vendredi 31 décembre 2010

Mirage de Printemps

Printemps ?

Oui, je sais, on annonce le retour de fortes gelées, oui, je le vois, il est à peine cinq heures et demie et le soleil a déjà chu derrière le toit du voisin et le ciel s’est envahi de pénombre…

Je le sais, je le vois, mais nonobstant, depuis deux jours je renifle dans la douceur de l’air et l’odeur de la terre humide un petit fumet de printemps …

Alors à coup de lave-pont, de seaux d’eau, de balai « de paille de riz », j’ai balayé, brossé, lavé les terrasses, et les tables et les fauteuils de jardin. Comme si nous devions nous y attabler au soleil sous peu…

Et j’ai bien vu en grattant que, sous les feuilles tombées, séchées, pourries par l’hiver, les pointes vertes des crocus pointaient, les ellébores préparaient leurs boutons. D’ailleurs des primevères hasardent quelques fleurs dans des coins du jardin, j’ai vu une touffe de violettes fleurie à l’abri du mur de la maison…

Ma fureur de ménage a fait fuir un moment les mésanges qui fréquentent en permanence les boules de graisse installées dans notre prunier…

Avec Camille, qui depuis qu’elle a vu et revu trois fois Trois hommes et un couffin a compris que le bonheur de jouer au Bébé n’est pas un plaisir réservé aux filles et redécouvre ses vieux poupons avec enthousiasme, délaissant pour un temps les mécanos, legos, et autres jeux plus "garçon" (manqué !) du Père Noël, avec Camille donc nous avons décidé de sortir les enfants pour leur faire prendre l’air….

jeudi 23 décembre 2010

Anouar Brahem et Richard Galliano

Aux hasards du soir...
En consultant le blog de mon-ami-sur-blog- et -facebook Eric Bernardin, afin d' user de ses riches conseils pou préparer le repas du 24 Décembre, je suis distraite de ma lecture de sa page par la très belle musique d'Anouar Brahem Le pas du chat noir.
Michel, je le sais bien, l'avait acheté, et je me précipite à sa recherche (du CD) pour le réécouter...
Il me dit (Michel):
- C'est avec Matinier. On a aussi celui avec Richard..
- Galliano??
Divine surprise, que je vous propose de partager...
En particulier Vague...

http://www.deezer.com/listen-1149521


Anouar Brahem

KHOMSA
Richard Galliano
François Couturier
Jean Marc Larché
Béchir Selmi
Palle Danielson
Jon Christensen




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Neiges

Petit texte de circonstance…
Petit texte sans conséquence…
Petit texte d'une inconséquente

La blanche neige
Les anges les anges dans le ciel
L’un est vêtu en officier
L’un est vêtu en cuisinier
Et les autres chantent


Bel officier couleur du ciel
Le doux printemps longtemps après Noël
Te médaillera d’un beau soleil
D’un beau soleil


Le cuisinier plume les oies
Ah ! tombe neige
Tombe et que n’ai-je
Ma bien-aimée entre mes bras

Guillaume Apollinaire, (Alcools)


Eh  oui, il neige, neige , neige
Sur les trains,
Sur les belles autoroutes,
Sur les camions,
Et les avions ....
Il neige à Paris
Il neige à Nancy
Il neige chez nos amis

Mais chez nous point de neige du tout
Juste un temps très doux
Pour cueillir le gui et le houx...
Je le regrette beaucoup!!!!!!

Chez nous il neigera au printemps
sur les fleurs ,les camélias du jardin,



 Chez nous l'hiver est fou...!


C'était le  8  mars 2010....16h 45



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vendredi 17 décembre 2010

Agatha Christie, Crèmes et châtiments…

Comme je l’ai déjà écrit dans mon blog, j’ai toujours aimé Agatha Christie, en tout cas depuis que j’avais 18 ou 19 ans, à l’époque de ma licence de lettres, une époque où elle n’était guère avouable parmi les étudiants de littérature. Elle faisait partie de ma marginalité, comme Camus qu’il était alors de bon ton de considérer comme un gentil « humaniste » plutôt que comme un vrai philosophe - c’est Sartre qu’il fallait préférer-, et comme Voltaire qui, loin de la pensée visionnaire de Rousseau !, était coupable de surcroît de sympathies bourgeoises, capitalistes, et négrières, possesseur d’ actions sucrières etc..…etc…bref je me délectais,mais en l’avouant sans l’avouer, de la Peste, de Candide, et…d’Agatha.

