jeudi 31 mai 2012

Billet d'excuse, Accordéon, notre ami !






Conversation à 4 heures, au soleil…

Tous les jeudis, enfin ceux où nous sommes là,  je vais au cours d’espagnol. Ainsi je revis ce que je n’ai pas vécu depuis longtemps , ou , autre point de vue, je me retrouve de l’autre côté du bureau, de l’autre côté de l’enseignement, du côté des apprentis et des apprentissages. Je vis les enthousiasmes, les déceptions, les doutes, les lassitudes, le pas comprendre et zut !!! le trop de travail et la nécessité de persévérer…Et le partage avec les copains (en l’occurrence cette année ,les copines), les rires souvent , les agacements parfois,  les échanges toujours. Et comme mes petites filles, à la sortie des cours je m’attarde à causer.
Ce soir ce fut avec O…puis encore avec O… et B…puis survint Y…qui s’assit sur la petite barrière du jardin de la MJC, si bien que nous avons divagué, de nos difficultés sur le pronom personnel en espagnol  ou sur le passé simple et ses emplois à des sujets qui glissaient peu à peu de l’anodin au plus  intime,  nos petits enfants, nos liens avec eux, nos enfants et leur manière de vivre qui n’est pas ce qu’était la nôtre ,  nos manières respectives de vivre notre âge , nos divertissements où s’inscrivaient en filigrane de manière plus ou moins voilée nos peurs et angoisses…
C’est alors que Y… me demanda :
« C’était quoi ce festival où vous êtes allés ? »
Elle parlait de celui de Trentels , j’avais manqué des cours à cette occasion, qu’elle m’avait passés par mail…
«  Un super festival, d’accordéon…. »



Et j’ai ajouté, je l’avoue, je l’avoue….
De l’accordéon… de l’accordéon de Jazz ! et classique ! (j’espère ne pas avoir dit de l’accordéon MAIS de Jazz….)
Il y avait des musiciens remarquables et que nous aimons… »
Et elle, fine mouche, pleine d’intérêts pour les choses et les gens au demeurant, me dit :
«  Tu te rappelles à M…, (c’est chez elle), l’année dernière l’orchestre de Pau avait invité...
-…Galliano !!!! Mais oui ! nous y étions venus !!!
- Moi, non dit-elle et j’ai bien regretté, je sais que c’était très bien ! »



 Je ressassais plus tard en rentrant deux remarques :
En premier, ma réticence- et je n’étais pas fière de moi !!!-à dire que c’était un concert d’accordéon !!!! Le besoin  de  parer, comme pour l’anoblir, le piano du pauvre,  du label du jazz ou de la musique classique !
Et, deuxième remarque,  qu’une fois encore  notre Richard ait été  le Sésame ouvre-toi du monde de la culture à l’accordéon … !




Et une fois encore j’ai fredonné en moi-même,  Le chant du Mal-aimé, j’ai pensé : comme vous devez en baver parfois les copains , vous qui nous faites une si magique musique, de ressentir la ténacité de cet a priori à l’égard d’un instrument si riche en possibles, et qui nous rend si souvent si heureux …


Accordéon , mon ami …mille excuses ! 

mardi 29 mai 2012

Ivresse de Chèvrefeuille




 Hier matin , au début d’une radieuse matinée , j’ai décidé d’y croire, au beau temps. Tant de fois il nous a bercé cette année de ses mirages de soleil que j’étais tentée par le scepticisme et le laisser aller . les terrasses étaient poisseuses et tachées par la trace des  feuilles hachées par la pluie et des prunes massacrées par le vent …
J’ai donc pris mon lave-pont pour effacer les traces du gros temps mais, comme chacun sait, les lave-pont c’est pour les jeunes moussaillons, et je m’y serais vite fatiguée si peu à peu l’odeur du chèvrefeuille ne m’avait pris le nez et la tête …J’aime cette odeur à la fois fine et entêtante , et ce printemps, profitant de mon laissez faire, les tiges  ténues et obstinées du chèvrefeuille ont progressé, envahi la haie, s’emmêlant, triomphantes, aux rosiers , à la vigne vierge,  et même au vigoureux jasmin…
Et dans ce triomphe olfactif et végétal, je me suis sentie toute « requinquée.. ».


