l’ouverture du festival, est une dame d’âge, raffinée et encore belle …Sur scène, à son piano, tenue noire souple et hauts talons vernis, elle est éclatante de vitalité et de jeunesse, fait jaillir de son Pleyel un son magistral, sonore mais harmonieux , plein d’envolées, qui fait swinguer aussi bien Bach, Gershwin, Chopin que Toni Murena, et tout le répertoire de la chanson que nous avons aimée d’amour, et qui, selon Marcel, a permis à l’accordéon de vivre , de passer une période difficile, de sortir de son ghetto…pour devenir ce qu’il est aujourd’hui, un instrument voyageant de pays en pays , entre toutes les classes sociales et tous les genres musicaux ….

Son dialogue avec Marcel, pour brillant qu’il soit, ne manque jamais de servir remarquablement le jeu de l’accordéon, de souligner le style Azzola, tout de retenue, de maîtrise, d’une virtuosité époustouflante parce que sans esbroufe, tant elle semble couler de source. Un son qui pour moi a la chaleur et la vibration de l’émotion humaine…
C’est la première fois que nous écoutions en live ce duo seul et ce fut …. !!!(inouï à tous les sens du mot!)

Le lendemain, nous avons eu la chance d’être conviés à partager le repas des organisateurs et bénévoles, et d’y côtoyer Marcel et Lina…
Nous avons toujours scrupule à aborder les musiciens, fût-ce pour leur exprimer notre admiration…
Mais je n’ai pu résister à l’élan de dire mon admiration à Lina et de demander à Marcel de signer un de ces trésors que Michel s’attache à chercher inlassablement, « Miroirs » en l’occurrence.


Des quelques mots échangés, je retiendrai durablement « ce que nous a dit Marcel », qui comprenait à demi mot que notre admiration s’attachait, au-delà de sa musique, à ses qualités humaines, sa courtoisie chaleureuse et bienveillante, sa simplicité, son parti pris de bonheur, son défi prodigieux à l’âge, l’énergie de sa vitalité :
« Voyez-vous ce qu’il faudrait c’est ne jamais cesser d’espérer, de croire en l’avenir, nous avons tous des vicissitudes, des malheurs, mais il ne faut jamais perdre l’espoir.. »



Leur musique justement, et toutes les musiques que nous aimons, font partie des choses de la vie qui donnent de l’espoir, de la sérénité , de la vitalité…et même de la Fantasia !



Ajoutons qu’il a dit aussi :
« Et Lina ! Faites-la signer aussi !!! »

C’était déjà fait !



jeudi 29 mars 2012

mercredi 28 mars 2012


Claude Duneton est donc mort!
Je l'apprends par ces voies soi-disant "anti-littéraires", Twitter et un ami de Facebook. Je me rapelle combien ses écrits furent pour moi jubilatoires et, le dirai-je, utiles à ma réflexion de prof de français ...Pour remerciement , recevez, cher collègue drôle et profond, un modeste témoignage de mon admiration, ce petit post écrit il y a quelque années....




Histoire d’âge ?

« Quand on est enfant, on s’intéresse beaucoup aux histoires. On aime bien les événements qui s’enchaînent, vite fait, que le loup est arrivé, qu’il a frappé à la porte, que la grand –mère a dit entrez, qu’il a croqué la pauvre vieille…Les considérations sur les motivations du loup, la situation sociale de la grand-mère …on s’en bat l’oeil, vraiment. Ce qui compte, quand on est petit, ce qui intrigue, ce qui passionne, c’est de savoir si le loup va ou non s’avaler aussi la petite fille…on en rêve on en redemande »


Ainsi parlait Claude Duneton page 117 de son Antimanuel de français…


Je n’ai jamais cessé pour ma part de m’intéresser aux histoires, parfois certes j’y ai oublié la vie et ses moments difficiles, mais j’y ai appris bien des choses sur la vie et sur moi-même, et sur les gens d’ailleurs…Etant labellisée prof de Lettres (classiques !) j’ai pu sans vergogne quoique tardivement avouer ce penchant populaire pour la lecture « ordinaire » qui allait de pair avec le goût du cinéma « grand public »ou « commercial », les chansons de France Gall et de Julien Clerc , la musique d’accordéon et l’opéra…


