mardi 18 avril 2017

LOGICAL, MANU COMTE et le New trio SOLEDAD, nous aimons !


Pour leurs  « Vingt ans de Solitude » Manu Comté,  Jean Frédéric Mollard ,  et Alexander Gurning ont modulé un nouveau SOLEDAD…et enregistré un nouveau programme…
…Qu’ils ont appelé LOGICAL !
 Ce nom  semble comme   un défi , en  particulier pour  ceux dont je suis, qui ignoraient ce que fut Logical !,   un défi  de célébrer une musique qui n’est ni « classique », ni tango, mais peut-être rock,  et de l’ époque même où se crée le groupe Soledad, défi  de continuer de créer une Musique qui soit la leur, héritière de nombre de musiques qu’ils aiment, et que nous aimons aussi,  et que leur virtuosité et leur sensibilité musicale recréent ou interprètent à leur « guise » selon leur remarquable originalité .
Comme souvent, j’ai le sentiment que  ma culture musicale est bien en deçà de ce que je pourrais percevoir des qualités de leur musique, c’est pourquoi, comme il est courant dans les échanges des réseaux sociaux , je vais me contenter de dire J’AIME , ou mieux , NOUS AIMONS
Car nous écoutons, nous réécoutons, nous comparons  nos impressions, nous picorons You TUBE et GOOGLE, nous prenons la route pour écouter en live ceux que nous aimons …Quand l’Energie nous en avons …

J’aime  donc :
 - retrouver les trois sonorités , les quatre même , puisque Manu C. alterne ses deux instruments , le piano d’Alexander Gurning et le violon de Jean-Frédéric Molard. Dans un trio,  leurs entrelacs s’épurent ,  me permettant de mieux « entendre » les réponses » subtiles et spécifiques qu’ils donnent au thème, ou  l’écho qu’ils renvoient aux autres instruments …
 -la diversité de l’ensemble de l’oeuvre , flattant tout à la fois la curiosité et la découverte : tubes rock connus mais non situés, l’éponyme du titre, Logical, de Roger Hodgson que je connaissais sans le savoir !, et Grâce , dont j’ignorais tout du touchant auteur, que je découvre sur youtube et suis un long moment dans la sélection de ses morceaux  enregistrés…
Auteurs « classiques »  que je connais un tout petit peu ayant justement eu récemment la curiosité de Ravel et acheté ses œuvres pour piano (Chamayou)


Cet adagio  de Ravel est une découverte, auquel son titre Adagio Assai ajoute pour moi la poésie de l’inconnu car je ne sais ce qu’il signifie, je cherche et me réjouis du mot inconnu …et si juste !
Les merveilleux « Pas sur la neige » de Debussy, totalement inconnus de moi !
Les deux pièces de Prokofiev, centrales, dans  le cd, folie de la virtuosité et du rythme …
Une fois de plus je pense que les musiciens que nous aimons sont, conformément au stéréotype de l’Accordéon Itinérant, des passeurs de musique, qui conviennent bien à ma culture musicale faite de rencontres de hasard « objectif »…
Et bien sûr Piazzolla , écouté et réécouté , pour nous toujours omni présent , ici justement avec des pièces un peu plus rares , à côté de Fugata , adoré déjà,  cette énigmatique  « houle légère », (j’ai cherché sur Reverso !)Marejadilla , si terriblement triste , voire déchirante, dont le thème est repris successivement et merveilleusement par les trois instruments.
Puis retrouvailles,  une Cumparsita, si bien « paraphrasée » par Alexandre Gurning et ses compagnons,  avec l’humour qu’implique son titre si littéraire , « redire… autrement ! »…



Mais cette diversité , excitante pour la curiosité et par les surprises, ne nuit aucunement à l’unité de l’ensemble, si caractéristique d’un style que je ne saurais dire autrement que le le style « Soledad ».
Par ailleurs , il ne s’agit pas d’un déroulement aléatoire mais il me semble que ce déroulement est la résultat d’ne composition subtile et équilibrée :
 -En encadré, avec Manu à l’accordéon,  les deux plages des Rockeurs , caractérisées par leur rythme enlevé, swingué ,une sorte d’allegria un peu frénétique qu’accentue la familiarité des thèmes reconnus..
-La touche d’humour de la Cumparsita … et la lenteur mélodique de Ravel…au bandonéon.. !
-Au centre ,   remarquables, de rythme, et de puissance virtuose : Querelle et Valse-Galop, les deux Prokofiev , avec encore l’accordéon de Manu Comté,  la virtuosité trépidante des trois instruments , et l’extravagance du rythme…
-Puis les deux Piazzolla avec en intermède le Prélude de César Frank remarquable, et remarquablement  accordé à son entour.


