vendredi 3 décembre 2010

Daniel Mille Quintet, Emotion, connotations

Je ne suis pas assez musicienne pour analyser les composantes musicales du plaisir d’un concert.

Je sais seulement que je trouve beaucoup de concerts « beaux », mais que d’autres suscitent en outre en moi une émotion puissante, à l’instar de certains poèmes, certaines photographies, certains tableaux, ou certains paysages…
Cette émotion est souvent marquée du sentiment de l’éphémère, poème surgi au tournant d’une page, photographie d’instants décisifs, tableau rencontré au hasard d’une salle de musée…En même temps qu’elle se grave en souvenir durable, mais où demeure toujours le regret du jamais plus …

Le dernier concert de Daniel Mille se classe dans cette catégorie, comme certains concerts de R.Galliano, de Renaud Garcia Fons, de Raul Barboza...
Comme je ne saurais analyser les qualités musicales de ce concert,- d’autres l’ont remarquablement fait , Michel Contat en particulier pour ne pas le citer- je me contenterais de dire ce que j’appelle la POESIE de la musique de Daniel Mille, c'est-à-dire son pouvoir d’ éveiller des correspondances et connotations.
Des images certes, -les météores sont très présents dans sa thématique-, mais aussi des fragments de poèmes familiers que cette musique éveille dans ma mémoire…
Quelqu’un a parlé à son sujet de « spleen ».
Mais pour moi, il ne peut s’agir du spleen baudelairien, chargé de pesanteur, d’ombre poisseuse, de pourrissement, étreint d’angoisse…
La mélancolie de Daniel Mille est délicieuse, son mode mineur s’apparente au vers impair de Verlaine,
A la tristesse de Fantasio,
ou au jardin d’Apollinaire :
L’anémone et l’ancolie
Ont poussé dans le jardin
Où dort la mélancolie..

Si l’on pense parfois à Baudelaire, c’est avec Les minots, dont la mélodie émeut ce qui demeure d’enfance en nous, comme les bruits de cours de récréation, qui musiquent à jamais pour moi un écho du vert paradis …Peut-on le rappeler avec des cris plaintifs
Et l’animer encore d’une voix argentine
L’étrange paradis…

Dans un texte Michel remarquait que les thèmes de Daniel Mille sont souvent des états de transition, la Fin d’été, Entre chien et loup, Après la pluie, qui chantent cet état à la fois délicieux et déchirant créé par le changement, qui sonne comme un départ, « Sur les quais »
Te souviens-tu du long orphelinat des gares,...
Même ses Beaux jours me semblent marqués du sentiment intense et douloureux de ce qui doit s’achever…
Je pense au Bonheur de Nougaro :
Bonheur, tu nous fais souffrir
C’est contradictoire
Bonheur, tu nous fais souffrir,
La peur que tu t’barres...

Je crois retrouver dans Fin d’été en filigrane, comme une citation, une des saisons de Piazzola (je ne sais laquelle)
Comme des soleils mouillés de ces ciels brouillés
Qui pour mon esprit ont le charme…


 Finalement ce sentiment est celui que l’on vit dans ces concerts que j’aime entre tous, le sentiment contradictoire du bonheur que l’on vit et dont redoute qu’il finisse !!!
Je ne comprends pas que les gens arrêtent de rappeler les musiciens, qu’on rallume la lumière...Comme ma petite Charlotte, j’en voudrais encore et encore….




Heureusement que, comme toute œuvre d’art véritable selon moi, ces concerts pirvilégiés, réveillent en nous des liens vers d’autres œuvres et d’autres émotions à revivre…
 
Après la neige


Pour un récit de ce concert , VOIR Michel, bistrotier des accordéons


Free Hit Counter

Aucun commentaire: