vendredi 31 décembre 2010

Mirage de Printemps

Printemps ?

Oui, je sais, on annonce le retour de fortes gelées, oui, je le vois, il est à peine cinq heures et demie et le soleil a déjà chu derrière le toit du voisin et le ciel s’est envahi de pénombre…

Je le sais, je le vois, mais nonobstant, depuis deux jours je renifle dans la douceur de l’air et l’odeur de la terre humide un petit fumet de printemps …

Alors à coup de lave-pont, de seaux d’eau, de balai « de paille de riz », j’ai balayé, brossé, lavé les terrasses, et les tables et les fauteuils de jardin. Comme si nous devions nous y attabler au soleil sous peu…

Et j’ai bien vu en grattant que, sous les feuilles tombées, séchées, pourries par l’hiver, les pointes vertes des crocus pointaient, les ellébores préparaient leurs boutons. D’ailleurs des primevères hasardent quelques fleurs dans des coins du jardin, j’ai vu une touffe de violettes fleurie à l’abri du mur de la maison…

Ma fureur de ménage a fait fuir un moment les mésanges qui fréquentent en permanence les boules de graisse installées dans notre prunier…

Avec Camille, qui depuis qu’elle a vu et revu trois fois Trois hommes et un couffin a compris que le bonheur de jouer au Bébé n’est pas un plaisir réservé aux filles et redécouvre ses vieux poupons avec enthousiasme, délaissant pour un temps les mécanos, legos, et autres jeux plus "garçon" (manqué !) du Père Noël, avec Camille donc nous avons décidé de sortir les enfants pour leur faire prendre l’air….

jeudi 23 décembre 2010

Anouar Brahem et Richard Galliano

Aux hasards du soir...
En consultant le blog de mon-ami-sur-blog- et -facebook Eric Bernardin, afin d' user de ses riches conseils pou préparer le repas du 24 Décembre, je suis distraite de ma lecture de sa page par la très belle musique d'Anouar Brahem Le pas du chat noir.
Michel, je le sais bien, l'avait acheté, et je me précipite à sa recherche (du CD) pour le réécouter...
Il me dit (Michel):
- C'est avec Matinier. On a aussi celui avec Richard..
- Galliano??
Divine surprise, que je vous propose de partager...
En particulier Vague...

http://www.deezer.com/listen-1149521


Anouar Brahem

KHOMSA
Richard Galliano
François Couturier
Jean Marc Larché
Béchir Selmi
Palle Danielson
Jon Christensen




Free Hit Counter

Neiges

Petit texte de circonstance…
Petit texte sans conséquence…
Petit texte d'une inconséquente

La blanche neige
Les anges les anges dans le ciel
L’un est vêtu en officier
L’un est vêtu en cuisinier
Et les autres chantent


Bel officier couleur du ciel
Le doux printemps longtemps après Noël
Te médaillera d’un beau soleil
D’un beau soleil


Le cuisinier plume les oies
Ah ! tombe neige
Tombe et que n’ai-je
Ma bien-aimée entre mes bras

Guillaume Apollinaire, (Alcools)


Eh  oui, il neige, neige , neige
Sur les trains,
Sur les belles autoroutes,
Sur les camions,
Et les avions ....
Il neige à Paris
Il neige à Nancy
Il neige chez nos amis

Mais chez nous point de neige du tout
Juste un temps très doux
Pour cueillir le gui et le houx...
Je le regrette beaucoup!!!!!!

Chez nous il neigera au printemps
sur les fleurs ,les camélias du jardin,



 Chez nous l'hiver est fou...!


C'était le  8  mars 2010....16h 45



.Free Hit Counter

vendredi 17 décembre 2010

Agatha Christie, Crèmes et châtiments…

Comme je l’ai déjà écrit dans mon blog, j’ai toujours aimé Agatha Christie, en tout cas depuis que j’avais 18 ou 19 ans, à l’époque de ma licence de lettres, une époque où elle n’était guère avouable parmi les étudiants de littérature. Elle faisait partie de ma marginalité, comme Camus qu’il était alors de bon ton de considérer comme un gentil « humaniste » plutôt que comme un vrai philosophe - c’est Sartre qu’il fallait préférer-, et comme Voltaire qui, loin de la pensée visionnaire de Rousseau !, était coupable de surcroît de sympathies bourgeoises, capitalistes, et négrières, possesseur d’ actions sucrières etc..…etc…bref je me délectais,mais en l’avouant sans l’avouer, de la Peste, de Candide, et…d’Agatha.

Hier Michel est donc revenu du Centre culturel Parvis (Leclerc.. ) avec un petit cadeau:


Crèmes et châtiments 
Recettes délicieuseset criminelles
 Agatha Christie

Anna Martinelli et François Rivière-photos de Philippe Asset, ed JCLattès Le Masque



Je ne m’intéresse jamais beaucoup au contexte des œuvres que j’aime lire. Pour moi elles ont un fonctionnement en-soi à l’intérieur de leur système de textes, de thématiques ou de personnages ; c’est là que se nouent les contrastes, les rapprochements, et les perspectives, où pour moi se construit le sens …

Je ne sais donc si j’aurais acheté ce livre moi-même, j'aurais eu bien tort de ne pas le faire, car  j’ai trouvé grand plaisir à le lire …merci Michel !!!

