mardi 31 décembre 2013

BONNE ANNÉE 2014

BONNE ANNÉE 2014


Cette année, j’ai abandonné mon jardin à l’Automne…



 Mais  ce Noël le  houx sauvage qui y pousse depuis deux ans a décidé de fleurir …


Et dans les feuilles tombées brunies par la pluie obstinée, une première rose de Noël s’est ouverte…

Pour me rappeler que le Solstice est passé et que l’An Neuf se pointe…


Et qu’il est temps que je vous souhaite, Amis,  une Très Belle Année …


Et que je vous dise : 

« A tous les partages à venir en 2014

Qu'ils éclairent cette année nouvelle»…!


Amitiés

lundi 30 décembre 2013

Grammaire : La disparition du complément d’objet…



Socio grammatical phénomène…

 Du temps que j’étais prof de littérature, je me rappelle avoir été frappée par une remarquable et « docte » analyse ,  ce qui est dommage c’est que je ne sais plus si c’était de Jean-Louis Barrault (Mise en scène de Phèdre, coll. Points)  ou de Roland Barthes ( Sur Racine)…mais la remarque m’a beaucoup  influencée alors dans ma lecture de Phèdre
 Elle concernait l’usage du verbe AIMER chez Racine, et sa construction « absolue » dans beaucoup de vers, c’est-à-dire sans complément…comme s’il s’agissait d’un verbe intransitif, je respire , je vole, je marche , je ris, je vis….
J’aime…
Pour les héroïnes de Racine, disait la remarque, l’essentiel (la malédiction d’ailleurs), c’est l’amour et non l’objet de cet amour. Et cet emploi absolu du verbe renforçe sa force…
Et je trouvai cette idée saisissante, particulièrement quand le rythme des vers mettait en relief sa puissance :
Ainsi dans « la scène de l’Aveu » de Phèdre :
« -Aimez-vous ?
demande Oenone,
-J’aime …à ce nom fatal, je tremble, je frissonne,
J’aime… »
ET c’est Oenone qui dira l’objet … !


Juste ou pas, cette interprétation donnait aux mots un poids émotionnel très fort…

Et voilà que récemment comme je m’amusais sur Facebook, à écouter les propositions You Tube de mes « amis », à regarder leurs photos, à lire leurs commentaires, cliquant de-ci de-là , sur « J’aime », renchérissant même parfois par un « je n’aime pas, j’adore… »…j’ai été frappée par le fait que moi aussi, avec eux tous, et sans même y penser, j’utilisais désormais le verbe j’aime « absolument »...

Et puis comme une prise de conscience n’arrive jamais seule, en écoutant mes petites filles et leurs parents d’ailleurs, je remarquai que  :
-Je gère ,disait l’un
-J’assume disait l’autre
-En tout cas Elle, elle assure !
-et l’autre : Mais Lui, Il ne communique[1] pas … !

L’important en somme c’est de communiquer …peu importe l’objet, l’important c’est le comment…

J’ai entrepris d’allonger la liste persuadée qu’elle se complèterait…pour l’instant je n’ai pas de théorie sociologique d’interprétation de ce fait grammatical…Peut-être y réfléchirai-je !

Intransitivement vôtre !






[1] Un jour il me faudra  d’ailleurs réfléchir sur le devenir du verbe « communiquer »

lundi 23 décembre 2013

La MORT de L’ART



Effets de l’âge ? Voilà que nous nous  retournons  parfois vers nos rencontres culturelles de jeunesse en  disant : « mais c’est tout à fait vrai ça, encore aujourd’hui ! »
Pour l’instant, nous ne disons pas encore : « c’était  bien plus juste que ce qui se dit aujourd’hui ! »

