mardi 25 décembre 2012

Laurent Derache Trio , le pouvoir de la musique




Nous connaissions un peu Laurent Derache pour avoir parfois croisé son nom sur des programmes de concert et avoir été tentés d’aller l’écouter, et croisé des fragments de sa musique sur You tube et Facebook…Même sa photographie nous était familière sur le calendrier de Mathieu affiché dans notre bureau…Mais nous n’avions jamais rencontré réellement sa musique…et voilà que l’occasion nous en a été donnée …comme Michel vous l’a raconté

Mais j’ai d’abord écouté cette musique , je l’avoue,  quand Michel l’écoutait , -presque en boucle- avec un réel  désir de savoir,   comme font parfois nos élèves , attentive,  mais l’esprit ou surtout le cœur ailleurs …Sentant bien  l’intérêt de la composition du trio(accordéon, basse, et batterie) , du son de Laurent Derache , des lignes mélodiques …mais cela demeurait un plaisir simplement intellectuel, comme le Jazz parfois me donne …
Et puis l’autre jour , au soir d’une des ces journées que j’aime à appeler « calamiteuse », peut-être en souvenir de l’étymologie du mot , qui me suggère des « chaumes » mouillés et couchés par une  pluie  insistante et lourde. De ces journées à cumul de petits soucis, à petites déceptions en rafales, à horizon bouché de petites brumes…Ne trouvant pas le calme du soir , j’ai cherché mon recours habituel , la musique d’un CD…
Et j’ai rencontré Laurent Derache !
Et sa musique m’est tout d’un coup apparue d’une présence et d’une évidence saisissantes .
Je pense que ce sont pour moi ses mélodies qui captent l’attention grâce à la très  belle sonorité de l’accordéon et le beau rythme de la batterie en soutien, et le relief que donne le son de la basse.
La mélodie est comme un fil qui varie , change de plan sonore, s’échappe, mais jamais ne se perd , et ses variations sont surprises mais jamais déceptions …les reprises du thème en final sont pleines d’une sorte d’allégresse en dépit d’un certaine tonalité nostalgique…
J’aime”l’effet Butterfly”, “Underground”” Fall time” et “Life on Venus”!

Mais en fait j’aime toutes les plages du disque…

..Et ce soir là , si ce ne fut pas le « Butterfly effect », ce fut un effet magique , l’effet une présence durable presque obsédante du chant dans ma mémoire  …un grand plaisir de musique

Et que les innombrables écoutes suivantes n’ont pas démenti !!! 



                           Fall Time...


jeudi 20 décembre 2012

Tuur et Didier , Laloy et Florizoone



 Un mot fait actuellement fortune dans les médias, le mot détricoter !!!
Il faut détricoter, détricoter… le système économique, la réglementation X et Y….les lois sur... , les pratiques de…..
Eh bien s’il y a une œuvre que je ne détricoterai pas , c’est le disque de Didier Laloy et Tuur Florizoone .





D’abord parce que j’en suis bien incapable  et n’ai pas l’oreille assez fine pour isoler les deux sons mêlés , le diatonique et le chromatique . Pourtant je ne sais pas combien de fois j’ai réécouté les dix plages de leur CD, un CD sans autre nom que leurs deux noms : Didier Laloy et Tuur Florizoone



Ensuite, parce qu’ils entrelacent les deux plans sonores de leur musique en un tissu intimement mêlé, subtil et aérien, parfois  vif, presqu’allègre, parfois délicieusement mélancolique…
Il faut  dire qu’à chaque fois , bien loin de m’acharner à discerner la part de l’un la part de l’autre, je me laisse embarquer dans  le plaisir de l’écoute , à suivre le relief des plans alternés entre le soufflet de Tuur et la ligne mélodique de Didier , à moins que ce soit la mélodie de Tuur soutenue par l’accompagnement et l’écho de Didier ou qu’ils se jouent à l’unisson d’un thème toujours aussi chantant  …je me laisse embarquer...avec l’envie de bouger et de chantonner …
Je me contenterai donc de dire … ce que j’aime:
Eh bien donc les deux sons « tricotés »,  très beaux, avec leurs variations rythmiques,  leurs essais qui surprennent sans jamais aller à la discordance, leurs virtuosités jamais gratuites et toujours au service d’une mélodie prenante …
La tonalité d’ensemble, un climat un peu mélancolique comme parfois "mineur", et en même temps assez allègre et vif…
L’avouerai-je ? une connotation subjective et sans doute stéréotypée de la peinture flamande telle que je me la représente, clair obscur et luminosité, hivers glacés et danses animées, tavernes colorées et soirs qui tombent…
Eh bien j’aime les mélodies en général et particulièrement … :
« Disco Tuur » pour son entame  qui est un vrai paysage puis son thème  rythmé ensuite,
La mélancolie d’une danse à l’ancienne de « Romaniste » ,
Les sugestions aériennes de « Butterfly Valley » (un vol fantaisiste, le titre bien sûr ! )
 « Condamines » m’intrigue par son titre et me charme par sa mélodie
« Lisbonne », la nostalgie d’un lieu magique …
« Rue Saint  Géry », suspense et attente…
« Furlu », ça danse et ça chante…« Sur le mode mineur /l’amour vainqueur et la vie opportune » (Verlaine)
Dernier morceau,  ensemble, et avec mélancolie…

