Nous avions découvert le son du
bandonéon de Juanjo Mosalini par ses participations aux disques de Jerez Le
Cam…
Nous aimons particulièrement leur tango Balkanico...
Et plus récemment la promesse de Tango
Hoy avec Leonardo Teruggi nous avait semblé ouvrir un chemin nouveau à la
continuité du Tango, et nous avions cherché à nous procurer ce disque avec
l’idée qu’il allait nous offrir une entrée dans un tango instrumental innovant,
qui ne se danse pas mais fait vibrer et met en branle l’âme, et éveille les émotions les plus profondes par son rythme
fondamental…
Et voilà que la découverte par
hasard d’un concert de son quatuor à Toulouse se manifeste comme un de ces signes de « Hasard
Objectif »auquel nous croyons .
En fait il ne s’agissait pas de
son Quatuor de Tango Hoy auquel Sebastien Surel et Romain Descharmes manquaient , remplacés
d’ailleurs par Sébastien Courajou au violon, et Diego Aubia au piano , brillants…
Il ne s’agissait pas non plus de
Tango Hoy mais d’un remarquable hommage au Tango, à « l’ambassadeur de la musique argentine »,
Astor Piazzolla, à un de ses créateurs
et interprètes des plus remarquables, Juan José Mosalini, le père de Juanjo (que nous
avions découvert avec émerveillement en direct pour la première fois à Tulle)
,
Un hommage à son rythme, à son envoûtante
pulsation, et à son chant « qui parle
… d’un cœur que l’on brise », par la voix magnifique de Sandra Rumolino…
Et tout fut comme parfait.
La présence en scène de Sandra qui n’a d’égale
que la beauté de son chant, et l’équilibre parfait de ses différents duos avec chacun des
musiciens
La contrebasse de Leonardo…virtuose,
chaude et aux sonorités chaudes et pleines
Le choix des morceaux, des
découvertes que j’ignorais, et ceux d’Astor
parfois assortis d’un commentaire sensible ou érudit qui en élargissent le
plaisir de l’écoute, par exemple Michelangelo 70..
Le bandonéon de Juanjo enfin, et
je dirai surtout , sonorité pleine,
délicate et puissante à la fois, mais
aussi sa présence centrale et
organisatrice qui présentait la
succession des morceaux avec une juste mesure , et une poésie discrète et
délicate, où s’exprimait l’admiration pour Piazzolla « l’ambassadeur »
de leur musique, la vénération du père, auteur de deux très beaux morceaux du
programme, l’évocation d’un moment
privilégié et crucial de son vécu
enfantin à Paris ,sa seconde ville, « une
certaine couleur de l’air , une certaine odeur de cage d’escalier des immeubles
haussmanniens , et la musique de bandonéon dans laquelle il baignait », un
de ces moments qui cristallisent ce passé ,et qui ont fait qu’il est devenu musicien…
Musicien, mais poète aussi, d’une
poésie à laquelle je suis personnellement sensible, tant je me souviens , et suis encore troublée, au souvenir del ‘odeur de la cage d’escalier en pierre bordelaise
de l’appartement de ma grand-mère …
Soirée parfaite à laquelle n’a
même pas manqué le plaisir rare de rencontrer un moment Léonardo Teruggi et
Juanjo Mosalini ,et d’évoquer avec eux , outre le grand plaisir du concert de
ce soir , le bonheur d’avoir découvert Tango Hoy, que Juanjo nous avait fait
parvenir à ma demande , et cette recréation moderne et fascinante d’une musique qui défie le
temps…
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