Bref, une notion revient avec récurrence entre nous ces derniers temps pour ne pas dire avec obstination : celle de la mort de l’Art, celle, ou du moins inspirée, d’une théorie d’Hegel, que Michel, travaillant pour un mémoire l’Esthétique de HEGEL, avait été amené à analyser.
L’idée bien approximative que je m’en étais faite et que j’en ai gardée, c’est que l’art se développant dans l’histoire, est comme toute chose soumis à des évolutions, et ses formes successives amenées à disparaître.
Bon !!! pas de quoi ressasser !
Ce qui nous titille en revanche, c’est ce que signifie pour Hegel, et suivant notre interprétation, la mort de l’art.  
« Sa thèse est qu’elle se manifestera par une surabondance d’œuvres accompagnée de leurs commentaires, critiques et autres gloses, au point que bientôt  il n’y aura plus de création sans son explicitation discursive ni sans analyse et analyses d’analyses… et ainsi de suite… »

Déjà le nouveau roman, je n’osais l’avouer,  avait tué pour moi les histoires. Il se voulait  l’histoire de son écriture, le roman de sa création et  ça ne m’intéressait pas beaucoup ou ça m’intéressait intellectuellement,  comme phénomène littéraire,  tout en me laissant de glace…
Bon ! il y avait bien la Modification , oui ! une histoire d’amour se désagrégeant , avec un train de nuit entre Paris et Rome , et un vrai dénouement,  ou le suspense mystérieux des   Gommes, une histoire dans un  polar …mais souvent je m’appliquais en vain à chercher des émotions sentimentales et mêmes esthétiques dans cet univers conceptuel.
Quelquefois,  dans l’univers décalé des surréalistes, même sans récit, s’offraient des émotions profondes , j’adorai Nadja..
Et heureusement, à l’époque, en passant rue de Cursol je découvris une librairie de polars d’occasion et la divine Agatha Christie . Pour un peu (ou pour beaucoup de petits tomes jaunes du Masque) , j’en aurais presque failli rater mon certificat de Grec…
La suite des temps développa en moi une sorte de schizophrénie littéraire entre Littérature et Romans. que je réussis à assumer  fort bien ….
On finit par ne plus trop y penser, à la mort de l’Art !

Et voilà que depuis quelques temps, effet de l’âge ou perception objective du contexte culturel actuel, suivant le degré d’humeur chagrine ou de dérision du jour, ressurgissent entre nous la théorie d’ Hegel (ou notre idée de cette théorie !)
Quand nous nous obstinons à hanter le musée des Abattoirs( !!!) à Toulouse, ou le CAPC à Bordeaux aux Entrepôts Laîné,  parce que nous avons  peine à résister aux sirènes de l’art en marche, aux  promesses d’assister à l’émergence de l’  art contemporain nouveau, chaque fois nous en sourions de dépit .. Entre présentations lapidaires ou  prolixes mais toujours absconses du CONCEPT, on cherche l’œuvre !!!

Regrettant parfois le coût des billets d’entrée, mais nous consolant toujours de la splendeur du lieu qui lui, , n’a rien perdu de sa grandeur, qu’il s’agisse des entrepôts Laîné, avec leurs voûtes dépouillées de cathédrale viticole, 







ou du Musée des Abattoirs, dont la rénovation a mis en évidence la pureté géométrique...
Ah c’est bien ça, la Mort de la peinture !

Et voilà que petit à petit la rengaine devient envahissante:

Ah bien oui, il y a aussi la mort du sport !
Devant  télé-foot et consorts : analyse , prévision , debriefing, re-analyse ….et le match ? 
En sandwich entre gloses et commentaires !…A moins qu’on l’ait déplacé à 14 heures dimanche, résultats des autres connus , enjeux disparus, mais programmés pour attirer dans ce créneau d’autres spectateurs …Affaire de Showbiz, bien sûr !

Et aussi la  mort de la cuisine !
Quand à l’heure des repas justement, pullulent des joutes culinaires  de plus en plus sophistiquées, Vive master chef , Vive un Dîner presque parfait, Vive « Cauchemar en cuisine »qui vire au thriller, et Le Meilleur Pâtissier devient  un combat d’obstacles à la Rastignac …où finalement l’enjeu est le jeu plus que la cuisine, on l’aime «  Show » !!!!
Morte la cuisine réelle, quotidienne et pas seulement, pour les gens qu’on aime et même pour soi, au fil des jours, des saisons, au gré des convives et des rencontres ?

