mercredi 31 octobre 2012

Vieillir : Sympas les Toulousains…métropolis ?



 Mardi dernier, ce fut une journée un peu folle …
Le projet du soir, c’était d’aller écouter nos amis Pulcinella …
Mais depuis la veille, notre Charlotte  était malade : le soir, à notre arrivée,  elle  nous avait accueillis, les yeux et le visage gonflés, le nez « patate » , la voix embarrassée …
Rien de grave sans doute, mais une méchante et incessante toux, qui l’empêchait de dormir !  bien sûr elle profita de notre présence pour rester un peu sommeiller entre deux quintes, traîner sur le canapé, regarder des "navets"  à la télé, se moucher ad libitum et bruyamment …et travailler ! pour rattraper les cours manqués…demandant pour ce faire  et pour une fois l’aide d’une présence grand-maternelle!!! Et même s'offrir une petite régression de jeu "comme avant" (avant d'être  une grande adolescente"), le jeu de la crèche des doudous...
Camille en revanche était  partie à l’école bien plus tôt que d’habitude  : c’était un grand jour de Sortie –Préhistoire, avec visite d’une grotte et d’ateliers ad hoc. Le car partait tôt le matin , elle aime être bien à l’heure(elle aussi) , son Papou Michel l’avait  accompagnée, bien à l’heure inutile de le préciser . On avait fait « la gamelle »  hum ! non !, les sandwiches tout frais vers 7 heures ! Elle devait rentrer à 5 heures et demie mais l’autobus était tombé en panne et dut rouler par petites étapes  …on se succéda à l’attendre…Michel avec une autre mère amie, et moi…
Car nous étions seuls pour cette journée à bord de la maison familiale .
Notre  Nadja envolée vers cinq heures du matin pour une journée de travail à Paris, son Sébastien parti vers 7 heures moins le quart  pour ses cours à Castelnaudary…
Seuls avec une gestion quelque peu improvisée des repas et des nombreux goûters, des courses minimales, des réconforts alimentaires ou affectueux…
Puis vers 19 heures , vers 19 heures parce que nous aussi nous aimons être à l’avance, surtout pour les concerts..Nous aimons marcher un peu pour y aller, prendre le métro quand c’est possible. Trouver un bistrot pour boire un porto ou manger des tapas , attendre le moment où se forme la file d’attente pour nous imprégner de lieux du contexte, rencontrer parfois les musiciens et nous offrir ainsi le luxe d’ un bref échange avec eux,  plus ou moins familier, mais toujours précieux..
Puis vers 19 heures  donc, repas du soir prêt, attendant au chaud au bord de la plaque de cuisson, les filles réunies à discuter devant la télé, je m’enfermais dans la salle de bain  pour me préparer à sortir …
Ô miroir dis-moi !
Ô miroir de Faust !!!
C’était un vrai désastre de cheveux aplatis, de cernes sous les yeux, de traits tirés, « de teint de papier mâché »…
Branle-bas de sèche-cheveux, de crèmes, de blush, de crayons khôls, de rouge à lèvres et à joues…
A la fin, à me regarder sans les lunettes, je ne me trouvais pas si mal… pour partir avec Michel d’un pas guilleret, vers le métro qui nous conduisait  à St Cyprien.
Heures de pointe, changement de ligne, chaleur humaine, lumière…
Et voilà qu’à peine on se glisse tous deux au plus épais de la foule, dans la première voiture de la rame, qu’un jeune homme, non plutôt un homme jeune, ou un homme plutôt jeune, et souriant, se lève vivement  pour me laisser sa place. Je proteste, je souris, mais je finis par accepter, gênée, la place offerte. A peine assise, bien  en face de moi, je vois le petit panneau  incitant les voyageurs à laisser leur place « aux handicapés, aux adultes accompagnant des enfants de moins de 4 ans et aux personnes âgées de …plus de 65 ans !!! » Nos regards se croisent, Michel vient de lire aussi le même panneau, nous sourions…
Mais…
En fait, on a beau le savoir, qu’on n’est pas jeune, on n’écoute pas toujours le miroir, on ne se sent pas spécialement différent dans son for intérieur, dans sa perception du monde et de la vie  de la jeune femme qu’on était … et puis surviennent, inattendus, comme un petit pincement au cœur,  pour nous rappeler  à la réalité, ces gestes courtois  et attentionnés ….
En riant, (mais ! )… nous  sommes partis d’un pas allègre et enthousiaste, vers notre concert, qui fut un très délicieux concert…après avoir bu un Martini, un apéritif que je n’avais pas bu depuis des décennies, choix vintage et spontané, au bar de Stade Toulousain, rempli de gens assez éclectiques, bruyants et chaleureux …
Oui ! un très délicieux concert !

