lundi 27 février 2012

Jeux Prévision Imprévus-ation!!!

Nos deux petites filles sont venues passer quelques  jours de vacances à la maison…
Elles sont « grandes » maintenant et ne sont guère difficiles à garder, juste un peu de cuisine et de disponibilité …
Néanmoins la veille de leur arrivée, un peu de souci d’intendance…Supermarché, frigo plein à ras bords…après ça roule !
Néanmoins nous ne pouvons nous empêcher de prévoir :
« Où irons-nous ? À Hossegor, oui ! à Hossegor !!! ? Chez nous à Pau ?
- En fait, tout est bien Papoumamou !...

A quoi les occuperons-nous ?
Bien sûr ce sont des adeptes confirmées de la DS Nintendo, et de la Wii, mais je me sens obligée de leur proposer d’autres activités...plus plus...je ne sais!!!?
J’ai téléphoné pour connaître les heures de piscine, (elle ferme un peu trop souvent ces temps-ci !!!)
J’ai recensé tous mes DVD et mes cassettes-vidéos enregistrées autrefois …
J’ai consulté tous les horaires de cinéma.
J’ai fait amples achats de Gouache, Canson, pinceaux…
Michel a prévu quelques « trésors » de nos livres ou objets bizarres à leur montrer…



Et les voilà arrivées, c’est la Vie , la Joie , le Mouvement qui envahissent(littéralement) notre maison…
Finalement, on a choisi Pau :
« -C’est l’hiver et on n’a que peu l’occasion de se voir à Pau. On va toujours à Hossegor, ou vous venez souvent à Toulouse pour nous garder (joli coup d’œil) …ou pour les concerts(rires de filous )

Et commence le Jeu… commence L’Improvisation !!!
C’est une idée, qui naît de la redécouverte des poupées retrouvées dans le fond du placard, des pièces de ménage récupérées lors du déménagement de Hossegor dont beaucoup ont disparu, de la découverte des Canson colorés, des stylos feutres relégués en vrac et retrouvés dans des boîtes à chaussures…

 


Et la Crèche des petits pas se crée, s’organise, construit son espace, ses personnages, ses scénarios et ses dialogues…Je suis directrice, Camille, mon fils( !!!), l’enfant à tout faire, Charlotte, l’efficiente administratrice : fiches individuelles, coups de fils , affiches , marketing…
Se croise avec l’idée de crèche, le contexte Carnaval, costumes, rôles, et défilés …Un atelier qui nous tient toute une journée…
- Et la piscine ?
- Demain peut-être ? (effort pour être conciliantes)
- Et le cinéma ? plutôt après- demain !!! (argumentation réfléchie sur le jour et l’heure !!!!)

Et nous jouons, nous jouons…Des « enfants » sont inscrits ou désinscrits : pension ou demi-pension ? Des activités leur sont proposées, on cherche des livres, des poèmes, des promenades au jardin, des chants…Camille embauche du personnel, une mystérieuse Martine invisible…Certains enfants ont besoin de soins ! Chacune y investit son goût propre, pour Charlotte, les écritures, toutes les écritures, de fiches, affiches, listes, textes, croquis, dessins, pour Camille, sa hantise, ou son goût, des bobos, le goût d’administrer, d’organiser , d’ expliquer , de donner des consignes …comme les adultes ! Pour nous trois, le plaisir de confectionner chapeaux, masques, robes et capes en papier, découper, coller, inventer….


 

Et je repense que le JEU, les jeux de rôle ou de simulation en particulier, que je préconisais pour l’école maternelle (et pas seulement !) sont un fameux vecteur de langage, de créativité, de réflexion sur les rapports familiaux, humains, la place de l’enfant, l’autorité de l’adulte, voire le monde du travail….
Camille qui sévit, Charlotte qui explique, Mamou qui essaie de concilier, organiser, mais qui la plupart du temps se laisse porter par la créativité des filles….

Oui !je pense aujourd’hui comme autrefois que le jeu est un fameux vecteur de création !
Et même s’il ne s’agit là que d’un jeu, ma pensée divague par analogie vers mes problématiques passées, sur la création verbale, ou vers mes problématiques présentes et les réflexions que je croise actuellement sur l’Improvisation , la part de l’occasion, du hasard, la rencontre… mais aussi la part en nous du déjà-là , latent ou explicite, dans la culture , l’expérience , les modèles, les standards, les thèmes, les goûts, la phrase qui hante , la petite chanson qui trotte dans la tête….