Hier Michel est donc revenu du Centre culturel Parvis (Leclerc.. ) avec un petit cadeau:


Crèmes et châtiments 
Recettes délicieuseset criminelles
 Agatha Christie

Anna Martinelli et François Rivière-photos de Philippe Asset, ed JCLattès Le Masque



Je ne m’intéresse jamais beaucoup au contexte des œuvres que j’aime lire. Pour moi elles ont un fonctionnement en-soi à l’intérieur de leur système de textes, de thématiques ou de personnages ; c’est là que se nouent les contrastes, les rapprochements, et les perspectives, où pour moi se construit le sens …

Je ne sais donc si j’aurais acheté ce livre moi-même, j'aurais eu bien tort de ne pas le faire, car  j’ai trouvé grand plaisir à le lire …merci Michel !!!

En collectant au fil des romans des recettes ou des plaisirs gourmands , c’est l’image d’une femme que les auteurs esquissent en arrière plan : gourmande de thés et de muffins, d'énormes piques niques, de double crème, de breakfasts anglais, mais aussi de baignades en mer, de promenades, de voyages, de vie en un mot, voire de liberté et d'amour…une femme qui n’est pas sans rappeler sa contemporaine Colette, dont Willie, son neurasthénique mari, aurait dit avec une pointe de lassitude : « Elle aime tout !!! » ou Coco Chanel…

Je prends conscience en le lisant que les goûts alimentaires ne sont pas anodins et qu’ils contribuent à construire les systèmes des personnages
A Hercule Poirot, Belge, gourmet « continental », grand contempteur de la cuisine anglaise, le sucré hyper doux presque écœurant, à Miss Marple le raffinement des vrais muffins, et des scones , de la bonne tasse de thé bien chaud bien sucré offert comme remède aux angoisses des victimes , à Ariane Oliver la boulimie des fruits frais, des pommes en particulier, dont les trognons rognés traînent partout…aux Aristocrates de Chimney, les substantiels breakfasts , les repas de Noël avec force gibier et volailles…

En fait l’ évocation de la nourriture contribue à construire un monde romanesque en lui donnant une réalité sensible, par ces petits détails dont le lecteur se dit « on n’aurait pas pu l’inventer *» . Réaliste certes et à la fois tout à fait fictif, et pour nous exotique tant ces détails marquent ce monde comme appartenant à un autre temps, un autre pays, une autre classe sociale. Un peu comme dans les films d’Hitchcock ou certains films de F.Ozon, ou les adaptations d’Agatha Christie par P.Thomas….

A la fois lui donnant présence et dépaysement …l’illusion du réél, mais d’un réel inventé et étranger…

Ajoutons enfin, comme en témoigne le titre que toute cette nourriture délicieuse sert bien souvent «d’appareil**»à des poisons raffinés ou violents, qu' en tous ces délices peut ou peut ne pas, et c’est là l’ambigüité d’Agatha Christie, se loger la menace de la mort …

« Prends garde à la douceur des choses », prends garde aux délices de la vie…

Mais surtout n’oublie pas de les savourer….






*le secret  du réalisme selon Diderot
**au sens culinaire du mot bien sûr..


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mardi 14 décembre 2010

Les Mystérieuses Cités d’or,ou le mirage doré des Conquérants...

