lundi 25 février 2013

Le Camion rouge de Mamou.



Aux approches de la retraite …nous devions changer de voiture, et j’avais très envie d’essayer un monospace…Parce que je n’en avais jamais eu…Pour être assise en position haute façon camion… Pour un nouveau type d’espace…
J’envisageais  vaguement d’y embarquer mon VTT, pour aller rouler sur le Chemin du Roi, des paniers de pique nique,  …et autres fantaisies de divertissement …
Je me rappelle que nous avions couru, Nadja et moi, et la petite Camille près de naître,les marchands d’occasion par un soleil torride de juin 2003,et goûté aux douceurs de la clim sous les yeux attendris des vendeurs que faisait sourire Ma Nad resplendissante derrière son gros ventre !
Nous avons trouvé et  acheté un Xsara Picasso, rouge, superbe !!!

Je me rappelle l’ébahissement de mon collègue et ami Gilles devant cet achat !
«  J’imaginais que tu t’achèterais un petit coupé,  agile et raffiné, pour courir tes chemins de retraite ! »

En fait, je crois bien n’y avoir que rarement chargé mon vélo.
En revanche, le jour suivant, naissait la petite Camille qu’avait précédée la moins petite Charlotte, et il ne fallut pas beaucoup attendre pour y charger couffin pour l’une et siège auto pour l’autre …
Je me souviens de notre premier voyage à Hossegor , où le pédiatre nous avait conseillé de mettre au frais notre nouveau né et sa petite sœur (c’était l’Année de la Canicule !), quatre fille en quête de fraîcheur, trois étapes pout têter…

Bien des voyages ont suivi cette Première .
Souvent Michel et moi devant, et les deux petites à l’arrière . Elles s’agitaient , pleuraient parfois, trouvaient long le trajet…Et alors Mamou  -merveille de la Picasso !- pouvait se glisser entre les sièges avant et gagner l’arrière , s’asseoir entre elles , une main pour l’une , une main pour l’autres , et les distraire pendant que Michel était le Chauffeur de ces dames…
Au landau succédèrent les poussettes, le bateau gonflable y était impec , à l’arrière les tablettes rabattables faisaient snack…Snack à tétées, bistrot à goûter, salon de jeux …


Bref le Picasso était devenu « Le Camion Rouge de Mamou »

Quant nous décidâmes  de faire agrandir Hossegor, nous avions envisagé naïvement de louer un garde-meuble pour y caser les quatre meubles de la maison !
Effarés par les tarifs demandés , nous confiâmes au Camion le soin de transporter une bonne partie de ce mobilier dans notre garage de Pau… !
Heureuse décision … car les travaux dont la durée avaient été naïvement estimes, un an , un an et demi maxi…ont presque duré le double… !

Bref, Le Camoin Rouge de Mamou ,  a fait partie des projets de notre vie familiale pendant dix ans …et c’est avec une vraie mélancolie que je me suis résignée à le changer aujourd’hui pour une voiture plus neuve…
Le regardant tout propre, tout gaillard encore, abandonné chez le concessionnaire, je lui dédiai un remerciement ému de nous avoir si bien accompagnés…

« Adieu ! Cher Camion Rouge  … !»
Et j’imaginais qu’il allait nous dire :
« Adieu Monde Cruel ! »


vendredi 22 février 2013

Joë Dicker -La vérité sur l’affaire Harry Quebert…



Séduction , déception …

Depuis que les nécessités professionnelles ne m’imposent plus de lectures « obligées « , plus encore que par le passé je grignote à ma guise ce qui me tombe sous la main au rayon du libraire, moins encore que par le passé, je ne me sens obligée de lire les « sorties » de la rentrée littéraire.
Parfois un titre, un mot dans Télérama !!!!, une jaquette m’attirent et souvent dans la librairie du Parvis, lumineuse et claire, calme, joli plancher, bons fauteuils , je m’en lis une petite tranche, parfois, j’achète pour mieux lire et relire …