Le parfum, c’est un peu comme la musique, ou la mer ? …ou encore…les fleurs ? Ou….les mots…ou….
Et justement je suis tombée, il y a quelques jours, sur un poème bien célèbre pourtant, mais que j’avais oublié, et qui me parle …de chèvrefeuille ? Non !

Enivrez-vous
Il faut être toujours ivre. Tout est là : c’est l’unique question. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi ? de vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous.
Et si quelquefois , sur les marches d’un palais, sur l’herbe verte d’un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l’ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l’étoile, à l’oiseau, à l’horloge , à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est ; et le vent , la vague , l’étoile, l’oiseau, l’horloge, vous répondront : « Il est l’heure de s’enivrer ! Pour ne pas être les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous ; enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie, ou de vertu à votre guise. »
Petits poèmes en prose, Charles Baudelaire





« Ma guise » ajouterait à coup sûr "de musique, de musique !  de chants et      de parfums", au vin et à la poésie …
Quant à la vertu ????





A réécouter : Baratine Akoustic à « Ça va jazzer »…


 atelier café    Baratin39 Acoustik


Toute cette année, « ça va jazzer » nous a offert une riche variété de belles musiques et sonorités, et aussi de points de vue de musiciens aussi intéressants que divers, sur le jazz, le travail et l’apprentissage des instruments , le rôle de leur histoire personnelle et familiale dans leur aventure musicale, le rapport avec le public des « écouteurs », dernier point de vue qui forcément m’intéresse toujours particulièrement !
Ce soir du 12 mai , c’est le plaisir du direct qu’il nous offre , mais pas seulement , car le piano de Natanaël et les deux jeunes et superbes voix du duo de Baratine Akoustic constituaient un vrai  bonheur d’écoute..
Bien des remarques  de Natanaël et Clara étaient intéressantes,
 La manière dont Natanaël compose entre texte et voix : la plupart du temps,  mélodie d’abord où naît un mot à partir duquel se construira le texte, qui me rappelle le processus de certains poètes comme Valéry , hanté par un rythme ,et un mot ou une phrase « donnés » autour desquels se cristallise le texte…
Remarque sur le travail de la voix conçu comme un travail sur un instrument, sur une matière sonore…
Un travail sur la couleur plus que le sens du texte…
D’ailleurs,  un travail ?non ! Chanter, chanter ensemble, s’écouter, s’accorder, s’harmoniser….
En se référant, bien sûr, au jazz, pas une musique de jazz élaborée, mais en tout cas au jazz  vocal, au scat, avec un jeu sur les onomatopées, des imitations d’instrument, de la trompette en particulier….

Mais ce qui m’a le plus séduite , c’est leur grand plaisir à chanter ensemble…leur grand souci d’harmoniser leurs deux voix, qui se trouvent naturellement accordées, de mélanger leurs timbres, de se partager la voix principale, afin que l’une  ne prenne  pas le pas sur l’autre …
Qu’ils considèrent leur chant comme un jeu, un très beau jeu ma foi, où les voix se répondent, se lient ou se désunissent,  pour notre plus grand plaisir …
Leurs textes pour ne pas être anodins  ne se prennent pas au sérieux pour autant, chantent avec fantaisie les variations de la vie quotidienne. Leurs dialogues vocaux auquel le piano apporte parfois une vivacité supplémentaire chantent  de charmantes anecdotes plus proches de séries tv que de tragédies lyriques…
Ainsi Ramdam, Louise, ou les Inséparables, ou Crème Brulée…
Pleins de charme, de fraîcheur ou d’humour,  on s’y laisserait prendre, séduit par la fantaisie du chant, on en oublierait d’écouter le texte si le retour de phrases poétiques et simples, reprises en contrepoint, ne venait en filigrane  rappeler les dissonances  de l’amour, la gravité de la vie, de la place faite au temps, les chaînes des amours …

Un très joli Marivaudage, qui  parfois a un petit air à la Prévert ….


dimanche 27 mai 2012

Billet de Trentels : Daniel MILLE, pour que swingue la mélancolie!