Il y a quelques jours, nous étions appelés à Toulouse pour garder Charlotte et Camille pour cause de parents en surcroît de travail et d’obligations professionnelles. Il se trouve que Camille a "profité" si l’on peut dire de notre présence pour se faire (ou nous faire) un début d’otite…


Jeux divers , câlins , repos… mais quoi de mieux pour un repos, que de se passer un petit DVD blotties (ou blottis) sur le canapé et sous le plaid…
-Mamou, Petit Nicolas, ou Cités d’or ?
Petit Nicolas , on l’a regardé récemment , en film, en dessin animé, en commentant les mérites respectifs de chaque version, je le faisais lire mes élèves il y a…un bout de temps !!!, Bref j’ai choisi les Cités d’or qui ne figuraient pas dans ma culture , sauf la chanson du générique et les personnages de Zia et d’Esteban qui apparaissaient de façon périodique dans les jeux des filles ( ceux de Charlotte d’abord, entre Cendrillon et Sissi, ceux de Camille aujourd’hui , entre Billy Eliott et Marcel Pagnol puisque maintenant Charlotte « n’aime plus tellement Les Cités d’Or» …)

Moments délicieux, nous avons avalé les trois parties du premier disque, faute d’avoir le temps d’aller au deuxième…
Il faut dire que même malades les enfants ça mange, ça salit du linge etc…etc…

Je ne vous dirais pas le charme que j’y ai trouvé car j’ai repéré un site qui le dit mieux que moi…
Je vous dirais seulement que je me laissais embarquer dans un récit bien conduit, elliptique avec pertinence, bien équilibré entre narration et dialogues…
Que je ne ferai pas le nez sur le graphisme dont la stylisation est très porteuse de signification, en particulier des personnages, leur rôle, (pas d’ambigüité pour comprendre qui sont "méchants" et "gentils" !!!), leurs sentiments, le système de leurs relations…
..Ni sur la couleur à dominante sépia ,or , bruns diversement nuancés, noirs et gris déclinés en camaïeu…
...Ni sur le souci explicatif ;
- Tu vois Mamou c’est documentaire…
- Oui c’est vrai, mais quand même ces personnages- là n’ont pas existé…
- Oui mais y a des choses vraies, tu vois ils l’expliquent …

..Ni non plus sur les référents culturels directs ou indirects, je pense au passage du détroit de Magellan dont les falaises à figures de monstres m’ont fait penser à Charybde et Scylla, que je racontais à Camille...
-Ils s’appelaient comment ? Les autres monstres des rochers, là où tu disais ?

Et ces références m’ont rappelé un poème dont nous avons parlé récemment avec une collègue. Pour être tout à fait honnête, elle n’en était pas franchement enthousiasmée …
Et pour être tout a fait honnête j’ai dû avouer que moi je l’aimais depuis toujours, ce poème, peut-être un peu « parnassien boum boum », peut-être un peu érudit…
 Mais justement parce que comme dit ma fille « ça a de la gueule ce boum boum… »
de l’ampleur sonore, et du rythme.
Peut-être justement en raison même de la préciosité des mots et des références érudites qui confère à ce  sonnet un petit caractère hermétique et barbare….

Les Conquérants (José-Maria de HEREDIA)

Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,
Fatigués de porter leurs misères hautaines,
De Palos de Moguer, routiers et capitaines
Partaient, ivres d’un d’un rêve héroïque et brutal.



Ils allaient conquérir le fabuleux métal
Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines,
Et les vents alizés inclinaient leurs antennes
Aux bords mystérieux du monde occidental.


Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
L’azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchantait leur sommeil d’un mirage doré ;




Ou, penchés à l’avant des blanches caravelles,
Ils regardaient monter en un ciel ignoré
Du fond de l’Océan des étoiles nouvelles.


Je l’avoue, je l’avoue…

Que « les vents alizés qui inclinaient leurs antennes… »
« L’azur phosphorescent de la mer des Tropiques », et le rythme baudelairien du vers,
« Le ciel ignoré »,
« La montée des étoiles nouvelles du fond de l’Océan.. »
Non ! Que dis-je :
« Du fond de l’océan des étoiles nouvelles », avec l’inversion c’est quand même autre chose !

