samedi 6 décembre 2014

Patrick Modiano, les labyrinthes de la mémoire…

Patrick Modiano, les labyrinthes de la mémoire…
Le prix Nobel de Patrick Modiano m’a causé je l’avoue une certaine fierté…Cocorico national ? pas tout à fait, mais le plaisir de voir fêtée une langue si pure et dépouillée , aux phrases à la fois complexes et si limpides par leur déroulement équilibré, un français si accompli.
Et puis c’est un des ces rares auteurs (j’avoue ma grande incapacité à lire « en extension ») que j’ai fréquenté avec constance,  et dont j’ai lu beaucoup de livres durant une période de ma vie …
Je l’avais un peu oublié et, je ne sais pourquoi, de tous ses livres me restait le titre de Villa triste , et un souvenir prégnant, et peut-être inexact, de murs vides  en grisaille et  pénombre. Et de l’ indéfinissable tristesse d’un aboutissement impossible…
Je l’ai cherché dans le dédale de mes étagères de livres et ne l’ai pas trouvé, en revanche  j’ai retrouvé Livret de famille, dont j’avais perdu la mémoire, La place de l’étoile, Ronde de nuit, Boulevards de ceinture

Et j’ai donc acheté  Pour que tu ne perdes pas dans le quartier.
 Et elle est revenue l’impression forte et envoûtante de jadis, l’impression d’entrer dans un labyrinthe fascinant dont on ne peut s’arracher, à la recherche de quelqu’un ou quelque chose qui apparaît et se dérobe, quelque chose d’intime et  d’angoissant, important à retrouver mais peu précis, un je ne sais quoi de fondamental…et qui nous échappe…

Je repense alors à un rêve que je fais souvent et qui m’occasionne le même malaise : ça commence par le vol ou la disparition de ma voiture ou de mon vélo ; ça continue par la perte de mon chemin qui s’égare dans des voies sans issues, et s’accompagne du dysfonctionnement des objets familiers, ô combien symboliques , clés, et bien pire  téléphone, dont j’ai perdu la maîtrise …
Mais, comme dans les rêves, je persiste à ne pas me réveiller, dans l’illusion que je vais  retrouver mon chemin, le numéro de téléphone utile, le petit papier blanc …
…« Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier »….

Et voilà que tout à coup dans un autre grenier, avec les albums pour enfants, je retrouve
Catherine Certitude.
Je l’avais acheté à une période où j’espérais la parution d’albums pour adultes . Lisant mal les BD, mais sensible néanmoins à l’image, et encore davantage à son association au texte, pratiquant par mon métier la littérature de jeunesse, j’avais pris goût à cette expression interactive d’un dessinateur remarquable et d’une prose choisie, le sienne, ou celle d’un autre et non moins remarquable auteur (ainsi Céline et Tardi).

Je ne sais  si c’est dû au choix du point de vue de narration, celui  d’une fillette devenue adulte,  Catherine ,
...à ce nom propre étrange et signifiant « Certitude »,
...à l’humour de son association avec le nom bien terre à terre auquel il se trouve associé « Castérade »,
...et plus généralement à l’humour savoureux des rapports fusionnels avec son père , comme la pesée à deux sur la balance du magasin « Certitude et Castérade » :
« Je n’ai jamais rien vu sur le plateau de cette balance. Sauf papa . Aux rares moments où Monsieur Castérade, son associé, était absent , papa se tenait immobile et silencieux au milieu du plateau de la balance, les mains dans les poches, le visage incliné. Il fixait d’un regard pensif le plateau de la balance dont l’aiguille marquait – je m’en souviens- soixante-dix-sept kilos. Quelquefois il me disait :
-Tu viens Catherine ?
Et j’allais le rejoindre sur la balance. Nous restions là assis tous les deux, les mains de papa sur mes épaules. nous ne bougions pas. Nous avions l’air de prendre la pose devant l’objectif d’un photographe. J’avais ôté mes lunettes, et papa avait ôté les siennes. Tout était doux et brumeux autour de nous. Le temps s’était arrêté. Nous étions bien… 

 Peut-être est-ce dû aussi :

…A la vision poétique de la fillette, obligée d’ôter ses lunettes pour danser, qui accède ainsi à deux mondes, celui de la vie réelle, et « un monde de rêve flou et tendre » « un monde qui n’avait plus d’aspérités », qui « était aussi doux et duveteux qu’un gros oreiller contre lequel elle appuyait sa joue… »

…Et que cet accès à la poésie du monde trouve à se réaliser dans l’art de la danse …
…Et que ses souvenirs d’enfants sont « aussi tendres et flous » qu’ « un monde de rêve » heureux…
…Que Certitude elle a que :
« Nous restons toujours les mêmes, et ceux que nous avons été, continuent à vivre jusqu’à la fin des temps…
Ainsi il y aura toujours une petite fille nommée Catherine Certitude qui se promènera avec son père dans les rues du Xème arrondissement à Paris »
Un papa qui disait le matin en nouant son nœud de cravate, sur un ton pensif ou quelquefois très résolu :
-A nous deux , Madame la vie.



En tout cas, relire cet « album » m’a pour un temps enchantée…

Dans les labyrinthes de la mémoire de Patrick Modiano, j’ai trouvé pour mes rêves incertains du matin, un chemin, brumeux et flou certes, mais pourtant lumineux, et qui ne se  perd pas, un chemin d’enfance retrouvée…









mercredi 3 décembre 2014

Henri Demarquette et Thomas Enhco, un Concert de poche…


C’était à Pau, pour une fois, à Montardon pour être exacte, à un quart d’heure de chez nous.

J’avais vu l’affichette à la MJC, et découvert la présence à ce « concert de poche » d’ Henri Demarquette que nous connaissions par sa participation au Septet de Richard Galliano…mais jamais entendu en direct lors des concerts de ce septet, auxquels nous avions assisté…
Bach, Brahms , Fauré…vous avez dit classique , mais pourquoi pas ?
…Jazz, improvisations…intrigant, excitant… !
Thomas Enhco, nous ne connaissons pas …
Les concerts de poche, un projet sympathique apparemment, aucune expérience jusqu’à présent…
C’était au lycée agricole de Pau Montardon
Bref nous nous y sommes aventurés…

Une atmosphère à la fois familière et étrangère désormais : des amateurs tout venant mais parmi eux nombre de profs, des élèves de lycée, et même des enfants du primaire sur plusieurs rangs, avec des collègues qui les encadrent avec soin.
Des visages familiers d’anciens collègues, des visages inconnus de jeunes collègues…
Un amphithéâtre comble , et pour nous un peu d’ incertitude voire d’inquiétude…Un peu incertains  quant au programme , ces auteurs que nous pratiquons  assez peu,  un peu inquiets de cette foule d’écoliers et de lycéens que nous avons pourtant si bien pratiquée et appréciée jadis…


Et puis ,Musique !
Thomas Encho piano
Henri Demarquette au violoncelle

Eh bien !!!Ce fut délicieux…
Avec un enthousiasme montant, au fur et à mesure de l’avancée du concert , et que la complicité entre les deux musiciens s’affirme, se fait plus détendue et chaleureuse, que l’improvisation se fait  plus de place, en particulier grâce aux compositions de Thomas Enhco…
Le Brahms qui ouvre le festin (Sonate pour violoncelle et piano op 38)andante et allegro me paraît mélodique et beau,  mais comme « retenu »…
Mais voilà que Fauré  « Après un Rêve » donne à rêver, par de subtiles nuances et le dialogue de très belles sonorités de piano et violoncelle.
Les deux interprètes sont chaleureux et d’une virtuosité remarquable et sans esbroufe.
Bach est toujours aussi unique et universel, fédérateur de toutes les musiques, m’enchantant toujours par l’impression de plénitude et d’équilibre de son contrepoint.
 Les danses populaires roumaines de Bela Bartok, que nous aimons tant en particulier par Salque et Peirani, soulèvent l’enthousiasme du public, et se prolongent   par un traditionnel macédonien superbe.
Et par un heureux système d’alternance des œuvres classiques  et des compostions  deThomas Enhco,  ces créations offrent de magnifiques thèmes aux variations inspirées du piano et du violoncelle de Henri Demarquette….
Citons Sand creek Song, épique et novateur, le romantisme lyrique de Je voulais te dire et  La fenêtre et la pluie aussi poétique que son titre…
Les jeunes lycéens  sont « nickel » et les mouflets du primaire aussi, juste quelque petits coups de pied du garçon derrière moi sur ma chaise pour marquer le tempo !, et une écoute extraordinaire , voire même pertinente….
En fait je n’avais- presque !- pas de doute , leur ayant toute ma vie fait confiance , ainsi qu’à leurs maîtres impliqués et aux musiciens engagés dans cette entreprise…
Si la musique est bonne…classique ou jazz ou tout autre ils suivront…surtout s’il y a eu une sensibilisation préalable…
Mais en ce temps de grisaille, on entend tellement déplorer la dégradation du goût et de la motivation des élèves , je m’entends tellement dire c’est plus comme avant(= « de ton temps » en somme ! que grâce soit rendue à cette soirée d’optimisme !
Grâce soit rendue aux musiciens capables d’entraîner l’enthousiasme, par leur talent et leurs choix éclectiques et sans concession…
Merci à la structure des « Concerts de poche » pour ce double cadeau : aux jeunes et à nous le public !

Merci enfin au lycée agricole de Pau –Montardon pour sa simplicité d’accueil chaleureuse, qui tourne au luxe  le soir , avec « le verre de l’amitié » offert, simple et somptueux  à la fois, dans la salle polyvalente (ou le foyer ?).
Nous adorons ces après-concerts , tertullias où se prolonge l’enthousiasme du concert et où parfois on peut exprimer aux musiciens un peu de ce plaisir de musique…
Rencontre donc avec Henri Demarquette , chaleureux et pertinent, qui nous annonce son concert à venir avec « notre » Richard, au Chatelet en  décembre( nous n’y serons pas GRRR !) et leur interview par Andre Manoukian sur France inter , partons en live..  (nous écouterons, OUAIS !)…
Rencontre avec son jeune et remarquable collègue pianiste, pour nous une découverte à suivre…
Rencontre avec nombre d’amateurs que nous connaissons et qui ont partagé notre plaisir musical…

Encore Merci, continuez !
Concerts de poche, Lycée de Pau-Montardon….

Et vous musiciens convaincus !




dimanche 30 novembre 2014

Daniel MILLE, Cierra tus ojos ...

Daniel MILLE, Cierra tus ojos....

…..Y escucha !!!


Il est donc sorti le Piazzolla de Daniel Mille
Y escuchamos… encore et encore…

Comme toujours, on est d’entrée pris au charme du son , des sons, du phrasé, du rythme, particuliers aux interprétations de Daniel Mille
Mais quand il s’agit de dire et d’écrire pourquoi on l’aime, on a du mal à trouver les mots .Peut-être ferait-on mieux de se laisser aller au fil du courant et de dire …

Parce que c’est Piazzolla !  parce que c’est Daniel Mille !
Parce que ce Piazzolla n’est «  ni tout à fait le même ni tout à fait un  autre » .
Parce que Daniel Mille est toujours Daniel Mille…

 Mais j’aime , nous aimons, les mots. Les mots sont notre musique à nous. Dire ce que la musique évoque pour nous , c’est la vivre à notre manière , une manière de l’accompagner, d’exprimer, par des correspondances ,  la résonnance qu’elle produit en nous….

Dans ce Piazzolla Cierra tus ojos, il y a d’abord la découverte .
Certains titres nous sont inconnus : l’éponyme du titre Cierra tus ojos, Milonga para tres, et même à première vue   los  Pajaros perdidos dont nous découvrons en l’écoutant combien la mélodie nous en est familière , surtout sur sa forme chantée par José Angel Trelles ou Milva.
Ou  la Melodia en la menor , que  je retrouve en recherchant d’autres interprétations de Piazzolla sur le Tango Live forever de Galliano…

Ces thèmes découverts me semblent d’emblée s’accorder remarquablement à l’image que j’ai de la musique de Daniel Mille et de sa sensibilité poétique :
Les oiseaux perdus par delà la mer …
A l’instar,d’ailleurs, de la nostalgie, du désir de retour au pays et aux amours perdues, de Vuelvo al Sur…
La douceur triste de la pluie sur Santiago,
L’atmosphère rêveuse et nocturne de Cierra tus ojos y escucha ,
La Melodia en mineur qui dès l’entrée annonce la couleur, et les milongas « alanguies » que « Mille préfère aux véhémences du tango » comme l’exprime Emmanuelle Honorin, dans sa remarquable et poétique  notice …
Contribue à cette tonalité , le choix pour l’orchestration du son grave des instruments, violoncelles et  contrebasse   .
Y contribue aussi le jeu de Daniel mille, « sa manière d’attarder le tempo » (Emmanuelle Honorin encore !)
« En chantant  sur le mode mineur », sa douce mais insistante mélancolie, Daniel Mille rencontre et croise pour moi le caractère tragique que j’ai toujours ressenti en écoutant Piazzolla : la tonalité de ses mélodies , la scansion particulière de ses phrases, la pulsation marquée de son tango, ont toujours évoqué pour moi l’image  de la force du destin …
La Milonga para tres est particulièrement remarquable de cette tonalité sombre , de cette atmosphère de clair obscur : au début la gravité des cordes comme en contrepoint, « comme de longs échos qui de loin se confondent dans une ténébreuse et profonde unité », sur lesquels Daniel Mille vient apporter une ligne pure et plus claire , reprise par contrebasse et violoncelles.
On a une impression très forte de relief , d’ombre et de lumière…

Quant aux autres morceaux dont nous connaissons si bien les thèmes,  ils nous apparaissent interprétés différemment …
Le début de Chiquilin de Bachin me frappe par le la ligne dépouillée jusqu’à l’épure sous les doigts de l’accordéoniste, puis  la montée progressive et comme retardée , le jeu d’écho des cordes , qui parviennent par imposer au final une pulsation marquée…qui retombe insensiblement…
Le Libertango , simplicité dépouillée, rythme classique (me semble-t-il), une énergie plus chaleureuse, une mélodie pure et alanguie  qui s’éteint traditionnellement…

L’orchestration de Samuel Strouk,arrangements, direction musicale et réalisation,  me semble remarquable par son raffinement et sa variété, qui intrigue et séduit.

