Pour ce qui est de saper le moral, sûr qu’on a l’embarras du choix ces temps-ci ...
Quoiqu’en réfléchissant ensuite à ce qui me réconforte, j’ai constaté avec un certain étonnement,( influence d’une journée d’été ?ou inconséquence coutumière à une « optimiste désespérée » ?), que j’éprouvais le même embarras à choisir pour les deux volets !!!!
J’ai retenu trois choses ,qui m’affectent particulièrement. Elles sont peut-être dans la conjoncture actuelle, plus insignifiantes que d’autres , voire un peu anodines, mais elles me touchent particulièrement :
- La rencontre répétée de celui que Michel et moi appelons, « l’homme à l’attaché case ».Il erre dans le galeries marchandes des grandes surfaces de Pau : bien habillé de vêtements peut-être un peu élimés, mais sans plus, son attaché case à la main, il se tient bien droit, marche avec énergie, et se fondrait dans l’anonymat de la foule des acheteurs, n’étaient le très long temps qu’il passe assis sur les bancs et la tristesse absolue de son regard gris, éteint, qu’on ne peut croiser. On s’est dit alors avec un brusque creux à l’estomac : il est peut-être « sans toit » et cette situation nous semble inenvisageable, de l’ordre de l’insupportable, de l’inacceptable.
De surcroît ce « sans toit » résonne chaque fois douloureusement en nous, nous fait immanquablement penser aux deux vieux parents de Michel, infirmes de corps et d’esprit, placés en maison de retraite, ravive le sentiment pénible que s’ils ont un toit, d’ailleurs assez confortable et soigné, ils n’ ont pour autant pas de chez eux…L’image du vieillir qu’ils nous renvoient.
-La destruction progressive et sournoise de notre Ecole. Le grignotage par bribes du temps scolaire, l’enlisement des collègues dans la fonction paperassière des bilans, évaluations, comptes rendus divers, textes officiels obsolètes sitôt publiés ; l’arrivée au pouvoir de quelques petits chefs dont je connais pour les avoir eus en formation la médiocrité et dont la qualité primordiale est de courber l’échine…
Et retraitée que je suis, de n’y pouvoir plus rien…..
-Le trop de fric allié à un conformisme moral gluant et affiché de certains groupes sociaux. Bulles dorées des politiques, des médias, du Showbiz. Prés carrés de certains métiers…La privata lex(= traduisez : privilège), dont jouissent ces groupes pour s’en être dotés grâce à leur vote.
Et, cerise sur le gâteau, parfois l’inculture alliée à un goût affiché pour tout ce qu’il y a de convenu et d’étroit (= traduisez : « à chier »)… !!!
Pour le réconfort, (outre l’été qui vient !!!) trois petits philtres:
- Charlotte qui chante si modestement et si joliment de son petit soprano clair, dans sa chorale de MJC….Camille qui raconte si bien ses récits avec les structures et les mots choisis d’un adulte et la fraîcheur et les ignorances de l’enfance, et qui affronte main dans la main (serrée très fort) entre son Papou et sa Mamou une séance éprouvante chez le dentiste à l’issue de laquelle celui-ci la félicite pour son courage…
-Hier la rencontre inattendue et ô combien émouvante d’une élève d’il y a presque quarante ans , qui tient à me manifester qu’elle se souvient avec bonheur de mon enseignement et de notre classe…Je reconnais ses beaux cheveux noirs, qu’elle repoussait derrière son oreille quand elle se penchait pour écrire…
La consultation quotidienne par de nombreux "visiteurs"de nos fiches de grammaire et de littérature que l’éditeur n’a pas voulu imprimer parce que pas assez « conformes » et que j’ai jetées sur le Net comme bouteilles à la mer…
-La beauté des choses, enfin :
La découverte quotidienne de musiques : entre autres,
Récemment, la découverte du Chamamé « sauvage » et protestataire de Chango Spasiuk,
Hier la voix de Guillaume Lopez et ses textes métissés dans son nouvel opus, « L’homme qui marche »…
La redécouverte, il y a quelques jours,des mazurkas de Chopin sous les doigts de Pascal Contet, puis par hasard, dans un disque de 1994, que j’avais méconnu alors et laissé de côté, par un trio polonais, piano, basse, drums…
La neige, et ses fleurs
La mer, toujours
Les fleurs
Je citerais encore une 7ème chose que je n’ai pas su où placer, tristesse ou réconfort ?
-La délicieuse ironie des choses : le rapprochement insolent du grand Guignol de l’Equipe de France au Mondial de Foot et des directives ministérielles de Luc Chatel instaurant le sport à l’école comme école de la discipline , de la morale, et de la solidarité ….
Et comme on n'interrompt pas une "chaîne" je passe le relais à Michel, mon blogueur compagnon....