samedi 29 juin 2013

Héloïse Lefebvre, une délicieuse rencontre …



 18 heures 30,  à l’heure de l’apéritif, au Mandala …
Une jolie terrasse au sud, close entre murs et jardin public…
Il fait ensoleillé enfin ! depuis  tant de jours !Le soleil se joue dans les feuillages...
Quand nous arrivons, dans cet espace ombragé de treille, où se boit l’apéro en mangeant de la saucisse sèche  sur de petits tables rondes, c’est déjà commencé…


Un duo guitare-violon, du jazz que Paul Audoynaud nous dira « Cross over », délié et pétillant , bien accordé à l’air vif et joyeux de cette soirée …
Et une violoniste dont le beau visage et le son allègre me semble familier… « elle ressemble à …Héloïse … Héloïse ….Héloïse Lefebvre !!!!! Qui jouait avec Christian Toucas et qui m’avait enthousiasmée !

Je  me souviens l’avoir écrit :
« … j’ai aimé vraiment Héloïse Lefebvre : son jeu virtuose, tzigane, brillant…mais aussi personnel, avec des rondeurs mélodiques, en somme des « méandres », délicieux…. Belle au violon de surcroît, lumineuse et fine…. »

Et… C’EST Héloïse … !
Plaisir délicieux que de la retrouver,  de pouvoir la réécouter au violon, musique différente, mais son bien reconnaissable et  beau…

Avec des compositions d’elle qu’on reconnaît « Méandres »justement et « Zagreb »….mais aussi d’autres de Paul Audoynaud, bien intéressantes…

Quelques mots échangés ensuite avant le concert du soir ! Et ce fut  un apéritif- concert aussi inattendu qu’agréable….




Merci Printemps… Please… Summer !







lundi 24 juin 2013

¡ Pedro Almodovar raconte …sa mère !



Rosa est notre prof d’espagnol
Outre sa fine compétence, souriante et indulgente, à nous enseigner cette langue, elle nous fait part de  ce qu’elle aime de la culture de Son pays et de l’Amérique Latine . Et discute  ainsi avec l’une de son voyage en Andalousie, avec l’autre du Pays basque, avec toutes des textes documentaires du manuel…

De mon côté, l’accordéon, le bandonéon, Richard Galliano, m’ont sensibilisée au Chamamé, à Chango Spaziuk, à Raul Barboza , et aussi  à Astor Piazzolla , à la musique argentine et au tango.
Il y a quelques soirs, j’ai revu Volver, que j’adore ! Et bien sûr écouté encore et encore la belle chanson de Carlos Cardel et Alfredo le Pera  interprétée par Estrella Morente



Je suis fascinée par la vision du monde de Pedro Almodovar , l’intime mélange de réalisme et de fiction,  ses situations invraisemblables   qui s’imposent avec évidence  comme véridiques , les relations entre les personnages  saisissantes,  émouvantes, mélodramatiques , tendres et cruelles .
Et par-dessus tout je suis toujours touchée profondément par les femmes de Pedro : leur énergie, leur créativité à surmonter les situations critiques, la relation des mères et de leurs filles, leur solidarité de femmes pour aborder   un monde quasi tragique dans les couleurs flamboyantes du technicolor, où frappent la  mort et la maladie, où sévissent l’inceste et les crimes de sang, à « l’Antique »…  !
Avec un  humour allègre et désespéré , une  force vitale  , une vitalité et un optimisme volontaristes, Penelope Cruz en tête, elles inventent des solutions macabres, poétiques et efficaces aux pires avatars…