La vérité sur l’affaire Harry Quebert m’a été prêté par un proche .
J’étais alors un peu condamnée à l’enfermement par la grippe, et le déluge qui accablait notre région, mais ce n’est pas cela qui m’a attachée à dévorer les 387 premières pages ….
J’éprouvais  une totale séduction de l’écriture, des thèmes, du récit…
Une écriture sobre , précise qui donne à voir et ressentir la vie, par ces détails dont Diderot disait qu’ils étaient l’essence du vrai réalisme par cela même que le lecteur dit : « On n’aurait pu les inventer… »
Et la vie du héros-narrateur , sa vie à Aurora, dans le New Hampshire, les personnages qu’il rencontre , les paysages  environnants ont une présence saisissante …Son devenir personnel et la manière dont s’est construite, dont plutôt il a construit sa personnalité, remarquablement servis par la narration à la première personne, donnent l’impression d’une déroutante lucidité…
L’enquête dans laquelle s’engage Marcus Goldman est un vrai thriller, une tension dramatique qui exige de savoir le fin mot de l’histoire
Ses rapports à son maître Harry Quebert, complexes, et déroulés dans leurs complexités,  m’ont intéressée personnellement, parce qu’il s’agit d’une relation maître- élève, et sociologiquement, parce qu’il s’agit d’une université américaine.
Et le thème sans doute les plus porteurs, qui sous-tend toute le faisceau des thèmes, celui de la difficulté d’écrire, entre panne d’inspiration et carcan social des contrats d’édition m’a paru  passionnant…

 Et puis aux trois-quarts de la route, la magie a cessé, je ne sais pourquoi. 
Si, je sais :
Trop de rebondissements :  le fil tendu du drame se détend : on n’y croit plus. Ce pourrait presque s’apparenter à la structure d’une série: à chaque fin de partie, on rempile pour un nouvel avatar évènementiel…
Trop de thèmes pour  moi tout à coup : la richesse tourne à la foison….
 Le rapport récurrent avec sa mère, sans doute constructeur de sa personnalité, devient caricatural à mes yeux , de l’ordre de la mère juive de comédie !
 Les médias , l’Amérique « profonde »,qui évoqués  au début s’avéraient saisissants par leur évocation stylisée,  perdent peu à peu leur relief et cessent de vivre dans mon esprit…
C’est peut-être encore « l’affaire » qui m’intéresse et le fin mot de l’histoire….
La personnalité ambiguë de Marcus, et le problème "être écrivain ou pas",  qui me poussent à poursuivre nonobstant la lecture …

MAIS… en utilisant un de mes parcours de lecture favori (si vous connaissez La manière d’être lecteur de Daniel Pennac, vous comprendrez que j’en revendique la légitimité !)


….Je lis « A rebours » !
Je cherche le dénouement, puis je remonte d’étape en étape à la construction de cet état  final.
Pus de fièvre, plus de tension dramatique, plus d’émotion,  juste la curiosité intellectuelle pour cette construction…
Dans le cas de ce roman, où il y a volonté manifeste d’imbriquer époques, lieux , et personnages , cette quête d’ailleurs, ne manque pas d’intérêt …

Mais ce n’est plus qu’un intérêt  intellectuel…d’où sont exclus l’angoisse, la douleur, le bonheur vécus par procuration, que nous offrent nos romans d’élection.
 Des romans qui d’ailleurs ne sont pas forcément des « chefs d’œuvres »  littéraires  mais qui réussissent à nous impliquer fortement.

Et cet intérêt simplement intellectuel  ne comporte  en particulier pas  le désir de relire et recommencer un parcours haletant…