Le CD lui-même est un bel objet, avec ses photos d’une apparente simplicité, toutes les nuances de noir et de gris, piqué des gros plans, ou flous de profondeurs de champ..  Et son livret, un texte aux mots  à la fois poétiques et simples, riches d’enseignements, trésor  inestimable pour des non-musiciens amateurs de musique…



Piazzolla ENCORE ! Daniel Mille ENFIN!

Piazzolla et Mille TOUJOURS







dimanche 23 novembre 2014

Richard Galliano et Vincent Peirani…Eloge de la pluralité des saveurs!


Michel Contat nous l’avait déjà fait, dans un article où il prédisait le renvoi  de Galliano aux oubliettes par l’avènement de Vincent l’inspiré !
« Quant à Vincent Peirani, il renvoie sans le vouloir la star de l’accordéon Richard Galliano aux oubliettes, car lui est un véritable novateur, comme le fut Astor Piazzola au bandonéon et à l’accordéon. »
Et ce soir du 21 octobre où nous venions d’entendre Vincent P et Emile P, après avoir  assisté au concert de Richard Galliano la veille  avec le jazz Band 31, c’est un de ces intrus charmants et encombrants que l’on rencontre quelquefois en concert , une intruse en l’occurrence, qui cherche à nous la faire aussi, en tentant de nous engager dans la pesée  des mérites respectifs de l’un et de l’autre…
Son enthousiasme pour le duo de Vincent et Emile déborde , ses mots se précipitent, se ramifient , se multiplient  pour peser, classer le talent de l’un, et le mérite de l’autre, établir que Vincent est plus novateur et Richard plus classique, finalement un peu décevant par rapport à « Vincent qui apporte tant à l’accordéon »….
MOI,  qui viens de saluer Vincent Peirani et Emile Parisien, je reste sous le charme prégnant de la soirée…comme la veille d’ailleurs, après le concert de Richard G !  mais sans la bise hélas , ni même l’échange bref et chaleureux dont parfois il nous fait la grâce !!!!
 Nous restons un peu abasourdis , et pas seulement parce que nous irions bien souper avec notre Charlotte en savourant l’euphorie de cet après concert…

Que lui dire à cette connaisseuse ?
Que Galliano reste pour nous le GRAND ?que le son de son accordéon est somptueux,   ses compositions magnifiquement architecturées,  subtilement réinventées  de fois en fois ? Et qu’à l’accordéon, il a apporté tant qu’il n’en a pas fini d’apporter…

Et que Vincent  joue avec  une virtuosité et une liberté époustouflantes , le swing à bras le corps, et nous « évade »dans l’improvisation » ?

Que ni le son , ni les mélodies, ni le rythme ne sont comparables mais bien Incomparables !

ET, nous dirions «  ET »…..

Que les classiques et  les innovants, les anciens  et  les modernes , ce n’est plus de saison, ce n’est que  vaine querelle !
Que nous n’aimions pas les classements même (ou surtout) à l’école !!!
Que l’essentiel est le plaisir des saveurs multiples, si elles sont exquises, et qu’on sache en goûter
les différences !
Que rien n’est plus merveilleux que d’avoir la chance d’  aller voir et écouter l’un  le lundi , l’autre le mardi, surtout  que vendredi, on savourera  la « soie » du son de  Daniel Mille !

Que le Swing keeps on !..dans le jazz ET l’accordéon, le jazz ET la java…

Avec Richard,  Vincent, Emile, Daniel ,…ET les autres !


Vincent Peirani et Emile Parisien à Toulouse






C’était pour Jazz sur son 31 le 21 Octobre

Je ne sais que me répéter , mais je confirme notre irréductible admiration !
Vincent Peirani a trois talents que j’apprécie  :
Improviser,
Dialoguer,
Et un son particulier que je ne sais pas analyser, je dirais seulement ce que j’en apprécie en particulier, le tempo très marqué, très obsédant et swingué, jouant sur les registres et les plans sonores…

Et ce soir-là , à Toulouse , il me sembla que le concert allait « a mas »(= en augmentant ,qu’on me pardonne ce terme tauromachique pour moi plus évocateur) donc a mas sur ces trois plans-là !
Improvisations de plus en plus libres et audacieuses, de plus en plus de virtuosité, et des dialogues de plus en plus ludiques et inspirés comme des « joutes sonores », au fur et à mesure que leur entente se fait davantage  sentir , qu’ils se livrent davantage dans l’abandon du concert…
Car pour dialoguer il faut être deux  et ces deux là font une sacré paire, le saxo soprano d’Emile Parisien rivalise en virtuosité, en trouvailles inventives et malicieuses, en pureté filée des aigus, le beau son de Vincent…
Les thèmes, pour les avoir entendus maintes fois !!!on ne les aime pas moins.
 Egyptian Fantaisy et l’écho lointain,  douloureux autant que délicieux , d’ un Sydney  Bechet de notre jeunesse,
La superbe valse à trois temps pour Michel Portal, developpée, enveloppée, …enlevée !
Le merveilleux Hysm, émotion saisissante !
Le Dancers in love de Duke Ellington…
Tous ces thèmes et des plus personnels ,Choral, B et H, sont emportés au fil des minutes par leur jeu inspiré…
La communication  circule comme une vague dans le public, l’enthousiasme, l’échange, le bonheur…
OLA !