 Nous avons donc réécouté Volver avec Rosa et lu le texte d’Alfredo Le Pera .
Comme nous parlions de ce regard positif qu’il porte sur les femmes,  elle nous a apporté un beau texte d’Almodovar écrit pour El Pais le 14 septembre1999, après la mort de sa mère
El último sueño
Ce dernier songe, c’est, par ce vendredi ensoleillé dont la lumière entrait par la fenêtre, c’est celui de l’orage que sa mère rêve et sur lequel elle les interroge et sur lequel s’interroge aussi Pedro…
« A quel orage ma mère faisait-elle allusion dans son  rêve ultime ? »
Il me semble que cette interrogation, après le récit des derniers moments de sa mère, s’informant de leur travail, de leur déplacements , de savoir qui allait garder les garçons si Agustin  accompagnait son frère comme à l’accoutumée, et si les courses étaient faites pour cette fin de semaine où les enfants  se trouveraient chez  leur père, cette intrusion de « l’imaginé » dans ces moments de grande lucidité pratique, est à l’image qu’il nous présente de sa mère,  qui lui apprit une chose précieuse pour sa vie et son métier, « la différence entre la fiction et la réalité  et que le réalité doit être complétée par la fiction pour  être complète , plus agréable, plus vivable… »
Ainsi « écrivain public » pour ses voisines, lisait-elle les lettres reçues par celles-ci en en complétant les manques par des détails bien choisis, en adéquation avec leurs vies, que les auteurs avaient sans doute oubliés mais que sûrement ils auraient signés volontiers, et qui laissaient leurs destinatrices si heureuses…
Outre cet enseignement fondamental et précieux qu’il reçut d’elle , nul  doute qu’il ait trouvé  en elle l’image des femmes pleines d’énergie et de créativité de ses films , de celles qui ont le pouvoir de « faire  jaillir du lait d’une jarre à huile », l’image des mères  qui « sans rien faire de spécial   sont le recours, le principe de réalité des choses »…
Cette mère se dessine  en filigrane  dans tous ces personnages splendides et bouleversants de femmes qu’il a inventés, ces superbes actrices, Pénélope Cruz , Carmen Maura , Victoria Abril …
Pour moi désormais je sens la présence de cette  femme,  qui se fâchait qu’il n’ait pas inclus son patronyme dans son nom public, « C’est quoi, cet Almodovar tout court ? !!!! »  Je l’imagine sur la toile de fond d’un pauvre village entre l’Estramadura et la Mancha…« un village qui avait surgi sur un terrain d’ardoises escarpées  et tranchantes » où les talons aiguilles des filles n’auraient pas pu marcher… 

Et de cette réalité la fiction a bâti ses enchantements… 
Les enchantements de Pedro Almodovar Caballero !!!







lundi 17 juin 2013

Colchiques... d'Apollinaire à Eddy Louis!

Une composition D’Eddy Louis publiée  sur Facebook par Marion Galliano, et qui s’intitule Colchiques, m’a enchantée par son caractère aérien et sa mélancolie légère…
Et j’ai repensé à ce poème   que j’aime particulièrement :

Les colchiques

 Le pré est vénéneux mais joli en automne
Les vaches y paissant
Lentement s’empoisonnent
Le colchique couleur de cerne  et de lilas
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-là
Violâtres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s’empoisonne

Les enfants de l’école viennent avec fracas
Vêtus de hoquetons et jouant de l’harmonica
Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères
Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières
Qui battent comme les fleurs battent au vent dément

Le gardien du troupeau chante tout doucement
Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent
Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l’automne


J’ai donc relu pour les écouter les Colchiques Apollinaire...
Que j’ai toujours trouvé musical  à dire … et les correspondances du poème avec des impressions musicales m’ont encore plus frappée que d’habitude !
D’abord il y a suggestion explicite de l’harmonica, du chant du berger, du fracas des enfants …
Et puis il y a les harmonies sonores des phonèmes qui donne une couleur sonore spécifique à chaque strophe, sons assourdis ou continus des e, des i …  ou étirés des â des on, climat de douceur mélancolique !
Puis le Bruit à la strophe deux, la batterie des consonnes occlusives  kkkkk…tttttdt, avec des syllabes courtes, frappées…
Et puis le retour mélodique de la mélancolie piano du chant du berger, syllabes longues et prolongées par les nasales.

Et puis il y a le rythme !
Merveille que ce rythme, celui de l’alexandrin, quatre x trois temps, comme pour quatre pas de valse .Certains vers sont réguliers :
Le pré est vénéneux mais joli en automne
Les vaches y paissant
Lentement s’empoisonnent  


.. D’autres s’accélèrent comme pas glissés,
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-là…
Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères …
Ou frappés :
Vêtus de hoquetons et jouant de l’harmonica…
Ou semblent compter un temps de plus, distorsion légère pour  un temps en suspens (presque un vers impair !)
Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent….
Pour toujours….