Et la mort de la TELE .
Voilà  Cà vous !!!ou La TELE parle à LA TELE ! Joyeuse petite bande qui s’amuse des extraits choisis de ses propres émissions, et « chambre » les erreurs ou les lapsus des collègues. Bref télévise ses coulisses et nous les donne en spectacle . Saine prise de recul ? Ou dîner parisien  auquel  le public lambda  ne se sent guère invité ? C à vous oui, mais à qui ?
La télé se mourra-t-elle d’émissions consanguines ?

Pour ne rien dire de la mort de la politique…et de ses « éléments de langage »…

Mais  voilà que, hasard objectif, je trouve, en feuilletant  Paroles, un poème qui  j’aimais,
L’Orgue de Barbarie….

Moi je joue du piano
disait l’un
moi je joue du violon
disait l’autre moi de la harpe moi du banjo
moi du violoncelle
moi du biniou…moi de la flûte
et moi de la crécelle.

Et les uns et les autres parlaient parlaient
Parlaient de ce qu’il jouaient .
On n’entendait pas la musique
tout le monde parlait
parlait parlait
personne ne jouait…

Et voilà qu’elle ressurgit , à pas de loup,  l’Idée de mort de L’art

Non ! Pas la Musique , Pas La musique que j’aime !

D’ailleurs Michel lui-même dit bien :
«  Ce serait vrai aussi de la musique où il n’est pas rare de voir des compositeurs tenir discours sur leur œuvre et l’étayer de tout un appareil conceptuel avant qu’on ait pu en écouter une seule note. Nonobstant cette observation, il me semble que la mort de l’art, au sens où l’on veut dire qu’il n’y a plus d’œuvre signifiante sans son appoint de concepts, que cette mort de l’art est moins vraie en musique que dans d’autres domaines.
Sans doute parce que la musique se crée essentiellement en direct, dans l’instant, alors qu’une peinture par exemple se donne toujours comme déjà achevée.
Si la musique, en dépit de la prophétie hégélienne, est encore pour nous une création vivante, c’est que la vie de l’art musical tient à ce qu’il n’existe que par l’action et même la création qu’en perpétuent ses interprètes »

D’ailleurs Prévert anime pour nous l’orgue de Barbarie que joue l’homme qui se  tait :
« Moi je joue de l’orgue de l’orgue de Barbarie
et je joue du couteau aussi. »
dit l’homme qui jusqu’ici
n’avait absolument rien dit
et puis il s’avança un couteau à la main
et il tua tous les musiciens
et il joua de l’orgue de Barbarie
et sa musique était si vraie
et si vivante et si jolie
que la petite fille du maître de la maison
sortit de dessous le piano
où elle était couchée endormie par ennui...


Un peu radicale la solution, un peu énigmatique aussi,  mais si belle, qui fait renaître  sa « musique si vraie si vivante et si jolie »
Merci Jacques !
Mais  il faut vite arrêter  le poème,  sur la réalisation magique de cette musique… si vraie si vivante et si jolie !
Parce que le poème ne finit pas bien
Parce que …

(Que ceux qui n’aiment pas les histoires qui finissent bien, aillent lire la fin et tant pis pour eux… !)

Arrêter le poème…
Ecouter la mélodie de  l’orgue de barbarie ? 
Moi j’aime tellement  l’accordéon …
 La clarinette et la trompette
ou aussi le violoncelle ,
Et le piano
Et le saxo…

Arrêter de parler de la musique pour écouter, écouter, écouter encore …,
Arrêter d’écrire ?

Je ne sais si je le pourrai !!!





Ceci est bien une CHAISE!

Comme je l'ai raconté précédemment nous nous inquiétons parfois en visitant quelques hauts lieux de la réflexion esthétique, que la Mort de l'ART, si remarquablement prévue par le philosophe allemand HEGEL se soit effectivement produite !
Tant , comme il l'avait si justement prévu,  dans la prolifération des commentaires , analyses, mises en images et sons,du phénomène artistique ....






 ....on peine à reconnaître l'OEUVRE!





Est-elle ICI ????







Est-elle LA????



 OU bien encore LA???