Et c’est fini !



lundi 17 novembre 2014

En écoutant FREDERIC VIALE …à Castres


C’était à Castres il y a huit jours

Et au théâtre , il y avait Frédéric Viale
Ecouter Frédéric  fut d’abord  l’écouter, en une sorte de master class informelle parler de sa musique…
 Je sais , je le dis souvent , je me satisfais des textes sans explication de textes, des tableaux sans visites guidées, du plaisir de conduire sans compréhension de la mécanique…et de la musique sans l’éclaircissement du solfège…
Mais , parfois je l’avoue, je me laisse au prendre au plaisir de l’explicitation par les musiciens de certains aspects techniques simples,( mais à mon niveau, nouveaux), par l’éclairage soudain qu’ils donnent aux œuvres jouées et appréciées…


Il faut à cet exercice beaucoup de simplicité et de clarté, de discrétion , toutes qualités qu’a eues Frédéric dans cet après midi, où entraient en jeu aussi une sorte d’intimité , de détente, dans un lieu harmonieux et lumineux.
J’ai retenu ce qui m’intéressait particulièrement ,
Par exemple le rôle imparti par  Frédéric  dans la formation aux autres musiciens :
..Evidemment le rythme,  qui ne de réduit pas à assurer la « rythmique » , mais auquel Frédéric demande me semble-t-il  d’être différent, d’être un élément de diversification  , par leur coloration brésilienne, d’ ouvrir en quelque sorte dans sa musique des espaces de liberté, j’imagine comme le fait la variation métrique des vers d’un poème.
..A ses compagnons aussi le rôle de la variation, et de l’improvisation une fois le thème posé.






J’ai  mieux compris  parce que Frédéric nous l’a donné à entendre le principe,  la structure, et l’intérêt des basses composées , et aussi parce que cette compréhension technique débouche dans les explications  de Frédéric  sur une implication de style et d’esthétique : en effet il nous dit y  trouver un appui d’accompagnement précieux, mais aussi ne pas en faire un usage trop systématique de peur de  tomber dans la lourdeur et la rigidité  d’un répétitif tout fait.

J’ai  bien reconnu parce que bien entendu « le son musette » »démontré », et, presque ! , bien compris ce qui le produit…
Ô la merveille d’Indifférence jouée musette et moins musette….mais toujours merveille…

Nous avons souvent souhaité, lors des festivals auxquels nous assistons, de pouvoir bénéficier ainsi de quelques moments où les musiciens  nous expliqueraient ou nous parleraient simplement de leur musique. Alors que les master classe ne sont destinées généralement qu’aux praticiens dont nous ne sommes pas !
Et samedi à Castres , il y eut des « mots » en toute simplicité,  pleins d’intérêt…. mais il faut bien avouer que le plus délicieux fut que Frédéric les illustra ou bien plus  simplement nous joua des moments de son programme «  L a Belle chose »

Et  le moindre plaisir de l’après midi ne fut pas d’entendre comme un précieux(quasi royal !!!)privilège, Frédéric en solo comme un en concert privé…
Je pense que c’est un grand plaisir d’écouter des musiciens solo.
Cela ne contredit pas bien sûr le grand plaisir des formations , où se croisent, se fondent , s’unissent et se désunissent, les sons des instruments, les jeux des musiciens…
Mais il y a dans le solo comme un dialogue tendu , fragile , et périlleux, entre le musicien et son public , l’impression qu’il joue pour nous , seul exposé au danger de l’erreur mais aussi à la liberté de l’interprétation

Le solo est certes un exercice  singulier et saisissant …
« Plus qu’un chanteur que l’orchestre ou un instrumentiste accompagne, cet homme seul en scène avec son accordéon embrassé, semble nous inviter à un face à face intime et tendu…
C’est un concert singulier sans doute pour lui, mais aussi pour nous, écouteurs passionnés qui concentrons toutes nos attentes sur celui( ou celle) qui va jouer pour nous . »

Merci  donc à Frédéric pour ces lumineuses explications et pour ce solo .
On ne peut que souhaiter qu’il en offre à d’autres publics le grand plaisir !

Et  puis le soir le Concert !
Pour le compte rendu, je me contenterai de vous inviter à le lire dans le blog de Michel:



Je dirai seulement que je l’ai vécu comme intense ,dans l’implication des musiciens , la tension de Frédéric à l’accordéon  et la réactivité, chaleureuse, pertinente,   du public , enchanté et connaisseur.

Je dirai aussi une impression personnelle quant à la composition du concert  qui, comme on dirait en tauromachie(Castres est un lieu de peinture,hispanique !)  est allé « a mas », «  en montée » de l’émotion, de l’énergie, du plaisir musical, jusqu’au chaleureux enthousiasme final !
Peut-être l’émotion initiale d’Iguaçu d’abord, puis la musicalité de La Belle Chose, l’énergie et le rythme enlevé de Little Kevin, la douceur mélodique de Valsa som nome avec une subtilité du rythme complexe par décalages des différents rythmes..Et puis en final ,Locomotango , dont je ne dirai rien sinon que pour moi , c’est un chef-d’oeuvre et qu’il entraîne tout le monde, et les musiciens, dans une Alegria déchaînée !!!

Je dirai encore comme Michel, que le concert nous amène à repenser à la « non-directivité » revendiquée par Frédéric Viale (et sans doute à la notion de non directivité en  général !).
Certes il ouvre à ses compagnons de grands et réels espaces de liberté, mais c’est avec une grande maîtrise de l’ensemble, une présence évidente et remarquablement assumée, une vigilance tendue  au jeu de chacun, une « direction » non-directive en somme , mais efficace et claire … !
Je dirai encore que LA BELLE CHOSE  est un superbe CD qui ouvre des attentes et que le concert passe la promesse du CD !!!








 Le moment d’entretien- explicitation de Frédéric m’a inspiré un petit retour personnel sur un problème qui m’a toujours préoccupée personnellement, en tant qu’enseignante, sur le rôle de l’explication dans la compréhension et le plaisir esthétique de l’œuvre d’art… :
(…Et  je sais, je le dis souvent , je me satisfais des textes sans explication de textes, des tableaux sans visites guidées, du plaisir de conduire sans compréhension de la mécanique…et de la musique sans l’éclaircissement du solfège.
Mais , parfois je l’avoue je me laisse au prendre au plaisir de l’explicitation par certains musiciens de certains aspects techniques simples, mais à mon niveau nouveaux, par l’éclairage soudain qu’ls donnent aux œuvres jouées et appréciées…)
Je me souviens avec émotion d’une notion que j’étais amenée à utiliser pour mon travail , celle de systèmes de personnages, et parfois je me laissais prendre au plaisir de l’ordonner en tableaux  d’où par comparaisons et différences, ressortaient des indices significatifs lumineux . J’en étais un peu embarrassée parfois, craignant de rebuter mes apprentis lecteurs d’histoires , me disant que leur intuition suffisait largement, dans la simple lecture,  à saisir dans la trame  du texte la subtile construction les fils ténus et signifiants .

Jusqu’au jour où l’une de mes élèves de terminale me dit en sortant : « pourquoi, mais pourquoi ne nous dit-on pas ces choses là plus tôt, comme le rapport des personnages m’apparait plus évident et complexe  et plus intéressant  maintenant » !!!!

mercredi 5 novembre 2014

Mensonge d’automne ?


 A l’occasion de la venue de Daniel Mille à Toulouse, j’ai recommencé à réécouter ses disques …
Ainsi les concerts nous sont souvent l’occasion de revisiter les CD que nous aimons , plus systématiquement , avec plus encore d’obstination qu'à l'habitude comme pour raviver les moments vécus en direct , à la recherche du Temps perdu, celui du concert éphémère .
En même temps on se reconstruit comme un parcours dans l’œuvre comme on le ferait entre les livres des auteurs qui nous sont chers…

Bref c’est ainsi que j’ai redécouvert Le Funambule et un extrait de La valse des adieux que Daniel Mille a composé pour accompagner la remarquable récitation par Jean Louis
Trintignant d’un extrait d’un texte D’Aragon.

Ce texte, que je ne connaissais pas, m’a touchée par son degré de désespoir, comme souvent ceux que choisit Jean Louis Trintignant. Une  phrase en particulier,  par sa musicalité, et parce qu’elle dit voir « le fond de l’abîme » :

« Je ne vous dis rien d’autre dans ces jours où la beauté de l’automne risque de nous faire croire au printemps…
« Je ne vous dis rien d’autre qu’il faut savoir regarder en face le malheur et ne pas le déguiser en son contraire… »





Il est vrai que cette année, l’automne de chez nous ressemblait à l’été, un été qui nous menait s’asseoir pour déjeuner au jardin, courir au bord de la mer, aller voir si la rose…



Un été qui semblait se superposer à l’été réel ,qui fut assez froid , plutôt gris et même parfois pluvieux….