-Et le dénouement, avec la signature de Manu Comté , comme symétrique de  la paraphrase de Gurning du début , ce Préambule à Debussy , à ces mystérieux pas  s’effaçant dans la neige , s’imprimant puis se perdant insensiblement, comme le son des dernières notes…

Un Son dont on ne rêve que de l’entendre recommencer, et se paraphraser encore et encore ….

EN LIVE un jour, PEUT-ÊTRE ???





mercredi 5 avril 2017

LES PORTES DE LA NUIT...j'ai aimé!

Parfois au lieu de ces « navets - délices » qui sont comme ma  berceuse du soir , je fais une petite excursion hors séries vers Arte pour regarder un « vrai film » , faire une cure d’intellect comme disent mes petites filles .
C’est ainsi que ces  temps derniers j’ai un peu donné dans le rétro Rébecca (Hitchcock) la Belle et la bête (Cocteau) et l’autre soir LES PORTES DE LA NUIT…

Comme dit Télérama : « A réhabiliter d’urgence !
Quelle merveille que ce Carné-Prévert !
Certes c’est bien, suivant ma pente romanesque, une «  histoire » !
Car j’aime les histoires, de préférence finissant bien, ce qui n’est pas les cas de celle-là !
Mais c’est une histoire tragique, et comme le dit Ionesco, le tragique est parfois mois triste que le comique(ou le romanesque), car nous y sommes prévenus de l’issue fatale, et ne pouvons nous y tromper ni éprouver le sentiment d’être floués  en nous embarquant dans l’aventure sentimentale des personnages !
Le personnage du mendiant familier, le diseur de destin , est là , d’entrée , pour nous en prévenir , comme il nous prévient de l’Amour fatal qui unira le bel et jeune Jean Diego (Yves Montand).et sa blonde et lumineuse aimée, Malou ( Nathalie Nattier, que je ne connais nullement mais qui a un beau nom)





Mais le charme, c’est que dans ce film, il y a aussi une Vraie musique , qui existe, qu’on écoute, dont on perçoit la beauté , et qu’elle est un élément intimement mêlé à la structure du film…(Messieurs Cosma et Prévert )
Il y a une photographie remarquable par ses cadrages et ses merveilleuses nuances de noir et de gris, ses  contrastes ciselés,( Ph Agostin)
Il y a  des décors (Trauner ), qui avec un désordre esthétique , connotent un monde, celui des petites gens ( et des voyous) de l’Ombre , dans les années l’Après-guerre
..Des dialogues poétiques pour des héros poétisés … (Monsieur Prévert)
…Des bons qui cherchent le bonheur sans oser y croire, et des méchants, cyniques et profiteurs (de guerre d’ailleurs),  mais qui toutefois aiment et souffrent !!!

 Oui c’est sans doute « L’apothéose du réalisme poétique (A. Férenczi Télérama ) de l’Après guerre….
C’est l’émotion délicieuse et simple d’assister au déroulement d’une chose belle avec évidence .
C'est le plaisir de déguster une Œuvre, complexe et complète, où tous les éléments sont en système pour créer un sens et une « lecture » .


un lien pour le voir sur youtube:
https://youtu.be/w76yNfPoq-Q



dimanche 2 avril 2017

Escuchando CIERRA TUS OJOS : Une EMBELLIE magique et lumineuse


Après le concert de Daniel  Mille à Foix, le 25 Mars, j’ai relu ce que j’avais écrit en janvier 2016 sur le concert Cierra tus ojos du Rocher de Palmer : « Un chef d’œuvre ! »