Cadfaël, le moine guérisseur d’ Ellis Peters m’a bien aidée à dépasser l’angoisse d’une opération des yeux et autres maladies, pas moins d’ailleurs que son collègue le docteur Rieux, le médecin à l’air renseigné de la Peste. Une page de Patricia Cornwell, un moment avec Le nom de la rose, une pensée de Pascal , ainsi va ma vie de lectrice ordinaire, ainsi sans doute va la vie de beaucoup de lecteurs, « semée d’autant de fleurs » que leur goût des histoires le leur permet…


Je plaiderais si j’avais audience auprès de mes collègues de la maternelle au lycée la cause de cette lecture que Christian Baudelot qualifie « d’ordinaire »


Qu’on ne s’y trompe pas, « ordinaire » n’est pas son contenu, « ordinaire délimite l’espace de toutes ces lectures qui utilisent explicitement le texte à des fins qui lui sont extérieures »[1]. « L’adjectif ordinaire signifie que le livre et l’usage qui en est fait sont pleinement ancrés dans les préoccupations immédiates de la vie quotidienne » […],qu’on en fait ainsi « un usage ordinaire afin de se former et de donner un sens à sa propre vie ». « La lecture ne relève plus de la littérature mais de la vie. 1».


Qu’on fasse de la lecture son ordinaire,


l’école pourrait nous en donner le pli…que cet ordinaire soit du Camus ou du Simenon, ou encore de la lecture savante « qui fait du texte (dans son sens, ses formes, son affiliation à un auteur ou tout simplement dans sa valeur spécifique) l’intérêt et la fin de la lecture »1.


Car si la lecture savante est « viande céleste » pour certains de nous, la lecture ne peut pas être que savante, car ce serait en somme « la mort de la lecture »


Et si l’école est un apprentissage de la vie, elle doit faire place à une lecture de vie.


[1] Et pourtant ils lisent…(Seuil) Christian Baudelot 1999









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dimanche 18 mars 2012

Quarteto Gardel : Quand le concert finit…

Voilà, c’est fini…




On était debout, c’était l’émotion, le bonheur, le rythme, le swing encore dans les têtes… …
Les musiciens se retirent. La salle se vide lentement.

Nous restons là, encore émus, mais sentant déjà le grand vide qui suit un concert heureux.

Minino Garay revient sur scène, les traits tirés , les cheveux un peu collés sur le front, et récupère ses précieux accessoires de percussion . Nous cherchons à accrocher son regard pour lui dire un mot, une admiration, un remerciement. Son regard nous trouve et il remarque presque mezzo voce, en continuant à ranger son matériel :
« Ce soir, il s’est passé beaucoup de choses magiques … »
Le lien est noué, alors il ajoute, « C’est pas toujours comme ça…rien n’est jamais pareil dans un concert, ça change tout le temps… »et nous restons ainsi, lui qui range, nous qui lui tendons un des nos disques « bien-écoutés » « Entre chien et loup » où il joue avec Daniel Mille, qu’il signe , gentil , mais grave, comme épuisé , comme cherchant avec nous pourquoi cette magie ce soir …

Et nous cherchons aussi…
Je pense à ce hasard "providentiel",?, la présence d’André Minvielle , venu en spectateur écouter son compère Lionel et que Minino a invité pour deux rappels endiablés.

Je pense à Vincent Ségal. J’avais oublié (pourtant c’est la troisième fois qu’on écoute ce quartet, deux fois avec lui) mais j’avais oublié combien son violoncelle a un beau son, combien il en joue sur divers registres et surtout l’humour parfois mélancolique parfois joyeux qu’il lui donne par son jeu et sa posture…
Je connais peu le violoncelle, je l’ai découvert avec Pablo Casals et tout le monde souriait un peu de moi quand j’affirmais : « c’est un instrument plein d’humour , de second degré… »
Et ce soir je retrouve cette impression..En écoutant Vincent Ségal.

