Nous connaissions William Sabatier
Des rencontres marquantes déjà : une année, à Tulle, avec son « maitre »
Olivier Manoury , il « accompagnait » un de leurs maîtres à tous
Juan José Mosalini.
Nous avions aussi acheté un de
ses Cd Desde Gardel , remarquable ,
tant par le choix des compositeurs choisis , ceux que William Sabatier semble
fréquenter intensément pour ce qu’ils lui enseignent du Tango, que par l’interprétation , la sienne , bonheur
du bandonéon !, celle du baryton Diego Flores , voix puissante ,
caressante , très nuancée, et parfois la
guitare de Ciro Perez…
Petit bijou, culturellement, pour qui cherche à approfondir sa
connaissance du tango et, émotionnellement, pour qui , comme moi, aime l’émotion
transmise par le son du bandonéon , le rythme du tango , son chant qui pleure l’amour ….
Mais l’omniprésence de la voix, de la mélodie, des textes, constituait une
sorte de filtre à travers lequel devait s’écouter le très beau son du bandonéon de William Sabatier…
Ce soir à Tulle , dans cette salle quiète du Théâtre des Sept
Collines, dans la proximité du premier rang, qui donne toujours l’impression d’une proche présence
, avec l’émotion du direct qui construit pour nous la musique en live, et l’évidence bouleversante de certaines phrases ,
je profitai pleinement du bandonéon de W.Sabatier, dont le Quatuor Terpsycordes semblait constituer l’écrin
précieux et remarquablement accordé …
Il faut dire que le programme était aussi très remarquable.
Tout me semblait réuni pour participer à la perfection de cette soirée.
-J’aime les Five tangos sensations, même si le fait
qu’ils soient les dernières œuvres d’ Astor Piazzola n’implique pas forcément une
préfiguration de l’imminence de la mort, ils évoquent particulièrement pour moi
, comme en fait presque toujours ses œuvres, par leur tempo et leur couleur sonore, la « Force
du destin ». Il me semble que quel que soit le thème annoncé Asleep, Loving, Anxiety, Despertar , Fear , il y a en eux une reprise
obsédante et sombre d’un leit-motiv Tragique….
-Puis le dialogue de W.Sabatier avec Carlos Gardel, création
évocatrice et remarquablement personnelle à la fois …
-Puis la suite « les hommes de Piaf » créée en
collaboration avec le Quatuor, variations remarquables sur les thèmes de la
musique de Piaf, dont Sabatier souligne
avec admiration l’extraordinaire complexité …Remarquables… parce que, à quel point
ces variations sont écrites je l’ignore, mais l’impression d’improvisation
concertée est frappante, donne une vie puissante aux thèmes connus et à l’échange
entre les cinq musiciens…
Remarquable enfin le jeu de William Sabatier lui-même, la perfection d’un
son à la fois mélodique , puissant et nuancé, et une posture saisissante par son « expressionnisme »,
pour moi en parfait accord avec l’image que j’ai du lyrisme du Tango…
Il me semble, au centre des quatre musiciens, à la fois conduire leur jeu et leur laisser une grande liberté d’expression.
Et en comparant ce moment instrumental magnifique et les interprétations
chantées du « Desde Gardel » je pense alors à une phrase de Daniel
Mille exprimant ses affres pour construire
avec Samuel Strouk les interprétations de son Piazzolla :
« Je veux faire la chanteuse. Celle qui est devant et
qui a la belle mélodie à jouer »…Et ainsi égaler la charge émotionnelle
transmise par le chant des chanteurs argentins
…
Je crois qu’en cette soirée de Tulle, si transparaissait dans les
choix et les interprétations des œuvres une grande richesse culturelle, la charge émotionnelle fut aussi au
rendez-vous … !
….Comme aurait dit Michel se souvenant de Barthes … « Studium »
certes, mais « Punctum » …merveille 1 !
1=Interêt intellectuel et charge émotionnelle
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