dimanche 17 février 2013

Compartiment tueurs, Sébastien Japrisot, Denoël 1962




Il y a quelques jours, en cherchant dans le rayon polars de Leclerc Parvis, j’ai trouvé Compartiments tueurs, de Sébastien Japrisot .
Je l’avais lu , il y a bien longtemps ! et beaucoup aimé, puis égaré quelque part sur mes étagères . 
J’avais aussi vu le film( Costa Gavras, , Simone Signoret , Yves Montand, Catherine Allégret et… ? J’ai toujours regretté qu’on ne puisse pas en trouver une version DVD, car la tension dramatique et les personnages m’y avaient semblé remarquables . Evidemment Signoret/ Montand s’en donnaient à cœur joie , peut-être aimerions-nous moins aujourd’hui ?
Le livre, en tout cas , je l’ai redévoré avec un égal plaisir , ou peut-être un plaisir différent…
Même plaisir sans doute   celui de l’écriture, ramassée, nerveuse, précise
Les jeux de points de vue, remarquables, qui ne laisse rien deviner du coupable, ni de celui qui finalement détecte le suspect …
Les personnages attachants, le flic que jouera Montand, Grazzi , le petite Bambi, jeune première émouvante , son « Bébé –Cadum » d’amoureux, le grain de sable dans la mécanique des tueurs , humour de l’amour et de la maladresse, finesse finale et inattendue !
En revanche Simone Signoret donnait, je me rappelle, un relief remarquable, une dimension supérieure au personnage de l’actrice, vieillissante et suspecte  avant d’être  assassinée. Le personnage du chef des ventes de Progine, Cabourg est remarquablement campé par les mots de Japrisot , le lecteur est longtemps enserré par son point de vue, qui suscite malaise et émotion devant un homme à névrose d’échec, et à frustrastions sexuelles…
Ce que j’ai aimé aujourd’hui, qui peut-être « daterait »  l’écriture du roman , pour de plus jeunes  lecteurs , c’est tous les détails quotidiens année 60 , qui firent partie de notre vécu d’étudiants et d’amoureux ,  le train « à compartiments » et les tickets de quai , les bistrots de Paris un peu popus, les dactylos, les vêtements,  bas nylon qui filent, petit manteau bleu  bien coupé  pour la jeune Bambi, les ascenseurs à cage ouverte (parfaits pour les exécutions), les Gitanes…
Un peu comme celui de Populaire

Et peut-être aussi l’écriture à points de vue multiples avec de récurrents changements de lieux et de temps, dont nos jeunes années firent leurs délices….

Tel quel, je l’ai bien aimé ce livre différemment, et parfois plus encore qu’autrefois  , en raison de ce petit parfum de réminiscence…ce parfum de passé dans un récit qui nonobstant ses cinq meurtres,  véhicule plus de tendresse que de noirceur.




Un  petit parfum de passé tel que peut-être on trouve dans Mon oncle mais Mon oncle m’a toujours laissé, par la personnalité de Jacques Tati, une vague absurdité, la villa sophistiquée aux robots ménagers « hyper modernes »la mère méticuleuse qui joue à tenir sa merveilleuse maison, le père qui fait des affaires, le désert de leur vie, l’enfant, qui reste un enfant qui s’évade sur les pas mécaniques de son Oncle , vers les terrains vagues , les canaris, les jeux de galopins, mais …seulement le jeudi… !.
Mon Oncle m’a toujours laissé une impression de malaise et de tristesse persistantes  ...


Quand on sort d’en rire…




Richard Galliano chez Christian Howes, US , mais direction le Sud … !



 Southern Exposure

Je ne sais ce qui me fascine le plus dans la musique de Richard Galliano :
Bien sûr, le son magique de son accordéon, chant clair et moelleux,  à la fois d’une agilité et d’une virtuosité magnifique, mais  dépouillée de toute surcharge gratuite d’effets et d’ornements.
Un son qui inspire l’énergie de la vie, l’évidence de la beauté…

Mais il y  a aussi cette capacité fantastique à s’embarquer dans l’aventure musicale, à rencontrer pour partager le langage de la musique des musiciens d’élection, quelque soit leur terre et leur langue natives, puisque  leur  langue commune c’est la musique, et que Richard a le talent de faire remarquablement dialoguer son accordéon avec eux, leur instrument , leur sensibilité.