Je pense à Arielle Besson. je n’avais pas trouvé sa trompette aussi belle les autres fois ; là sa musique est aussi lumineuse que son visage, harmonieuse , claire et déliée…

Je pense à Lionel, pour qui et grâce à qui d’abord en fait on est là ce soir, pour entendre son accordéon. Et ce soir j’ai trouvé la même puissance , la même richesse de son, qui pour moi caractérise son style… mais aussi aujourd’hui un grand jeu de nuances, de délicats contrastes sonores. Bien sûr c’est lui aussi qui maîtrise la composition, l’économie du groupe, avec son espèce d’autorité tranquille.

Mais Minino assume l’autre autorité, la drôlerie, la présentation avec son bel accent argentin, l’émotion du sentiment, le lien chaleureux entre eux, et avec nous, et ce soir avec une présence aussi forte que mesurée…C’est lui qui remarque André Minvielle assis là au premier rang (près de nous !!!) et qui l’invite à les rejoindre pour les rappels…Prodigieux !!!


Et le regardant ranger son cajon avec difficulté, le placer avec précaution dans sa housse, je découvre toute la gravité, le sérieux que la légèreté de son humour sur scène exige…

La magie, elle est venue de chacun des quatre , elle est venue des quatre ensemble , car l’ensemble des quatre vivait avec un accord parfaitement réussi , des dialogues entre le violoncelle et Minino, avec Arielle et les percus, entre Lionel et Vincent , et des ensembles tous les quatre ou tous les cinq avec Minvielle, épatant …

Elle est peut-être un peu venue du public aussi, la magie, un public certes connaisseur en jazz, mais simple, chaleureux, réceptif sans chichi, plus concentré et passionnément attentif qu’exubérant…

Arielle à son tour est réapparue sur la scène pour récupérer ses précieuses affaires. Un peu confuse de ne pas avoir entendu aussi bien sa trompette précédemment, je me suis avancée vers elle, pour lui dire combien je l’avais aimée ce soir. Cela a semblé la toucher, lui faire plaisir, elle m’a dit « Je vous ai vu au premier rang, j’ai vu votre grand sourire :ça nous donne de l’énergie, vous savez.. ! »

Vous aussi les musiciens vous nous en donnez de l’énergie… !

Lionel est arrivé alors et nous a dit : « Cette fois !!!je vous reconnais… !!!On s’est embrassés …

Hein ? Jolie fin pour un beau concert



PS:
Un vrai  compte rendu du concert précis, je n'ai pas dit objectif!!!, c'est Michel qui l'a -bien- fait!:

PS2 : je me permets de nous offrir pour finir un petit souvenir du violoncelle de Pablo Casals:





Marc Michel Le Bévillon à "ça va jazzer"

Mathieu Prévert recevait l’autre jeudi à Radio Campus Angers Marc Michel le Bévillon. Outre la sympathie immédiate suscitée par cette personnalité chaleureuse, j’avoue, moi qui suis une adepte de « La Papillonne » avoir été séduite par la multiplicité de ses expériences, de ses projets, et de sa musique, voire même, parce que non musicienne moi-même, fascinée par ce monde dont je suis exclue, à la fois voué à la seule musique et à la diversité des musiques multiples.

Je suis allée lire la bio de Marc Michel le Bévillon et je demeure impressionnée par le talent foisonnant et si reconnu parmi les Grands de cet homme à la voix agréable qui discutait en toute simplicité hier soir avec Mathieu .
Je ne sais ce que j’ai le plus apprécié :
Sa musique diverse, autant que prenante, mention particulière pour ma part pour Oliver Song, grande émotion et belle mélodie, et pour le dernier morceau dont je ne sais pas le titre… ?