Jusqu'à ce que , certitude rassurante , on se rende compte que bien sûr aucune étiquette , aucun sous-titre, aucune profession de foi accolée à l'objet , ne nous prévienne qu'il s'agit bien là d'une oeuvre d'art!!!











CECI EST BIEN UNE CHAISE!


samedi 7 décembre 2013

Ombres et lumière : Trois petits PRÉVERT ensoleillés…


Merci Daniel Mille , merci Jean-Louis Trintignant …je relis les Paroles de Jacques Prévert
Bien tristes, en dehors de la Cène et du Quartier libre , que j’adore,  m’avaient paru les choix de Trintignant…
Eh bien !  je l’avoue, mes lectures de cet après-midi lui ont donné en partie raison . bien des textes  pour surréalistes, ou simplement fantaisistes,  voire drôles ,  et poétiques qu’ils soient, ne témoignent pas moins d’un certain désespoir…
Chanson dans le sang, Fleurs et couronnes, Le concert n’a pas été réussi , Déjeuner du matin, Le désespoir est assis sur un banc
des titres qui parlent d’eux-mêmes…
La lutte des classes , les rapports sociaux ou familiaux  , la guerre, hantent ces vers et y colorent de révolte ou de dérision les merveilleuses images simples …

La grasse matinée,
« Il est terrible
Le petit bruit de l’œuf dur
Cassé sur un comptoir d’étain
Il est terrible ce bruit
Quand il remue dans la mémoire de l’homme qui a faim »

Familiale ,
« La mère fait du tricot
Le fils fait la guerre
Elle trouve ça tout naturel la mère »

Barbara
« Ce n’est même plus l’orage
De fer d’acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien »

L’effort humain
L’effort humain n’est pas ce beau jeune homme souriant
Debout sur sa jambe de plâtre
L’effort humain porte un bandage herniaire
Et les cicatrices des combats
Livrés par la classe ouvrière…


Mais j’ai gardé et veux encore garder de ces vers magiques des rayons ensoleillés …



Pour toi mon amour

Je suis allé au marché aux oiseaux
Et j’ai acheté des oiseaux
Pour toi
mon amour
Je suis allé au marché aux fleurs
Et j’ai acheté des fleurs
Pour toi
mon amour
Je suis allé au marché à la ferraille
Et j’ai acheté des chaînes
De lourdes chaînes
Pour toi
mon amour
Et puis je suis allé au marché aux esclaves
Et je t’ai cherchée
Mais je ne t’ai pas trouvée
mon amour.

IMMENSE ET ROUGE
Immense et rouge
Au-dessus du Grand Palais
Le soleil d’hiver apparaît
Et disparaît
Comme lui mon cœur va disparaître
Et tout mon sang va s’en aller
S’en aller à ta recherche
Mon amour
Ma beauté
Et te trouver
Là où tu es



Et pour la fin :
J’ai gardé celui que j’aime entre tous parce que j’aime le sable, parce que j’aime la mer, parce que j’aime qu’on aime..



SABLES MOUVANTS

Démons et merveilles
Vents et marées
Au loin la mer s’est retirée
Et toi
Comme une algue doucement caressée par le vent
Dans les sables du lit tu remues en rêvant
Démons et merveilles
Vents et marées
Au loin déjà la mer s’est retirée




Mais dans tes yeux entrouverts
Deux petites vagues sont restées
Démons et merveilles
Vents et marées
Deux petites vagues pour me noyer






jeudi 5 décembre 2013

Mes petits DESNOS de chevet….



Oui, je vous l’ai dit, Daniel Mille, musicien  à l’accordéon magique
est aussi grâce à sa collaboration avec Jean Louis Trintignant un passeur de poèmes…




 Et comme je l’ai écrit, même si je n’aime pas entendre lire les textes que j’aime par quiconque, à  les entendre tous deux, reconnaître  dans leur choix des poèmes que j’aime, m’a donné  l’envie de refeuilleter mon petit Desnos de chevet, pour y retrouver d’autres  poèmes que j’aime…





De la sombre période que Desnos a nommée «  ETAT DE SIÈGE »,
dont Trintignant a tiré le poème « Couplets de la Rue Saint –Martin »: 

« Je n’aime plus la rue Saint –Martin
Depuis qu’André Platard l’a quittée »

J’ai pour ma part toujours aimé la simplicité musicale et l’émotion profonde de certains autres textes :

 Demain

Agé de cent mille ans, j’aurais encore la force
De t’attendre, ô demain pressenti par l’espoir .
Le temps, vieillard souffrant de multiples entorses
Peut gémir : Le matin est neuf, neuf est le soir.

