vendredi 30 août 2013

Les Mots : « ENCORE »



Encore …
C’est un mot talisman, c’est un mot qui prend la couleur de l’âge qu’on a..

Il y a les " encore "de mes petites :
 Leur mère disait encore… un jour à Hossegor , encore une descente à ski, encore une vague… encore une soirée à la fête ….encore un câlin…
Elles disent : encore une histoire , encore une page du livre , encore un bain d’écume, encore un tee shirt, encore une paire de DC..( ou de Vans ?)... encore un câlin…

Il y avait   les encore de mon Payou , ceux-là avaient le même sens que ceux des petites mais  encore un peu plus…
J’aimerais encore aller à Bordeaux.
Et si on allait encore en Italie?
Mais ces encore-là modifiaient des verbes divers, ce qui leur  donnait colorations diverses: j’ai encore lu toute la journée, j’ai encore écrit pour le Bulletin de Borda, ils m’ont encore demandé d’organiser une  visite de Dax,  j’ai encore repeint mes volets, j’ai encore pu repeindre mes volets, j’ai encore pu me débrouiller seul à Paris…
J’irai bien encore à Ruffec, (son pays de naissance), je peux bien encore conduire jusqu’à Pau…

Entre les deux "encore", ceux de nos petites et ceux de mon Payou, il y a les miens :
Encore un bain,
Encore une escapade musique à deux  à Perpignan,
Encore un petit voyage avec ma Nad,
Encore un concert,
Encore une balade à la plage avec Camille, encore un petit extra avec Charlotte …,
 Et  encore, encore une fois Galliano, « encore Galliano ?vous n’avez pas peur de l’user ? »
Non ! non !!!Il est encore parti  à l’autre bout du monde, il faut guetter ses "encore" en France, et plus encore  dans notre Province …
Encore un concert de Bruno, encore une balade de musique et d’amitié, ce sera encore différent, ce sera encore magique,
Encore  les Pulcinella !!! oui ! il faut les suivre…leur évolution enchante et passionne !
Encore les Troubl’amours, ils joueront sans doute ce que nous aimons déjà, mais ce sera encore un plaisir.
Encore rencontrer Sonia, Philippe, Lionel, André…et d’autres encore !
J’aimerais encore voir Madrid!
Pourrais-je encore apprendre… un peu d’espagnol ? peut-être !
J’ai "encore" appris hier …à laver mon monceau de linge à Lavomatic !

La même frénésie de belles choses, la même gourmandise,  mais parfois aussi comme une   légère fêlure, comme si sous cet « encore »  on entendait« encore  possible ».
Comme sous « le tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes » de Candide, on devait  entendre le meilleur des mondes possible

Il fait encore beau ce 30 Août  !

Cet encore
C’est la face claire du NeverMore….



dimanche 25 août 2013

Landes....j'aime!



Je suis allée voir “Landes” de François-Xavier Vives






J’ai aimé ce film…


Pourtant j’étais allée le voir en somme par devoir : « un film sur mon pays , alors que je venais de bader « Marius » et «  Fanny » et le pays de Pagnol… ! »

J’ai beaucoup aimé…
Je m’attendais à un film entre documentaire et promotion pour office du tourisme…et j’y ai trouvé, intimement mêlés à sa saveur, bien des ingrédients que j’aime …
Le mélo sentimental qui prend aux tripes, amour perdu dans la mort, amour recommencé, par  la mort tragiquement interrompu …
Un huis clos familial, aux rapports complexes, sordide et étouffant dans la profondeur d’une obscure demeure de maître…
Un combat aux accents épiques des gemmeurs et des métayers contre les patrons…
Une femme en lutte pour un idéal certes chimérique mais dans lequel s’incarne son fondamental désir d’émancipation, de conquête de son identité de femme…
Des accents de lutte des classes à la Zola, avec un  meneur  syndical importé de Belgique et des meneurs syndicaux issus du prolétariat de la lande, métayers auxquels rien n’appartient, qui complètent leur pauvre revenu en se faisant gemmeurs…

Des acteurs superbes pour un système de personnages certes classiquement composés mais qui en tirent présence et force, la beauté de  Marie Gillain mais aussi son jeu subtilement nuancé , la manière d’être de Jalil Lespert , les jeux de Miou Miou et Bernard Blancan… 


                                       http://www.avoir-alire.com/IMG/jpg/landes_photo.jpg

Mais encore sinon surtout la présence des Landes pour moi remarquablement photographiées par Emmanuel Soyer, sous tous angles et toutes lumières la  verticalité obsédante des troncs de pins, qui barrent l’espace indéfiniment , les blessures de résine, les sous bois aux flaques qui captent fugitivement des éclairs de lumière, et soudain les échappées sur l’Océan en plans horizontaux multiples qui ouvrent sur l’horizon infini et libre …
Mes Landes…

Je regrette de pas avoir pu trouver d’images de la dernière séquence du film, des images des merveilleuses écumes, aux couleurs épurées dans un subtil dégradé de gris et de blanc, qui jaillissent hautes et mousseuses, d’où l’on ressort rechargé de vie….