Sa voix aux intonations chaleureuses et pleine de sympathies, qui raconte son instrument, sa (ou ses) contrebasse(s), « idéales pour le phrasé du jazz », ou plutôt ses instruments, car sa virtuosité est aussi multiple que ses compositions ?

Ou ses voyages musicaux vers des ailleurs qui chantent et qui dansent, les pays qui le fascinent Cuba, le Brésil, le Brésil surtout, un pays où la musique ne connaît aucune frontière en quantité et en qualité, qu'elle soit savante ou populaire ?

Ou ses amitiés et admiration pour ceux qui l’accompagnent ou qu’il accompagne, Ker Ourio ou Mélanie Dahan ?

Ou qu’il raconte le jazz, qui accueille des talents très divers, capable d’évoluer dans le temps en englobant des choses de plus en plus diverses, qu’il ingère, s’incorpore pour en faire du Nouveau ?

Qu’il nous parle de son projet réussi, d’enseigner avec Didier Lockwood dans des conditions qu’il avait rêvées et qu’ils on réussi à réaliser dans un enseignement « normal » …

Ou explique comment la moindre bluette peut se transfigurer par le talent d’un « grand musicien »…


Ou de ce qui semble être pour lui l’essence même de la musique, qu’il souligne en toute simplicité : provoquer l’ émotion, voire, il ose bien l’avouer, faire pleurer ! Cela me rappelle un ami fort mélomane avec qui nous échangeons et qui dit parfois après avoir remarquablement analysé structures, rythmes, et sonorités : « C’est beau à pleurer »

Et tous ces propos pleins d’intérêt, croisés avec une belle musique, s’échangent avec Mathieu avec simplicité et naturel, inspirent la sympathie, et suscitent une admiration certaine !

mercredi 14 mars 2012

GEL, vous n’êtes pas qu’un vilain… !!!

Les fortes gelées du début février ont gelé les fleurs naissantes des mimosas, brûlé les pointes des tiges des lauriers roses et peutêtre compromis leur floraison…
Heureusement nous avions rentré précipitamment un soir glacé où le froid nous était apparu menaçant, les «gouttes de rosée », le « clivia », le philodendron, déjà gelé l’an passé et quasi ressuscité l’été dernier, dans le séjour de la maison, qui finissait par ressembler à un jardin d’hiver Art Nouveau! (colonnes, espace et luxe en moins… !)

Ce froid tardif a retardé les camélias qui par chance, je ne sais pourquoi, fleurissent tardivement chez nous quand tous ceux des jardins alentour ont passé fleur !
Retardé aussi l’éclosion du prunier…
Mais pas les VIOLETTES !!!
D’abord timides, (c’est leur nature, comme chacun sait !) hésitantes, courtes de tige sur le sol desséché, grâce à quelques averses généreuses ensuite, elles ont poussé, poussé, poussé, envahi l’herbe abimée par l’hiver …Juste au moment où la clémence du ciel et de la température nous berçait d’un illusoire été !!!
Et sous le soleil elles EMBAUMENT !!!


Et pour cette année seulement, leur parfum règne en maître sur le jardin…



L’ellébore, rose de Noël, n’ayant pas d’odeur, juste la transparence de sa blancheur !
Et seules quelques jacinthes commencent à lutter timidement pour faire valoir leur parfum.




















Car le Despote , le Roi du jardin, le Prunier , qui habituellement écrase de sa grandeur parfumée l’odeur des violettes timides a lui aussi été retardé. Ses premières fleurs éclosent à peine. Dans quelques jours, son parfum sera sans rival.

Les violettes seront-déjà !- fanées, et le camélia fleurira enfin dans la perfection de sa forme et de sa couleur mais comme chacun sait « sans épines, mais sans parfum l»



Finalement, le gel est un Vilain qui ne fait pas que des méfaits !!!

…Comme les Vilains d’ailleurs, n’en déplaise à cet aristo de Charles D’Orléans !

Hiver, vous n'êtes qu'un vilain!
Été est plaisant et gentil...
Été revêt champ, bois et fleur,
De sa livrée de verdure
Et de maintes autres couleurs...