Ecouter Daniel , plaisir rare pour les méridionaux que nous sommes …plaisir précieux.
Plaisir couru à  Cavérac, à Junas, à Toulouse, à Tulle …
A Trentels ce 18 mai 2012, avec Stéphane Chausse à / aux clarinettes, que nour rêvions d’entendre en live,  et Eric Longsworth au violoncelle, que nous  ne connaissions pas, et dont la connaissance est un enrichissement culturel.
Tous trois d’une grande présence, et Daniel d’une  autorité maîtrisée… ce fut vraiment un merveilleux concert…
  Pourquoi nous aimons Daniel Mille ? 
Ses mélodies..?la tonalité de l’émotion suscitée…? le son « soyeux », délicat et précis à la fois de son accordéon ? Et, ce soir, son accord raffiné avec ses deux compagnons ?  Je ne saurais dire...
J’ai déjà essayé dans un texte d’évoquer le plaisir de sa musique … 
" Comme je ne saurais analyser les qualités musicales de ce concert,- d’autres l’ont remarquablement fait, Michel Contat en particulier pour ne pas le citer, je me contenterais de dire ce que j’appelle la POESIE de la musique de Daniel Mille, c'est-à-dire son pouvoir d’ éveiller des correspondances et connotations. »
Des images certes, -les météores sont très présents dans sa thématique-, mais aussi des fragments de poèmes familiers que cette musique éveille dans ma mémoire.
Après tout, il nous le disait  comme nous échangions quelques mots après le concert, « il aime les mots », les titres poétiques pour accompagner sa musique, il ne saurait donc m’en vouloir  que cette musique éveille en moi des mots et aussi des « phrasés » chantants, déchirants, mais tendres…
Quelqu’un a parlé à son sujet de « Spleen ».

Mais pour moi, il ne peut s’agir du spleen baudelairien, chargé de la pesanteur régulière et oppressante de l’alexandrin en quatre temps, lourd  d’ombre poisseuse et de pourrissement,  étreint d’angoisse…
La mélancolie de Daniel Mille est délicieuse, son mode mineur s’apparente au vers impair de Verlaine,
A la tristesse de Fantasio,
ou au jardin d’Apollinaire :
L’anémone et l’ancolie
Ont poussé dans le jardin
Où dort la mélancolie..

Pourtant, s’il est vrai que  parfois je songe  à Baudelaire, c’est avec Les minots, dont la mélodie émeut « ce qui demeure d’enfance en nous », comme les bruits de cours de récréation, que j’aime toujours et encore , qui musiquent à jamais pour moi un écho du vert paradis ….
Mais le vers paradis des amours enfantines
L’étrange paradis plein de plaisirs furtifs
Peut-on le rappeler avec des cris plaintifs
Et l’animer encore d’une voix argentine
L’étrange paradis…
(Maesta et Errabunda)

Ou encore à L’invitation au voyage
 Mon enfant ma sœur
Songe à la douceur
D’aller là-bas vivre ensemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystéri-eux de tes traîtres yeux
Brillant à travers leurs larmes…

Et me disant  ces vers après le concert, je pensais: justement! dans Maesta (triste)  et Errabunda (vagabonde !), l’alexandrin s’anime,
 d’irrégularités dans la mesure
 Loin ! loin ! ici la boue est faite de nos pleurs
Emporte-moi Wagon ! Enlève –moi frégate, …
de sonorités argentines …
de reprises qui sont comme des contrepoints :
Mais le vert paradis…
L’étrange paradis…

Et dans l’invitation au voyage
Le vers impair et irrégulier chante quelque chose d’ouvert, comme un pas suspendu , une mesure  inachevée…
Et je me dis Daniel fait swinguer la mélodie, il fait swinguer la mélancolie…
C’est ce mélange qui est délicieux… comme du Verlaine…
L’attente…Place sainte Catherine…Les Minots…Oblivion…Fin d’été…Embruns…Besame mucho….Daniel… Stéphane… Eric…!