Et  vous savez quoi, au retour, à peine entrai-je dans la première rame du métro, qu’un jeune homme, ou plutôt ……….etc…etc…  !!!!
C’était ma journée !!!
 Avec un « smiley » goguenard de Michel : « Sympas, les Toulousains, métropolis!"

PS : Confidence : le vendredi matin suivant, Nadja et moi,  nous nous sommes offert(ou plutôt Michel nous a offert en se chargeant du ramassage scolaire des enfants) une petite escapade de courses en ville….Eh bien ! Personne, personne,  ne m’a proposé de place assise !
Nadja, à son tour goguenarde, m’a dit :
 «  En fait, tu vois, c’est parce l’autre jour tu étais  avec Papounet ! »

T’as qu’à croire, ma Françou!


lundi 29 octobre 2012

Johann Lefèvre à Ça va jazzer- Radio Campus Avignon le 22/10/ 2012





Un musicien bien sympathique que ce Johann et une personnalité attachante…
J’aime bien sa trompette, que j’ai ressentie justement telle qu’il l’a qualifiée en réponse à une question de   Romain, « non péchue » sans stridences, au son mélodieux, rond, moelleux…
Très joli Song que ce « Joh Song »!
J’ai beaucoup aimé « Do the Wolf », et aussi « Driss ».
De plus j’ai retrouvé dans les  échanges nombre de choses auxquelles je  suis toujours sensible :
Le souci d’enseigner pour partager et transmettre certes des techniques, mais aussi une culture, une sensibilité que l’on tâche de construire  par l’écoute d’ autres musiciens…
En filigrane, l’évocation discrète de la vie de musicien , l’autoproduction, l’exigence à l’égard de son travail, la recherche de l’écoute d’un public, énoncé des concerts à venir ,  voyage pour aller jouer sa musique de lieu en lieu !
Car c’est important le Live pour le jazz, la rencontre avec les publics… !
Et avec une fois de plus, au passage, (ou est-ce moi qui y suis hypersensible ?une allusion à  l’éloignement du Sud…
J’ajouterai donc à ces connivences avec Johann Lefèvre :
Oui le direct, la rencontre avec les musiciens c’est important, le live est irremplaçable et grisant, mais pas seulement pour le Jazz, c’est ainsi pour toutes les musiques , enfin celles que je connais… !
Et que le Sud, c’est loin, mais que dire du Sud OUEST ? Même si on y trouve Marciac, Oloron, Orthez pour le jazz…
Et pas si loin Toulouse la belle, la diverse, pour les musiques du monde…ou certaines musiques classiques, l’opéra en particulier.

Bien sûr ce serait un bonheur d’écouter des Johann , des Sonia Rékis , des Johann Riche  des Daniel Mille , des Tuur Florizoone ou des Manu Comté…ou notre proche voisin Gorka Hermosa si proche, mais pourtant si lointain , sans avoir à courir les routes et autoroutes …

Grâces soient rendues à nos amis Philippe de Ezcurra , Bruno Maurice , Jean Luc Amestoy, André Minvielle, les Pulcinella et les Troubl’amours  d’être un peu nos « pays » comme on dit chez nous, et de nous offrir leur super musique « prochaine » …
Grâces soient rendues  à nos idoles auxquelles  leur notoriété permet de parcourir le monde, et que leur bon vouloir amène à se risquer dans notre bout du monde pour partager leur musique avec nous , Renaud Garcia –Fons , Paolo  Fresu, Marcel Azzola, et bien  sûr…Richard Galliano !!!