Il y a enfin les mélodies Galliano : de couleurs diverses, que leur inspire le chant des pays où chante l’accordéon , mais si profondément marquées du style de leur auteur que notre émotion les  reconnaît aussitôt…
J’emprunterai à mon ami Denis Desassis , deux très belles images qui pour moi évoquent poétiquement ce génie mélodique: « Il a la mélodie chevillée au soufflet des son accordéon . Elle hante ses rêves de musique, qu’il veut rendre possibles au plus grand nombre[…] Richard Galliano est un (en)chanteur »
Portaits Croisés Décembre 2010

Eh bien, toutes ces fascinations, je les ai retrouvées en écoutant Southern Exposure avec Christian Howes :

La rencontre – une découverte pour moi !- avec le violon de Christian Howes, clair et plein, aérien et virtuose…Merci RG !
...Les autres instrumentistes, la batterie  de Lewis Nash dans Boa Santa et dans Cubano Chant, le piano de Josh Nelson, la basse de Scott Colley…


Et le duo du violon et l’accordéon dans Oblivion , entrée par Christian Howes avec le rythme de la batterie et la continuité de l’accordéon en soutien, et puis l’accordéon qui s’impose et s’entrelace, accélérations sans brillance, clarté limpide ,aérienne , une superbe version, en  clair obscur , clarté de l’accordéon et du violon et ombre grave des basses et drums.
Le même échange remarquable sur Spleen en « duet », déchirant !

Les mélodies… il y a  celles de Richard , déjà écoutées et réécoutées sous maintes interprétaions , Spleen donc,  et Heavy Tango dont j’aime toutes les versions , la pulsation initiale, le rythme , la couleur Piazzolla, la sensualité déchirante…
Et parce que la mélodie c’est contagieux, E.Gismonti que nous connaissons , et I.Lins, une découverte, et toutes les superbes couleurs d’Amérique Latine, Aparecida ,Sanfona, Cancion de Amor, Cubano Chant, Tango Doblado….et Ta boa Santa, mélodie superbe, rythme, échanges des instruments, et alchimie des  lignes sonores…

 Vers le Sud, toutes !
Ecoutez !




dimanche 10 février 2013

Fayçal Karoui , invité de Télérama n°3290




Je ne suis plus écouteuse de musique symphonique…Mes vagabondages musicaux m’ont peu à peu distraite des engouements de ma jeunesse qui se nourrissaient de  mon romantisme  et de mon goût des contrastes saisissants. …
Et pourtant je suis intriguée, voir un peu fascinée,  par Fayçal Karoui…
Je pressens en lui,en dehors d’une excellence musicale que je suis bien incapable d’apprécier à sa juste grandeur,  une passion exubérante et sans frontières pour  La musique et l’audace à rencontrer pour les faire vivre toutes Les Musiques .
Je dis peut-être cela parce qu’il n’a pas hésité à inviter notre idole Richard et à  le convier non seulement au bandonéon  noblement réputé, mais aussi à l’accordéon, le Mal –Aimé , le popu, le métissé , le divagateur…
Je dis peut-être aussi cela, parce que je me souviens d’avoir longuement travaillé dans l’ombre  avec ma petite Annie Christine- qui n’est plus aujourd’hui-, à un projet d’intégration des enfants de CP/CE à une présentation de la Symphonie Pastorale pour laquelle ils créèrent de simples mais merveilleux haïkus , instantanés des saisons …
Je dis cela parce que j’ai adoré Michel Plasson pour les mêmes raisons extra musicales de philosophie de l’art musical, et suivi avec assiduité ses directions d’opéras au Capitole de Toulouse.
 Je dis cela, enfin, parce que je suis fière qu’il y ait à Pau au moins une belle musique , la sienne , celle de son orchestre.
Et je me réjouis donc que Télérama daigne passer les frontières de son Pré Carré Parisien pour nous en offrir un portrait interview, tout à fait intéressant..
Même si l’occasion de cet portrait ne fut pas sa recréation de l’orchestre  de Pau et Pays de Béarn…mais sa nomination à la Direction de l’Orchestre Lamoureux…
Ne soyons pas mesquin…
Le portrait est plein d’intérêt.
J’en retiendrai…. les choix de répertoire dont il parle avec émotion et une poésie pleine de connotations , de la musique française en particulier… le rôle d’un orchestre d’opéra, celui d’un orchestre partenaire d’un Ballet : SVP « Regarde la musique, écoute la danse »…

J’en retiens , j’en aime, le désir militant d’aller vers le public, tous les publics et celui des écoliers et lycéens en particulier bien sûr….
Je souviens pour le concert Galliano avoir été placé un rang devant des lycéens, et j’ai adoré être en phase avec leurs réactions . Je n’avais jamais douté d’eux mais je  fus trop heureuse de voir que quoiqu’on dise, des années après, je pouvais garder ma foi intacte en la liberté de leur jugement …qu’ils n’étaient nullement prisonniers d’une sorte de musique, qu’elle soit de rap, de hi hop, de rock, ou de jazz…à condition qu’on sache leur en offrir et la leur faire aimer….