   




Conclusion :
Je n’ai « Pas encore »  fini d’écouter et d’aimer ce CD !!!


dimanche 16 décembre 2012

Mammuth et tes impôts … ?




Mammuth : photo Benoît Delépine, Gérard Depardieu, Gustave Kervern, Yolande Moreau


Je dois l’avouer, j’aime (dois-je dire j’aimais ???)  Gérard Depardieu…son talent à incarner de façon multiple et  créative les personnages les plus divers. Ses outrances , sa force , sa puissance physique et vitale. Son pouvoir à donner des interprétations peu normées et mais aussi convaincantes que  surprenantes des Monte Christo, des Cyrano, et des Jean Valjean
Je dois l’avouer, j’ai ressenti comme bien d’autres je crois,  sa décision comme une désertion…pas comme une  « européenne attitude  », mais  comme un geste de classe, la classe de ceux qui ne se sentent pas embarqués dans le navire du pays qui est le leur,  de ceux qui n’ont pas le désir –ni d’ailleurs la possibilité financière !!!-  de fuir ...ma classe!!!
L’évocation du prolo de Mammuth, du syndicaliste de Potiche, de l’émouvant illettré de La tête en friche, du comédien résistant du Dernier Métro me laissent maintenant un petit arrière- goût d’amertume….
Et pourtant y a –t-il la moindre raison à cela ? il est évident  ces personnages attachants sont de remarquables créations plus vraies que le vrai, ne sont pas Depardieu qui reconnaissons-le ne joue pas Depardieu , mais des compositions qui donnent  l’illusion du réel, grâce à un grand talent professionnel…
Quand j’étais étudiante puis prof de littérature j’ai aimé lire et « remâcher » les œuvres de Denis Diderot …
Un texte m’a toujours intriguée, dérangée, puis fascinée, le Paradoxe sur le comédien.
J’ai été longue à accepter l’idée développée par Diderot que le comédien joue d’autant mieux ses personnages qu’il n’en  ressent pas personnellement les sentiments , mais qu’il en maîtrise pour les avoir observées, notées  et travaillées avec discernement les manifestations comportementales :
 Il avait le masque de ces différents visages. Ce n’était pas naturellement, car Nature ne lui avait donné que le sien ; il tenait donc les autres de l’art.
Est-ce qu’il y a une sensibilité artificielle ? Mais soit factice, soit innée, la sensibilité n’a pas lieu dans tous les rôles. Quelle est donc la qualité acquise ou naturelle qui constitue le grand acteur dans l’Avare, le Joueur, le Flatteur, le Grondeur, le Médecin malgré lui, l’être le moins sensible et le plus immoral que la poésie ait encore imaginé, le Bourgeois Gentilhomme, le Malade et le Cocu imaginaires ; dans Néron, Mithridate, Atrée, Phocas, Sertorius, et tant d’autres caractères tragiques ou comiques, où la sensibilité est diamétralement opposée à l’esprit du rôle ? La facilité de connaître et de copier toutes les natures
L’idée que le comédien et ses personnages sont si différents « qu’on a peine à les reconnaître »…
Réfléchissez un moment sur ce qu’on appelle au théâtre être vrai. Est-ce y montrer les choses comme elles sont en nature ? Aucunement. Le vrai en ce sens ne serait que le commun. Qu’est-ce donc que le vrai de la scène ? C’est la conformité des actions, des discours, de la figure, de la voix, du mouvement, du geste, avec un modèle idéal imaginé par le poète, et souvent exagéré par le comédien. Voilà le merveilleux. Ce modèle n’influe pas seulement sur le ton ; il modifie jusqu’à la démarche, jusqu’au maintien. De là vient que le comédien dans la rue ou sur la scène sont deux personnages si différents, qu’on a peine à les reconnaître.
Doit-on pour autant adhérer à l’idée qu’il n’a pas non plus la même sensibilité que certains d’entre nous aux affections qui nous émeuvent ? et lui attribuer un détachement et un recul  qui confine à la  froideur ?
Un comédien n’a-t-il pas un père, une mère, une femme, des enfants, des frères, des sœurs, des connaissances, des amis, une maîtresse ? S’il était doué de cette exquise sensibilité, qu’on regarde comme la qualité principale de son état, poursuivi comme nous et atteint d’une infinité de peines qui se succèdent, et qui tantôt flétrissent nos âmes, et tantôt les déchirent, combien lui resterait-il de jours à donner à notre amusement ? Très-peu.  
Je n’oserais aller jusqu’à ce point...

