mercredi 19 juillet 2017

Enigmatique SUN DEW, Héloïse Lefebvre et Paul Audoynaud


Nous avions rencontré le violon d’Héloïse dans le trio Elbasan, où elle accompagnait Chsistian Toucas et Thierry Vaillot, et nous en aimions sa lumineuse et allègre virtuosité…Et puis …plus tard par hasard, au Mandala, par  une fin d’après midi de printemps ;, nous l’avions retrouvée, en duo avec Paul Audoynaud …
« … j’ai aimé vraiment Héloïse Lefebvre : son jeu virtuose, tzigane, brillant…mais aussi personnel, avec des rondeurs mélodiques, en somme …
Et voilà que nous la retrouvons, grâce à Facebook ! Dénigre qui le veut les « amis » de Facebook !, je persiste à aimer ce Hasard sans doute Objectif, pour les rencontres qu’ il nous offre parfois !!!
Le duo d’Héloïse et de Paul Audoynaud s’est enrichi de sonorités multiples, et d’expériences nouvelles ! Les voilà partis à Berlin pour y créer un album au titre énigmatique SUN DEW !

…Dont j’ai cherché le sens  sur Reverso… : « Drosera » ???



Et le fil des correspondances se met en marche…Une fleur si « belle et si vénéneuse »…Mais qui soigne aussi, en Homéopathie…Une « Fleur du Mal » en somme dont le nom convient particulièrement  bien à certains morceaux :  par exemple Insane Headache, ostinato qui martèle avec une insistance presque douloureuse

Le violon d’Héloïse est toujours aussi présent, conduit la ligne directrice, les cordes graves, le violoncelle  de Liron Yariv  en particulier, et la contrebasse, l’accompagnent et la soutiennent,  sur le fond puissant de la batterie et des guitares.
Et parfois  sa virtuosité sert avec brio une sorte d’audace musicale frôlant la dissonane,  mais revenant toujours à une harmonie quasi classique : Ainsi Méandres le bien nommé où le très beau thème  joue dans  la diversité des sons amis, ou L’Echo du songe où après des notes liquides et les basses,  le violon chante de manière déchirante…..

Souvent la ligne pure du violon ouvre et file le thème puis se trouve prise dans le foisonnement des sons , une sorte de tohu-bohu  infiniment mélodieux ,  qui dessine des plans de graves variés où l’on saisit le violoncelle, la contrebasse, les guitares,  et l’omniprésente batterie …
Je trouve personnellement que le violon, virtuose et très beau, a dans cette œuvre une coloration de tristesse poignante mais   douce, qui, alliée aux sons particuliers des percussions, me suggère subjectivement  des connotations de jeux d’eau éclatant en pluie de gouttes lumineuses …Et je serais tentée de donner au titre la traduction que j’en avais inventée, (avant qu’Héloïse et Paul Aud.me suggèrent dans le trailer le « drosera »  . la traduction de « Rosée de soleil » !

Atmosphère d’ombre et de bruits d’eaux secrètes , et je pense à Verlaine :

Et leur chanson se mêle au clair de lune,

Au calme clair de lune triste et beau,
Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres
Et sangloter d'extase les jets d'eau,
Les grands jets d'eau sveltes parmi les marbres..

…Etrangeté et effet de surréel, que renforcent certains titres : L’ écho du Songe,  Tones from Backwoods ,  Méandres…un Monde surgit, reculé, fascinant, qui attire et résiste…

Musique un peu énigmatique, et donc difficile, mais ô combien envoûtante…
Je pense à certaines poésies hermétiques,  qu’on ne comprend pas d’entrée mais auxquelles on s’attache et qu’on  se redit encore et encore ….comme si le sens qui se révèlerait trop directement épuisait le plaisir esthétique …

.