« L’occasion, l’herbe tendre, quelque Diable aussi nous poussant … »
ou quelque Muse !!!
…Qui donne finalement naissance à une création, soit modeste et simplement agréable, ou quelquefois comme le disent les filles « Trop » Belle !!!



PS : Cela ne les empêchera ni de lire , ni de jouer à la Nintendo, ni de venir voir The Artist avec moi …tant l’eau va toujours à la rivière…




jeudi 23 février 2012

Teodoro Anzellotti

J’ai reçu ce matin de Teodoro Anzellotti ! une invitation à rejoindre ses amis sur Facebook …

Bien sûr une telle invitation ne se refuse pas… Mais à vrai dire elle m’intimide quelque peu . Le souvenir que je garde de sa musique est celui d’une musique contemporaine et difficile. Heureusement , j’ai pu demander à mon pourvoyeur préféré, mon Michel, si nous avions des disques de lui..

Et aussitôt ….



Presque tous chez Winter et Winter, ce qui n’est pas fait pour induire la facilité…

Et me voilà donc, après une après midi de Super marché, à l’heure du thé, absorbée à écouter l’accordéon de Téodoro Anzellotti…

Je commence en terre familière…Scarlatti en solo ! Evidemment c’est la séduction absolue ; le jeu et le son de l’accordéon pour cette musique pleine d’allant et d’harmonie…

Après je me lance dans Satie…Une découverte un peu plus ardue de bien beaux morceaux, inconnus de moi, et auxquels les mots ajoutent un charme étrange. Avant-dernières pensées…Peccadilles importunes…

Du coup , sous le charme, je me lance au hasard, parce que la couverture est belle…dans « Manuel Hidalgo par T.Anzellotti et le WDR sinfonieorchester Köln, direction Peter Rudel..

Eh bien …Début difficile, puis … séduction !!!! à partie de Introduktion et fuge …

Merci Monsieur Anzellotti de m’avoir invitée et surtout…

Merci pour votre musique…je vais continuer à la déguster… !

lundi 20 février 2012

Ô vieillesse ennemie !!!

Cernés ! nous sommes cernés !

Tous les jours, Sollicitude-mail ou Sollicitude-téléphone :
« Un bracelet Europe Assistance en cas de… » « Comparez nos contrats Prévoyance-Obsèques !!! » «Votre Mutuelle sera-t-elle aussi performante que vous le croyez en cas de sinistre ? Devis comparatifs gratuits !!! »
Quand je me laisse piéger, je réponds croyant m’en sortir…
-Vous faites erreur, je n’ai que 45 ans !!!
-Mais il faut y penser madame, c’est le bon âge pour y penser !!! »


Il y a les conversations avec les amis de notre âge, où reviennent sans cesse comme monstre du Lochness le devenir de nos parents vieillissants…

Il y a les jours fréquents, devenus trop fréquents, de visite à la maison de retraite dont Michel revient avec dix ans de plus sous les yeux…

Il y a le spectacle désolant de la lente dégradation de ses parents, chacun dans son style, l’une avec son acrimonie généralisée à l’encontre du monde entier, ou plutôt le petit monde qui l’entoure (non, l’enserre) devenu rétréci et étouffant…L’autre avec son angoisse et sa boulimie de gâteaux bonbons et chocolats, sa plainte qui saute à la gorge…

Que reste-t-il d’eux-mêmes dans ce qu’ils sont aujourd’hui, à peine le pire, même pas peut-être ?

Et je me dis : « Est-ce qu’autant nous en pend à l’oreille ??? »

Je pense à cette remarque terrible de ma grand –mère vieillissante, et d’ailleurs en apparence remarquablement lucide et bien portante, lors d’une de ces fréquentes disputes qui l’opposaient à ma mère :
« Je te souhaite de devenir très vieille, tu comprendras comme c’est terrible !!!