Bien sûr, que serait une musique qui ne transmettrait pas d’émotions ?

 Et les émotions de Colchiques pour moi  sont profondément touchantes, mélancolie de l’amour douloureux comme un poison lent, que le fracas de la vie joyeuse de l’enfance ne suffit pas à conjurer, que la  douce musique d’un chant apaise sans doute mais  en parlant de départ et d’abandon…


Dans le jardin d'mon père...

Mon père était d’une famille terrienne. comme son père, et son frère aîné, et peut-être beaucoup de gens de sa génération, il préféra quitter le monde rural et fit des  études d’histoire…
A la mort de sa mère , survenue alors qu’il  était tout enfant, son père et sé grand mère quittèrent la campagne de Ruffec pour s’établir à Angoulême, la Ville !
Puis pour fréquenter la faculté des lettres de Bordeaux , il quitta Angoulême pour sa seconde ville d’élection Bordeaux !
Je crois qu’il aimait profondément  la Ville et d’ailleurs toutes les villes, leur architecture que ses flâneries ne cessaient d’explorer, les avenues, les quais des fleuves, les bistrots, les jardins publics, les bibliothèques et… les Archives… !
Mais des vacances de son enfance, il gardait un intérêt pour la campagne, l’économie agricole, le paysage des champs, les arbres…
De son enfance à Angoulême, il gardait l’image idéalisée du jardin de leur maison, « une belle maison de pierre !!! », avec un bassin, des poissons rouges, un petit pont….Bien sûr il fut heureux de nous la faire entrevoir, et un peu triste, elle n’était plus à lui ! Nous admirâmes, secrètement un peu déçus, le bassin, les poissons, le petit pont, …bien inférieurs  à ce que ses récits nous avaient fait imaginer….
Plus tard, je l’ai toujours vu cultiver les jardins plus ou moins spacieux, qu’il nous fut donné d’habiter. C’était son divertissement quasi quotidien après son travail de préparation de ses cours…
Il « faisait » des légumes.
Bien sûr, sans doute à une époque que j’ai eu la chance de ne pas connaître, pendant la guerre, pour compléter un peu, très peu, la nourriture « des cartes de ravitaillement ». Puis aussi par goût, le goût des salades fraîches …(foin de la vulgaire  laitue, «  La reine des glaces » était sa passion), la chicorée « améliorée » (qui pour notre palais ne l’était guère, même coupée en fines lamelles et dûment relevée).
Par curiosité aussi,  les tomates, « pommes d’amour » ignorées de sa jeunesse (et qu’il  découvrit en même temps que l’amour grâce à  sa belle-mère basque), les piments dits doux, qui ne l’étaient pas forcément, (il fallait les tester du bout de la langue), les asperges  (qui venaient bien dans notre jardin landais  sablonneux), les herbes aromatiques (le basilic était sa préférée pour la salade de tomates et piments)…
Mais ce qu’il cultivait avec amour c’était les fleurs !
Je pense qu’il était à la recherche des fleurs de son jardin enfantin : il aimait l’iris violet, le jasmin, le chèvrefeuille qui prospérèrent dans note jardin, il aimait le jardin touffu, qu’il taillait avec parcimonie mais avec un soin minutieux…il aimait les fleurs simples, les pétunias, les pensées  et les soucis orangés et avait une passion pour les dahlias de toutes teintes et de toutes couleurs dont il peuplait tous nos massifs.
 Mais il ne cessait de chercher à « faire venir » la pivoine à grosse fleur éclatante et parfumée, la glycine violette  au tronc ligneux et tourmenté, le rhododendron des landes girondines et se désespérait de ne pas y parvenir : trop d’ombre, trop de sable caché dans cette terre fluide et noire !   
J’ai, je crois, hérité de lui le goût des jardins touffus, trop touffus !!! Et partagés avec Michel, le respect abusif de tout ce qui pousse  ….la tentation de planter inconsidérément tout ce qu’on aime …pour voir !
Mais ce dont je suis heureuse, c’est d’avoir réussi à faire venir dans notre jardin, comme lui :
Le chèvrefeuille et le jasmin odorants, l’iris à corne violette, le camélia à fleur simple..





 Et, comme il eût tant aimé à le faire :
…la pivoine à grosse fleur éclatante,










… la glycine au tronc noueux,


…le rhododendron des landes girondines



jeudi 13 juin 2013

ECRIRE....!

Ecrire…

Claudine
 J’ai commencé par aimer les histoires, tant d’histoires… de bibliothèque rose ou de lisez-moi bleu, de bibliothèque rouge et or ou de bibliothèque verte, de littérature enfantine ou de littérature à l’eau de rose,  de littérature tout court !
…ou peut-être ai-je aimé d’abord les « récitations » de ces beaux recueils de poèmes qu’on confia imprudemment  à mes mains  peu soigneuses… ?

…j’ai même aimé les textes qu’on nous dictait à l’école, de cette voix solennelle des instituteurs d’alors qui faisait chanter les phrases et sentir la ponctuation : ô Madame Thérèse découverte un après midi de dictée pluvieux, et que je n’oublierai jamais…

C’est donc par la lecture que j’ai commencé à aimer la langue écrite, qui m’offrait tout un monde dont la réalité rêvée ne me détournait d’ailleurs guère de la réalité tout court que  j’appréciais avec la gourmandise de l’enfance…
Bien sûr à l’arrière plan s’agitait en moi le désir de faire (Poïen) moi aussi des récits, des poèmes , des chansons …
Je commençais des petits carnets de poèmes, d’histoires, ou de titres de romans qui allaient être écrits un jour…et ne  furent jamais achevés  …
Puis ce goût de lire croisa une autre passion, celle d’élever des poupons, puis  celle de « faire l’école »… !
Claudine à l’école
Je suis donc passée de la lecture privée à la lecture professionnelle, je suis devenue professeur de lecture en quelque sorte , dont la tâche  était de faire lire, et parfois aimer, les œuvres du patrimoine aux ados et aux jeunes adultes.
Bien sûr, aussi, de leur faire écrire des textes :  Mon métier était aussi d’étudier avec eux  les fonctionnements des textes et d’essayer de leur en faire écrire.
Bien sûr j’écrivais aussi, avec eux , dans les ateliers « d’expression «écrite » .( Plus tard, on se mit à dire de « production écrite » , mais j’ai toujours préféré le terme « d’expression écrite » ou le terme archaïque de « rédaction ».
J’écrivais aussi tous les textes professionnels, de compositions françaises, et de dissertations, de commentaires  qu’on leur faisait écrire…

Plus tard je deviens professeur de professeurs d’école et de collège et je dus écrire encore plus de textes professionnels et techniques
L’ordinateur était entré dans ma vie,  et devenu mon outil de prédilection pour la communication professionnelle, et pour la production des textes de cours ou de réflexion théorique à échanger….

Puis ce fut la retraite et  j’ai pu découvrir le plaisir de  l’écriture « privée » !
Ecrire… pour le plaisir de composer avec des mots un objet écrit qui ne soit pas destiné à une réflexion didactique et professionnelle, un objet gratuit, dont je décide de l’esthétique et de la teneur…
La première expérience que j’en fis fut paradoxalement aussi négative qu’instructive
Incapable de mettre en « livre » mon parcours personnel d’enseignement de la lecture, trop individuel, trop soumis aux réajustement perpétuels, j’ai tenté d’écrire  ma conception de  la grammaire,  ce qu’elle représentait pour moi et comment je rêvais de l’enseigner…
Mais c’est l’éditeur qui me fit défaut … « trop ceci …trop cela … un peu trop … un peu pas assez »…
Excédée que ma liberté didactique ne rentre pas dans les formats, j’ai tourné la page , NON!! …
J’ai confié ces pages au vent du Web, à destination des surfeurs  de la Grammaire !!!…
Heureuse et amusée des quelques échos qui m’en revinrent, étonnée des chiffres de mon compteur de consultation…
Et incapable désormais de me passer de ce plaisir de l’écriture !…
Je me suis mise donc à écrire… un blog… !
 J’ai bien eu quelques difficultés à trouver le type de texte à écrire …
J’ai bien gardé des frustrations vagues de roman « in-entrepris » de souvenirs d’enfance  qu’on aurait pu voir imprimés dans un  beau recueil, des pages de papier que le vent feuillète…
Mais j’ai découvert le plaisir de la gratuité absolue…de l’écriture «  à ma guise » !

 Les rêveries du Promeneur solitaire
Plaisirs d’écriture…
Le plaisir d’avoir le temps d’écrire .
Revenir sur les mots, sur le phrasé , sur la composition, reprendre ces mots les raccommoder avec d’autres , gommer,  changer, y penser longtemps en faisant autre chose, avoir phrases en tête, jusqu’à l’obsession, s’installer au bureau ou à l’ordi et s’angoisser du vide , du mutisme,  de la parole  intérieure paralysée, puis  voir  surgir  soudainement  des phrases éparses ou imbriquées et éprouver l’urgence d’ écrire le texte et de le publier  pour qu’il soit LA, présent , existant...

Le plaisir de dire  des mots sur des impressions vitales, sur des émotions intenses, des indignations, des fous-rires ou des sourires,  des réflexions banales,   des sentiments quotidiens,  des expériences anodines,  et des rencontres singulières et décisives…
En particulier, la découverte de pouvoir établir avec mes mots, parfois avec des images ,  des « correspondances » avec le plaisir musical.

Aimez-vous Galliano ?
Mon aventure a en effet croisé l’aventure musicale de Michel, explorateur obstiné des possibles de cet instrument aussi magnifique que  méconnu : l’accordéon ! et nos divagations ont alors croisé  la route d’un divagateur inspiré, Richard Galliano, que j’ai en quelque sorte choisi comme parrain de mon blog, pensant qu’il ne se formaliserait pas de la multiplicité des types de textes engendrés par ma liberté nouvelle…

Je ne suis pas poète, ni Baudelaire, ni Verlaine, je ne puis qu’évoquer les connotations et les émotions que provoque en moi la musique …en empruntant d’ailleurs  parfois à Baudelaire et à Verlaine …
Je ne suis pas musicienne. mais écouteuse insatiable,  le plaisir d’en écrire prolonge pour moi le plaisir d’ écouter…

Et quand de surcroît quelquefois, des amis musiciens me font la grâce d’aimer me lire, comme en retour de l’intense plaisir de les écouter, ce bonheur est sans prix !

La minute de Madame Cyclopède
 Et pour autant, libérée  des genres et des codes formels, adepte du Rousseau des Rêveries, je ne me suis pas affranchie du goût de réfléchir au processus d’écriture et à l’alchimie textuelle, qui constitua jadis l’axe de mon activité professionnelle…
J’ai toujours la tentation récurrente de tirer de mon expérience d’écriture quelques idées d’enseignante ! Mais pour qui , pour quels élèves attardés sur mon chemin buissonnier ?
Qu’importe, je ne résiste pas à la tentation d’en  citer quelques-unes !
-La dynamique du plaisir du choix des mots, des musiques de phrases,
-Et l’importance du temps qui n’a de mesure que l’exigence du  désir d’achever un texte..
-Le bonheur de tâtonner, de raturer,de changer .
- Et l’émerveillement de l’ordinateur ,cet hyper brouillon virtuel qui se construit par touches et retouches ..
(ô l’horreur des brouillons non brouillons qu’on devait laisser  « propres », exempts de ratures !)
…la magie du clavier qui ne craint pas la rature, l’insertion de lettres, et de mots, et de phrases…
…la magie du couper/coller qui décompose et recompose un texte, encore et encore jusqu’à l’obtention d’une Composition…satisfaisante !
…la magie de l’ordinateur qui n’empêche nullement d’écrire aussi sur des blocs, des feuilles, des carnets les pensées, « données » mais labiles, les inspirations soudaines  et fragiles, de celles que l’insomnie nous inspire et le sommeil nous reprend…
-La patience d’attendre, le respect des moments « blancs » d’idées et de phrases…
- Et, pardonnez moi de vous faire repenser à ces  empreintes de l’enfance et des apprentissages,  qui marqueront à jamais l’écriture, ces prescriptions délétères :
« Quand tu écris, n’écris que des phrases courtes et simples , tu feras moins de fautes d’orthographe et de syntaxe…(!)
Surveille ton orthographe au fur et à mesure, un mot après l’autre, cherche dans le dictionnaire s’il faut, n’avance pas trop vite »
(M…rescapé de l’écriture ,souvenir d’enfance)