Pour ma part j’aimé ce mirage d’été, angoissée malgré tout parce sans illusion…




Et il fait froid désormais, justement depuis Toussaint !  et somme toute, tout est rentré dans l’ordre, l’ordre de l’hiver qui vient !!!!





« Allez, c’est bien fini jusqu’à l’année prochaine
« Et tous les cors ont tonton ont fait Tontaine !




En sera-t-on pour autant plus « cool »?




lundi 3 novembre 2014

Richard GALLIANO et le Big Band 31 à Toulouse

A jazz sur son 31,Richard Galliano keeps on swinging...

C’était à Odyssud le 20 octobre dans le cadre du festival de jazz sur son 31.
C’était le Big Band 31 dirigé par Philippe Loégé, pianiste et directeur de surcroît du festival…
Et c’était Richard Galliano, l’Invité !
Et nous y étions, puisqu’il y était !
Peut-être ne vient-il plus aussi fréquemment pas trop loin de chez nous…
Peut-être n’avons-nous plus le courage d’aller aussi loin pour l’écouter, peut-être devenons-nous plus « exigeants », et dédaignons-nous - à regret malgré tout- les grands événements à grandes salles (le chapiteau de Marciac, l’auditorium de Saint pierre des Cuisines) pour des lieux moins prestigieux mais plus intimes, Conilhac, Foix, Limoux, Colomiers …et qu’ainsi nos rendez-vous se font relativement moins fréquents !!!

Si bien que pas question de manquer celui-ci, fût-il dans un lieu prestigieux, Odyssud, et d’une intimité relative, dans la foule d’une salle pleine jusqu’aux plafonds et d’un Big Band de 15 cuivres et  un piano sur scène !
Mais il faut dire, qu’en matière de cuivres,   Michel aime particulièrement le BJO , et s’était démené pour se procurer l’enregistrement du concert Ten Years Ago qu’il avait  donné avec Richard en 2008, et  que nous connaissions le Big Band 31 pour l’avoir entendu à Limoux ! avec Galliano !
..Et que nous avions aimé celui-ci,  j’allais dire bien sûr ! au cœur d’une brassée de cuivres, ou, comme l’avait écrit  Michel, « surfant sur une déferlante cuivrée »… j’allais presque dire bien que… !



Donc lundi soir  nous étions là !
Et nous avons beaucoup aimé cette nouvelle version !
Les conditions d’écoute d’Odyssud sont à l’évidence excellentes et font oublier la distance entre les musiciens et nous…
Nous avons aimé la remarquable organisation du Big Band, l’ordonnance «  classique » mais impeccable des chorus.
J’ai pour ma part particulièrement apprécié les « graves » , la rythmique du batteur et de la contrebasse, les saxos ténors, et surtout les trombones …On n’a pas me semble-t-il si souvent l’occasion de si bien les entendre, distingués des autres instruments. Il me semblait  que leur jeu offrait un relief saisissant à l’accordéon de Richard Galliano.
Nous avons apprécié  la maîtrise de Philippe Loégé comme chef, mais aussi comme pianiste : son duo avec R.Galliano  sur « Cécile ma fille » fut pour moi un grand moment d’émotion…
Car dans la puissance « pluri phonique » des cuivres,ni  l’émotion, ni la mélodie, ni la beauté du son ne manquèrent …
Sans doute grâce à Richard Galliano et sa remarquable présence . A sa remarquable sonorité, la continuité expressive de son accordéon, comme une rondeur mélodieuse et chaleureuse,  une énergie qui  transmet  vitalité et allégresse, et  une virtuosité si remarquable qu’elle ne s’avoue pas mais semble naturelle .On pense à Picasso : « La technique est importante à condition d’en avoir tellement qu’elle cesse complètement d’exister… »
…Grâce enfin au rythme qui anime sa musique et qu’il vit de tout son corps, que ce rythme soit jazz ou bien java… !
Richard Galliano toujours keeps on swinging !
…Grâce encore au choix des thèmes fait par Ph.Léogé et Galliano , très mélodiques, pour nous familiers , que nous aimons à  retrouver dans beaucoup de ses productions, New York tango, Viaggio, Blow Up ,  et sont en fait   pour moi associés à un Galliano « très jazzy » …Giselle, Coloriage, Ten years ago, Rue de Maubeuge, Poème(sur Le Pont Mirabeau) Michangelo 70, Tango pour Claude…
Mais outre Tango pour Claude, ce sont beaucoup d’autres morceaux de Nougaro qu’ils ont en outre  choisi d’adapter et d’orchestrer avec bonheur,  et c’est à maintes reprises dans le concert l’évocation émouvante de la présence tutélaire de Claude . Evocation émouvante, mais aussi brillante, par les arrangements qu’ils en ont faits, et l’interprétaton qu’ils en offrent…
 Bien sûr  le jazz et la java, emblématique ,