Je pense à mes parents et aux ultimes bienfaits qu’ils nous ont faits de ne pas avoir donné à connaître leur dégradation…
A ma mère, même malade, même diminuée parfois, toujours souriante et aimante, soucieuse de nous et de l’amour de sa vie, mon père …
A mon père, resté jusqu’ au dernier jour, valide, intelligent, affectueux …Sentant je crois sans le dire l’atteinte de la mort, mais heureux que nous soyons là …
J’ai terriblement regretté sa mort brutale, j’ai regretté avec déchirement celle prévisible de ma mère…Je les regretterai toujours…

Et penchée sur mon miroir, je me dis avec détermination, avec insistance, avec obstination, comme le disait ma maman:
Ô vieillesse, non tu n’es pas ennemie puisque « c’est ça ou…….. !!!! »

Ô Nature Obstinée,

« Assez longtemps le Père des Dieux a fait tomber sur la terre la neige et la sinistre grêle…» Horace, Odes


A Hossegor, les mimosas ont gelé et ne fleuriront pas cette année…
Mais dans la lumière froide du matin sur la route les peupliers apparaissent rosés : ce sont les premières poussières des bourgeons …
Mais voilà que ce matin froid nous offre entre bois morts et lierre la surprise fragile de deux crocus dorés

Et je m’émerveille de l’obstination sans fin de la nature…Sous le gel, sous la neige, elle continue à fabriquer ses fleurs …


Comme la vague de la mer revient irrésistiblement sur le sable ….Ostinato!!!





Le 10 février (sans doute)  les Latins célébraient le retour du printemps, une sorte de Saint Valentin, en somme!!!




jeudi 16 février 2012

Deuxième Provinciale : l’ORANGERIE


Le lendemain de la visite à Orsay, je suis allée à L’Orangerie . Je n’avais pas revu le musée depuis les derniers travaux.



C’ était un hasard ,mais on aurait dit que les deux visites étaient agencées pour un effet esthétique de contraste..
En commun le froid vif et venteux sur la Seine et dans les rues …
En commun, le mouvement Impressionniste, ses précurseurs, ses successeurs…

Mais que de contrastes dans l’impression ressentie….!

A Orsay, le mouvement, le bruit, la foule d’une salle de pas perdus sous la marquise d’une gare immense, édifiée pour l’exposition universelle de 1900, et désormais configurée pour célébrer l’art du siècle naissant. Une nef de cathédrale vouée à l’art, peinture et sculpture de l’aube du XXème siècle. Des bistrots et restaurants à l’intérieur, des parcours multiples.. Un foisonnement d’œuvres dont l’accrochage met en valeur les rapprochements thématiques, les tendances communes ou divergentes, les filiations ou les réactions….

On y est tenté, moi du moins, par un parcours sinueux, avec retours en arrière , détours et contours, comparaisons , rapprochements , découvertes ou redécouvertes…



A l’Orangerie…
J’ai gagné l’Orangerie ce 31 janvier dans le calme lumineux et glacial du Cours La Reine


Pas d’attente, nulle queue , un trajet rectiligne et pré-tracé dans les trois salles du rez- de- chaussée
Le première comme un blanc vestibule de temple, une entrée dans le calme et la sérénité des choses…

La deuxième et la troisième dans l’univers des Nymphéas, un univers à la forme ovale où l’eau, les plantes, la lueur changeante du jour nous enveloppent …Une plongée dans un monde végétal et le calme de la nature. Même s’il s’agit là d’une nature que le peintre a indéfiniment recréée, retouchée, reprise jusqu’à ce que la mort l’en sépare…
Un univers créé pour se recueillir loin des désastres de la guerre, se reprendre, retrouver la paix…

Et il me semble que cette intention première du peintre, de transformations en aménagements, continue de se réaliser…Ou bien est-ce la magie de l’eau, du plan horizontal où l’œil se repose dans le vert, bleuté, ardoisé, éclairé, assombri.
« Un plan de verdure ou chante l’eau… »

Les visiteurs semblent pris dans ce calme recueillement, avancent silencieux, attentifs , chuchotent !!!
Je pense avec amusement et surprise à la visite de Notre Dame, où le bruit des pas et des voix résonne sous la nef, pour un parcours obligé à sens unique !!! Si bien qu’on y perd, moi du moins, tout sentiment du Religieux…