…Keep on swinging !!!!



vendredi 11 mai 2012

Provinciale de Mai…

J’avoue ne pas être la dernière à subir la fascination de Paris…
Fascinée je le suis, par  la ville elle-même, la splendeur architecturale, l’ampleur des rues et l’infini des perspectives, la Seine et ses ponts …
J’aime le bruit du métro et son odeur  de suie chaude et de renfermé, les brasseries où l’on dîne et les bistrots où l’on cause…
Mais ce sont surtout les trésors qu’elle renferme qui me fascinent, Beaubourg, Orsay, l’Orangerie, le   Louvre le  musée de Cluny,  la fondation Cartier –Bresson, le Palais de Chaillot, tous lieux où la beauté des écrins architecturaux n’a d’ égale  que celle des œuvres qu’ils abritent.
Et aussi bien sûr,  ses lieux prestigieux de musique ; la Salle Gaveau , Pleyel, ou ceux que font vibrer le jazz et l’accordéon, le Petit Journal, le New Morning , le Sunset…
 Mais je rêve peut-être encore plus des petits bars qu’on me dit innombrables qui  musiquent le soir et la nuit  …
J’aime  ma province : Les villes que j’habite (Pau, Dax) ne sont pas particulièrement belles…les pierres du passé y sont pauvres, même si parfois le XXe  et le XIXe siècle y ont bâti des villas ou des hôtels que j’aime à voir. Mais leurs entours sont superbes : Pau a un balcon sur les Pyrénées (« La plus belle vue de terre, comme Naples est la plus belle vue de mer »)

 et Dax conduit à mon balcon sur la mer en traversant  de beaux paysages,   simples champs des collines , géométrie épurée des vignobles ,  humbles fougères en sous bois des grands pins ,  petits jardins sableux et pauvres des landes…Mes villes sont  des portes vers la splendeur des lointains pyrénéens et de l’infini de l’océan , trésors esthétiques sans prix …tout près Toulouse regorge des belles traces  de ses  passés multiples  et  Bordeaux de splendeurs architecturales…
Je reconnais qu’on voit dans ma province de belles œuvres picturales pour peu qu’on hante toutes les richesses disponibles « pas trop loin », que des musiciens remarquables et que nous aimons descendent parfois dans notre sud (ou parfois y sont nés)  et y descendraient davantage si l’opportunité leur en était donnée, qu’il s’y produit des événements culturels remarquables. Il y a des festivals, il y a des salles dont je ne louerais jamais assez le mérite … je pense à Marciac, je pense à Perpignan, à Oloron, à Junas…je pense à l’entreprise remarquable des musées d’Art Naïf du Gers ou du musée Lautrec d’Albi… mais j’ai parfois l’impression que ces richesses demeurent non reconnues, entachées de provincialisme en somme… 
Et depuis toujours, mais particulièrement ces cinq dernières années….j’ai l’impression qu’il y a deux…ou trois, France ! Paris et le désert français, ou Paris, les villes, et la province…
A Paris "on Monte"… "Il n’est bon bec que de Paris"… Paris est le passage obligé de toute consécration  artistique, de tout accès à la beauté de l’art et de la musique.
Pourquoi particulièrement ces cinq années ? Peut-être en raison de la personnalité de Nicolas Sarkozy et plus encore de celles de son équipe…J’en excepterais Juppé, dont les attaches bordelaises sont manifestement sensibles, qu’on rencontre à Bordeaux et croise  à Hossegor…et même Mam à Saint Jean-de- Luz…
Alors que Jacques Chirac et François Mitterrand connotaient un petit parfum provincial, bourgeois certes, marqué de collège jésuite,  mais terrien…Nicolas Sarkozy, malgré ses incessants voyages « de terrain », me semble appartenir à une autre planète.
Quant aux émissions télé, y fleurissent des « Salons » parisiens où l’on plaisante, discute, soupe même parfois,  entre « copains » : Le Grand journal et pire le Petit Journal du Grand Journal, fleurent bon l’air de Paris, enfin d’un certain Paris... Les Guignols y  raillent inlassablement le provincialisme de François Bayrou qui, ironie du sort, est pourtant homme de grande culture, et qui  a consacré  tant d’efforts à se départir de son accent du Béarn. Sur la 5, même C’est à Vous donne dans le même style d’un salon  qui n’est vraiment pas à Nous.. et voilà que le jeune magazine culturel Entrée Libre (intéressant parfois au demeurant),  quand il claironne : « Où étiez –vous à … ? » ne peut attendre en fait qu’une réponse : à Paname, et encore beaux quartiers, sauf une fois, merveille !   au festival Banlieues Bleues et ce soir autre merveille au Musée de Colmar !!!. Rares  sont les musées présentés qui s’aventurent hors les murs…Heureusement nous restent le cinéma et la littérature qui ne crèchent pas toujours au Quartier Latin !!!
D’ailleurs le cinéma va permettre bientôt au Tout Paris le grand exode vers la Côte d’ Azur, où Canal+ établira ses pénates, ses troupes, son humour, son Guignol…en prélude à la grande villégiature parisienne qui descendra vers le Sud pour l’été…
N’échappant pas moi-même à la fascination de Paris  je me trouve souvent  profondément irritée de cette impression que nous n’habitons pas la même France, les politiques, et nous, les gens du Showbiz, et nous, les gens de la Culture et nous…