Un petit élève de 6ème ,un merveilleux inventeur de l’histoire à écrire , pleine de mots , de personnages, d’idées foisonnantes et inventives, et qui ne rendait jamais que des écrits rétrécis, propres, corrects ,  formatés , dévitalisés :
« Le maître m’a dit moins tu écris , moins tu auras de risques de faire des fautes d’orthographe »
Handicapé incurable de l’écriture…conteur et chanteur inspiré, par bonheur !

Je suis désormais de l’autre côté du portail de l’école où j’accompagne l’entrée et attends la sortie de mes petites filles Je ne passe plus le portail que pour aller payer la cantine, excuser une absence,  ou assister à la kermesse !
Mais  je ne peux m’empêcher de jeter sur la toile ces quelques grains de sel de « Madame Cyclopède » (ainsi appelions-nous, mes élèves et moi, mes réflexions pédago-philosophiques…complicité perdue …).

Ces quelques grains de sel …à destination de ceux qui aiment écrire et… de ceux qui les font écrire !


mardi 11 juin 2013

Richard Galliano raconte…

Ce que dit Richard Galliano...  à Philippe Banel le 28 mars 2013 pour Tutti Magazine 


Une interview passionnante, comment avait-elle pu m'échapper ???des précisions techniques précieuses pour moi, qui ne sait presque rien de la technique musicale, parce que grâce à une expression simple et pertinente, elles éclairent remarquablement le jeu de l'interprète et de ses musiciens , et me permettent de progresser en écoute...l'explication de choix musicaux qui révèle un peu du secret d'un style si personnel et reconnaissable, et pourtant soucieux de respecter l'auteur...des choix photographiques qui m'enchantent , "instantané", géométrie des balcons et ...espace de la mer ...Merci à l’interviewer et merci à Richard Galliano...


http://www.tutti-magazine.fr/news/page/Richard-Galliano-Accordeon-Vivaldi-Quatre-Saisons-fr





vendredi 7 juin 2013

Cultures de saison



En ces temps de météo instable, où la végétation,
 « Battue ou de pluie ou d’excessive ardeur,
Languissante, [souffre] et meurt ,
Feuille à feuille déclose »…..(Ronsard)

…La culture la plus facile est celle des chats des voisins !

Ils demandent de préférence des jardinières carrées, de petite dimension, de préférence bien fleuries, et surtout abritées du vent et de la pluie.

Ils s’accommodent aisément de la proximité d’un jardinage familier, arrachage des mauvaises herbes, cueillette des fleurs et feuilles fanées…à condition qu’il s’accompagne de commentaires à voix apaisante et gentille…et évite les arrosages intempestifs.

Ils ne nécessitent que peu de soin, un bol d’eau, quelques croquettes en cas de dépérissement, et surtout un climat de calme alentour !





 Ils ne facilitent pas la floraison des fleurs voisines , mais ont eux-mêmes d’évidentes qualités décoratives !