Mais depuis trop de mois nous vivons à la veille,
Nous veillons, nous gardons la lumière et le feu,
Nous parlons à voix basse et nous tendons l’oreille
A maint bruit vite éteint et perdu comme au jeu.

Or, du fond de la nuit nous témoignons encore
De la splendeur du jour et de tous ses présents.
Si nous ne dormons pas, c’est pour guetter l’aurore
Qui prouvera qu’enfin nous vivons au présent.

1942

...Sans doute parce qu’il garde l’attente de la splendeur du jour…

...Et cet autre, parce que je ressens dans ses belles images énigmatiques, l’étreinte de l’Angoisse, et parce que j’aime que demeure, dans cette angoisse, étouffé mais présent, sur le mode du doute, l’espoir  suprême celui de s’en sortir !!!
Retrouveras-tu le chemin… ?

..AU TEMPS DES DONJONS

As-tu déjà perdu le mot de passe ?
Le château se ferme et devient prison,
La belle aux créneaux chante sa chanson
Et le prisonnier gémit dans l’in pace.
Retrouveras-tu le chemin, la plaine,
La source et l’asile au cœur des forêts,
Le détour du fleuve où l’aube apparaît,
L’étoile du soir et la lune pleine ?
Un serpent dardé vers l’homme s’élance,
L’enlace, l’étreint entre ses anneaux,
La belle soupire au bord des créneaux,
Le soleil couchant brille sur les lances,
L’âge sans retour vers l’homme jaillit,
L’enlace l’étreint entre ses années.
Amours ! O saisons ! O belles fanées !
Serpents lovés à l’ombre des taillis.

1942
 J.L. Trintignant nous a aussi parlé de ces poèmes pour enfants, Chantefleurs et Chantefables
Ce que dit Youki Desnos :
« C’est pendant l’occupation, au cours d’une de ces soirées où nous nous serrions les coudes et réchauffions le cœur entre amis que René Poirier suggéra à Desnos d’écrire quelques petits poèmes pour les enfants…
Quelques temps après, [ Desnos] lui remit les quelques poèmes que voici, ses derniers hélas, car la Gestapo vint l’arrêter presque aussitôt.
Michel Gründ en hâta l’édition pour faire une surprise au poète ; Desnos était tellement vivant que son retour ne faisait pas de doute pour nous…

Plus que des très connus et drôles, Le Pélican de Jonathan, Une souris de dix-huit mètres, de très surréalistes La belle- de -nuit, de tradition comptine, La Sauterelle
J’ai choisi pour vous celui-ci, pour sa grande et sensuelle simplicité :

La Rose

Rose rose, rose blanche,
Rose thé,
J’ai cueilli la rose en branche
Au soleil de l’été.

Rose blanche, rose rose,
Rose d’or
J’ai cueilli la rose éclose
Et son parfum m’endort.






A suivre ... 
Mon petit Prévert du soir....

mardi 3 décembre 2013

Daniel MILLE Quintet invite Jean-Louis TRINTIGNANT

J’aime tellement certains textes que je  n’ai jamais aimé les entendre  lire à voix haute, sauf parfois par les enfants ou mes élèves…  quand du moins c’était leur désir…
Cela peut paraître paradoxal mais je pense que  cela brouille l’écoute intérieure et intime que j’en ai…le rythme que suit mon voyage sur leurs lignes, le phrasé que j’en entends..