 Alors jugez de mon plaisir dimanche 6 mai de voir François Hollande, élu, et accueillant la nouvelle dans sa bonne ville de Tulle, place de la cathédrale , et qui plus est, fêté à l’accordéon !!!...




...Un instrument des plus mal aimés quoique des plus français,  des plus riches en possibilités multiples,  des plus capables d’intégrations sociales diverses, ou d’adaptations  culturelles tous azimuts….

Un petit plaisir délicieux dans une plus grande joie !







mardi 8 mai 2012

LAXISME ?



Un petit houx a poussé dans notre jardin. Il n’est pas arbuste bien difficile : d’une graine égarée, d’une terre commune,  d’un petit recoin entre iris, pivoines et azalées, il se satisfait, et épanouit ravi ses feuilles piquantes et vernissées…
Comme il est venu là tout seul, à mon habitude, je l’ai laissé faire…d’autant qu’il nous a honorés à Noël de deux ou trois belles branches à baies rouges, pour un décor rétro de de la table du souper…

Laxisme !

Mais voilà qu’au moment où va fleurir la belle azalée  blanche, les griffes de ses feuilles menacent les fleurs délicates , mais voilà que la pivoine qui pousse à ses pieds ses tiges sanguines et cassantes  se trouve prise dans son réseau de piquants…
J’ai donc taillé les branches rugueuses, creusé dans sa masse un puits de jour pour la pivoine, rabattu cruellement ses tiges envahissantes pour laisser fleurir l’azalée…
Mais j’en étais un peu affligée…


Laxisme !!!
«  c’est une plante coriace, si vous la laissez faire , elle vous envahira, étouffera tout le reste ! »
Comme le Chèvrefeuille (oui !!! justement j’en ai, j’adore !) comme le Charme (je n’en manque pas !!!!) la Glycine…. !



Laxisme, sans doute :
Quand nous avons emménagé dans la maison, il y avait des mulots dans la grenier . Un soir où nous discutions Nadja et moi dans sa chambre,  l’une (ou l’’un) d’eux traversa la pièce et s’arrêta brusquemnent saisie de peur, pour nous  regarder dans les yeux…dans les yeux, je vous assure…j’en demeurais attendrie.
Bien sûr, ils ne manquèrent pas de « croître  et multiplier» je dus, mais sans détermination ,sévir  à l’aide de ces poisons honteux qui les rendent malades ….Jusqu’au jour où les voisins arrivèrent avec leurs quatre chats familiers, qui hantent agréablement notre jardin , nos tapis , nos chaises longues !!!!
Ouf ! plus besoin d’intervenir !

