samedi 15 octobre 2016

Frederic VIALE les mots de sa musique.


Frédéric Viale  avec son quartet fidèle, Nelson Veras, guitare, Natallino Neto, basse, Zaza Desiderio, batterie   et son Pigini nouveau, vient d’enregistrer un quatrième CD…
J’aime,  nous aimons la musique de Frédéric...( en témoigne le post deMichel)
Le son de son accordéon, clair et chantant, chargé d’énergie parfois dansante  et parfois mélancolique, la qualité émotionnelle de ses mélodies, et la distribution harmonieuse des rôles dans son quartet, la guitare vive et subtile de Nelson Veras , la rythmique chaleureuse aux couleurs d’Amérique latine de Natallino Neto  et de Zaza Desiderio , composent un  style aussi caractéristique que varié, le style Frédéric Viale
J’aime ces contrastes marqués , de la songeuse méditation de Orméa aux valses « déstructurées » Indifférence, ou « restructurées »  en « nuisette !»,    et des balades .. sur les ballades d’Automne ou de Printemps…à   la « folie» ?divagatrice de l’Etre Timbré !
Mais ce que j’aime aussi , c’est le talent de Frédéric à inventer les mots de sa musique.
Car ses titres offrent   à la fois des références culturelles , un tremplin à l’évocation pour leur écoute , et un chemin, complètement ou presque divagateur, en tout cas personnel , pour suivre la voie suggérée…
 Il s’ensuit une grande liberté pour les évocations offertes, en somme une démarche quasi poétique, un rapprochement métaphorique entre les mots du titre et la musique offerte, rapprochement qui n’est jamais réellement identificatoire, mais permet  toujours un « écart »…
Les Racines du Ciel, pour moi c’était un livre , pour Frédéric c’est un –très beau- tableau où domine la notion de couleur…
Et ainsi ces Racines de Ciel évoquent  finalement pour moi l’enracinement dans la culture musicale et l’aspiration à s’en évader pour être soi….

Lou Pastre est plus figuratif dans l’évocation, solennité de la rythmique devant la violence d’une « calamité », attachement familial, nostalgie du passé…
Orméa, qui ne signifie rien pour moi a priori, me semble le plus dansant , le plus chargé d’allégresse et de glissement vers l’évocation de quelque chose de surréel…puis  l’idée que c’est un village (ce que je lis dans le livret ) m’incline tout à coup vers l’idée d’une sorte de lieu de nulle part , utopique et idéal…
Quant à l’être timbré , je m’en excuse, mais je le lis comme un grain de folie qui dévie de la norme des  gammes …
Quant au Roi Louiss, j’aime tant sa musique que je partage volontiers une allégeance à sa royauté en écoutant la joyeuse solennité de ce morceau …
Comme je suis touchée que Frédéric, vénère Goyone , dont j’aime tant , modeste écouteuse , le piano  qui chante la Mer …et je m’embarque dans le  Canto qui lui est dédié…

Voilà  mes écoutes connotées de ce très beau disque …
Je propose  à chacun …de connoter les siennes,  et remercie Frédéric  et ses complices  de nous offrir en même temps que leur très belle musique, ses mots poétiques ,  ce chemin d’accès aux délices de leur musique….






dimanche 2 octobre 2016

TULLE Une soirée avec William SABATIER

  Nous connaissions William Sabatier
Des rencontres marquantes déjà : une année, à Tulle, avec son « maitre » Olivier Manoury , il « accompagnait » un de leurs maîtres à tous Juan José Mosalini.

 Nous avions aussi acheté un de ses Cd Desde Gardel , remarquable , tant par le choix des compositeurs choisis , ceux que William Sabatier semble fréquenter intensément pour ce qu’ils lui enseignent  du Tango,  que par l’interprétation , la sienne , bonheur du bandonéon !, celle du baryton Diego Flores , voix puissante , caressante ,  très nuancée, et parfois la guitare de Ciro Perez


Petit bijou, culturellement, pour qui cherche à approfondir sa connaissance du tango et, émotionnellement, pour qui , comme moi, aime l’émotion transmise par le son du bandonéon , le rythme du tango , son  chant qui pleure l’amour ….
Mais l’omniprésence de la voix,  de la mélodie, des textes, constituait une sorte de filtre à travers lequel devait s’écouter le très beau  son du bandonéon de William Sabatier…

Ce soir à Tulle , dans cette salle quiète du Théâtre des Sept Collines, dans la proximité du premier rang,  qui donne toujours l’impression d’une proche présence , avec l’émotion du direct qui construit pour nous la musique en live, et  l’évidence bouleversante de certaines phrases , je profitai pleinement du bandonéon de W.Sabatier, dont  le Quatuor Terpsycordes semblait constituer l’écrin  précieux et remarquablement  accordé …
Il faut dire que le programme était aussi  très  remarquable.
Tout me semblait réuni pour participer à la perfection de cette soirée.
 -J’aime les Five tangos sensations, même si le fait qu’ils soient les dernières œuvres d’ Astor Piazzola n’implique pas forcément une préfiguration de l’imminence de la mort, ils évoquent particulièrement pour moi , comme en fait presque toujours ses œuvres,  par leur tempo et leur couleur sonore, la « Force du destin ». Il me semble que quel que soit le thème annoncé Asleep, Loving, Anxiety, Despertar , Fear , il y a en eux une reprise obsédante et sombre d’un leit-motiv  Tragique….

-Puis le dialogue de W.Sabatier avec Carlos Gardel, création évocatrice et remarquablement personnelle à la fois …

-Puis la suite « les hommes de Piaf » créée en collaboration avec le Quatuor, variations remarquables sur les thèmes de la musique  de Piaf, dont Sabatier souligne avec admiration l’extraordinaire complexité …Remarquables… parce que, à quel point ces variations sont écrites je l’ignore, mais l’impression d’improvisation concertée est frappante, donne une vie puissante aux thèmes connus et à l’échange entre les cinq musiciens…

Remarquable enfin le jeu de William Sabatier lui-même, la perfection d’un son à la fois mélodique , puissant et nuancé, et  une posture saisissante par son « expressionnisme », pour moi en parfait accord avec l’image que j’ai du lyrisme du Tango…

Il me semble, au centre des quatre musiciens, à la fois conduire  leur jeu et leur laisser une grande liberté d’expression.
Et en comparant ce moment instrumental magnifique et les interprétations chantées du « Desde Gardel » je pense alors à une phrase de Daniel Mille  exprimant ses affres pour construire avec Samuel Strouk les interprétations de son Piazzolla : 
« Je veux  faire la chanteuse. Celle qui est devant et qui a la belle mélodie à jouer »…Et ainsi égaler la charge émotionnelle transmise par le chant des chanteurs argentins


Je crois qu’en cette soirée de Tulle, si transparaissait dans les choix et les interprétations des œuvres  une grande richesse  culturelle,  la charge émotionnelle fut aussi au rendez-vous … !




….Comme aurait dit Michel se souvenant de Barthes … « Studium » certes, mais « Punctum » …merveille 1 !



1=Interêt intellectuel et charge émotionnelle