Mais nous aimons Daniel Mille, nous attendons sa musique…Ses lives sont rares du côté de chez nous, et ses disques plus rares encore…
Alors ses spectacles avec Jean-Louis Trintignant sont une tentation en filigrane dans notre curiosité, une question qui nous intrigue, jusque là sans réponse …
Je pense que lui-même aime les mots, aime à ouvrir des évocations poétiques en les entremêlant à sa musique en des titres qui résonnent en nous  en connotations…

Heureusement, d’Apollinaire, les lettres à Lou  me laissent indifférente tant ma passion se concentre sur Alcools…
Mais voilà que Jean Louis Trintignant et lui ont choisi, trois des faiseurs de textes qui me fascinent particulièrement pour des raisons différentes, Prévert, Desnos, et Boris Vian…et que j’ai familièrement fréquentés. Familièrement, ni exhaustivement, ni savamment, mais  selon mes divagations en culture souvent buissonnière…
Mais voilà que Arte Web vient de faire l’enregistrement de leur spectacle et que le lien est apparu sur ma page Facebook …

Et voilà que Daniel Mille en propose la partage !!!
Et partager pour moi c’est toujours écouter !
Et écouter, c’est  risquer la séduction…

Et séduction il y a eu:
Quel plaisir de se laisser glisser dans les nappes « soyeuses » de son accordéon et la douce tristesse de ses romances. J’ai du mal à nommer ses morceaux que nous reconnaissons immédiatement. C’est l’évidence d’une esthétique et d’un style. Un swing particulier, un rythme, une tonalité , un son merveilleusement mélodique…
Un plaisir de retrouver sa posture attentive à l’extrême, debout ou appuyé sur le haut tabouret de scène, l’air en retrait mais dirigeant  toutes choses derrière les plis de son accordéon déployé. 
Plaisir d’un quintet nouveau à découvrir, un violoncelle, Grégoire Korniluk et une contrebasse Pascal Berne, le piano d’Arfo Origlio , la batterie d’Andy Barron, et le bugle – je l’aime !- de Julien Alour.

Mais quel que soit le plaisir d’entendre et de voir jouer Daniel Mille, et quoique cette fois ce soit Jean Louis Trintignant l’invité,  le maître du jeu c’est lui, c’est cet  homme amaigri,  un peu raide sur sa chaise dont seul le regard est mobile, qui va d’un musicien à l’autre, avec une rare intensité …à la fois présent avec évidence et   ailleurs, dans un monde  intime, à l’instar de sa voix sonore, prenante , parfaitement modulée….et comme retenue,  assourdie, un peu éteinte, belle …
Son premier  texte, de Jules Renard,  qui ouvre le spectacle, je le ressens comme  un texte ambigu « Quand l’acteur et le musicien sont mauvais les applaudissements du public les rend pires » qui me semble instaurer une certaine  distance avec le public, distance qui renforce pour moi l’impression qu’il est dans son monde, un peu extérieur  au nôtre …

Et puis les textes …
Des textes qui souvent sont de ceux que j’aime, pas forcément des plus connus .
Pas forcément des plus drôles
Beaucoup célèbrent l’absurdité de l’ordre du monde, drôles quand Prévert raconte   « le chat et l’oiseau »,  tragiques quand ils évoquent avec Vian  la faille infranchissable  entre les classes sociales,  immigrés ,  étrangers,  Sénégalais , ou les rapports familiaux sordides de la misère et de la débilité …ou avec Desnos, la Guerre qui détruit l’ami et l’amant … …

 Je n’aime plus la rue Saint Martin
Depuis qu’André Platard l’a quittée...

Ce sentiment de l’absurde est l’impression dominante que je retire de la belle lecture de ces poèmes ainsi choisis.
Car il s’agit d’un choix, le choix du tragique…
Même quand on attendrait le sourire de la fantaisie ou de la dérision tendre…
Ni Le Képi de Jacques Prévert qui m’a toujours paru une irrévérence, un pied de nez à l’ordre social, et que j’aime ainsi , ne réussit pas à faire sourire. Ni La Cène !
Ni les délicieuses légèretés  des Chantefleurs et des Chantefables , conçues dans les sombres soirées de l’état  de veille, « belles fleurs et paisibles animaux dédiés avec amour aux enfants , donc à L’Avenir » ne réussissent pas à éclairer la belle voix tragique de Jean-Louis Trintignant qui se mêle admirablement bien à la pulsion tragique d’Astor Piazzolla, si remarquablement interprétée, et à la profonde mélancolie si délicieusement tissée par les instruments du quintet  de Daniel Mille…