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Je ne peux que réitérer mon enthousiasme d’alors !
Samedi soir, comme il y a un an , j’ai ressenti cette impression de quelque chose de parfait :
…Dans l’orchestration subtile conçue par Samuel Strouk, mise en œuvre   brillamment par les trois violoncellistes G.Corniluk, Paul Colomb, Frédéric Deville , virtuosité  accomplie sur tous les registres de leur instrument , juste place de chacun dans le trio,


complicité des regards et des sonorités pour offrir au maestro Daniel un écrin de graves somptueux …

…Dans la contrebasse vibrante, précise,  de Diego Imbert, beau rythme, sculpté par ses doigts virtuoses,  en particulier une remarquable réplique à l’accordéon dans un duo si prenant et intense qu’on en est saisi et qu’on hésite à applaudir d’abord.


…D’ailleurs il y a toujours dans ce concert, et en général,  dans le jeu de Daniel Mille, une façon de « filer » et laisser s’éteindre la dernière note qui fait résonner le Silence qui suit…
…Quant à Daniel Mille, sa présence « magistrale » , vigilante et organisatrice, autant que discrète,  a l’évidence de la perfection technique quand elle sait se faire oublier ...




Et quand il joue, dans « l’écrin »  des violoncelles, ou appuyé sur l’écho multiple de la contrebasse, la mélodie de son accordéon , on est pris d’entrée au charme du son , du phrasé, du tempo « attardé », de cette « nostalgie », grave et profonde, plutôt  que triste , si caractéristique de son style , réellement un nostos (désir  de retour) Une Invitation au voyage :, « Là tout n’est qu’est ordre et beauté… » !
An centre des ses quatre compagnons , il est bien le maestro,  mais aussi exactement à la place qu’il s’est choisie …. celle de  l’accordéon dans l’orchestre, celle qu’il définit remarquablement, comme celle de « la chanteuse, celle qui est devant et qui a  la belle mélodie à jouer … Tenant si bien  le rôle qu’il veut tenir, le rôle lyrique, de la poésie, et de l’émotion…


Parfois il se lève, pour engager avec force le tempo de la « pulsation ». C’est saisissant , non d’allégresse comme chez Galliano, mais de la puissance du cri , la puissance tragique qui est pour moi celle de Piazzolla…


Je relisais donc mon texte et adhérais à l’idée de perfection de cette œuvre.
Mais comme souvent, un concert n’est jamais ni tout à fait le même ni tout à fait un autre, et  que tous ont leur séduction propre et non comparable, celui-ci comportait aussi un climat particulier sans doute en raison de son contexte propre  mais  aussi  du nôtre…
Je titrerais volontiers encore: Cierra tus ojos, un chef d’œuvre..., mais pour cette soirée de samedi 25 à Foix, j’aimerais  dire aussi son climat particulier :
…A cause d’une sorte de familiarité très sensible entre les membres du groupe, sourires comme complices entre les violoncelles, dialogue  Daniel Mille , et avec Diego Imbert, en un duo privilégié ,


Un plaisir de jouer ensemble …

…A cause du contexte de la salle l’Estive, une salle chaleureuse où l’on a l’impression d’un accueil véritable, où l’on peut boire ou grignoter au bar, où l’on rencontre les musiciens familièrement
attablés pour souper …
Une salle avec des éclairages bien dosés, pas très grande, d’où l’impression d’une sorte de communication directe…

...Un après concert convivial où Daniel Mille signe, mais, bien mieux, échange avis et impressions avec son public enthousiaste …et avec nous !!! Un temps de chaleur humaine dans l’euphorie de la superbe musique partagée …

…A cause  aussi,  de notre propre contexte moral, hivernal et tourmenté …

J’aimerais que le titre de mon texte rende compte à côté de cette impression d’œuvre parfaite, de cette impression prégnante d’un temps de bonheur suspendu…peut-être quelque chose comme:
 Escuchando  Cierra tus ojos ! Une embellie magique et lumineuse !



NB :
J’ajouterai  une simple phrase de  notre Charlotte, lors d’un concert de Daniel Mille àToulouse, notre Charlotte  qui dispose d’un si remarquable talent d’analyse littéraire et artistique, et de tant de mots tout aussi remarquables pour le dire :
« J’étais là si bien, si bien, en l’écoutant, et je ne peux exprimer pourquoi… »