Je me contenterai seulement de continuer à me sentir émue par Mammuth en évitant de  penser à  Gérard…

Mammuth : photo Benoît Delépine, Gérard Depardieu, Gustave Kervern, Isabelle Adjani


Comme  j’éviterai de consulter ses idées politiques . .. D’ailleurs  je  déplore  souvent qu’on interroge l’opinion des acteurs ou des artistes, comme si leur notoriété  et de manière générale leur qualités professionnelles  nous garantissaient  sagacité et sagesse politiques ou intégrité morale !!!!


dimanche 9 décembre 2012

Ernest et Célestine au ciné !




Ernest et Célestine, (Gabrielle Vincent )ce fut d’abord pour moi un de ces albums pour enfants qui  ont le pouvoir de toucher  en même temps  l’adulte qui lit et l’enfant qui lit avec lui, ce couple magique qui se forme au-dessus des pages d’un album où l’histoire se tisse entre la voix qui lit, l’image qui raconte, l’enfant qui ne peut s’empêcher de dire, de questionner, de digresser….
Un album maintes fois partagé, avec les enfants de Maternelle que j’ai eu le privilège de rencontrer grâce à mon travail, avec les collègues qui le lisaient dans leurs classes, avec mes petites filles ensuite …
Sans doute  certains professionnels de la littérature de jeunesse n’en trouvaient pas l’image d’une esthétique assez audacieuse, ni  la thématique assez originale et dérangeante, trop « psy » et « dépouillée »…
Pour ma part j’ai toujours adoré le graphisme dépouillé, les couleurs en demi-teinte, les plans multiples avec  leurs petits personnages familiers de l’arrière plan qui contribuent à donner épaisseur et vie au récit…
J’aimais aussi la complémentarité image texte , l’image qui racontait, le texte qui rapportait les dialogues …
J’ai toujours adoré le couple aussi mal assorti que très uni, d’Ernest , le gros ours brun, massif, et Célestine, la petite souris grise et déliée …
Le voussure du dos  d’Ernest me semble avoir été créée tout exprès pour bercer et prendre un bébé dans ses bras .
La petite silhouette d’Ernestine connote la vivacité, la vélocité, avec parfois une fragilité latente …


Leurs histoires sont des histoires de la vie de tous les jours, notre  vie de parents ou de grands parents, ce qui ne veut pas dire pas forcément élémentaires ou simplistes
Une de mes préférées, une de celles, vestiges du passé,  qui je garde précieusement parmi mes livres, c’est    la Grande Peur. :

Célestine, en jouant avec Rodolphe qui l’entraîne, échappe à Ernest et se perd. Peur d’Ernest, peur de Célestine.
Une de nos peurs fondamentales ! en  somme !




 Et voilà qu’Ernest et Célestine sont devenus les héros d’un film…de V. Patar et ST. Aubier produit par Benjamin Renner  et dont Daniel PENNAC a écrit le scénario et les dialogues !
Loin de moi l’envie de dire ce ne sera pas  comme le livre ! Que rien ne peut remplacer le livre ! Qu’il  faut que lisent les enfants !…naninana !
Et de crier au sacrilège !!!
Et de jouer les « MamousRonchons » , épithète librement inspirée des  « Grands papas Ronchons » de Michel Serres !

Je pense que le film sera à la fois différent et fidèle  comme peut l’être une interprétation inspirée d’un standard de Jazz !
Je fais absolument confiance à Daniel Pennac, dont j’aime les histoires, et la remarquable réflexion sur la Lecture, pour nous en faire une « lecture » qui donnera à mes héros chéris une vie nouvelle, tout en me ménageant autant d’émotions que nous en offrirent le dessin, les histoires et les dialogues de Gabrielle Vincent

La réponse sur les écrans à partir du 12 décembre !














mardi 4 décembre 2012

“VIEUX-CON” TO BE OR NOT TO BE ?