En tous cas, pour écouter Johann Lefèvre, allez écouter la rediffusion  de Ça va jazzer

 ou bien ouvrez le Myspace de Johann Lefèvre :

dimanche 21 octobre 2012

De l’horrible danger de la lecture…


Voltaire l’avait bien dit :
« Cette facilité de communiquer ses pensées tend évidemment à dissiper l’ignorance, qui est la gardienne et la sauvegarde des États bien policés. »

Elles le savaient, les grands-mères de nos grands-mères, et nos grands-mères qui s’ efforcèrent d'apprendre à lire, que rien ne serait plus tout à fait comme avant…
Ils le savaient leurs hommes,  certains les traitaient de bas bleus en  leur déniant la qualité de femmes !
Ils le savaient mes grands élèves de Béni Mellal, qui louaient à cinq un garage pour aller au lycée, parlaient arabe et assez bien français, mais peinaient joyeusement sur la lecture de Rabelais (faut dire !!!!). Echanger sur cette lecture était un vrai plaisir qu’on plaisantait : « Nous irons tout de même trier beaucoup d’oranges pour très peu de dirhams !!! Mais… mais…. » Ils le savaient, que le ver était dans le fruit.

Elle ne le savait pas, Emma Bovary, accro aux romans, qui la détournaient d’apprécier son lourdaud d’époux et sa vie banale …et finirent par la dégoûter de vivre!

Et pourtant  danger il y a  bien...  même si pour moi ce n’est pas bien sûr celui de la dénonciation ironique de Voltaire : je trouve qu’il y a un vrai danger à faire de la lecture un signe d’appartenance sociale , à décider,( et sur quels  critères?)  qui est LECTEUR ou qui ne l’est pas…

Pas lecteur ce gamin qui aimait les B.D et les dévoraient sous la réprobation familiale ?



 Cet adulte d’aujourd’hui qui lit les magazines les plus techniques de photos et en retire des savoir faire subtils et efficaces ? Ou celui qui achète des livres pour savoir construire des murs et doser des enduits…et y réussit ?
Grand danger à prétendre (avec petite moue) « qu’il y a lecteur et lecteur », celui qui lit les Œuvres littéraires vs celui qui lit… ce qui aide sa vie ou l’enchante (n’importe quoi donc ?)…


                             "Je ne savais pas encore lire que, déjà, je les révérais, ces pierres levées : droites ou penchées,                              serrées comme des briques sur les rayons de la bibliothèque...»
Jean -Paul Sartre, Les Mots





Il y a grand danger à faire de la lecture un critère de classe …




Comme il y a grand danger à faire de son apprentissage premier une sorte de rite initiatique  angoissant et décisif dont le passage détermine la vie à venir

On dit aux enfants qu’il FAUT et que c’est dur …
On dit aux parents que c’est l’année terrible le CP que si on rate, c’est pour la vie : « si tu redoubles ton CP, tu n’iras pas à la fac », encore moins à L’ENA… !
On dit aux maîtres que c’est « très très dur d’enseigner le savoir lire, qu’il ne faut rien  louper de cet apprentissage ardu » : pas une lettre, pas un son, bien dévider tous les assemblages, la combinatoire qu’on appelle ça ! ba ca da fa ga ja ka bal cal dal fal cucucuc !!!!….fol dol col , lof lod loc…
Al’envers  et à l’endroit …
« Et ne pas deviner surtout ! Ne pas chercher à COMPRENDRE SANS LIRE !!! »

Doit-on soupçonner qu’il vaudrait mieux lire (enfin lire ?) sans comprendre ?
Oui, je le soupçonne ….

Cette tension que l’on concentre dans cet apprentissage installe chez certains enfants une image angoissante du fait de lire dont ils ne se remettent que difficilement.
On se condamne alors à ce que les enfants lecteurs soient presque exclusivement des enfants de parents lecteurs. Ce qui n’est guère pour l’Ecole un titre de gloire…
Que les autres soient trop souvent appelés « dyslexiques »…et ne doivent leur salut en lecture qu’à la séance bihebdomadaire du spécialiste :  l’Orthophoniste !!!
Certes loin de moi l’idée que les orthophonistes ne sont pas utiles. Leurs interventions sont parfois salutaires grâce à leurs qualités personnelles et les conditions qu’ils ont les moyens de mettre en place…

Mais je pense qu’on se porterait mieux de donner du fait de lire une image moins rigidifiée, plus liée à ce qu’on désire  savoir du monde et de la vie….de présenter la lecture comme un chemin que chacun peut trouver, avec notre aide bien sûr, pour accéder à sa guise à ce qui lui tient à cœur …
Je crois qu’il n’y a pas de non lecteurs. Il y a des enfants puis des adultes qui n’ont pas trouvé de livres qui concernent leur vie…

