dimanche 2 octobre 2016

TULLE Une soirée avec William SABATIER

  Nous connaissions William Sabatier
Des rencontres marquantes déjà : une année, à Tulle, avec son « maitre » Olivier Manoury , il « accompagnait » un de leurs maîtres à tous Juan José Mosalini.

 Nous avions aussi acheté un de ses Cd Desde Gardel , remarquable , tant par le choix des compositeurs choisis , ceux que William Sabatier semble fréquenter intensément pour ce qu’ils lui enseignent  du Tango,  que par l’interprétation , la sienne , bonheur du bandonéon !, celle du baryton Diego Flores , voix puissante , caressante ,  très nuancée, et parfois la guitare de Ciro Perez


Petit bijou, culturellement, pour qui cherche à approfondir sa connaissance du tango et, émotionnellement, pour qui , comme moi, aime l’émotion transmise par le son du bandonéon , le rythme du tango , son  chant qui pleure l’amour ….
Mais l’omniprésence de la voix,  de la mélodie, des textes, constituait une sorte de filtre à travers lequel devait s’écouter le très beau  son du bandonéon de William Sabatier…

Ce soir à Tulle , dans cette salle quiète du Théâtre des Sept Collines, dans la proximité du premier rang,  qui donne toujours l’impression d’une proche présence , avec l’émotion du direct qui construit pour nous la musique en live, et  l’évidence bouleversante de certaines phrases , je profitai pleinement du bandonéon de W.Sabatier, dont  le Quatuor Terpsycordes semblait constituer l’écrin  précieux et remarquablement  accordé …
Il faut dire que le programme était aussi  très  remarquable.
Tout me semblait réuni pour participer à la perfection de cette soirée.
 -J’aime les Five tangos sensations, même si le fait qu’ils soient les dernières œuvres d’ Astor Piazzola n’implique pas forcément une préfiguration de l’imminence de la mort, ils évoquent particulièrement pour moi , comme en fait presque toujours ses œuvres,  par leur tempo et leur couleur sonore, la « Force du destin ». Il me semble que quel que soit le thème annoncé Asleep, Loving, Anxiety, Despertar , Fear , il y a en eux une reprise obsédante et sombre d’un leit-motiv  Tragique….

-Puis le dialogue de W.Sabatier avec Carlos Gardel, création évocatrice et remarquablement personnelle à la fois …

-Puis la suite « les hommes de Piaf » créée en collaboration avec le Quatuor, variations remarquables sur les thèmes de la musique  de Piaf, dont Sabatier souligne avec admiration l’extraordinaire complexité …Remarquables… parce que, à quel point ces variations sont écrites je l’ignore, mais l’impression d’improvisation concertée est frappante, donne une vie puissante aux thèmes connus et à l’échange entre les cinq musiciens…

Remarquable enfin le jeu de William Sabatier lui-même, la perfection d’un son à la fois mélodique , puissant et nuancé, et  une posture saisissante par son « expressionnisme », pour moi en parfait accord avec l’image que j’ai du lyrisme du Tango…

Il me semble, au centre des quatre musiciens, à la fois conduire  leur jeu et leur laisser une grande liberté d’expression.
Et en comparant ce moment instrumental magnifique et les interprétations chantées du « Desde Gardel » je pense alors à une phrase de Daniel Mille  exprimant ses affres pour construire avec Samuel Strouk les interprétations de son Piazzolla : 
« Je veux  faire la chanteuse. Celle qui est devant et qui a la belle mélodie à jouer »…Et ainsi égaler la charge émotionnelle transmise par le chant des chanteurs argentins


Je crois qu’en cette soirée de Tulle, si transparaissait dans les choix et les interprétations des œuvres  une grande richesse  culturelle,  la charge émotionnelle fut aussi au rendez-vous … !




….Comme aurait dit Michel se souvenant de Barthes … « Studium » certes, mais « Punctum » …merveille 1 !



1=Interêt intellectuel et charge émotionnelle








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