Réflexion Pata-médicale
J’ai la grippe, je crois qu’on
peut réellement l’appeler par son nom., tout le protocole de symptômes étant dûment coché !
Et c’est une fois de plus
l’occasion pour que je m’interroge sur mon rapport complexe et donc ambigu avec
la Maladie.
Quand j’étais enfant et même
jeune , je vivais souvent ces moments hivernaux, confinés dans la tiédeur de la chambre, comme des temps de relâche à la
fois angoissants et délicieux dans les fatigues de l’école, des levers matinaux
, du froid et de la pluie extérieurs …
A l’époque , sans doute protégée par la
force tutélaire de mes parents, mon père en particulier, je n’en envisageais
aucunement le danger ….Il faut dire qu’en général ce ne furent que maladies
infantiles , bronchites , grippes que conjuraient assez facilement du moins
pour moi, les « sulfamides « que mon père écrasait dans de la
confiture, les visites du médecin de famille familier et rassurant, les
bouillotes et les tisanes, et la tiédeur du lit et du canapé.
A moi les délices des lectures ininterrompues
, des jeux de rôles inventés joués en solitaire , du temps qui s’étire en suivant la course de la
lumière….Seule troublait la moiteur molle de ces moments l’ arrière pensée de
plus en plus présente de la vie de l’école, interrompue, des devoirs à rattraper,
des plaisirs sociaux suspendus , des copains qui menaient leur vie dont j’étais
exclue. Pourtant une fois une pneumonie me tint confinée jusqu’au printemps pendant
presque tout mon cp, et ,une autre en
été au matin du départ vers la mer!!!Là j’étais réellement indignée . Je
n’eus même pas conscience alors de ma pneumonie du cp que près de moi et
« isolée » , ma sœur luttait contre une typhoïde qui aurait pu
l’emporter
En fait ce fut peut-être là
qu’apparurent à mon insu les failles de
ma tolérance et de ma sérénité …que déjà aussi je me construisis mes représentations plus
ou moins métaphoriques, comme un Ennemi embusqué, qui surgit par surprise, vous saisit,
vous agrippe et ne lâche pas sa proie malgré votre résistance acharnée …
Et puis j’ai grandi et la peur de
la maladie a occupé une place de plus en plus insistante et prégnante dans mon
état d’esprit. J’ai de plus en plus refusé de céder à l’ennemi , préférant
lutter, nier, refuser les symptômes que j’était prompte à deviner et à
interpréter, mais y pensant toujours . Je ne pense pas avoir pris plus de
quelques semaines de maladie dans toute ma carrière professionnelle , sauf
maternité, une opération de yeux et ….une plus grave maladie restée sans
séquelles…
J’ai vécu à sa barbe nombre de
projets merveilleux, de travail, de famille , de littérature et de musique
….avec une prudence de chat qui surveille ses arrières…
Alors aujourd’hui et c’est là
l’objet de ma méditation, est-ce que on baisse la garde parce qu’on est malade,
ou bien est-on malade parce qu’on baisse la garde, soit qu’on oublie de prendre soin de soi, qu’on accepte de
s’abandonner à la tiédeur des draps, qu’on renonce pour un temps à la santé?
Je ne peux m’empêcher de me dire
, si tu n’avais pas pris ta température , si tu avais continué ton projet entamé,
tu n’en serais pas là ma fille ! regarde ta petite Nad , elle est partie
avec tous ces groupes d’élèves à 4 heures du mat , pour 3 jours , et elle n’est
pas revenue pire que quand elle est partie…
La maladie, moment de lâchage, déroute,
retraite, « moment d’inattention » ….comme la mort selon Paul Valéry « moment
d’inattention suprême »….
Si du moins le soleil de la Vie nous
revenait, pour éclairer et réchauffer les coins d’ Ombre… !
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