Ainsi des araignées qui prennent chez nous leurs quartiers d’hiver et que je sors proprement avec un papier sopalin…sous les moqueries générales  … «  les copines de Mamou » !

Je pourrais prétendre que  c’est un religieux respect du vivant qui m’anime…
Dire avec le Grand Victor Hugo:

J'aime l'araignée et j'aime l'ortie,
Parce qu'on les hait …
….
Parce qu'elles sont maudites, chétives,
Noirs êtres rampants …

Parce qu'elles ont l'ombre des abîmes,
Parce qu'on les fuit….

Parce qu'elles sont toutes deux victimes
De la sombre nuit...

Passants, faites grâce à la plante obscure,
Au pauvre animal….



Mais je crains qu’il ne s’agisse chez moi que d’un certain laxisme , un laisser faire, une indolence, une incapacité à « séparer le bon grain de l’ivraie »
Une sorte d’indulgence  aux gens et aux choses qui vivent …
La pire insulte que me fit une collègue un jour- je défendais un élève !!!
« Madame comprend, madame comprend tout !!!, tu as la compréhension élastique !!! »

Longtemps, longtemps après,  je m’interroge aujourd’hui encore pour décider si je l’ai pris comme une insulte ou pour un vrai compliment …

Dois-je ajouter : « je la comprenais !!!! » ???
Il faut reconnaître que j’ai eu des nouvelles du gamin en question, je crois qu’il n’est devenu ni bon père, ni bon époux…

En plus, je suis injuste : Je fais la chasse aux poux, j’écrase par phobie les petites scolopendres, et je mets du poison aux escargots !!! Et je ne sais pas ce que je ferais face à un frelon asiatique !!!
LOL

dimanche 6 mai 2012

Concerts, le Temps et la Durée…



Nous sommes donc allés écouter Richard Galliano et le Big Band 31 à Limoux samedi soir…le concert était programmé en troisième  temps et nous avons dû attendre longtemps pour ce qui était le but de notre voyage.

Attente
Déjà  à 7 heures et demie, une petite attente dans la file déjà formée, puis trois quarts d’heure jusqu’au premier concert : annonce du concert… puis  Sale Steak Sextet… puis annonce du deuxième concert…Stéphane Guillaume  concert…puis entracte avec un soupçon de bulles de Limoux….puis le Big Band 31 !!!!23h !!! puis deux morceaux...puis  deux chansons de l’Invitée surprise …puis 23h 10 Richard !!!
Presque 4 heures d’attente, d’autant plus longues que dans le projet initial  s’étaient inscrites les petites, dont je craignais qu’elles ne s’impatientent et s’endorment comme c’est maintes fois arrivé dans le passé…



Le temps
Et je me disais que dans les concerts, (comme tous les projets d’ailleurs) intervenait une forte dimension temporelle, qui oriente  une perception du temps et de la durée…
« Temps et durée, comparez les deux notions… » Ô!  le souvenir des sujets de philo d’antan !
Les concerts,  sont d’abord des sortes de rendez-vous : repérage sur internet ou dans le courrier des amis , attente à l’ouverture des locations, repérage des lieux où se rendre, évaluation de la durée du trajet, repérage des dates,  des hôtels, tarifs , disponibilités, situation,  et... réservations….démarches! de réservation des places : coups de fil, courrier internet ….
Réécoute en boucle de ce qu’on va écouter, pour le plaisir de l’anticipation, à moins qu'on choisisse délibérément  les surprises du direct…

Le temps qui dure :
J’exagérerais de dire que ce temps d’attente DURE…même si c’est parfois le cas pour certaines de nos idoles dont la musique joue dans notre vie le rôle de sortes de pôles  d’émotions esthétiques  (allez ! encore un souvenir scolaire , un rôle de « Phare » ?)
Ainsi Richard Galliano, Marcel Azzola, Daniel Mille, Renaud Garcia Fons, Raul Barboza, David Venitucci, Paolo Fresu…
 D’ autres encore jalonnent notre calendrier,   dont le devenir musical nous intéresse parce que, d’entrée nous  avons pressenti une connivence profonde avec ce que nous aimons, ou un  talent qui pourrait s’épanouir et combler notre attente : Bruno Maurice, Philippe de Ezcurra, Jean-Luc Amestoy, Les Pulcinella, Tuur Florizoone, Manu Comté et les Soledad , le New Meeeting Quartet et Xavier Triviaux, Lionel Suarez, Vincent Peirani , Chango Spasiuk… Cette attente dure d’autant plus, que parfois leurs concerts se font rares, du moins près de chez nous…ou que leur chemin musical chemine plus ou moins facilement, plus ou mois régulièrement et parfois semble de perdre…
Mais bien sûr, il y a la vie qui distrait largement de l’attente!!! Il y a les autres projets , les autres affections, les autres musiques qui accrochent l’oreille ou le coeur, les univers culturels de Facebook et le flux de leurs échantillons alléchants…

Et puis il y a tous ces temps d’attente d’avant le concert :  faire la queue …s’efforcer d’être bien placés… s’asseoir… attendre encore … !

A Limoux ce « temps d’avant »  a offert nombre de délices ou d’enseignements :  les Rencontres..Nous aimons errer sur  les lieux où le concert se prépare : il y règne une atmosphère particulière,  mélange de tension et d’animation fiévreuse ou simplement active . Des phrases musicales s’y mêlent aux bruits des matériels que l’on installe , des voix qui s’organisent à mi-voix…
 A Limoux,  ce fut la rencontre avec R. Galliano, d’autant plus mirifique pour nous qu’on put lui présenter les Petites et qu’il nous présenta son petit fils Julien…puis la rencontre inattendue et amicale de Ferdinand Doumerc… son groupe endiablé et un  merveilleux premier morceau !
Puis, comme en contraste,  le jazz plein de légèreté du Stéphane Guillaume Quartet , demi -plaisir , demi-attention,  car notre esprit irrésistiblement demeurait dans l’ attente du concert suivant, celui avec lequel rendez-vous était pris… Je percevais  le poids du regard de Charlotte, qui comme nous sentait la présence   toute proche à l’entrée à notre droite  de Galliano, qui, ponctuel, dès l’heure prévue,  attendait lui aussi…Car d’ailleurs,  lui aussi, et les musiciens, attendent,  et attendent …avant de jouer …Et de quoi est faite pour eux cette attente ?...

Le temps qui file …

C’est le temps des « concerts  magiques ». Petit à petit, à mesure que se bâtit le concert pour nos yeux, nos oreilles et notre sensibilité,  pour nous le temps s’enfuit comme une eau qui coule entre les doigts. La richesse et la  variété même l’accélèrent : on attend la surprise mélodique du thème , et si la mélodie se disloque ou se noie dans les thèmes de chorus, on la cherche avec impatience, on savoure de la retrouver,  et tout à coup on craint que cela finisse…et puis  on sait que cela va finir. ..
Contribuent à ce temps emballé, le pouvoir d’entraînement des musiciens, la force de la mélodie qui crée attente et anticipation, et précipite le déroulement du récit. Y contribue aussi la composition des œuvres et du concert :  la variation dans les rythmes , les modalités , les mélodies,   multipliant  en quelque sorte les évènements sonores, accentue encore l’impression d’accélération du temps …