En collectant au fil des romans des recettes ou des plaisirs gourmands , c’est l’image d’une femme que les auteurs esquissent en arrière plan : gourmande de thés et de muffins, d'énormes piques niques, de double crème, de breakfasts anglais, mais aussi de baignades en mer, de promenades, de voyages, de vie en un mot, voire de liberté et d'amour…une femme qui n’est pas sans rappeler sa contemporaine Colette, dont Willie, son neurasthénique mari, aurait dit avec une pointe de lassitude : « Elle aime tout !!! » ou Coco Chanel…

Je prends conscience en le lisant que les goûts alimentaires ne sont pas anodins et qu’ils contribuent à construire les systèmes des personnages
A Hercule Poirot, Belge, gourmet « continental », grand contempteur de la cuisine anglaise, le sucré hyper doux presque écœurant, à Miss Marple le raffinement des vrais muffins, et des scones , de la bonne tasse de thé bien chaud bien sucré offert comme remède aux angoisses des victimes , à Ariane Oliver la boulimie des fruits frais, des pommes en particulier, dont les trognons rognés traînent partout…aux Aristocrates de Chimney, les substantiels breakfasts , les repas de Noël avec force gibier et volailles…

En fait l’ évocation de la nourriture contribue à construire un monde romanesque en lui donnant une réalité sensible, par ces petits détails dont le lecteur se dit « on n’aurait pas pu l’inventer *» . Réaliste certes et à la fois tout à fait fictif, et pour nous exotique tant ces détails marquent ce monde comme appartenant à un autre temps, un autre pays, une autre classe sociale. Un peu comme dans les films d’Hitchcock ou certains films de F.Ozon, ou les adaptations d’Agatha Christie par P.Thomas….

A la fois lui donnant présence et dépaysement …l’illusion du réél, mais d’un réel inventé et étranger…

Ajoutons enfin, comme en témoigne le titre que toute cette nourriture délicieuse sert bien souvent «d’appareil**»à des poisons raffinés ou violents, qu' en tous ces délices peut ou peut ne pas, et c’est là l’ambigüité d’Agatha Christie, se loger la menace de la mort …

« Prends garde à la douceur des choses », prends garde aux délices de la vie…

Mais surtout n’oublie pas de les savourer….






*le secret  du réalisme selon Diderot
**au sens culinaire du mot bien sûr..


Free Hit Counter

mardi 14 décembre 2010

Les Mystérieuses Cités d’or,ou le mirage doré des Conquérants...

Il y a quelques jours, nous étions appelés à Toulouse pour garder Charlotte et Camille pour cause de parents en surcroît de travail et d’obligations professionnelles. Il se trouve que Camille a "profité" si l’on peut dire de notre présence pour se faire (ou nous faire) un début d’otite…


Jeux divers , câlins , repos… mais quoi de mieux pour un repos, que de se passer un petit DVD blotties (ou blottis) sur le canapé et sous le plaid…
-Mamou, Petit Nicolas, ou Cités d’or ?
Petit Nicolas , on l’a regardé récemment , en film, en dessin animé, en commentant les mérites respectifs de chaque version, je le faisais lire mes élèves il y a…un bout de temps !!!, Bref j’ai choisi les Cités d’or qui ne figuraient pas dans ma culture , sauf la chanson du générique et les personnages de Zia et d’Esteban qui apparaissaient de façon périodique dans les jeux des filles ( ceux de Charlotte d’abord, entre Cendrillon et Sissi, ceux de Camille aujourd’hui , entre Billy Eliott et Marcel Pagnol puisque maintenant Charlotte « n’aime plus tellement Les Cités d’Or» …)

Moments délicieux, nous avons avalé les trois parties du premier disque, faute d’avoir le temps d’aller au deuxième…
Il faut dire que même malades les enfants ça mange, ça salit du linge etc…etc…

Je ne vous dirais pas le charme que j’y ai trouvé car j’ai repéré un site qui le dit mieux que moi…
Je vous dirais seulement que je me laissais embarquer dans un récit bien conduit, elliptique avec pertinence, bien équilibré entre narration et dialogues…
Que je ne ferai pas le nez sur le graphisme dont la stylisation est très porteuse de signification, en particulier des personnages, leur rôle, (pas d’ambigüité pour comprendre qui sont "méchants" et "gentils" !!!), leurs sentiments, le système de leurs relations…
..Ni sur la couleur à dominante sépia ,or , bruns diversement nuancés, noirs et gris déclinés en camaïeu…
...Ni sur le souci explicatif ;
- Tu vois Mamou c’est documentaire…
- Oui c’est vrai, mais quand même ces personnages- là n’ont pas existé…
- Oui mais y a des choses vraies, tu vois ils l’expliquent …

..Ni non plus sur les référents culturels directs ou indirects, je pense au passage du détroit de Magellan dont les falaises à figures de monstres m’ont fait penser à Charybde et Scylla, que je racontais à Camille...
-Ils s’appelaient comment ? Les autres monstres des rochers, là où tu disais ?