Je fais et refais le parcours autour des trois salles m’arrêtant de temps à autre et m’asseyant pour contempler à mon aise…



Puis je descends vers les sous-sols et les salles de la collection Paul Guillaume…


Un véritable plaisir absolu : peu de monde, un affichage selon mon cœur, un remarquable éclairage… pour chaque salle un peintre, deux parfois. Si bien que le regard peut embrasser sur tout le mur un style, une évolution, s’imprégner d’une manière de pâte, de tracé, de tons, en garder souvenir…

Et quelles salles ! le monde de Soutine face à celui d’Utrillo, le douanier Rousseau, à côté de Modigliani et non loin de Marie Laurencin, monde de femmes étranges aux regards énigmatiques, que je n’avais jamais vu en original, des Picasso face à Matisse , quantité de Derain que je ne connaissais pas bien.
Quelques lignes sobres mais qui pour moi vont à l’essentiel à l’entrée des salles, assez pour présenter, trop peu pour polluer le regard. De la bonne pédagogie en somme!!!

Je fais et refais le parcours m’imprégnant à la fois de ces images et du calme ambiant
Vers 3 heures, c’est la faim qui me chasse !!!On ne mange pas dans les temples….



Après le pont de la Concorde et le quai d’Orsay de plus en plus ventilés, brumeux, et froids, je dévore un sandwich saucisson accompagné d’ un verre de bordeaux et d’un café serré dans une brasserie agréable et abritée , servie avec rapidité et efficacité par ce qui est pour moi le type même du serveur parisien , la classe quoi !

Autour de moi, un « très- connu » en ces lieux , que chacun salue par son prénom et qui n’arrête pas de réclamer, et un couple de divorcés qui échangent leurs avatars de séparation conjugale et des adresses de baby-sitters multiservices pour épauler leur mono parenté
Retour à la vraie vie quoi !!!



lundi 13 février 2012

Une découverte aussi merveilleuse que triste : J.J Franchin à l'accordéon

Je ne le connaissais pas, pire je l'ignorais, ayant eu entre les mains un enregistrement des chansons de Brassens par Joël Favreau qu'Il accompagnait...dont j'avais fait fi! parce que je ne me suis jamais faite à entendre Brassens sans Brassens...

Et voilà que les Hasards de facebook, des "hasards" que j'aime à qualifier d'"objectifs" en ce sens que  ce n'est pas le destin qui les met sur notre chemin, ce qui les provoquent, ce sont nos goûts, notre aimantation vers ceux que nous aimons, notre  recherche implicite de ce qui nous attire...
...Les hasards de Facebook donc, ou l'amour vigilant de quelqu'un qui l'aima, m'ont fait conaùître son nom...
J'ai aussitôt écouté mon enregistrement négligé, interrogé Michel, ma Référence en la matière , qui me dit : "Oui je le connais ...et de plus je me souviens d'une interview de Richard Galliano dans Jazzman, tu sais mon numéro culte de Jazzman (n°112, avril 2005), où Richard parle de lui en des termes...je vais te le retrouver...
..."Il y a un autre garçon, moins sur le devant de la scène parce qu'il n'a pas encore eu de réalisation personnelle-il est surtout accompagnateur-en qui je fonde les plus grands espoirs:Jean-Jacques Franchin. Il a une telle profondeur, une telle authenticité, que sa musique rencontrera forcément la reconnaissance" 
Ces paroles , l'écoute du très très beau son de J.J Franchin, et la découverte simultanée de sa disparition  il y a moins d'un an prennent désormais un sens littéralement tragique! Quel regret...


Joël Favreau / Jean-Jacques Franchin : Jeanne... par TeleLocaleProvence

Une « Première Provinciale » : une visite à ORSAY

La semaine dernière, j’ai eu l’opportunité d’accompagner ma fille qui allait à Paris pour son travail…

C’était tentant ! Trois soirs ensemble à Paris et la proximité des grands musées !

La musique vient à nous de temps en temps, ou pas loin de chez nous, mais si Michel et moi réussissons à nous faire de petits régals de peinture quelquefois, en profitant de tous les musées rencontrés, à Pau, à Toulouse, à Hossegor, ou bien là où nous conduit notre fantaisie (musicale)à Montpellier, à Arles, à Perpignan , à Albi …ou à Béraut !!!…la tentation des Musées Parisiens est toujours latente, même si nous ne nous décidons plus que rarement à « monter à Paris »…

Bien sûr, j’avais des scrupules à laisser les petites, mais Michel a insisté pour assumer leur garde avec Sébastien, et j’ai finalement accepté cette affectueuse proposition…

Et nous voilà parties !

Mon programme : Orsay, dont je rêvais de voir les nouveaux aménagements, et l’Orangerie, avec pour délicieux intermède une petite nocturne à la Fondation Cartier qui célèbre l’intersection des Mathématiques et de l’Art !



Avion, tram, métro…joli hôtel, à proximité du travail pour Nadja, restaurant grec que nous connaissons depuis longtemps, et qui a le bon goût de ne changer ni carte ni de décor ni de type de cuisine et de service, simples et excellents…

Le lendemain matin , par un froid de loup, je m’achemine vers la Gare D’Orsay, avec plan phone et plan papier, un peu seulette, et écrasée par cette ville dont j’ai perdu la familiarité, et dont je trouve les rues interminables , longues et ventilées . C’est encore le métro, que je connais bien depuis longtemps qui me paraît le plus quiet…

Bien sûr en arrivant devant Orsay, je suis reprise par l’émerveillement de ces quais, de cette gare superbe, qui a pour moi un air de « La Vie Parisienne »…

Longue queue d’attente, que j’évite ayant acquis un pass à l’avance, fouille réglementaire, foule en mouvement, bruissement des voix, c’est bien l’impression d’une gare fourmillante à l’architecture grandiose qu’on retrouve.









Le nouvel agencement architectural, une monumentale travée centrale de marbre, parle de grandeur et de symétrie, expose sur toute sa longueur des sculptures comme sur une allée royale, et ménage dans les travées latérales des parcours multiples et bien signalés vers des salles au trésor d’une richesse incroyable de peintures et de sculptures. Pour lesquelles la couleur vive des murs, et les éclairages dosés avec justesse, constituent un écrin à la fois remarquable et moderne.


En fait on n’échappe pas à son âge et je ne peux n’empêcher d’avoir un petit regret du hall tel qu’il était antérieurement ou tel que je pense me le rappeler, une énorme perspective assez vide, comme une salle de pas perdus immense. Le souvenir aussi d’une salle de Daumier que je ne retrouve point…


Un peu écrasée de tant de marbres et de tant de richesses je me suis baladée toutefois avec bonheur, en suivant les trajets signalés,


....j’avais l’impression de me promener dans mon livre d’histoire du XIX° ou du XX°, !!!


Le moulin de la Galette , la Sainte Victoire , le balcon de Manet, le jardin de Giverny,le déjeuner sur l’herbe , les coulisses de l’opéra selon Degas, les paysans de Millet, les repasseuses, La Goulue et le Moulin rouge, .





Tous sont là et bien d’autres encore !


Je sens bien dans cet émerveillement qu’il y a trop de richesses en ce festin, pour que le souvenir visuel m’en demeure en mémoire, trop de monde pour que je m’y arrête assez , trop de sollicitations pour que je puisse plonger dans l’espace de chaque tableau…Je prends le parti d’une flânerie aléatoire où je me laisse accrocher par une salle , un mur , un ensemble de tableaux au gré des mes pas et de mes surprises. M’arrêtant de temps à autre pour boire un thé smart ou grignoter un sandwich prolétaire.

Pas de photos, tout est pour les yeux, l’émotion, la rencontre …







Des échappées du regard sur la ville, pouvoir grimper dans les hauteurs de la « marquise » devenue nef pour une cathédrale de l’art,…participent au plaisir de l’ensemble …





Coups d’œil surprises, où l’on peut dérober quelque images…


















Et je retrouve en m’en allant sur la droite la petite salle de Daumier moins belle du coup que dans mon souvenir !



En replongeant dans la froidure du quai d’Orsay et la foule du métro ensuite, je garde la sensation diffuse du grand choc de tant de beauté, de richesses accumulées, à Paris toujours et encore, et la frustration de ne pas en profiter assez , du besoin de revenir, revoir , retrouver , m’y arrêter sans autant de monde autour !!!