D’ailleurs de la même manière « j’ai fait aussi parfois le rêve »  que les musiciens ne soient pas seulement  des enfants de musiciens et que la musique soit à des degrés divers l’affaire  d’un  plus grand nombre d’amateurs… afin que chacun puisse trouver les musiques qui concernent  sa propre vie…





dimanche 14 octobre 2012

Gilles Cuzacq , un accordéon voyageur et sans complexes


  
Avec Gilles, on s’est rencontré  par passions croisées de l’accordéon. Pour lui, la passion d’en jouer et d’en vivre, pour nous la passion d’en écouter et d’en trouver la vie meilleure…
Je garde un souvenir très marquant de notre rencontre, un soir, d’automne me semble-t-il, dans notre salle à manger autour d’un buffet très « landais » et trop copieux…Qu’il eut la courtoisie d’honorer quoique fatigué d’avoir animé un long après –midi de « Thé dansant » qui succédait  à un repas –landais- surcopieux !!!!
Il nous apprit beaucoup sur sa vie de musicien, son respect des publics, et ses goûts musicaux. Je ne crois pas qu’on lui apprit beaucoup, mais on parla longtemps de goûts partagés et d’accordéon en « tous ses états »…
Car si son accordéon voyage, ce n’est pas de pays en pays. Gilles est Landais, (comme moi, je devrais dire comme nous) , et s’il voyage c’est surtout autour de son pays. Mais il voyage de public en public, de musique en musique, sans complexe et sans a priori, avec le goût de partager sa musique avec des compères très divers et  d’essayer  de nouveaux sons et de nouvelles complicités musicales.

Il y a les « Thés dansants »…




C’est ainsi que notre chemin de festayres l’a croisé à Dax pendant les Ferias , dans les jardins de La Potinière , où il faisait danser des gens de notre âge et au-delà ! sur des musiques que j’ai connues dans les bals publics de ces mêmes Fêtes…quand j’avais quinze ans !
Avec goût, avec une certaine tendresse, avec une interprétation de qualité, il jouait au « marchand de bonheur » pour ses danseurs..




Il y eut sur ces mêmes chemins festifs, à Midi…(plutôt à 13 heures) :
 Nadja , Charlotte, Camille et moi, les festayres obstinées…On vient d’applaudir , de chantonner, de danser « par cœur » devant le deuxième défilé folklorique…Les autres se sont déclarés fatigués , rassasiés de défilés, et nous attendent pour déjeuner….
Mais un joli son engageant nous arrête. Un bistrot, une petite rue dite je crois des Pénitents, une  foule rassemblée qui fredonne en  cadence, une chouette musique, une interprétation décalée mais bien  troussée de Mon amant de Saint Jean et un accordéon …Gilles!!!



C’est le groupe 6ème république, un groupe avec lequel nous l’avions déjà entendu à Louvigny, un soir de printemps et de fête de village...



 Une formation disons rock... et Gilles, un peu en retrait, véritable métronome et maître à jouer. Tous un  look plutôt disparate, quelque chose comme un patchwork qui flashe... Et la chanteuse ? Un phénomène. On pense à Marylin Monroe, on y pense et on oublie... Le répertoire emprunte à Aznavour, à Pierre Perret, à Olivia Ruiz et c'est plus que réjouissant. Les musiciens se mêlent plus ou moins aux consommateurs du bar et l'on se marre. 
(Michel,L’autre bistrot des accordéons)



Nadia et moi adorons ce décalage, prenons un vrai plaisir à les écouter …Mais l’heure passe et les petites nous tirent gentiment par la main…

 On avait aussi écouté à Louvigny  le trio dit Pédalo !!!
 
Le trio Pédalo en effet, bien loin de la musique de bal et des répertoires de balloche, explore des voies qui nous enchantent. Qu'on en juge d'après les titres que nous avons retenus : "Flambée montalbanaise" et "Indifférence" dans des versions fidèles à André Minvielle. Du coup, on se dit que la référence au tandem, suivant le titre du dernier album de Minvielle et Suarez, est sans doute la plus pertinente. Mais il y a aussi "Vesoul" et "Tango pour Claude" et "Oblivion"...