Mais vous, hiver, vous êtes plein
De neige, vent, pluie et grésil...

Hiver, vous n'êtes qu'un vilain !








samedi 10 mars 2012

L’accordéoniste de Fred Vargas : « Sans feu ni lieu… »



Fred Vargas a le génie des personnages secondaires


Entre autres talents, bien sûr.
…Sa construction de la tension dramatique, l’étrangeté des situations , qui frôlent le fantastique sans quitter le réel .
Son fantastique, mi- création poétique, mi-inspiration de superstitions traditionnelles dûment documentées (je pense), réside dans l’imaginaire des tueurs et ce ceux qu’ils terrorisent :
Comme le commissaire Adamsberg le dit à sa fidèle lieutenant Rétancourt qui incarne au sein de la brigade les positivismes rationalistes :
« Vous ne croyez pas que les chats noirs portent malheur Violette ? Mais
« Si un homme massacrait des chats noirs parce qu’il est convaincu qu’ils lui portent malheur, vous ne jugeriez pas cela insensé lieutenant ? Pas impossible ? Pas incompréhensible ? »
Alors cercles bleus, signes conjurateurs de peste, bois de cerf, armée furieuse, loup garou, tout un monde poético magique , dont le mystère se résout finalement grâce à l’intuition de Jean Baptiste Adamsberg, intuition nuageuse, mais solutions réalistes et positivistes…

Mais pour moi le génie que je lui préfère entre tous, c’est le génie des personnages :
Je ne parlerai pas d’Adamsberg, création remarquable, ni de Danglard, ainsi nommé du nom du traître policier des Misérables, sa culture encyclopédique et son amour paternel dévorant, ni de Ludwig l’Allemand qui a un crapaud nommé Bufô pour animal familier…
Je pense à ses créations de personnages secondaires, compositions fictionnelles autant que criantes de réalité.
Ces personnages Oulipiens qui parlent en alexandrins, ou à l’envers, à lettres à l’envers, pas en verlan, trop simple !!!
Ces inspirés, de Mathilde photographe à l’art maudit, qui désormais photographie sans pellicule, à Camille soliste violoniste, qui répare les sanitaires, et conduit des camions,
A la hacker distinguée, et virtuose, qui se balade en tennis sur internet la nuit, dans les comptes bancaires et les « égalise »…
Aux quatre historiens dits « évangélistes » qu’a réunis la dèche dans leur « baraque pourrie », qu’ils habitent par étage chronologiquement suivant leur spécialité d’historiens !

De tous ces personnages l’un m’a spécialement retenue hier soir !!!!
Clément, qui se dit accordéoniste, étrange, laid, voir un peu répugnant, simplet, et inquiétant :
-Qu’est-ce que tu fais à Nevers ?
-Je fais des airs d’accordéon sur les places dans la journée et dans les cafés les soirs.
-Tu es musicien ?
-Non, je fais juste de l’accordéon.

[…]

Clément …souleva son accordéon.
-Tiens, dit Gisèle, joue-moi un air, que je voie si c’est pas du flan. Je serai plus rassurée, je m’excuse.
Clément accrocha son accordéon et déplia consciencieusement le soufflet, en tirant un peu la langue.
Puis il joua, le visage penché vers le sol.
Comme quoi se dit Gisèle en l’écoutant, faut pas se fier aux abrutis. Celui-ci était un vrai musicien. Un vrai abruti-musicien.

Et voilà ce qui caractérise ces personnages, les rend marquants et terriblement attachants, une alliance de médiocrité ordinaire ou pire,(réalisme), et toujours une étincelle de talent (poésie/fiction)…
Quelque chose en eux de génial, qui les sort d’affaire, des accusations, des vilenies médiocres, et qui nous sort d’affaire aussi en restaurant en nous l’étincelle insensée de la confiance en l’humain, fut-il médiocre, ou marginal, ou hors normes …

Souvent le soir très tard, quand la nuit se fait insomniaque et de pleine lune, je reprends au hasard, (comme je le fais d’Agatha Christie) une de ces histoires qui me procurent une sorte de confort, dépaysement des décalages, tension dramatique mais sans peur, sensation d’un monde « plein de suspense »mais comme disait Hitchcock « sans surprise » mauvaise…Un monde poétique avec illusion de réel…

Et je peux m’endormir…

jeudi 8 mars 2012

Les copains … de Facebook…



Je reconnais être un peu accroc à internet, aux blogs, et…encore plus à Facebook. J’entends bien des critiques et les « entends bien » : la superficialité des rapports est indéniable, et le fait que s’il y a cercles d‘amis, ces cercles parfois ne sont guère sécants …ou se coupent fort épisodiquement…Que parfois s’y déversent prodigalement des suites de Youtube et des successions d’annonces musicales , personnelles ou politiques, que l’on parcourt rapidement quand même on les ouvre . Les photos à la rigueur , les p’tites notes : on clique « j’aime » et l’on s’en va….c’est déjà ça ….mais un texte à lire, une œuvre musicale de 5 ou 6 mn !!!, c’est beaucoup demander !!!



Mais même ainsi, ça ne me déplaît pas. Dans cette feria de la musique, ou cette foire aux idées, je trouve qu’on rencontre des œuvres qu’on n’aurait jamais rencontrées. Un petit moment de grâce et plus si affinités, car Google culture, Youtubezzz, Wikipedia, sont là pour suites à donner. Suites superficielles sans doute …
Mais Amazon, des libraires, et des centres culturels, sont là aussi pour poursuivre la course aux œuvres …



Et puis ou surtout ? Sur Facebook, on rencontre aussi des gens ! DES AMIS
« C’étaient pas des amis choisis par Montaigne et la Béotie »

C’est pas des Castor et Pollux non plus … !

Choisis par Montaigne et la Boétie, assurément non!!!

Mais des choisis, SI !!!
Mes amis de Facebook je les ai choisis et/ou ils m’ont choisie .

Peut-on en dire autant des amis de Madame Verdurin ou plus simplement des « amis » des apéritifs, des repas ou des lunchs, où l’on se trouve parfois convié ?
Avec mes amis de FB, on s’est choisi pour des affinités culturelles ou musicales, et quelquefois par communauté de réflexion…
Et parfois nos échanges, si fugitifs, si virtuels soient-ils, ont quelque chose d’intime, parce qu’ils touchent aux goûts ou aux façons de penser, voire de concevoir la vie.
Et pour ma part, j’en garde un long temps un plaisir personnel durable.
Et des rencontres que nous faisons, de ce qu’ils pensent et écrivent, ou de la musique qu’ils proposent à l’écoute, je me trouve enrichie …
D’ailleurs de chacun d’eux, j’ai l’image qu’ils veulent bien me donner, et une certaine représentation de leur personnalité, sans doute parcellaire mais singulière ….


Et je me dis qu’après tout dans le salon de Madame de Verdurin, si l’on y faisait des rencontres bien réelles sinon vraies , les échanges n’y étaient pas moins virtuels ni moins superficiels…

Quand mes parents se sont installés à Dax, (« petits profs », voire pour ma mère, petite instit, ex suppléante !) « On » demanda à mon père quel était « le Jour de ma mère » !!!
Elle en resta toute éberluée, désemparée dans l’ignorance qu’elle était de ces codes sociaux. Elle en resta donc sans voix, et finalement sans Jour !
Mais on s’est souvent demandé, avec curiosité, avec malice, quel aurait été le contenu de ce Jour ? Qui y serait venu ? Y aurait-on servi du tea ? lait ou citron ? De quoi y aurait-on « causé » ?
Elle se contenta d’avoir le Jour de sa chère amie, du temps où mon père avait son Jour de Société de Borda (avec un tantinet de bourgeoisie locale, mais beaucoup d’Histoire Locale, et un peu d’histoires locales…)

Eh bien moi, j’ai mes moments facebook, et mes moments de blog, du temps que Michel fréquente son Bistrot des accordéons..