Merci Fayçal !
Que Lamoureux ne t’éloigne pas trop de notre Provincia !

samedi 9 février 2013

de la GRIPPE !!!


Réflexion Pata-médicale


J’ai la grippe, je crois qu’on peut réellement l’appeler par son nom., tout le protocole de symptômes étant dûment coché !


Quand la pluie  étalant ses immenses traînées....
D'une vaste prison imite les barreaux...
Et c’est une fois de plus l’occasion pour que je m’interroge sur mon rapport complexe et donc ambigu avec la Maladie.
Quand j’étais enfant et même jeune , je vivais souvent ces moments hivernaux, confinés dans la tiédeur de la chambre, comme des temps de relâche à la fois angoissants et délicieux dans les fatigues de l’école, des levers matinaux , du froid et de la pluie extérieurs …

A l’époque , sans doute protégée par la force tutélaire de mes parents, mon père en particulier, je n’en envisageais aucunement le danger ….Il faut dire qu’en général ce ne furent que maladies infantiles , bronchites , grippes que conjuraient assez facilement du moins pour moi, les « sulfamides «  que mon père écrasait dans de la confiture, les visites du médecin de famille familier et rassurant, les bouillotes et les tisanes, et la tiédeur du lit et du canapé.




A moi les délices des lectures ininterrompues , des jeux de rôles inventés joués en solitaire , du  temps qui s’étire en suivant la course de la lumière….Seule troublait la moiteur molle de ces moments l’ arrière pensée de plus en plus présente de la vie de l’école, interrompue, des devoirs à rattraper, des plaisirs sociaux suspendus , des copains qui menaient leur vie dont j’étais exclue. Pourtant une fois une pneumonie me tint confinée jusqu’au printemps pendant presque tout  mon cp, et ,une autre en été au matin du départ vers la mer!!!Là j’étais réellement indignée . Je n’eus même pas conscience alors de ma pneumonie du cp que près de moi et « isolée » , ma sœur luttait contre une typhoïde qui aurait pu l’emporter
En fait ce fut peut-être là qu’apparurent à mon insu les failles  de ma tolérance et de ma sérénité …que déjà aussi je me construisis mes représentations plus ou moins métaphoriques, comme un Ennemi embusqué, qui surgit par surprise, vous saisit, vous agrippe et ne lâche pas sa proie malgré votre résistance acharnée …





Et puis j’ai grandi et la peur de la maladie a occupé une place de plus en plus insistante et prégnante dans mon état d’esprit. J’ai de plus en plus refusé de céder à l’ennemi , préférant lutter, nier, refuser les symptômes que j’était prompte à deviner et à interpréter, mais y pensant toujours . Je ne pense pas avoir pris plus de quelques semaines de maladie dans toute ma carrière professionnelle , sauf maternité, une opération de yeux et ….une plus grave maladie restée sans séquelles…
J’ai vécu à sa barbe nombre de projets merveilleux, de travail, de famille , de littérature et de musique ….avec une prudence de chat qui surveille ses arrières…

Alors aujourd’hui et c’est là l’objet de ma méditation, est-ce que on baisse la garde parce qu’on est malade, ou bien est-on malade parce qu’on baisse la garde, soit  qu’on oublie de prendre  soin de soi, qu’on accepte de s’abandonner à la tiédeur des draps, qu’on renonce pour un temps à la santé?
Je ne peux m’empêcher de me dire , si tu n’avais pas pris ta température , si tu avais continué ton projet entamé, tu n’en serais pas là ma fille ! regarde ta petite Nad , elle est partie avec tous ces groupes d’élèves à 4 heures du mat , pour 3 jours , et elle n’est pas revenue pire que quand elle est partie…
La maladie, moment de lâchage, déroute, retraite, « moment d’inattention » ….comme la mort selon Paul Valéry « moment d’inattention suprême »….