J'en oublie, mais je ne risque pas d'oublier, pour finir, une version hyper-déjantée de l'intouchable 
"Beth Ceu de Pau
", quasiment l'hymne des Béarnais, qui ne peuvent le chanter sans avoir larmes à l'oeil. Cette interprétation était un pur bonheur. En tout cas, c'était, en ces lieux, plutôt gonflé. Les gens semblaient surpris et, humour béarnais aidant, contents de ce dépoussiérage. Quant à nous, Françoise et moi, on était plus que réjouis
(Michel, L’autre bistrot des accordéons)

 Et voilà qu’aujourd’hui, c’est un duo de l’accordéon avec le cajon de Aurélien Arjo…



L’accordéon de Gilles n’a pas d’a priori. Il est aventureux, mais sans prétention, et se risque là où cela musique bien et à son goût. Souriant,  distancié, un peu impassible, Gilles musique un joli son maîtrisé et harmonieux !
Allez voir !




samedi 13 octobre 2012

Les cinq petits cochons d’Agatha …Christie !



 J’aime Agatha  Christie…Ce ne fut pas pour moi une lecture de gamine : je l’ai lue quasi intégralement pendant mes études de lettres, comme une sorte de contrepoids de badinerie et d’émotions,  à une littérature en général plus résistante à la lecture, souvent moins abordable et souriante. LA littérature !
A l’époque, la fréquentation d’Agatha , n’était pas avouable, surtout dans les amphis de la fac de lettres…
Le polar déjà... !!!! Encore, la série noire, bon,  était reconnu « littérature » !
Mais ce monde de vieilles dames et gentry anglaises n’était que littérature de gare et roman à l’eau de rose !
Puis le cinéma et Peter Ustinov  conférèrent à ses machineries subtiles autant qu’artificielles, et à son Hercule Poirot une sorte de label de noblesse.
Et depuis quelques années je savoure,  non sans quelque arrière -pensée ironique, le succès dont  jouit désormais Agatha dans la culture de Télérama !
J’adore les adaptations qu’en a faites Pascal Thomas au cinéma  puis récemment Eric Woreth à la télévision avec Antoine Duléry et Marius Colucci.
« Les petits meurtres », un titre qui semble suggérer un  parti pris de la série : des œuvres moins connues.
J’en aime certaines particulièrement pour leur atmosphère bizarre et triste, et plus particulièrement encore les Cinq petits cochons

Cinq petits cochons …Dix petits nègres …Un deux trois…
Les nursery ryhmes  inspirent souvent les titres d’Agatha et viennent souligner par leur récurrence  les étapes de l’intrigue.
Donnent aussi une atmosphère un peu étrange comme des échos lointains de voix argentines. Mais qu’on ne s’y trompe pas ces échos n’apportent pas la fraîcheur optimiste et naïve  de l’enfance mais peut-être le supplément de cruauté de l’insouciance enfantine.
 Les comptines populaires de nos régions aussi sont souvent ainsi  d’une cruauté brutale…
Ô « Bibi Lolo de Saint Malo
 Qui tue sa femme à coups de couteau
Qui la  console à coup de casserole
Qui la guérit à coup de fusil ! »
Pascal Thomas dans l’adaptation remarquable de L’heure Zéro en a donné un effet ciné , même étrangeté, même douce dérision , même absurdité avec le petit manège orchestre qui passe dans le film et ponctue les séquences du récit…
La légèreté du monde fabriqué par A.Christie  frôle souvent une vision  tragique de la vie.
Dans ses histoires, du moins dans ma lecture de ses histoires, les personnages, Hercule Poirot, « Papa Hercule », et  Miss Marple, sagace Mamie tricoteuse ont souvent pour rôle de déjouer les machinations du destin et de conjurer magiquement le malheur « qui se met en route »…
Mais Peter Ustinov ne joue pas, il me semble,  ce Poirot- là et Pascal Thomas n’a pas choisi ces deux personnages pour ses films . Sa Tuppence et son Tommy, vieux amoureux sont aussi des  parents « indignes », pas vraiment rassurants pas tout à fait sympathiques. Quant à Antoine Duléry, alias Larosière, et son Colucci d’inspecteur Lampion, ils ajoutent l’ambiguité de leurs rapports et de leur rapport à la vie à la personnalité des enquêteurs , et une  dérision douce- amère au tragique des choses.
Si bien que même s’ils déjouent toujours les machinations, ils ne rassurent pas, n’apparaissent pas comme un recours magique.
Cinq petits cochons…
Le refrain des cinq petits cochons mis en scène par le jeu père- fillette, dans un jardin fleuri,  accroît le caractère tragique  de ce qui pourrait n’être qu’une bluette fantaisiste : le lien de la fillette à son père et à sa mère est au cœur du récit,  le père est mort et la fillette est une jeune femme qui vient  découvrir que sa mère est coupable de son meurtre ou du moins accusée…et même si en happy end Commissaire et Inspecteur prouvent l’innocence de l’accusée, l’irrémédiable est accompli et irréversible !
Happy end relatif, dérisoire, en regard de l’amour perdu, au moment même où il eût pu triompher…tragique bien dans la tradition occidentale du Don Juan, amour fatal, subi, destructeur… « Passions » au sens propre, de la  création passionnée jusqu’à   la souffrance de l’œuvre,   et de la  conquête passionnée d’une femme très belle, abandonnée lorsque séduite…
 Cinq petits cochons, cinq petits cochons …