Le temps qui s'étire 
En revanche il y a des concerts, et plus généralement des musiques ,où le temps nous dure . Est-ce l’absence d’une mélodie qui ait puissance de récit, le manque  d’une sorte de tension dramatique , incitant  à désirer  la suite ?Est-ce le sentiment d’un simple jeu cérébral de virtuosités variables ? S’installe alors une sorte de mono-tonie au sens propre, l’impression d’une répétition à l’identique de « séquences » , qui finit par dénier le temps,  un retour en boucle sempiternel, l’attente dilatée  de quelque chose qui ne vient pas. Bref, on s’ennuie, on se dit : ça pourrait durer  encore et encore…
C’est le Rivage des Syrtes…
C’est bien connu, pour éviter l’angoisse de la fuite du temps ,  sachez créer l’Ennui !!!!…

Je crois que bien rares sont pour nous ces concerts-là. Tant nous n’allons que là où nous pousse notre papillonne passion. Quelques CD parfois, fruits insipides de notre curiosité musicale boulimique, ou quelques  expériences de concerts « Pour le Studium » (traduisez : Pour ne pas mourir idiots !)

Ce ne fut évidemment pas le cas ce samedi … !!!
On dirait presque hélas, vu l’espèce de vide vaguement cafardeux que laisse un « concert magique » qui finit...Un spleen passager que seul atténue l’espoir de se retrouver, qui ouvre nouveau projet et nouvelle attente…

Attentes
Je me rappelle une remarque de mon père, dans les années de se vie où il dut vivre seul…Quand nous nous quittions il venait souriant et triste,   nous accompagner  jusqu’au portail,  et disait : « On a bien passé ! » et après un temps, timidement :
« Quand nous  revoyons-nous ? »
Et comme un jour je lui disais : « Je ne sais pas trop, bientôt,  on verra ! » il me dit …avec un sourire plein de tendresse et de confusion à la fois :
« Dis le moi bien à l’avance, si tu peux, car ainsi j’ai plus de plaisir j’ai aussi tout le plaisir de l’attente … » Ce que j’essayai de faire dès lors…
 J’ai remarqué avec une grande émotion que nos petites posent la même question quand nous nous séparons, je constate aussi que cela aide bien à cette séparation !!!

Limoux c’est fini, mais il y bientôt Bruno avec Jacques Di Donato à Bordeaux, Daniel Mille , Vincent Peirani, Lionel Suarez, à Trentels… et…. Richard,  à Sanguinet le 21 juillet !!!…ouf !!!  Ainsi s’ouvrent des horizons d’attente qui nous distraient efficacement des ornières du chemin quotidien …

Je citerai librement, que Guillaume me le pardonne, Le Pont Mirabeau :
Le temps s’en va comme cette eau courante
Le temps s’en va
Comme la vie est Lente
Et comme l’espérance est violente...





mercredi 2 mai 2012

LIMOUX: une BRASSée de cuivres pour Richard Galliano


D'abord  une longue et agréable soirée cuivrée pour attendre Richard Galliano :
en particulier Ferdinand Doumerc et le Sale Steak Sextet

L’attente c’est l’impatience, et aussi  la curiosité : un Big band ( assez Big) et Galliano? , nous ne connaissons que ten years ago avec le Brussels Jazz Orchestra, en enregistrement, que nous écoutons souvent, et que  apprécions particulièrement pour les couleurs de son jazz , mais jusqu’ici pas Big Band 31 …
Et voilà Richard , entouré de  la brassée éclatante des cuivres , en solos, ou en solos partagés, trompettes, saxos, trombones  …Sa ligne musicale maintient sa force et sa délicatesse, sur ce que Michel a appelé, si justement je trouve, « la déferlante des cuivres »…


Superbe et puissante, la déferlante …
Tenace et mélodiquement dominateur, Richard Galliano assure, impose le son de son Victoria et la magie des mélodies familières…
Familières, certes, mais Michangelo prend pour notre plaisir un rythme surprenant,  et une coloration différente. Coloriage un relief remarquable . Tango pour Claude ouvre la soirée avec un brio  préparant  le contraste avec l’humeur rêveuse et nostalgique de ten years ago,  ou tendre de Giselle…



Michel vous dira tout du reste….et combien nous étions encore une fois subjugués et saisis d’émotion de partager ce bonheur avec nos deux petites….


ten years ago, Brussels jazz Orchestra