Si du moins le soleil de la Vie nous revenait, pour éclairer et réchauffer les coins d’ Ombre… !


vendredi 1 février 2013

Peut-on y croire , à la Chandeleur?



Presque chaque année on y croit, à la Chandeleur!
Après la clarté  dans la nuit du sapin de Noël, on traverse le mois de janvier, les yeux fixés sur ces petites minutes de jour qui allongent, saut de puce après saut de puce, les chiches lumières du mois de Janus, on y croit, à  la flamme ténue, résistante aux bourrasques, et  que le vent ne réussit pas à souffler, de la  petite chandelle de la chandeleur…

J’ai retrouvé le texte que j’avais écrit sur ce que j’appellerai:
L’illusion de la Chandeleur selon mon père




Quand j’étais enfant, si une fête comptait dans l’imaginaire païen de mon père, autant que Noël, et plus que l’Epiphanie, c’était la Chandeleur.
Je ne sais pourquoi, cette fête marquait pour lui la fin de l’hiver, l’espoir superstitieux que si on l’atteignait, une fois dépassé, ce jour marquait le terme des dangers liés au froid, au déclin de la lumière, aux maladies associées, catarrhes, pneumonies, bronchites, dont il faut bien le dire, on mourrait fréquemment à l’époque de son enfance.


La fin de l'hiver, l'espoir superstitieux....
Chaque année donc on marquait scrupuleusement le 2 février. Ma mère tournait les crêpes dont la pâte avait reposé une demi-journée dans un grand saladier de verre jaune doré…
Ma grande mère même, en faisant sauter la première crêpe de la main droite, y jetait une piécette de sa main gauche et envoyait le tout sur le buffet de la cuisine pour une année.
Plus tard quand la fatigue des années rendit ma mère plus paresseuse, elle achetait la pâte chez le boulanger dans des bouteilles de verre vert à long col.
Puis plus tard encore vint le temps de la grosse crêpe unique dont la pâte simplement tournée à la main dans un petit saladier était versée sur des tranches de pomme coupées fin et caramélisées à la poêle. La difficulté était de la retourner proprement pour qu’elle dore des deux côtés ; le délice était la mince couche de sucre glace dont on la saupoudrait, et l’odeur de pommes cuites et de pâte associée qui fumait dans la cuisine
Puis vint le temps des amours mortes : ma mère disparue, les enfants partis, mon père achetait encore chez son boulanger des crêpes toutes faites au fort parfum de fleur d’oranger et les mettait à tiédir dans une assiette posée sur une casserolée d’eau bouillante… (au four elles se dessécheraient disait-il), jusqu’au jour de sa mort qui survint par surprise une froide fin de février, à « Chandeleur dépassée » .

..qui survint par surprise une froide fin de février...

Quelle que soit la signification véridique du mot, et le sens religieux de la fête, pour moi la Chandeleur restera indélébilement associée, à l’image prégnante d’une chandelle allumée résistant aux souffles de l’hiver et marquant le triomphe de la lumière qui revient , se mêlant dans mon âme au parfum de la pâte chaude qui brunit au bord de la poêle, des pommes caramélisées, de la fleur d’oranger,et des crêpes partagées dans la chaleur du soir.





Cette année, froid au Nord et déluge dans notre sud, on n’y croyait  guère . Je n’avais pas même pas prévu que s’obstineraient les perce-neiges et s’ouvriraient les roses de Noël .Mais voilà qu’il y a eu quelques jours de douceur, et on s’est preque fait avoir , on y a presque cru à la fin de l’hiver…

Mais voilà qu’à la veille de ce  jour  festif, je me fais  « agripper » par surprise  par quelque chose qui ressemble à la Grippe ….Ce soir, je suis mal mal mal dans ma peau mais il faut, il faut absolument, que demain je fasse sauter la crêpe rituelle, censée  éloigner les maléfices de l’hiver et les vilenies de Janvier