Ou le rêve chimérique d’une décentralisation improbable qui donnerait à voir en province la dîme des richesses accumulées en ce lieu !!!

Utopique donc je pense…


mercredi 8 février 2012

Mais où sont nos neiges d'enfants?

Matin de décembre



On s'éveille
Du coton dans les oreilles
Une petite angoisse douce
Autour du cœur, comme mousse

C'est la neige,
l'hiver blanc
sur ses semelles de liège
qui nous a surpris, dormant.

Guy-Charles CROS


Avec des mots - Éditions L'artisan du Livre, 1927]


On s'éveille et c'est la merveille ...On a beau savoir que cela va nous compliquer la vie , on ne peut d'empêcher de ressentir une petite excitation...On aime ces petits flocons voletant dont la vue hypnotise, on a du mal à les quitter des yeux.
"IL neige!!!"Avez-vous jamais tenté de demander aux enfants d'une classe de ne pas y faire attention???
Au fur et à mesure qu'"Elle tient", la métamorphose  s'opère dans les formes et la lumière...


Mais où sont les neiges d'Antan?
Enfants nous n'étions que ravis. Ma mère parmi toutes ses merveilleuses qualités, le goût de la poésie entre autres, avait le gros défaut de détester et pire de dénigrer la merveille, pourtant rare sous nos climats. Froid, humide , glissante..!..Elle se heurtait à nos visages impassibles, habités par une joie mal dissimulée : qu'il neige et qu'elle tienne!!!!










Aujourd'hui il y a toujours un projet, un trajet, obligation, travail, provisions , rendez-vous musical...qui nous empêche de nous livrer sans réserve à l'enthousiasme de ce miracle météorologique..
..L'arrière pensée que les fleurs de pruniers vont geler et que c'est pas bon pour le feuillage des camélias!
...Un vague remords pour ceux qui ont froid,  une sorte de "il faut raison garder"..




Mais quand les enfants crient à la neige, les réticences s'envolent et resurgit intacte la petite excitation  "douce au fond du coeur comme mousse..."
C'est la neige !!!l'hiver blanc!!!

Antoní Tapies, adieu...


Tapies et moi.
Je n'ai vu que peu de tableaux d'Antoní Tapiès .Néanmoins il existait dans ma culture comme le témoin d'un courage politique, d'une conception de l'art,  d'une civilisation catalane, vivante et créative, qui transformait en beauté des matières triviales ...

Quelques souvenirs de "rencontres" avec lui:
La fondation Tapies à Barcelone...


















Un article du Point dont le titre limite "inconvenant " , "Tapies retour à la poussière" m'a particulièrement plu!

Un tableau du Musée des Abattoirs à Toulouse. Nous y passons souvent, et ne manquons jamais d'aller voir Le tableau de Tapiès qui me fascine ...

Dans la toile de jute, un monde apparaît ,

Tel un "océan où  la splendeur éclate,
Bleu , clair , profond , ainsi que la virginité" Charles Baudelaire














D'autres oeuvres de la collection sont visibles sur le diaporama du musée


mardi 7 février 2012

Galliano, Lockwood, Rosenberg à Colomiers, étape de soleil sur chemin glacé






Je ne sais à quoi tient le plaisir d’un concert…

Il tient toujours, pour moi, d’une alchimie incertaine entre les musiciens, le public, le contexte. Musiciens entre eux, musiciens et public, couleur des lieux et air du temps…

Une conjonction délicate et fragile dont résulte la plénitude d’un moment…



Le concert de samedi à Colomiers s’est inscrit dans un contexte agité :

Déjà, une incertitude: Lockwood vais-je aimer sa musique ? Mais motivation: il est vrai que Biréli Lagrène, j’aime ses disques avec Galliano et puis je ne l’ai jamais entendu en direct ! Et puis Galliano se fait rare en notre pays…

Et oups ! la neige en s’éveillant à Pau, et qui chose exceptionnelle en ce pays, s’amoncelle tranquillement au fur et mesure que la matinée s’écoule.
Bien sûr pas question de ne pas se mettre en route. Pour Richard quand même, places retenues depuis juillet , payées… !D’ailleurs vers midi le ciel s’ouvre au soleil, la neige ne fond guère, mais étincelle au soleil, c’est magique !!! Il n’empêche qu’on redoute la grimpée vers Capvern ou le plateau de Lannemezan…mais le ménage a bien été fait sur l’autoroute, qui nous conduit sans histoire vers Toulouse.