Et ces références m’ont rappelé un poème dont nous avons parlé récemment avec une collègue. Pour être tout à fait honnête, elle n’en était pas franchement enthousiasmée …
Et pour être tout a fait honnête j’ai dû avouer que moi je l’aimais depuis toujours, ce poème, peut-être un peu « parnassien boum boum », peut-être un peu érudit…
 Mais justement parce que comme dit ma fille « ça a de la gueule ce boum boum… »
de l’ampleur sonore, et du rythme.
Peut-être justement en raison même de la préciosité des mots et des références érudites qui confère à ce  sonnet un petit caractère hermétique et barbare….

Les Conquérants (José-Maria de HEREDIA)

Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,
Fatigués de porter leurs misères hautaines,
De Palos de Moguer, routiers et capitaines
Partaient, ivres d’un d’un rêve héroïque et brutal.



Ils allaient conquérir le fabuleux métal
Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines,
Et les vents alizés inclinaient leurs antennes
Aux bords mystérieux du monde occidental.


Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
L’azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchantait leur sommeil d’un mirage doré ;




Ou, penchés à l’avant des blanches caravelles,
Ils regardaient monter en un ciel ignoré
Du fond de l’Océan des étoiles nouvelles.


Je l’avoue, je l’avoue…

Que « les vents alizés qui inclinaient leurs antennes… »
« L’azur phosphorescent de la mer des Tropiques », et le rythme baudelairien du vers,
« Le ciel ignoré »,
« La montée des étoiles nouvelles du fond de l’Océan.. »
Non ! Que dis-je :
« Du fond de l’océan des étoiles nouvelles », avec l’inversion c’est quand même autre chose !

Ces mots ont toujours évoqué pour moi une sorte de rêve, quelque chose d’épique, de mystérieux et de grandiose…



Free Hit Counter




samedi 11 décembre 2010

Titouan LAMAZOU, François PLACE: Carnets de voyage, rêve et réalité

Il y a quelques temps à l’occasion de la route du rhum, Titouan Lamazou était interviewé sur FR 3…


Sa vive intelligence et ses yeux de mer m’ont donné envie de rouvrir ses Carnets de voyage…

Et, ainsi vont mes divagations , ses carnets me redonnèrent à penser à ce carnet de voyage de « fiction » qu’est l’album de François Place : Les derniers Géants

Car ces carnets, même si l’ un parle de voyages réels et l’autre d’un voyage inventé sinon fantasmé, ont pour moi quelque chose de commun, par le style des croquis étroitement liés au récit, et par la quête racontée, de l’étranger, voire même de l’étrange :

Emporte-moi wagon, enlève- moi frégate !
Loin ! loin !...............................
(Baudelaire, Maesta et Errabunda)


Bien sûr le carnet de Titouan possède toute la magique puissance du réel, ses remarquables croquis sont chargés de la vérité des gens et des lieux, son texte dégage sa poésie de la réalité de pays véritables, et d’ailleurs, aussi ,mythiques…
Les Pyramides d’Egypte enserrées dans une banlieue « au brouhaha pétaradant que rythme une épouvantable symphonie dodécaphonique de klaxons,»
L’ hôtel où flottent les ombres d’Agatha Christie et de « Tonton » mourant , le Nil et les felouques , « un type de voilier qui n’a pas chaviré depuis deux ou trois mille ans »…
Cuba..
La Grèce, ses îles,


 Le Bénin, la Mecque du vaudou…

Tous ces pays bien réels éveillent dans les carnets de Titouan d’étranges échos, culturels et magiques .
Les personnages vrais de ses dessins s’imposent par leur existence, la présence de leurs regards, en même temps que leur étrangeté…

Alors rien d’étonnant qu’ils appellent dans ma mémoire culturelle les personnages fictifs du carnet de voyage de François Place, non ! d’ Archibald Léopold Ruthmore, érudit anglais du Sussex, dont le cours de la vie se trouva bouleversé par l’achat d’une étrange et énorme molaire couverte de dessins dont une minuscule carte de géographie, qui s’avéra après de nombreuses recherches celle du « pais des géants »…Parti en 1848 sur la piste tracée pour un aventureux voyage, il en tint le journal, dessins et récit...


La réalité du Sussex, point de départ de l’expédition, de Martaban, en Birmanie , du Salouen, du fleuve noir, se brouille peu à peu , au fur et a mesure qu’on s’enfonce entre les falaises du fleuve noir, dans la jungle « d’un tunnel de verdure » « infesté de moustiques et de sangsues » , « encombré de racines gluantes » « saturé d’odeurs lourdes d’humus et de moisi… »
Le voyage tourne au cauchemar jusqu’ à la découverte de la piste des pas de Géants, la piste initiatique d’ un monde, où ces êtres bizarres tatoués sur tout le corps d’étranges dessins, survivants de la mythologie, rescapés de l’histoire et de la « civilisation », allient la force et la tendresse, la solidarité et la bonté, la joie du jeu et la contemplation, et parlent un étrange langage de phrases musicales…


Victimes toutes désignées pour les explorateurs savants et « civilisés »que Rtuhmore par vanité et naïveté met sur leurs traces…

On comprend bien alors qu’à l’instar du Robinson de Michel Tournier, Archibald Léopold refuse à jamais tout retour dans son pays et se fasse marin, « simple matelot de la marine marchande », « ne voulant pour tout horizon que la mer et le ciel » et «dans chaque port, se faisant tatouer sur le corps un conte, une légende, une chanson" ou « racontant aux enfants qui l’entourent le nez pointé vers lui, les beautés de l’océan et de la terre… »

Toujours en partance vers un Ailleurs sans tourisme, vers l’Utopie d’un pays fraternel…




Emporte-moi wagon, enlève –moi fégate…
Loin loin ,ici la boue est faite de nos pleurs !