La petite fille reste face à ce vide de la vie !



dimanche 7 octobre 2012

Twilight …l’amour fou !



 Je suis toujours intriguée par ce que nos enfants nos ados lisent hors l’école ou le collège…suite d’une malformation professionnelle  ancienne ? Ou plaisir d’échanger avec jadis les « élèves », ou aujourd’hui nos petites ?
J’avais  déjà jadis haï puis subi la fascination de Harry Potter…obligée de me rendre à l’évidence qu’un si grand nombre d’élèves en dévoraient les tomes épais , passionnants et répétitifs… ! puis que c’était le tour de mes propres petites filles … !
Je lus donc,   sans ennui, quoique peu sensible au fantastique ! Et honte sur moi, j’accueillis avec plaisir et soulagement les versions filmées qui me racontèrent l’histoire sans effort fournir…
Et voilà qu’aujourd’hui, à force de voir ma Charlotte absorbée, je me suis laissée prendre à la fascination de  Twilight ! Version filmée !!!! Bien sûr et encore !

Fascinée certes, mais pas au point de ne pas en reconnaître les ingrédients familiers. Ainsi donc, Les histoires d’amour font toujours rêver les jeunes filles !
En marge de Balzac et Jules Verne, honorés par la culture scolaire, j’ai bien dévoré Delly et Max  du  Veuzit, Pearl Buck et Henry Troyat…et autres Lisez-moi Bleus …et roses !
Et l’histoire d’amour de Twilight contient tous les philtres !


Le coup de foudre … "ce fut comme une apparition ", la  fascination originelle, et sans appel !
Dès les premiers regards, envoûtés à jamais, Bella et Edward s’enferment dans un cercle magique qui les isole du destin commun. C’est …
L’amour fatal , aussi puissant qu’irrépressible, aussi fascinant qu’interdit …
Le premier épisode est tout entier le ballet de cette fatale fascination  et des vaines tentatives pour rompre le cercle magique, l’histoire  de la transgression de l‘interdit …
Transgression finalement réussie,  victoire triomphale sur l’interdit….déni du malheur ...car cette Juliette là et son Roméo, réussissent à s’aimer, et on tombe finalement dans le  happy end d’un roman rose avec mariage et enfant …
Et ce n’est pas le seul déni. Les Cullen sont des vampires qui refusent le statut traditionnel du vampire, du cruel buveur de sang. Ce sont  vampires  nobles et beaux qui depuis la nuit des temps  ont  réussi à réfréner l’instinct destructeur pour mettre au service du bien et de l’amour leurs  pouvoirs surhumains Et c’est le triomphe d’une sorte d’idéal illusoire  d’humanité. Edward, à l’instar des siens,  garde de cette rude lutte quelque chose de  la raideur hiératique des demi-dieux ou des créatures fantastiques qui se sont rangées  du côté du Bien.
Le film par ses couleurs et ses cadrages  sert remarquablement bien leur raide pâleur glacée dans les superbes et récurrents  plans américains des couples,… du couple !

Paysages grandioses, bois et forêts profondes aux couleurs froides, construits sur des perspectives vertigineuses,  lacs opaques , criques secrètes, falaises surplombant l’abîme de la tentation, contre champs de fleurs à foison pour la fusion amoureuse…

Et en contraste comme et même peut-être davantage que dans Harry Potter un contexte réaliste et accrocheur de réalité adolescente de classe moyenne,  lycée ,  copines,  parents affectueux banalement divorcés, bandes rivales, vie quotidienne façon USA.  L’irruption du fantastique  est d’autant plus prenante qu’il éclate dans un quotidien « technicoloré »…Dans ce contexte, les loups garous surgis des métamorphoses  des compagnons de Jacob, les soudaines démonstrations de  force d’Edward, les visions prédictives  de Victoria….les envols de rêve…sont d’un effet de surprise esthétique plus  agréables qu’effrayants…

Musique digne de Muse , créatrice de la même atmosphère...