Vieillir….
Un caractère moral s'attache aux scènes de l'automne : ces feuilles qui tombent comme nos ans, ces fleurs qui se fanent comme nos heures, ces nuages qui fuient comme nos illusions, cette lumière qui s'affaiblit comme notre intelligence, ce soleil qui se refroidit comme nos amours, ces fleuves qui se glacent comme notre vie, ont des rapports secrets avec nos destinées.
Les Mémoires d’Outre-tombe, I, III  Chateaubriand

Non, , je n’aime pas le déclin du soleil…
Oui  je viens de fêter mon anniversaire et la tombée des ans…
Oui  le temps fuit, les heures se fanent et pas que…
Mais  y penser  et surtout en parler  sont choses que l’on s’interdit…
Elles y veillent les « petits soleils de nos vies » :
« Mamou chaque fois que tu diras que tu vieillis, que tu es moche ce matin, que tu ne pourras pas faire ci ou ça …..chaque fois, un gage, on n’a pas fixé encore lequel !!! »


Choses interdites :
Regarder par dessus son  épaule et se dire que c’était mieux avant…
Ne pas penser aux «  30 glorieuses », au boulot assuré , à condition de travailler …
A la morale de Travail et au  rêve du progrès social…
Je me souviens pourtant toujours et encore quand ce temps commença à se tirer, du sourire déchirant de ma mère regardant un mendiant assis sur le trottoir : « Je croyais que plus jamais on ne verrait ça, que  plus jamais, on ne mendierait son pain »
Ne pas penser au Charbon et Acier français, aux textiles du Nord et de l’ Est, qui faisaient notre fierté d’écoliers et le cauchemar de nos interros de géo, ne pas penser aux Tissages des Pyrénées , aux Toiles du Pays basque et du Béarn, innombrables petites fabriques que nous fréquentions dans les années 70 et dont il ne reste presque rien …
Penser que dans ce temps il y eut aussi la  guerre d’Algérie, la peur d’être mobilisé, les manifs avec la peur à l’estomac, la prohibition de la contraception, la pénalisation de l’avortement, les   idées conformes, jupes droites  et talons hauts….
Et la boulangère qui me faisait la gueule parce qu’on n’était pas mariés…

Oui mais mai 68, l’espoir d’un "penser autrement"….

Interdit de :
Regarder l’avenir  et douter des projets possibles , compter ses forces , compter le temps qui reste…
Ou  du moins refuser de le dire…

Ne plus se sentir capable de faire la révolution, n’y d’ailleurs y croire !

Renoncer à voir Rome…et Capri !
Se dire qu’on ne réussira pas à apprendre l’espagnol, ni quoique ce soit de nouveau  d’ailleurs ,  et qu’en plus pour quoi en faire , cela ne servira à rien…

Interdit de :
Regarder le présent et ne pas aimer les familles  qui se défont  et se refont ,les enfants qui ont deux familles, les hommes du showbiz et les hommes politiques qui changent leur vieille épouse pour une plus jeune compagne,   les travailleurs qui arrivent en retard, les auditeurs de concert qui n’écoutent pas, le foot à fric, et le rugby aussi maintenant, ma pov’dame ! les spectateurs qui n’attendent pas la fin du générique pour se lever ou qui quittent le concert sans attendre les rappels …les oufs !….
 Et surtout ne pas le dire !
« De mon temps…naninana !!! … »

Et l’interdit suprême, la précaution d’Or, ne pas être un vieux con :
Quand les enfants parlent de réformes pédagogiques , de réaménagement des programmes, d’accompagnement des élèves , d’aide aux plus en difficulté, s’interdire de dire : en 1990…on avait déjà (« déjà »surtout, à proscrire !!!)essayé un système de… Quand les petites parlent de leurs salles de classe ne pas penser qu’on avait réaménagé les tables pour permettre aux élèves  de « communiquer » et que ce fut une lutte parce  que la prof suivante me forçait à redéménager à la fin de chaque cours pour un aménagement plus traditionnel (=sérieux !!!)
Quand le ministre de l’éducation   parle de réfléchir aux rythmes scolaires, ne pas dire il y a 20 ans on avait essayé d’en tenir compte pour choisir les activités, et ...aussi  les classes cycles pour permettre aux enfants d’apprendre à des rythmes différents….

Quand on va voter ne pas dire déjà en 81 … et en… !!!
Quand on va a la manif, ne pas penser déjà….en 95 …en …en …et….


 Bref en avoir derrière, ne rien en dire, et surtout, surtout, toujours espérer "qu’on s’ gourre "!!!  et s’efforcer encore et encore, de croire que l’avenir , un avenir meilleur nous appartient, en tout cas appartient à nos enfants !!!
S’efforcer de ne pas l’être ….V… C…

VIEUX CON !!! NOT TO BE !

Après tout ,  Chateaubriand, il parle bien de ses « joies de l’automne » !!!!
LOL !!!

En revanche  je le laisse « entrer avec ravissement dans les mois des tempêtes »…
Je guette  le retour de la lumière du printemps…..