Vers un autre océan où la splendeur éclate
Bleu, clair, profond ….






Free Hit Counter

samedi 4 décembre 2010

J’aurais voulu être un(e) artiste…

Enfant, j’aimais crayonner , crayonner, crayonner…des silhouettes de femmes, d’enfants, des paysages, des jardins, des ciels nuageux, des arbres dans le vent, de la neige, des ombres … mais je n’ ai jamais rêvé d’être peintre.
Dessinatrice de mode…, cela j’en ai rêvé…quand Yves St Laurent, avec sa silhouette d’ado dégingandé, devint prince chez Dior.

J’ai appris un peu à jouer du piano. Je passais de longs temps à m’essayer à des improvisations improbables (le jeu de mot est tentant ) qui ne ravissaient que moi… mais j’ai toujours su que je ne serais pas musicienne…
En revanche, dans ma tête, les soirs à l’heure où l’on va s’endormir, ou quand j’étais malade , nichée au chaud de mon lit, ou sur le vieux canapé de la salle à manger, j’inventais des histoires sentimentales, je me disais à mi-voix les mots, les phrases et les dialogues …
Plus tard à l’école, j’aimais écrire des récits. J’étais championne de rédaction !
Hors de l’école j’écrivais sur un petit carnet des débuts d’histoires, et des titres, et des titres pour mes histoires à venir…
A quinze ou seize ans j’épanchais mon romantisme, mes émois sentimentaux, dans des petites chansons ou de courts poèmes que j’aimais ressasser, rectifier, arranger jusquà éprouver en me les disant comme un sentiment d’évidence, une émotion d’être parvenue à quelque chose d’accompli…
Je crois que j’aurais aimé écrire. La difficulté, c’est qu’au cours des ans, j’avais perdu la capacité d’inventer des histoires, ou que je ne réussissais pas à imaginer des personnages distants de ma personne , et des êtres vivants que je connaissais.
Souvent par la suite en écoutant les romanciers parler de leurs personnages, j’ai été frappée de les entendre en parler comme d’êtres vivant d’une existence autonome, qui en quelque sorte leur échappaient…Je crois que je n’étais pas capable de concevoir des êtres totalement imaginaires, ou des lieux qui ne seraient pas conformes à la réalité, ou des situations sociales réalistes, sinon véridiques . Prisonnière de la vie en somme… !!!

Alors bien sûr ma potion magique, ce fut de lire les histoires des autres, d’étudier à satiété comment ils s’y prenaient, les autres.! J’en fis même mon métier et découvris en enseignant la passion de partager les passions. Ou même quand je le pouvais, ce fut de me laisser conduire, lectrice in fabula, dans les vies que ces démiurges  avaient le pouvoir de réinventer,entre les personnages qu’ils créaient, plus vrais et mieux composés que les vivants, dans leurs univers inventés mieux construits que la vie même…

Amateure, amateure pour toujours…condamnée à aimer toujours les histoires des romanciers, les croquis des peintres, la musique des musiciens .Plus que tout fascinée par les musiciens dont la création est pour moi la plus inaccessible.

Parfois encore je le commence cet impossible roman , je L 'AI, ce texte plus fort que la réalité... et puis il s’interrompt, se délite, se perd dans les sables …je me fais voler mon titre…

Et je m’interroge alors sur cette force créatrice dont des auteurs, même médiocres, disposent.
Il y a sans doute un talent qui me manque, une incapacité à me déprendre du réel, ...

Mais aussi il y a la vie qui  semble me « presser » avec urgence…
Pour moi, il y a toujours un enfant à soigner d’abord, un enfant à écouter, un enfant avec qui jouer à des personnages inventés, un enfant à qui lire des histoires..
Il y a toujours un repas à préparer, un ourlet à refaire, le chat à caresser, un être cher à écouter, une classe à préparer, un cours à rédiger sur la création littéraire, des écrits d’élèves à apprécier, pas forcément tout à fait dépourvus de talent…
Il y a mon amie qui désespère de sa vie…


Il y a la mer qui m’appelle, la vague qui va, et vient nous tirer par les pieds …

Il y a la montagne qui s’enneige en un jour…
Et les arbres qui se dénudent et révèlent leurs branches, qui vont de manière éphémère mettre des bourgeons rosés, puis se couvrir d’une poussière de printemps à peine verte à la pointe des rameaux…
Il y a la neige qui risque survenir un petit matin trop tôt pour qu’on l’ait vu tomber .
Il y a Richard à aller écouter au Sud d’Arles et qui joue si bien que ce sera du bonheur, et Renaud Garcia Fons sur la linea del sur, et Daniel Mille qu’on a tant attendu et qui nous attend,et  la trompette de Paolo Fresu qui sonne le rappel…

Il y a le roman où mes lunettes marquent la page à reprendre…


Bref il y a... la vie …

Alors on pourrait conclure avec Montaigne répondant à qui lui dit :
« Je n’ai rien fait d’aujourd’hui… !
-Eh quoi !!! N’avez-vous pas VECU ??"

Ainsi pourrait-on conclure si lui justement n‘avait pas fait une œuvre…
Et quelle œuvre !!!

 



Free Hit Counter

vendredi 3 décembre 2010

Daniel Mille Quintet, Emotion, connotations

Je ne suis pas assez musicienne pour analyser les composantes musicales du plaisir d’un concert.

Je sais seulement que je trouve beaucoup de concerts « beaux », mais que d’autres suscitent en outre en moi une émotion puissante, à l’instar de certains poèmes, certaines photographies, certains tableaux, ou certains paysages…
Cette émotion est souvent marquée du sentiment de l’éphémère, poème surgi au tournant d’une page, photographie d’instants décisifs, tableau rencontré au hasard d’une salle de musée…En même temps qu’elle se grave en souvenir durable, mais où demeure toujours le regret du jamais plus …

Le dernier concert de Daniel Mille se classe dans cette catégorie, comme certains concerts de R.Galliano, de Renaud Garcia Fons, de Raul Barboza...
Comme je ne saurais analyser les qualités musicales de ce concert,- d’autres l’ont remarquablement fait , Michel Contat en particulier pour ne pas le citer- je me contenterais de dire ce que j’appelle la POESIE de la musique de Daniel Mille, c'est-à-dire son pouvoir d’ éveiller des correspondances et connotations.
Des images certes, -les météores sont très présents dans sa thématique-, mais aussi des fragments de poèmes familiers que cette musique éveille dans ma mémoire…
Quelqu’un a parlé à son sujet de « spleen ».
Mais pour moi, il ne peut s’agir du spleen baudelairien, chargé de pesanteur, d’ombre poisseuse, de pourrissement, étreint d’angoisse…
La mélancolie de Daniel Mille est délicieuse, son mode mineur s’apparente au vers impair de Verlaine,
A la tristesse de Fantasio,
ou au jardin d’Apollinaire :
L’anémone et l’ancolie
Ont poussé dans le jardin
Où dort la mélancolie..

Si l’on pense parfois à Baudelaire, c’est avec Les minots, dont la mélodie émeut ce qui demeure d’enfance en nous, comme les bruits de cours de récréation, qui musiquent à jamais pour moi un écho du vert paradis …Peut-on le rappeler avec des cris plaintifs
Et l’animer encore d’une voix argentine
L’étrange paradis…

Dans un texte Michel remarquait que les thèmes de Daniel Mille sont souvent des états de transition, la Fin d’été, Entre chien et loup, Après la pluie, qui chantent cet état à la fois délicieux et déchirant créé par le changement, qui sonne comme un départ, « Sur les quais »
Te souviens-tu du long orphelinat des gares,...
Même ses Beaux jours me semblent marqués du sentiment intense et douloureux de ce qui doit s’achever…
Je pense au Bonheur de Nougaro :
Bonheur, tu nous fais souffrir
C’est contradictoire
Bonheur, tu nous fais souffrir,
La peur que tu t’barres...

Je crois retrouver dans Fin d’été en filigrane, comme une citation, une des saisons de Piazzola (je ne sais laquelle)
Comme des soleils mouillés de ces ciels brouillés
Qui pour mon esprit ont le charme…


 Finalement ce sentiment est celui que l’on vit dans ces concerts que j’aime entre tous, le sentiment contradictoire du bonheur que l’on vit et dont redoute qu’il finisse !!!
Je ne comprends pas que les gens arrêtent de rappeler les musiciens, qu’on rallume la lumière...Comme ma petite Charlotte, j’en voudrais encore et encore….




Heureusement que, comme toute œuvre d’art véritable selon moi, ces concerts pirvilégiés, réveillent en nous des liens vers d’autres œuvres et d’autres émotions à revivre…
 
Après la neige


Pour un récit de ce concert , VOIR Michel, bistrotier des accordéons


Free Hit Counter

dimanche 28 novembre 2010

Musique et cuisine pour notre temps ???











Aujourd’hui, tellement il fait sombre , tellement c’est l’hiver, tellement c’est mouillé… j’ai décidé de m’offrir un petit quart d’heure de réflexion de « vieillouque ».

Je choisis « vieillouque » parce que j’e m’aime trop, pour dire de « vieux C… » ce qui pourtant…
« Vieillouque » , c’est familial et amical : exemples :
-« Tu vas pas t’acheter cette robe de « vieillouque » ma maman ou ma mamou !!!!… »
 -« Parle pas comme une vieillouque … »
 = oui tu peux encore le faire…à ton âge, stresse pas…ou,
 =ne moralise pas … prends pas ton air désapprobateur.
Donc aujourd’hui, je m’accorde quelques minutes pour avouer provisoirement , en bref, que je ne comprends pas parfois ce qu’ils aiment, les "d’jeunes » :