Ces mots ont toujours évoqué pour moi une sorte de rêve, quelque chose d’épique, de mystérieux et de grandiose…



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samedi 11 décembre 2010

Titouan LAMAZOU, François PLACE: Carnets de voyage, rêve et réalité

Il y a quelques temps à l’occasion de la route du rhum, Titouan Lamazou était interviewé sur FR 3…


Sa vive intelligence et ses yeux de mer m’ont donné envie de rouvrir ses Carnets de voyage…

Et, ainsi vont mes divagations , ses carnets me redonnèrent à penser à ce carnet de voyage de « fiction » qu’est l’album de François Place : Les derniers Géants

Car ces carnets, même si l’ un parle de voyages réels et l’autre d’un voyage inventé sinon fantasmé, ont pour moi quelque chose de commun, par le style des croquis étroitement liés au récit, et par la quête racontée, de l’étranger, voire même de l’étrange :

Emporte-moi wagon, enlève- moi frégate !
Loin ! loin !...............................
(Baudelaire, Maesta et Errabunda)


Bien sûr le carnet de Titouan possède toute la magique puissance du réel, ses remarquables croquis sont chargés de la vérité des gens et des lieux, son texte dégage sa poésie de la réalité de pays véritables, et d’ailleurs, aussi ,mythiques…
Les Pyramides d’Egypte enserrées dans une banlieue « au brouhaha pétaradant que rythme une épouvantable symphonie dodécaphonique de klaxons,»
L’ hôtel où flottent les ombres d’Agatha Christie et de « Tonton » mourant , le Nil et les felouques , « un type de voilier qui n’a pas chaviré depuis deux ou trois mille ans »…
Cuba..
La Grèce, ses îles,


 Le Bénin, la Mecque du vaudou…

Tous ces pays bien réels éveillent dans les carnets de Titouan d’étranges échos, culturels et magiques .
Les personnages vrais de ses dessins s’imposent par leur existence, la présence de leurs regards, en même temps que leur étrangeté…

Alors rien d’étonnant qu’ils appellent dans ma mémoire culturelle les personnages fictifs du carnet de voyage de François Place, non ! d’ Archibald Léopold Ruthmore, érudit anglais du Sussex, dont le cours de la vie se trouva bouleversé par l’achat d’une étrange et énorme molaire couverte de dessins dont une minuscule carte de géographie, qui s’avéra après de nombreuses recherches celle du « pais des géants »…Parti en 1848 sur la piste tracée pour un aventureux voyage, il en tint le journal, dessins et récit...


La réalité du Sussex, point de départ de l’expédition, de Martaban, en Birmanie , du Salouen, du fleuve noir, se brouille peu à peu , au fur et a mesure qu’on s’enfonce entre les falaises du fleuve noir, dans la jungle « d’un tunnel de verdure » « infesté de moustiques et de sangsues » , « encombré de racines gluantes » « saturé d’odeurs lourdes d’humus et de moisi… »
Le voyage tourne au cauchemar jusqu’ à la découverte de la piste des pas de Géants, la piste initiatique d’ un monde, où ces êtres bizarres tatoués sur tout le corps d’étranges dessins, survivants de la mythologie, rescapés de l’histoire et de la « civilisation », allient la force et la tendresse, la solidarité et la bonté, la joie du jeu et la contemplation, et parlent un étrange langage de phrases musicales…


Victimes toutes désignées pour les explorateurs savants et « civilisés »que Rtuhmore par vanité et naïveté met sur leurs traces…

On comprend bien alors qu’à l’instar du Robinson de Michel Tournier, Archibald Léopold refuse à jamais tout retour dans son pays et se fasse marin, « simple matelot de la marine marchande », « ne voulant pour tout horizon que la mer et le ciel » et «dans chaque port, se faisant tatouer sur le corps un conte, une légende, une chanson" ou « racontant aux enfants qui l’entourent le nez pointé vers lui, les beautés de l’océan et de la terre… »

Toujours en partance vers un Ailleurs sans tourisme, vers l’Utopie d’un pays fraternel…




Emporte-moi wagon, enlève –moi fégate…
Loin loin ,ici la boue est faite de nos pleurs !


Vers un autre océan où la splendeur éclate
Bleu, clair, profond ….






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samedi 4 décembre 2010

J’aurais voulu être un(e) artiste…

Enfant, j’aimais crayonner , crayonner, crayonner…des silhouettes de femmes, d’enfants, des paysages, des jardins, des ciels nuageux, des arbres dans le vent, de la neige, des ombres … mais je n’ ai jamais rêvé d’être peintre.
Dessinatrice de mode…, cela j’en ai rêvé…quand Yves St Laurent, avec sa silhouette d’ado dégingandé, devint prince chez Dior.