Oui , FASCINATION est assez fascinant , je l’avoue.
Mais  j’aurais à coup sûr préféré que l’histoire s’arête à la fin de ce premier épisode...
Tradition Don Juaniste où le sommet du plaisir réside dans la conquête ?
Imprégnation des amours impossibles de la littérature ? belles parce qu’impossibles ?
Non ! plutôt peut-être goût des happy end de littérature rose, qui à l’instar des contes de fées suspend le récit en le clôturant définitivement : ils vécurent heureux  et eurent beaucoup d’enfants….!
Ne parlons pas  de l’inquiétude souriante mais douce amère à la  Ungerer ajoutant : « On peut donc supposer qu’ils vécurent heureux ! » et s’interdisant d’en savoir plus loin… !

Oui les autres épisodes ne génèrent pas pour moi la même tension dramatique…leurs complications multiples m’ennuient …

Le premier... le plus nocturne , le plus fascinant.......




Ah !!! Me voilà rassurée: une longue discussion avec Charlotte et aussi  Camille, me confirme quoiqu’avec plus de nuances !!! dans la même opinion !

Et toutes trois nous avons pu  jouer au jeu éternel de réécrire la fin, le quand et le comment, à notre convenance…

 En attendant les épisodes suivants : qui sait???



lundi 1 octobre 2012

Manu Comté joue Soledad…j’aime !




Le nouveau CD du groupe  Soledad « Soledad plays  Soledad » est donc sorti.
Comme il est dit dans le livret c’est le disque dont ils rêvaient pour lequel ils ont créé leur propre musique et leur propre label .
Michel a essayé d’analyser ses impressions premières, que je trouve si pertinentes que je me contenterais de vous les citer… :

Trois termes s'imposent ainsi à moi : flamboyant, puzzle et complexité. Je les trouve justes et pertinents. Ils expriment en effet la flamboyance de la musique de Soledad, cette sorte d'explosion sonore en quoi consiste chaque morceau ; mais aussi ils traduisent ce sentiment que l'on a affaire à une musique très écrite, très composée,"…lire la suite dans :



Pour moi je ne saurais exprimer  justement une impression d’ensemble du disque que j’écoute avec une obstination qui n’a d’égal que le plaisir de découvrir puis de réécouter  d’un morceau l’autre, et le désir de comprendre pourquoi je le trouve si semblable  et si différent du précédent, peut-être plus  « résistant »  à l’écoute, mais  toujours aussi riche d’émotions …
Alors, Face Bookienne un tantinet  « accro » , je vais me contenter de cliquer sur J’AIME :

J’aime la diversité des styles dans l’unité de l’ensemble, comme si chaque morceau me semblait  porter la marque de son auteur qui souvent  l’introduit et l’ouvre pour les autres instruments :
En particulier, j’aime le piano d’Alex Gurning dans Rebound,
J’aime le violon de Jean Frédéric Molard dans Victor
Le bandonéon de Manu Comté dans le superbe Homilia….

J’aime les percus partout, la dimension nouvelle qu’elles introduisent particulièrement dans Frevo (un thème que nous connaissions et adorons !) et dans Moonmist

J’aime le son du bandonéon de Manu Comté, partout, mais  particulièrement dans Eden  et Victor
D’ailleurs J’aime tout dans  Eden , sa mélodie, les interventions des percus et du piano…
Dans Homilia, la mélodie ,   la couleur mélancolique et prenante , la composition où chaque instrument trouve à se manifester tout en étant soutenu par les autres..Et où passe une « pulsacion » de tango…
Dans Victor, beau et triste aussi, comme un Piazzolla d’hiver, une émotion prenante ,  l’entrée des autres après le violon et la légèreté des notes égrenées par tous, avant la montée et l’explosion du presque -final qui retombe ensuite délicieusement….

Enfin J’aime ( je l’aimais déjà avant !!!) toujours et tout particulièrement  Moonmist, son titre poétique   , son superbe thème, et les interventions de tous les instruments dans une combinatoire foisonnante et toutefois équilibrée , voire harmonieusement composée…

J’aime aussi la pochette, la photo, même  si,  ou parce que, le sens m’en échappe un peu..
(Ça déchire !)


Et enfin   par dessus tout, Nous aimerions  bien entendre et voir les Soledad jouer Soledad en concert !!!