Agatha Christie : Sous la dentelle…
Il est vrai, son domaine de prédilection, ce sont les manoirs anglais et la gentry d’une époque qu’on ne peut plus qualifier de belle, la guerre étant passée par là…
Il est vrai la ville et la rue lui sont étrangères.
Mais si vous me le permettez, j’aimerais dire combien j’aime ,à l’instar des toiles peintes des décors d’Hitchcock, l’apparence factice du monde romanesque qu’elle a créé .
Il n’y a pas que des manoirs anglais, il y a d’étouffants petits villages dans l’immédiat après guerre, avec des pasteurs, des notaires ,des rentières ruinées, des médecins, des colporteurs, des auberges de villageoise ….…
J’aime particulièrement ses personnages de femmes pour leur ambiguïté. Leur condition sociale contribue pour moi à les « déréaliser » : aristocrates, servantes , ou jeunes femmes –riche en général- éprises d’émancipation,elles incarnent souvent à mes yeux la cruauté de l’humaine condition : sottise et vénalité , passion amoureuse bafouée, culpabilité,et névrose d’échec les entortillent dans un destin tragique et quelquefois sordide.
Comme chez Hitchcock, certaines scènes inspirent le sentiment poignant de l’irréversible ; la petite bonne un peu sotte, que son amoureux attendra en vain, le mari volage et adoré, poignardé alors qu’il s’amendait, la petite serveuse endimanchée comme une citadine, étranglée en tournant le coin de son rêve…
Les montages machiavéliques de « meurtres parfaits » offrent par leur artifice même l’image de la vanité de l’ingéniosité humaine.
Ou à l'inverse, plus angoissant, comme les dénouements de Molière, ces montages avortés ne signifient-ils pas que la conclusion serait inéluctablement tragique sans l’intervention providentielle des deux dei ex machina, à la fois invraisemblables et d’une existence romanesque évidente.
L’adorable et sagace petite vieille qu’est miss Marple, masquant sous sa fragilité et les points ajourés de son châle la toute -puissance de la Némésis. Le vaniteux Hercule Poirot à l’étroit dans ses manies et ses souliers vernis mais champion de l’intuition et amoureux innocents.
Sans eux, les héros n’échapperaient pas à l’engrenage du malheur, ourdi par la passion bafouée, la folie manichéenne, l’avidité déçue , l’amour refoulé…
Tous n’échappent que de justesse à la logique tragique du monde…
Et moi je n’échappe pas aux délices d’un monde où l’artifice permet de vivre impunément ce tragique et de l’esquiver…le temps d’un roman !
Il est vrai, son domaine de prédilection, ce sont les manoirs anglais et la gentry d’une époque qu’on ne peut plus qualifier de belle, la guerre étant passée par là…
Il est vrai la ville et la rue lui sont étrangères.
Mais si vous me le permettez, j’aimerais dire combien j’aime ,à l’instar des toiles peintes des décors d’Hitchcock, l’apparence factice du monde romanesque qu’elle a créé .
Il n’y a pas que des manoirs anglais, il y a d’étouffants petits villages dans l’immédiat après guerre, avec des pasteurs, des notaires ,des rentières ruinées, des médecins, des colporteurs, des auberges de villageoise ….…
J’aime particulièrement ses personnages de femmes pour leur ambiguïté. Leur condition sociale contribue pour moi à les « déréaliser » : aristocrates, servantes , ou jeunes femmes –riche en général- éprises d’émancipation,elles incarnent souvent à mes yeux la cruauté de l’humaine condition : sottise et vénalité , passion amoureuse bafouée, culpabilité,et névrose d’échec les entortillent dans un destin tragique et quelquefois sordide.
Comme chez Hitchcock, certaines scènes inspirent le sentiment poignant de l’irréversible ; la petite bonne un peu sotte, que son amoureux attendra en vain, le mari volage et adoré, poignardé alors qu’il s’amendait, la petite serveuse endimanchée comme une citadine, étranglée en tournant le coin de son rêve…
Les montages machiavéliques de « meurtres parfaits » offrent par leur artifice même l’image de la vanité de l’ingéniosité humaine.
Ou à l'inverse, plus angoissant, comme les dénouements de Molière, ces montages avortés ne signifient-ils pas que la conclusion serait inéluctablement tragique sans l’intervention providentielle des deux dei ex machina, à la fois invraisemblables et d’une existence romanesque évidente.
L’adorable et sagace petite vieille qu’est miss Marple, masquant sous sa fragilité et les points ajourés de son châle la toute -puissance de la Némésis. Le vaniteux Hercule Poirot à l’étroit dans ses manies et ses souliers vernis mais champion de l’intuition et amoureux innocents.
Sans eux, les héros n’échapperaient pas à l’engrenage du malheur, ourdi par la passion bafouée, la folie manichéenne, l’avidité déçue , l’amour refoulé…
Tous n’échappent que de justesse à la logique tragique du monde…
Et moi je n’échappe pas aux délices d’un monde où l’artifice permet de vivre impunément ce tragique et de l’esquiver…le temps d’un roman !
7 commentaires:
Voilà un texte qui constitue un beau contrepoint à celui que j'ai consacré à la réédition des cinq romans de Dashiell Hammett !
Bravo !
Merci , merci beaucoup!!!!
Pour Dashiel Hammet, voir:
http://www.maitrechroniquelight.com/archive/2010/01/08/policier.html
Quel texte ! Bravo Françoise ! Tu me donnes envie de redécouvrir Agatha Christie que je n'ai plus lue depuis très très longtemps...
Edith
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