Musique or not musique ???
Café sombre, désert à l’heure du « concert », bondé de jeunes une heure plus tard, qui dansent, certains joliment d’autres pas, mais tous avec implication, qui mangent et boivent et ont l’air d’aimer cette fanfare…
Pour moi que des décibels !!! une batterie boum boum , un tambour qui résonne en cadence, un tuba qui est peut être intéressant ?, un chanteur stylé social club, une trompette très cuivrée, un sax un peu acide… peut-être bon ? , sans doute BONS ! tous ! mais moi je n’entends rien, tout se mêle dans un unisson où mon oreille agressée par le bruit, ou imparfaite, ne discerne aucun instrument …
Un de nos copains anime de temps en temps des soirées « troisième âge ».
Un soir où je lui demandais : Alors, ca a marché ?
Il me répondit : -Oui, bien, il ne faut pas jouer trop fort parce que beaucoup sont appareillés…
J’ai pensé à cette phrase, l’autre soir, ça ne m’a pas rassurée…

Cuisine or not cuisine ?
Ma cuisine je l’avoue, je la fais avec goût : j’essaie de tenir compte de ce qu’ils aiment , mes attablés , de choisir des produits simples mais aussi bons que possible, de faire en sorte qu’on trouve bien leur saveur et que l’un aille avec l’autre …et quand même de ne pas y passer du temps et du temps…
Mais vraiment depuis quelques temps, sur nos petits écrans, que de « chiefs », masters ou mineurs, de dîners presque parfaits, de fourchettes en voyage, …parfois à l’heure justement où on se la fait en vrai, la cuisine, et pour la deuxième fois de la journée !!!
Et je ratiocine devant leurs plats, leurs mélanges, leurs assiettes dressées, leurs raffinements multiples…. :
« C’est comme sous l’empire Romain ! Suétone , ou Tacite, ou ?...,,le disent bien : « c’est la décadence !!! »

Assez ! me direz-vous, ce quart d’heure n’a que trop duré, si le temps est chagrin, cela ne justifie pas que tu deviennes pisse-froid !!!





Free Hit Counter

jeudi 18 novembre 2010

Le « hasard objectif » André BRETON , NADJA…

J’ai raconté une petite échappée belle à Saint martin du Crau et comment le hasard y avait joué un rôle surprenant et heureux…

Ce récit m’a rappelé la découverte que je fis, il y a bien longtemps, de la notion de « hasard objectif » . En même temps, je découvrais le Surréalisme, André Breton, Nadja…en même temps je rencontrais Michel et notre fille s’appellerait Nadja…

Cette notion a marqué ma vie affective d’alors, et reste en filigrane dans ma vie, ressurgissant assez souvent dans ma perception des événements qui s’y produisent…

Ce que Breton réhabilite sous le nom de « hasard objectif », c’est la vieille croyance en la rencontre entre le désir humain et les forces mystérieuses qui agissent en vue de sa réalisation. Mais cette notion est dépourvue à ses yeux de tout fondement mystique. Il se base sur ses expériences personnelles de « synchronicités » et sur les expérimentations en métapsychique qu’il a observées .Wikipédia


Je pense que ces quelques jours illustrent remarquablement cette notion de hasard objectif :
Le désir humain …Fort désir d’écouter Soledad, intuition qu’ils peuvent se trouver dans cet hôtel lui-même choisi au hasard, hasard du prix, de la proximité et finalement du « pourquoi pas celui-là plutôt qu’un autre , allons-y »…

Intuition qu’ils peuvent être logés dans cet hôtel, simple, pas très cher, mais neuf et confortable….

Désir depuis la sortie de son disque d’écouter le Bach de Galliano en concert, longue quête, Paris trop loin, trop cher, obstination, insistance, pas de place à Blagnac dans un premier temps, , puis places à Blagnac finalement (merci à JM de B !) et toutefois nous (Michel n’est pas le dernier !) persistons sur St Martin…

Evénements...Le soir on s’arrête au resto Saint M… parce que des manouches y jouent –fort bien -de la guitare, je me laisse inviter à danser, moi qui ne danse plus, on y revient le lendemain, on parle avec la patronne, on apprend que Galliano y mangera, on y va…et….cetera…


La lecture de Nadja a été pour moi une découverte fascinante, et la notion de hasard objectif une notion qui, dans les angoisses du vécu, de manière assez paradoxale, me donnait une confiance un peu irrationnelle en l’avenir. En ce sens qu’elle donne confiance en la réalisation du désir, promet une coïncidence avec les désirs profonds et la survenue effective des événements.

Parfois quand les choses sont un peu grises et décevantes, je me dis, "il va arriver quelque chose de positif, de lumineux, « un hasard »…"

Bien sûr ce hasard « objectif » ne nous est pas si extérieur que ça, il ne se produit pas indépendamment de nous : je me suis acharnée à aller Saint martin de Crau, Michel s’est acharné à téléphoner pour avoir des places idéales, au lieu de retenir sur internet , un ami de blog et de mail, complice de ses goûts musicaux, lui a annoncé le concert de Soledad , qui a lieu, coïncidence , la veille….j’ai franchi les trois mètres qui nous séparaient de R.G pour lui parler, il nous a annoncé Mourenx ….



Il est parfois, parfois seulement bien sûr, bien DOUX de faire confiance au hasard…




Free Hit Counter

mardi 16 novembre 2010

L’été de la Saint Martin…(du Crau !)