« Ô puissance salée… !
Une fraîcheur de la mer exhalée me rend mon âme !...

Courons à l’onde en rejaillir vivant ! »
Paul Valéry

samedi 10 août 2013

Écumes d’Océan



Il a plu des jours et des jours
Il a fait froid encore et encore
L’herbe du jardin giclait d’eau sous nos pieds

Les jours ont allongé, mais ce ne fut pas le printemps encore moins l’été…
On disait couramment, parce que tout le monde parlait de ce temps déprimant dont l’humidité collait à la peau , parce qu’on avait des douleurs de vieillard à force de s’humidifier…On disait : « Avec toute l’humidité de la terre …avec l’eau des rivières en crue, avec la mer qui ne s’est pas réchauffée…on aura un été pourri !!! »
Et de rappeler les étés de notre jeunesse, pourris,  avec un trop plein d’anecdotes de pluies …

Et puis en Juillet, ce fut l’été.
Triomphant, chaud, lumineux.
 Un été à dormir fenêtres grandes ouvertes, à tirer les volets le jour, à se lever de bonne heure pour arroser les plantes..Bref un bel été du moins pour l’instant…
L’Océan a commencé à se réchauffer, plat comme une méditerranée, juste délicieux. Et puis il s’est mis avec l’augmentation des coefficients des marées,   à lever de grandes vagues mousseuses.





 Le vent d’Est les creuse d’une transparence vert d’eau, superbe. ! Et soulève sur leur crête de grandes chevelures d’eau.
 J’aime ces vagues …
Parfois leur taille me permet encore de me laisser glisser sur elles jusqu’à la frange au bord du  sable, les bras tendus et la tête entre les bras.
C’est Camille qui m’a appris…le geste des bras !
Parfois elles ne sont qu’un rouleau de bord sous lequel on plonge et dont l’écume frise la plante des pieds…
C’est Nadja qui m’a appris !
Quand on est placé assez loin, derrière la cassure, on s’y laisse soulever, délicieux manège… C’est Charlotte qui aime le plus en partager le toboggan avec moi….
Mais parfois elles sont si grosses, elles cassent si fort à grand bruit en faisant jaillir des gerbes d’écume, mousseuses, et presque tièdes, que je me contente de les attendre de loin et de « prendre les écumes » avec Camille. Sensation délicieuse que de se laisser emporter dans cette chantilly caressante et salée, le nez dans les bras tendus, jusqu’à ce que le sable nous frotte le ventre…


Mais en fait ces petits délices  ne sont que les manifestations sensibles  de la magie puissante de l’Océan …
Il y a en effet des matins de grisaille pour l’esprit, des matins où tout coûte à entreprendre , des matins embrumés d’humeur chagrine , des sortes de matins de fin d’interminable hiver, d’été hésitant balayés de noroît, des matins de boule à l’estomac et d’envie de pleurer…
Indolente,  je dépose ma serviette sur le sable, je regarde la mer , je redoute le froid du premier contact, je trouve trop forte la vague,  trop de gravier au sable qu’elle charrie …
Et c’est avec effort que j’y vais…
« Le vent se lève…il faut tenter de vivre ! »

 Comme disait( ou presque ) notre ami Georges Brassens,
« Référence gardée envers Paul Valéry
Moi très humble bloggeuse
Moi très humble nageuse
Sur lui je renchéris… » :
.
« L'air immense ouvre et referme mon livre,
La vague en poudre ose jaillir des rocs!
Envolez-vous, pages tout éblouies! »


Et réellement aussi magique que les musiques que j’aime, le bain d’écumes  me redonne l’énergie et le goût de vivre comme un bain de musique

« Une fraîcheur, de la mer exhalée,
Me rend mon âme... Ô puissance salée!
Courons à l'onde en rejaillir vivant! »
Paul Valéry

PS : Parfois, les écumes ne suffisent pas….