Puis à Toulouse, à Colomiers, la salle est un grand hall., assez bien aménagé sauf qu’il n’est guère chaleureux, la scène ouverte aux vents coulis, mal enclose de rideaux …à l’éclairage incertain…
Puis voilà que l’on apprend, dans les conversations de l’attente, que Biréli ne sera pas là…
Puis voilà qu’en entrant dans la salle, on découvre que sept rangs de chaises ont été installées devant notre premier rang…Nos numéros 1 et 2 nous paraissent un tantinet ironiques…



Sauf que, délaissant les places réservés Michel réussit à nous installer au premier rang, aux places moins chères, non numérotées, et néanmoins meilleures !!!
Sauf que voilà nos musiciens qui nous annoncent le remplaçant miraculeux Stochelo Rosenberg et en nous expliquent qu’ils ont dû modifier, s’adapter, bref improviser la composition du programme…

Et malgré le dysfonctionnement du micro de Lockwwod , le concert commence ! Fou Rire !!!


Pourquoi la magie opère–t-elle aussitôt ?
Parce que le jeu de Lockwood me plaît d’emblée, mêlant une sorte de fantaisie et humour que sa stupéfiante virtuosité autorise, avec ce qui m’apparaît comme des plans sonores, multiples et nuancés.
Parce que la guitare de Stochelo égrène une mélodie pleine de rondeurs et de délicatesse…
Parce que Richard, d’abord tendu, me semble-t-il comme souvent en début de concert, se livre peu à peu pour de bien belles interprétations de morceaux que nous aimons Fou Rire, Vie Violence, Spleen, et d’autres que nous découvrons, Sentimental Mood, Spain,… avec cette virtuosité si remarquable qu’elle ne s’affiche pas et semble couler de source, la clarté mélodique du son dans la complexité des plans.


Parce qu’ils s’entendent remarquablement bien, se répondant, s’écoutant, reprenant le thème avec inspiration….le tout avec une sorte de naturel sans effets inutiles. Superbes et authentiques duos ou trios… Nuages, Blues de Barbizon, Double Jeu…

Peut-être est-ce justement l’ imprévu initial qui confère à l’ensemble un caractère improvisé, une impression de construction impromptue et sur le vif, du programme et des interventions..…

Le public réagit avec une chaleur qui ne doit rien au confort mais tout au bonheur …

A la fin nous rencontrons nos amis, nos compagnons de musique partagée , Jean Marc avec Mathilde, et leurs amis, qui donc sont les nôtres, puisque nous aimons les mêmes choses… Conversations chaleureuses, et à bâtons rompus…
Nous nous attardons, ayant peine à nous quitter et à replonger dans le noir et le froid…

Et, dernier plaisir, et non le moindre !!! RG, vient récupérer sur la scène son précieux Victoria et une fois encore j’ose venir le saluer et lui serrer la main, Michel en profite pour lui quémander un petit autographe sur le « Nino Rota ».. . Courtoisie et regard chaleureux de sa part…Enthousiasme et timidité de la nôtre …On ne s’habitue pas à rencontrer le Talent…

Le lendemain matin, il nous faudra plus de trois heures pour faire, dans et sur la neige, les 200 Km qui nous ramène chez nous…

A quoi tient le plaisir d’un concert ?

Comme celui d’un grand match ou d’un bain de mer béni des dieux, il naît d’une alchimie délicate et fragile dont résulte la plénitude d’un moment ….

dimanche 5 février 2012

Sébastien Giniaux , et la Mélodie des Choses


Des Mots et des Images pour , autour, enlacé à…. la Musique ? (je ne sais par quel mot exprimer le rapport…)

Bien sûr la musique d’un CD, ce n’est pas un concert….