Partis de Toulouse vendredi 12 novembre, jour de la Saint Martin, dans la pluie et la grisaille. L’autoroute s’élargit .progressivement en une trois- voies façon corrida, joyeusement animée, tandis que le ciel se découvre petit à petit, allègrement balayé par un grand vent sec, plutôt tiède mais radical…

A Saint Martin du Crau, il y a deux rues de « belle » platane. C’est « marché « jusqu’ à deux heures à peu près». L’hôtel, simple, et neuf, murs blancs, carrelages clairs, pièces vastes et nues, présente à mes yeux un petit aspect provençal …

Les Alpilles toutes proches ont des carrières désaffectées et des villages fortifiés…

Après une belle promenade aux Baux , splendides, mais aux abords « façon Mont Saint Michel »,cohue de voitures et de visiteurs, où soudain en s’écartant du flux du grand chemin, des ruelles contre toute attente désertes, révèlent maisons en ruine et jardins en friches, nous renonçons à la foule de saint Rémy pour nos préparer à nos rendez-vous si attendus et depuis si longtemps préparés : SOLEDAD et GALLIANO SEPTET…

Des deux festins musicaux je parlerai plus tard (à moins que je laisse au talent du « Bistrotier des accordéons » le soin de les évoquer) pour ne retenir ici que les deux rencontres, que nous offrit le hasard « objectif », et qui ensoleillèrent ces deux jours comme soleils d’été de la Saint Martin…

Le premier soir l’intrusion, par erreur de clé, dans notre chambre, des musiciens de Soledad : confus certes, mais surtout drôles et attachants, et quelle merveilleuse occasion de les rencontrer et d’échanger sur tout le bien que nous pensons de leur musique…

ET le deuxième soir, dîner au restaurant… à quelques mètres de Richard Galliano et de son sextet, dans lequel je note aussitôt le retour (depuis Odyssud de Toulouse) de Jean Marc Apap que j’apprécie particulièrement …Affreusement intimidée, certes, terriblement subjuguée bien sûr, je réussis toutefois (parce que j’aurais toujours regretté de ne pas l’avoir fait) à oser aller dire à R.G combien nous aimons sa musique, et comment nous nous attachons en quelque sorte à ses pas…Accueil chaleureux, échange simple sur ce que nous apprécions, petit signe amical en fin de concert …

Que demandent de plus deux fans, « cocasses » comme vieux ados !!!



Pour conclure à la manière des chroniqueurs des corridas, salle aux « trois quarts pleine » vendredi, comble samedi pour Richard !!! Places excellentes* au premier rang !!! Température de salle chaleureusement estivale !!!



Depuis notre retour, il pleut déluge. La météo affiche « rares averses » ! Mais quelles averses en vérité !!!



*Merci au personnel des réservations …
*Félicitations au passage aux organisateurs d’avoir pu offrir deux concerts d’aussi grande qualité sur un week end !!!




Free Hit Counter

mardi 9 novembre 2010

Quand ma mère retournait…. ses draps !

Ce matin en faisant le lit, je découvre un accroc d’usure en plein milieu du drap de dessous.
Michel me dit :
« Je l’avais vu hier en le faisant, j’aurais dû te prévenir tant qu’il était temps…
-Temps de quoi ? il est usé, je ne vais tout de même pas repriser les draps ! (= « tout de même », comprenez, même si c’est la crise, que notre revenu ne s’arrange pas..)On le lave, on le jette, non, on le découpe, c’est de la bonne toile…pour nettoyer les vitres !!!
C’est alors que je revois l’image de ma mère penchée comme nous sur un lit à faire, se mordillant la lèvre inférieure comme elle le faisait quand elle réfléchissait à un problème technique, de couture en particulier, et disant : « Je vais le retourner !!! »
Cette phrase me laissait alors perplexe, retourner ? Pour retrouver la même usure sur l’envers ?
Mais il ne s’agissait point du tout de mettre à l’envers. La recette était toute simple…et efficace :
  • Tailler le drap sur son milieu dans toute sa longueur.
  •  Placer les 2 panneaux obtenus côtés au milieu, et centre sur les bords…
  • Coudre sur le milieu.
  • Ourler finement les bords (la partie usée) en essayant de conserver le maximun de la largeur…
Et voilà un drap qui fera encore de l’usage !!!!

En somme, retourner les draps, les cols de chemises, les poignets d’icelles, on le voit, n’a pas le même sens que retourner sa veste !!!.
Nous ne sommes guère plus riches que ne l’étaient mes parents, mais c’était un tout autre temps, un temps où on « ne jetait pas », on réparait, on ravaudait, on cousait …
Je trouve parfois en repassant, dans des nappes ou des jetés de table qui nous viennent de nos grands-mères, des reprises si fines qu’on croirait de fins damassés brodés Comme de délicates signatures des mémés disparues !!!
Il faut dire que mon industrieuse mère pouvait en revanche s’offrir le petit luxe de faire « venir » Coco , une lingère, pour « donner quelques points »….et l’aider dans ces travaux de couture…
Un tout autre temps en vérité !!!



Free Hit Counter

jeudi 4 novembre 2010

Roald Dahl, L'homme au parapluie

L’homme au parapluie, Folio Gallimard
Depuis le merveilleux film de Tim Burton, on a relu souvent Charlie et la chocolaterie. Et bien sûr on a aimé aussi Le Fantastic Mister Fox. Ce Fantastique Maître Renard fut un best seller de nos travaux de lecture au CE, et le « votre père est fantastique » une phrase que nous aimions à citer, un clin d’œil de connivence entre collègues ou avec les enfants.