… pour ce festival de jazz, mais aussi pour Richard, qui rappelle à cette occasion  son attachement  au jazz, dont il a prouvé que l’accordéon pouvait être un instrument central et brillant , mais aussi au musette, où il puisé ses racines d’accordéoniste et de musicien…

…et le Tu verras tu verras…

Mais encore, au cours du concert, d’autres morceaux magiques, un « Garonne « hot », le très émouvant Cécile, et un Tango pour Claude époustouflant ! à en perdre haleine, à l’issue duquel Richard sort en coulisse pour revenir essoufflé, et dire :
« Je crois, je crois  bien, qu’il l’aurait aimé ce  tango pour Claude ! »

Merci à Claude !
 Merci à Richard,
 Merci à Philippe Léogé, aux trombones, au piano, au band tout entier !
Pour cette soirée d’enthousiasme et de bonheur musicaux !









vendredi 31 octobre 2014

Daniel MILLE , jazz sur son 31 Toulouse.

Nous étions donc au premier rang, tous les trois, car notre Charlotte nous fait la grâce de partager souvent nos folies de musique,  ce vendredi 24 octobre à l’Automne Club de Jazz sur son 31 pour assister au concert du Quintet de Daniel Mille, «  Le chant du piano à bretelles ».



Heureux d’être au rendez-vous , à seulement deux heures de chez nous…Car pour l’ écouter , nous ferions souvent bien davantage de route tant nous aimons sa musique …


Si on me demande pourquoi nous l’aimons, pourquoi nous nous attachons à ses pas, pour assister à  ses concerts, et  à ses CD, qui sont si raffinés qu’ils environnent sa musique de mots poétiques , de titres qui donnent à rêver , de paroles diverses de talentueux compagnons...



Si on nous demande, donc…
Je dirai, parce qu’il me semble avoir un style personnel si remarquable qu’on le reconnaît avec  évidence, qu’on l’aime et  qu’on désire toujours le retrouver …

« Daniel Mille est un musicien très sensible qui possède le sens du son et de la mélodie » a dit quelqu’un…
Et ce quelqu’un c’était Galliano ! Orfèvre en la matière du son et de la mélodie !!!

LE SON…une certaine manière d’utiliser les ressources expressives de l’accordéon  pour un lyrisme à la Verlaine , une manière légère ,  d’intensité  variable, nuancée, funambulesque, mais toujours « soyeuse »(Michel Contat)...


La Mélodie …remarquablement prenante, à la limite de la tristesse ou de la mélancolie, trop légère pour  du spleen, trop déchirante pour une saudade, une nostalgie… d’été quand vient l’automne , d’enfance dans la maturité…,d’une  rue à jamais passée : une « fin d’été », une  part de « minot » en nous, inguérissable , un accordéon sur une place sainte Catherine …
Une thématique de « temps qui bascule », de la  fragilité d’un temps en suspens,  comme le rythme d’un vers impair, créant une sorte  d’Attente …
Ses mélodies me bouleversent toujours , voire me fascinent….
Le son … la mélodie…, mais aussi, j’y suis particulièrement sensible ce vendredi au Magic Mirrors, un des plus remarquables de ses concerts auxquels nous ayons eu la chance d’assister, une maîtrise dans  le groupe du quintet, maîtrise de l’intervention des différents instruments , une réussite du juste équilibre organisé  des différents plans sonores…   et cette maîtrise est si discrète qu’on peut la penser naturelle comme l’évidence de la beauté d’un tableau…On y ressent un véritable talent à s’entourer de musiciens remarquables avec qui l’interaction se perçoit, mais peut sembler  le simple effet  d’affinités   sélectives  …


Julien Alour (bugle)Andy Barron ( batterie)Pascal Berne (contrebasse) Alfio Origlio (piano) 




Je ressens la même impression d’équilibre dans la programmation, Après la pluie, Ouro Preto,Oblivion, Les soirs de pleine lune, La valse des adieux , c’était le programme de Après lA pluie … S’y entrelacent L’attente ,  Fin d’été,  Estrella do norte, Les Minots,plus récents (L’ATTENTE) sans rompre l’unité de style de l’ensemble, comme pour une promenade rêveuse ( un «  Nostos »)dans son oeuvre …revisitée…

Une de ces promenades dont on souhaite qu’elle ne s’arrête pas, tout en ayant le sentiment poignant de sa finitude.

Et on en demeure séduit …complètement !

Et le moindre plaisir ne fut pas ce soir-là, la divine surprise de la dédicace qu’il m’a offerte de leur dernier morceau… « Brindis »si inattendu, émotion si vive que j’ai été, je l’avoue,  bien incapable d’en identifier le titre…Pour nous :  «  L’ultimo Regalo » de cette soirée !


J’ai souvent écrit sur Daniel Mille :