lundi 3 juin 2013

Il était une fois l’autoroute A65


L’autoroute A65 , nous l’avons appelée de nos vœux( et de nos signatures) pendant de longues années…
Quand l’Ecole Normale de département est devenue l’un des pôles (je résiste toujours  à écrire « antenne » !) de IUFM de la Région Aquitaine, puissamment concentré à Bordeaux, nous étions obligés de nous rendre à Bordeaux très souvent, pour nos concertations de discipline, pour les sessions de recrutement, pour les corrections et oraux de concours … Et, quand j’ai eu l’imprudence d’être élue au Conseil d’administration,  ce « très souvent » est devenu insupportable.
Je haïssais l’ancienne « nationale », étroite , très fréquentée, qui traversait d’abord par de superbes épingles à cheveux le beau paysage vallonné de la vallée de l’Adour à Aires, puis courait droit dans la forêt des Landes . A six ou sept heures du matin, ou huit heures du soir, c’était un tel pensum que j’avais fini par faire le détour par les landes et l’autoroute à A64, ce qui agaçait la gestion financière jusqu’au jour où elle décida simplement de ne pas tenir compte du surplus de kilomètres…. !
Pourtant ces voyages n’étaient pas entièrement négatifs, si on s’irritait « grave » du centralisme et de la morgue du système administratif de l’institut,   on reprenait goût à la ville qu’on avait jadis quittée avec soulagement, on fréquentait avec plaisir   les collègues,  de Charente , de Lot et Garonne et des Landes et parfois ceux de Bordeaux… On déplorait aussi que peu à peu le lien de notre « cul de sac » Palois avec sa métropole régionale,  se distende dans les pratiques privées, que les Palois se sentent de plus en plus aspirés vers Toulouse  en suivant  l’axe Adour Garonne et en longeant le pièmont pyrénéen.
Nous trouvâmes un ne peut plus « naturel » que Nadja s’en aille en prépa à Toulouse … « plus réputée » parmi ses copains ! que la prépa de bordeaux. … !!!
D’autant que l’autoroute A64, non tracée lorsqu’elle quitta Pau pour Toulouse, ne tarda pas à se construire à grande vitesse pas tronçons successifs…
Cependant que l’A5 demeurait une sorte de mirage, ou de repoussoir qui cristallisait les tiraillements entre les collectivités départementales et les revendications des défenseurs de l’environnement…

Et puis elle fut en construction , empoisonnant terriblement le trajet sur la vieille Nationale (devenue départementale avec le nouvel « aménagement du territoire !)

En fait on ne travaillait plus à Bordeaux….
Mais Bordeaux pour les concerts, les balades sur les quais ou les rives de la Garonne , à travers le superbe vignoble, on l’aurait bien adopté …on faisait toujours pour y aller le détour par la nationale 10 avec sa « théorie » de voisins espagnols poids-lourds qui traversent la France


Et elle fut construite !!!! ouvrages d’art superbes , tracé ambitieux… remise à la gestion privée , bref archi coûteuse !
 Mais au diable l’avarice ! quand on aime on ne compte pas : 2 heures au lieu de presque 3 parfois , un beau ruban de bitume , des bas côtés que peu à peu se « paysagent » , de beaux viaducs …

Mais …prix prohibitif ? débouché dans un cul de sac qui se heurte à la barrière des Pyrénées , La Frontière Sauvage » ? seule issue, reprendre la A64 ou la belle route pittoresque et accidentée (sans jeu de mots) qui permet d’accéder au  large tunnel du Somport et de gagner l’Espagne ?…on pourrait compter les voitures rencontrées sur les doigts de la main…


Quand le temps n’est pas spécialement beau de surcroît, on y éprouve une curieuse impression de solitude et de désolation, qui ravive des impressions anciennes de la traversée des landes, quand nous étions enfants ou tout jeunes adultes , de Bordeaux à Dax, quand la forêt laissait place au plateau de Labouheyre qui n’en finissait pas , avec sa lande de bruyères , de  genêts et d’ajoncs , coupé de chemins sableux et d’ornières … et que plus tard, pas spécialement plus riantes,  remplacèrent d’immenses plantations de maïs….

Et on sourit de penser au poème qui faisait fureur  parmi  les enseignants  de notre école des landes :

On ne voit en passant par les Landes désertes,

Vrai Sahara français, poudré de sable blanc,

Surgir de l'herbe sèche et des flaques d'eaux vertes

D'autre arbre que le pin avec sa plaie au flanc …
Théophile Gautier

...Qui faisait fureur et que j’aimais bien , je l’avoue !
  

A la différence près que d’entailles , il n’y en a plus , plus de gemmelles pour les beaux feux de cheminée de mon Payou !!!!!