J’ai appris un peu à jouer du piano. Je passais de longs temps à m’essayer à des improvisations improbables (le jeu de mot est tentant ) qui ne ravissaient que moi… mais j’ai toujours su que je ne serais pas musicienne…
En revanche, dans ma tête, les soirs à l’heure où l’on va s’endormir, ou quand j’étais malade , nichée au chaud de mon lit, ou sur le vieux canapé de la salle à manger, j’inventais des histoires sentimentales, je me disais à mi-voix les mots, les phrases et les dialogues …
Plus tard à l’école, j’aimais écrire des récits. J’étais championne de rédaction !
Hors de l’école j’écrivais sur un petit carnet des débuts d’histoires, et des titres, et des titres pour mes histoires à venir…
A quinze ou seize ans j’épanchais mon romantisme, mes émois sentimentaux, dans des petites chansons ou de courts poèmes que j’aimais ressasser, rectifier, arranger jusquà éprouver en me les disant comme un sentiment d’évidence, une émotion d’être parvenue à quelque chose d’accompli…
Je crois que j’aurais aimé écrire. La difficulté, c’est qu’au cours des ans, j’avais perdu la capacité d’inventer des histoires, ou que je ne réussissais pas à imaginer des personnages distants de ma personne , et des êtres vivants que je connaissais.
Souvent par la suite en écoutant les romanciers parler de leurs personnages, j’ai été frappée de les entendre en parler comme d’êtres vivant d’une existence autonome, qui en quelque sorte leur échappaient…Je crois que je n’étais pas capable de concevoir des êtres totalement imaginaires, ou des lieux qui ne seraient pas conformes à la réalité, ou des situations sociales réalistes, sinon véridiques . Prisonnière de la vie en somme… !!!

Alors bien sûr ma potion magique, ce fut de lire les histoires des autres, d’étudier à satiété comment ils s’y prenaient, les autres.! J’en fis même mon métier et découvris en enseignant la passion de partager les passions. Ou même quand je le pouvais, ce fut de me laisser conduire, lectrice in fabula, dans les vies que ces démiurges  avaient le pouvoir de réinventer,entre les personnages qu’ils créaient, plus vrais et mieux composés que les vivants, dans leurs univers inventés mieux construits que la vie même…

Amateure, amateure pour toujours…condamnée à aimer toujours les histoires des romanciers, les croquis des peintres, la musique des musiciens .Plus que tout fascinée par les musiciens dont la création est pour moi la plus inaccessible.

Parfois encore je le commence cet impossible roman , je L 'AI, ce texte plus fort que la réalité... et puis il s’interrompt, se délite, se perd dans les sables …je me fais voler mon titre…

Et je m’interroge alors sur cette force créatrice dont des auteurs, même médiocres, disposent.
Il y a sans doute un talent qui me manque, une incapacité à me déprendre du réel, ...

Mais aussi il y a la vie qui  semble me « presser » avec urgence…
Pour moi, il y a toujours un enfant à soigner d’abord, un enfant à écouter, un enfant avec qui jouer à des personnages inventés, un enfant à qui lire des histoires..
Il y a toujours un repas à préparer, un ourlet à refaire, le chat à caresser, un être cher à écouter, une classe à préparer, un cours à rédiger sur la création littéraire, des écrits d’élèves à apprécier, pas forcément tout à fait dépourvus de talent…
Il y a mon amie qui désespère de sa vie…


Il y a la mer qui m’appelle, la vague qui va, et vient nous tirer par les pieds …

Il y a la montagne qui s’enneige en un jour…
Et les arbres qui se dénudent et révèlent leurs branches, qui vont de manière éphémère mettre des bourgeons rosés, puis se couvrir d’une poussière de printemps à peine verte à la pointe des rameaux…
Il y a la neige qui risque survenir un petit matin trop tôt pour qu’on l’ait vu tomber .
Il y a Richard à aller écouter au Sud d’Arles et qui joue si bien que ce sera du bonheur, et Renaud Garcia Fons sur la linea del sur, et Daniel Mille qu’on a tant attendu et qui nous attend,et  la trompette de Paolo Fresu qui sonne le rappel…

Il y a le roman où mes lunettes marquent la page à reprendre…


Bref il y a... la vie …

Alors on pourrait conclure avec Montaigne répondant à qui lui dit :
« Je n’ai rien fait d’aujourd’hui… !
-Eh quoi !!! N’avez-vous pas VECU ??"