Et voilà que je retrouve en cherchant lecture pour Camille cette nouvelle que j’ai relue avec délices.

A Londres, pluie battante. Une petite fille( 12ans ) et sa mère. Point de vue de la petite fille, R.Dahl y excelle ! Après dentiste , banana split pour chasser le goût…Recherche vaine d’un taxi. Rencontre d’un vieux monsieur bien élevé , un vrai gentleman eu égard à ses souliers marrons. Méfiance et froideur de la mère (qui se méfie en particulier de deux choses : les hommes qu’elle ne connaît pas et les œufs à la coque.) Le toise avec hauteur quand il demande un service. Pire ! 10 livres pour prendre un taxi, il est si fatigué( et pas tout jeune ). Mais nuance, il ne demande pas l’aumône !!! Il échangerait son parapluie-en popeline de soie –contre ces dix livres….

Il pleut fort et c’est un bien joli parapluie…qui vaut bien plus de 10 livres ! finalement la mère donnerait bien les 10 livres par compassion pure pour la fatigue du très vieux monsieur. Mais non !!! Non !!! Pas question ! Il tient à le leur donner !

Affaire conclue.. On se sépare. Et bien abritées désormais sous le beau parapluie , mère et fille voient le petit vieillard s’éloigner et tourner le coin …en trottant ma foi avec agilité …..

Où va-t-il ? le suivrons-nous ? le suivrez-vous ? moi c’est déjà fait….

Folio Gallimard…



Free Hit Counter

mardi 2 novembre 2010

Perrone, le Grand

Comme je disais à ma fille il y a quelques jours pendant les grèves :

« - Il faudrait que je puisse rentrer à Pau, samedi, on va voir Perrone !!!!
- Perrone ?
- Oui .
- Perrone… !!!! Perrone le grand ?

D’où venait cette stupéfaction ? Que je n’aie pas annoncé plus tôt l’évènement ?
Qu’il se passe à Pau, plutôt déshérité de l’accordéon ? Je ne sais.
Mais quoi qu’il en soit… c’est bien cette épithète que je retiendrai !!
Car grand, grand, fut le plaisir de l’entendre à nouveau…

Michel a écrit deux notes qui expriment mieux que je ne le ferai moi-même la prégnance de « ses petites chansons » et leur pouvoir de nous obséder, l’ humanité de ce « passionné flegmatique », son engagement souriant, la complicité qui le lie depuis un si long temps à M.O. Chantran et à A.Minvielle, « son talent à tisser ses créations avec sa biographie »…



Je me contenterais de dire ce qui m’a frappée particulièrement dans le plaisir de ce concert, le sentiment esthétique et émotionnel du contraste.

Contraste entre l’ allégresse du rythme « enlevé » des mélodies qui donnent à danser, mettent le corps en mouvement, et l’impression de faiblesse qui parfois alourdit le corps, ralentit les mains de Marc Perrone. L’énergie chaude et comme vitale du son de son accordéon vs le voile de tristesse et de lassitude qui vient parfois ternir le regard…

Contraste entre sa qualité d’ « originaire », qu’il revendique avec une tendre dérision ( « on doit le faire plus que jamais par les temps qui courent !!! ») son origine de « rital au fisarmonica », sa fidélité assumée à ses racines italiennes « non dimenticare !!! » et le caractère si français de sa musique . France de Paris et du musette, , souvenir de la barre des 4000 « où l’on était heureux », France du 9- 3, de la Courneuve, et d’ Aubervilliers « où l’on est encore heureux » nonabstant la mauvaise réputation !

Contraste entre les entrelacs dans sa musique des rythmes trad, valses musettes ou tarentelles , voire rondeaux de mon pays landais, contraste du diatonique « de tradition rurale (!!! )» et de la vielle à roue, avec les thèmes si résolument urbains, de la rue, des machines , des trains , ou de l’usine, où les percussions si délicatement et remarquablement jouées par Minvielle et le chant scatté de Marie Odile, viennent souffler un si joli vent jazzy !

Contraste entre le voyage, thème récurrent, qui va et vient comme le soufflet, qui court en filigrane dans sa poésie d’une petite chanson à l’autre, et l’immobilité grandissante qui semble l’envahir….



J’aime le contraste comme principe esthétique , dans la musique , la poésie et la peinture . J’aime les noirs de Soulages sur leur toile blanche. J’aime dans les récits que la Brune et la Blonde, Laurel et Hardy, Don Quichotte et Sancho, Narcisse et Burrhus, Candide et Cacambo s’éclairent réciproque ment par leurs différences.

Comme dans le clair obscur l’obscur donne relief à la clarté, qui fait elle-même ressortir la riche complexité de l’ombre.

Et je l’aime aussi parce que je pense que dans le contraste se construit notre identité , comme dans un collage harmonieux, ou disharmonieux, voire surréaliste, d’où naissent notre style et notre personnalité…

Les contrastes de Marc Perrone , le rital d’Aubervilliers, sont beaux et touchants , à l’instar de sa musique !!!









Free Hit Counter