D’une part, l’émotion du direct , de la présence charnelle des musiciens , des instants décisifs où capter entre eux , entre eux et nous, des regards , des échanges, des postures signifiantes , le chaleur des partages entre eux, et entre eux et nous, et ce temps irréversible qui passe intensément, dont on voudrait qu’il cesse de passer…et la sorte de vide que sa fin nous laisse…
De l’autre, une écoute plus intime, à deux, avec des échanges attentifs en pointillés, ou seule , où parfois l’écoute au casque renforce l’impression d’être isolée dans un cercle de lumière et de musique , où vient parfois s’ajouter un échange/mélange avec des mots qui s’écrivent…
Une écoute qui pourra se renouveler et se renouvellera encore et encore…

Bien sûr, un CD ce n’est pas un concert…mais je trouve qu’un CD est un bel objet, avec son image de couverture, puis celles qui apparaissent quand on l’ouvre comme un livre, et parfois un petit livret qui cite les interprètes et offrent quelques mots pour la musique…non qu’il l’explique forcément, quelquefois c’est une connotation, une intention, une pensée en forme de titre pour l’accompagner…

J’aime les mots ma foi, et ces mots pour les musiques que j’aime, loin d’en réduire la portée, constituent pour moi une sorte d’écho qui ouvre des horizons d’imaginaire…

J’ai déjà cité certains de ces CD, le Méditerranées de Renaud Garcia fons, le New York Tango de Richard Galliano, ou Est de Vincent Peirani et François Salque, où, pour des raisons d’ailleurs différentes, les textes et images du CD ont ainsi le rôle de déclencher rêveries et divagations sur leur musique.

Et voilà que j’ai découvert par un hasard que j’aime à qualifier d’objectif dans une émission de Mathieu PRV, l’enthousiasme et la guitare de Sébastien Giniaux. Lequel sortait un CD…lequel avait un joli titre : Mélodie des choses. Et je le commandai…
Et j’ai eu le plaisir de découvrir outre, ou avec, ou parmi, 12 morceaux à la guitare , guitare, un de ces objets que j’aime , un livre qui s’ouvre , avec des textes dont une préface de Max Robin, des textes de Sébastien, des poèmes de AMahiya Gohari et hors textes des photographies de peintures Acrylique, Encre, Pastel, Craie sur carton de Sébastien…

Un livre où Sébastien Giniaux explique qu’il ne veut pas expliquer… mais donner à imaginer. Les textes n’expliquent pas, les images n’illustrent pas, les titres suggèrent sans redondance, et le tout forme un petit monde esthétique et complexe qui donne à imaginer et à rêver…

Néanmoins rien dans cet objet harmonieux ne va « à tort et à travers »…mais s’organise remarquablement bien. En quatre tableaux qui semblent jalonner le chemin musical de Sébastien:
A chacun, une peinture …
A chacun, une couleur musicale particulière : pour assurer l’unité de l’ensemble, le son de la guitare de Sébastien, et la continuité d’un style, avec la contrebasse de Jérémie Arranger, et la guitare rythmique de Joris Viquesnel. Pour le changement de coloration, le cymbalum de Mihaï Y Restian pour le 1, le violon de Mathias Levy en 2, La kora de Chérif Soumano en 3…
Pour introduire chaque moment un texte de Sébastien où il explique pourquoi il ne veut pas expliquer les connotations induites. Il les laisse à notre imaginaire

Je dirais donc, pour ma part, pour le 1, comme une petite odyssée intérieure, pour le 2 une humeur gitane qui s’enflamme dans l’enthousiasme pour Django, pour le 3 une humeur africaine, quelque chose de rêveur avec rythme de kora et lointains bleuâtres, et pour le 4ème, une Préface en place de Conclusion, comme un bouquet final, beauté du monde et douceur poivrée des choses…

Entre, trois intermèdes de beaux textes poétiques et la voix grave de Amahiya Gohari…








Je ne peux pas expliquer pourquoi j’aime vraiment le son, le rythme, la couleur de cette guitare ni pourquoi j’aime particulièrement Bamako’s Mood, Préface, Mélodie des choses, et Prune Poivrée …

A cause d’un je ne sais quoi dans leur mélodie, dans leur tonalité et pour la saveur douce et acide des mots qui les titrent !