Ainsi pourrait-on conclure si lui justement n‘avait pas fait une œuvre…
Et quelle œuvre !!!

 



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vendredi 3 décembre 2010

Daniel Mille Quintet, Emotion, connotations

Je ne suis pas assez musicienne pour analyser les composantes musicales du plaisir d’un concert.

Je sais seulement que je trouve beaucoup de concerts « beaux », mais que d’autres suscitent en outre en moi une émotion puissante, à l’instar de certains poèmes, certaines photographies, certains tableaux, ou certains paysages…
Cette émotion est souvent marquée du sentiment de l’éphémère, poème surgi au tournant d’une page, photographie d’instants décisifs, tableau rencontré au hasard d’une salle de musée…En même temps qu’elle se grave en souvenir durable, mais où demeure toujours le regret du jamais plus …

Le dernier concert de Daniel Mille se classe dans cette catégorie, comme certains concerts de R.Galliano, de Renaud Garcia Fons, de Raul Barboza...
Comme je ne saurais analyser les qualités musicales de ce concert,- d’autres l’ont remarquablement fait , Michel Contat en particulier pour ne pas le citer- je me contenterais de dire ce que j’appelle la POESIE de la musique de Daniel Mille, c'est-à-dire son pouvoir d’ éveiller des correspondances et connotations.
Des images certes, -les météores sont très présents dans sa thématique-, mais aussi des fragments de poèmes familiers que cette musique éveille dans ma mémoire…
Quelqu’un a parlé à son sujet de « spleen ».
Mais pour moi, il ne peut s’agir du spleen baudelairien, chargé de pesanteur, d’ombre poisseuse, de pourrissement, étreint d’angoisse…
La mélancolie de Daniel Mille est délicieuse, son mode mineur s’apparente au vers impair de Verlaine,
A la tristesse de Fantasio,
ou au jardin d’Apollinaire :
L’anémone et l’ancolie
Ont poussé dans le jardin
Où dort la mélancolie..

Si l’on pense parfois à Baudelaire, c’est avec Les minots, dont la mélodie émeut ce qui demeure d’enfance en nous, comme les bruits de cours de récréation, qui musiquent à jamais pour moi un écho du vert paradis …Peut-on le rappeler avec des cris plaintifs
Et l’animer encore d’une voix argentine
L’étrange paradis…

Dans un texte Michel remarquait que les thèmes de Daniel Mille sont souvent des états de transition, la Fin d’été, Entre chien et loup, Après la pluie, qui chantent cet état à la fois délicieux et déchirant créé par le changement, qui sonne comme un départ, « Sur les quais »
Te souviens-tu du long orphelinat des gares,...
Même ses Beaux jours me semblent marqués du sentiment intense et douloureux de ce qui doit s’achever…
Je pense au Bonheur de Nougaro :
Bonheur, tu nous fais souffrir
C’est contradictoire
Bonheur, tu nous fais souffrir,
La peur que tu t’barres...

Je crois retrouver dans Fin d’été en filigrane, comme une citation, une des saisons de Piazzola (je ne sais laquelle)
Comme des soleils mouillés de ces ciels brouillés
Qui pour mon esprit ont le charme…


 Finalement ce sentiment est celui que l’on vit dans ces concerts que j’aime entre tous, le sentiment contradictoire du bonheur que l’on vit et dont redoute qu’il finisse !!!
Je ne comprends pas que les gens arrêtent de rappeler les musiciens, qu’on rallume la lumière...Comme ma petite Charlotte, j’en voudrais encore et encore….




Heureusement que, comme toute œuvre d’art véritable selon moi, ces concerts pirvilégiés, réveillent en nous des liens vers d’autres œuvres et d’autres émotions à revivre…
 
Après la neige


Pour un récit de ce concert , VOIR Michel, bistrotier des accordéons


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