Grâce à quoi j’écoute « Ça va jazzer », chate avec Sonia, Mathieu, Bruno, Johan, Ellie , apprend ainsi qui est Sébastien Giniaux, ou JJ Franchin, ou Jazz Meeting Quartet .
Je suis de loin les concerts de Tuur, en comptant dur comme fer qu’il reviendra près chez nous un de ces jours, échange des petits mots avec Libertrio, Francine, et Céline, Claude et Elizabeth….
J’ ai parfois l’émotion de recevoir quelque sibyllin message de Marc Perrone, de Gorka Hermosa , de Vincent Peirani, De Teodoro Ancellotti ou de Daniel Mille, de mes idoles quoi !!!!

Comme parfois par hasard mon blog rencontre un lecteur qui l’apprécie et m’en fait part !!!!

HEUREUSE !!!!



lundi 5 mars 2012

Et soudain…le piano de Daniel Goyone !

Pensées croisées….au moment où Michel venait justement d’écrire « Y a pas que des accordéonistes …Ya aussi d’autres instrumentistes » au même moment, je ne me lassais pas d’écouter et réécouter Daniel Goyone, qu’il vient de redécouvrir …

Sur les chemins multiples et divagateurs où l’accordéon nous entraîne, il m’arrive souvent de ramasser comme petits cailloux blancs qui marqueraient la route, les petits bonheurs musicaux d’autres instruments et d’autres musiciens.
Il y a des découvertes pour moi récentes, des sonorités instrumentales qui séduisent et soudain nous attachent, la trompette de Paolo Fresu , le tuba de Michel Massot, la contrebasse de Renaud Garcia fons, les Polyphonies de A Filetta et le bandonéon de Daniele di Bonaventura, tant et tant, qu’on les réécoutent encore et encore.

Il ya des amours anciennes qui se ravivent, le piano d’ Alexandre Tharaud jouant Rameau (Nouvelles suites de Clavecin) et maintenant Bach.

Ainsi dans les petits bonheurs de cet hiver, j’ai ramassé au bord de notre chemin une Toute petite valse au piano de Xavier Triviaux…

Le lieder de Scubert versus Cavanna et avec l’accordéon de Bruno Maurice




Et enfin le piano de Daniel Goyone , que je ne me lassse pas d’écouter et dont je laissse à Michel le soin de le décrire :
"Le piano de Daniel Goyone est toujours aussi précis, fin, percussif et cristallin. On croirait qu'il n'utilise que le minimum de notes pour peindre le monde imaginaire où il nous introduit. Je pense en l'écoutant à certaines peintures japonaises qui évoquent un univers en trois coups de pinceaux, mûris en silence pendant des années. »

C’est la dernière de nos découvertes, et une des plus belles…
Parce qu’elle semble survenir à la clôture de cet hiver froid ?
Parce que de surcroit il joue dans ce disque avec Daniel Mille, que leurs thèmes se croisent à tel point dans Haute Mer que j’y retrouve l’écho de « Je voudrais pas crever…(Daniel Mille, Jean –Louis Trintignant, Boris Vian) et de la phrase introductive que j’adore…

Mais aussi parce que je découvre par un ami qu’il a joué avec Galliano ((la Mer)



Et parce qu’il convoque délibérément pour sa musique l’élément que j’aime entre tous.. la mer,

« …J’avais la mer en moi, la mer éternellement autour de moi. Quelle mer ? Voilà ce que je serai bien empêché de préciser. »
JE, c’est Henri Michaux ,cité en exergue de Haute Mer ,..
C’est Daniel Goyone, ….
C’est moi…





Et cette mer à son tour réveille l’écho d’un piano , un soir à Gaveau, où nous allions écouter Richard G. et où nous écoutions, fascinés, la musique de la « Mare Nostrum » sous les doigts de Jan Lundgren et le souffle de Fresu…




Cette mer pour laquelle j’aime à me réciter l’insistante interrogation de Baudelaire :
« La mer, la vaste mer console nos labeurs…
Quel démon a doté la mer, rauque chanteuse
Qu’accompagne l’immense orgue des vents grondeurs

De cette fonction sublime de berceuse ?
La mer, la vaste mer console nos labeurs…. »

vendredi 2 mars 2012

Daniel Mille




Daniel mille était hier soir l’invité de Ça va jazzer sur Radio Campus Angers pour une interview avec Mathieu Prévert, musicien , et qui me fait l’amitié de discuter souvent avec moi de notre passion commune, la musique , plus précisément la musique d’ accordéon, ou même la musique de jazz à l’accordéon , ou même en bref, la Musique de jazz, ou enfin la Musique tout court, avec pour seule épithète «… que nous aimons à partager » …

Si je m’en sentais l’autorité, je dirais que Daniel Mille est un grand musicien. Mais n’étant pas musicienne, je dirais seulement que sa musique a pour moi l’évidence de la beauté …

Le son de son accordéon se fait reconnaître immanquablement, comme le climat particulier de sa musique, une sorte de mélancolie heureuse, comme ses mélodies d’une déchirante beauté : bref un « style » véritable. J’admire aussi la composition de ses œuvres entre les différents instruments, et le choix des musiciens avec lesquels il s’est donné le projet de jouer, voire celui des poètes avec lesquels il « musique »

J’aime et je l'ai déjà écrit, la poésie de ces titres qui comme le mot nostalgie ,évoquent souvent un état transitoire, de déjà plus, ou de pas encore : l’Attente, Entre chien et loup, ou Après la pluie !

Hier soir, la musique judicieusement choisie par Mathieu et lui, Après la Pluie, l’Attente, les Minots, Oblivion, n’était donc pas pour moi une découverte…Nous avons tous ses disques …et nous les écoutons ! Nous le suivons aussi souvent que possible en concert (mais pas assez !) , à Toulouse , à Junas, , à Tulle …Mais on ne se lasse pas de l’entendre, et la partager ce soir avec Mathieu était un plaisir que les affinités renforcent…

Mais ce que j’ai apprécié aussi ce sont ses réponses , personnelles, en toute simplicité, pleines d’une honnêteté intellectuelle et d’une attention scrupuleuse aux questions de Mathieu…j’en retiendrai quelques bribes qui m’ont particulièrement touchée :
Son récit sobre de son parcours musical : ni révélation des muses, ni appel irrésistible vers l’accordéon, un simple choix familial, puis la découverte en une époque peu propice à la pratique de cet instrument mal-aimé de ce qu’il pouvait être avec Nougaro, Barbara…et Galliano !
Le souci d’écrire quelque chose « de particulier à moi », mais aussi le bonheur de jouer Piazzolla, le refus nuancé d’être dit musicien de jazz-« trop de travail, trop compliqué, mais j’aime jouer avec des musiciens de jazz »…
Musique et voyage ? La musique Est un voyage…mais bien sûr… bouger pour la musique (un soir Renaud Garcia Fons m’a dit un peu la même chose) aller jouer avec les autres ou aller les écouter en toute disponibilité (c’était bien cela que m’a dit Garcia Fons avec son demi sourire à la fois chaleureux et un peu lointain )…et quand même le bonheur d’être allé au Brésil et d’avoir joué avec des musiciens brésiliens, la fascination de l’Amérique du sud ...
et le goût pour la Saudade  , cette « tristesse heureuse » (une remarque de sa part qui a la force de l’ évidence !)
Le rapport avec les musiciens qui l’accompagnent : certains morceaux peuvent être précisément écrits, prévus, mais quand ensuite je « les leur confie » , ils en font quelque chose d’autre ,et c’est ça la richesse, la chance de la rencontre !

Tous mots simples et réfléchis, qui, pour moi qui aime les mots, vont désormais accompagner, éclairer, connoter la beauté de sa musique ….


Et une bonne nouvelle pour la fin : la préparation d’un disque nouveau pour disons …la rentrée, fin Octobre…