Et comme à l’accoutumée le font  les musiciens que nous aimons, voilà qu’ils nous entraînent sur des sentiers familiers  parfois un peu oubliés :
En quête des mélodies familières de Daniel Mille , tourmentée du désir de savoir les nommer puisqu’il ne les nomme pas, j’écoute depuis deux jours tout,  mais tout, ce que nous possédons de disques de lui …
Et je feuillète avec obstination mes Chantefleurs, mes Paroles et mes Histoires, mes Boris Vian et Robert Desnos de poche, pour y retrouver les poèmes jadis rencontrés et bien d’autres encore…

     Le dernier poème ...(de Robert DESNOS)
J’ai rêvé tellement fort de toi
J’ai tellement marché, tellement parlé,
Tellement aimé ton ombre,
Qu’il ne me reste plus rien de toi.
Il me reste d’être l’ombre parmi les ombres
D’être cent fois plus ombre que l’ombre
D’être l’ombre qui viendra et reviendra
Dans ta vie ensoleillée

VOULEZ-VOUS REVOIR?


Daniel MILLE quintet invite Jean-Louis TRINTIGNANT


 J’aime tellement certains textes que je  n’ai jamais aimé les entendre  lire à voix haute, sauf parfois par les enfants ou mes élèves…  quand du moins c’était leur désir…
Cela peut paraître paradoxal mais je pense que  cela brouille l’écoute intérieure et intime que j’en ai…le rythme que suit mon voyage sur leurs lignes, le phrasé que j’en entends..

Mais nous aimons Daniel Mille, nous attendons sa musique…Ses lives sont rares du côté de chez nous, et ses disques plus rares encore…
Alors ses spectacles avec Jean-Louis Trintignant sont une tentation en filigrane dans notre curiosité, une question qui nous intrigue, jusque là sans réponse …
Je pense que lui-même aime les mots, aime à ouvrir des évocations poétiques en les entremêlant à sa musique en des titres qui résonnent en nous  en connotations…

Heureusement, d’Apollinaire, les lettres à Lou  me laissent indifférente tant ma passion se concentre sur Alcools…
Mais voilà que Jean Louis Trintignant et lui ont choisi, trois des faiseurs de textes qui me fascinent particulièrement pour des raisons différentes, Prévert, Desnos, et Boris Vian…et que j’ai familièrement fréquentés. Familièrement, ni exhaustivement, ni savamment, mais  selon mes divagations en culture souvent buissonnière…
Mais voilà que Arte Web vient de faire l’enregistrement de leur spectacle et que le lien est apparu sur ma page Facebook …

Et voilà que Daniel Mille en propose la partage !!!
Et partager pour moi c’est toujours écouter !
Et écouter, c’est  risquer la séduction…

Et séduction il y a eu:
Quel plaisir de se laisser glisser dans les nappes « soyeuses » de son accordéon et la douce tristesse de ses romances. J’ai du mal à nommer ses morceaux que nous reconnaissons immédiatement. C’est l’évidence d’une esthétique et d’un style. Un swing particulier, un rythme, une tonalité , un son merveilleusement mélodique…
Un plaisir de retrouver sa posture attentive à l’extrême, debout ou appuyé sur le haut tabouret de scène, l’air en retrait mais dirigeant  toutes choses derrière les plis de son accordéon déployé. 
Plaisir d’un quintet nouveau à découvrir, un violoncelle, Grégoire Korniluk et une contrebasse Pascal Berne, le piano d’Arfo Origlio , la batterie d’Andy Barron, et le bugle – je l’aime !- de Julien Alour.

Mais quel que soit le plaisir d’entendre et de voir jouer Daniel Mille, et quoique cette fois ce soit Jean Louis Trintignant l’invité,  le maître du jeu c’est lui, c’est cet  homme amaigri,  un peu raide sur sa chaise dont seul le regard est mobile, qui va d’un musicien à l’autre, avec une rare intensité …à la fois présent avec évidence et   ailleurs, dans un monde  intime, à l’instar de sa voix sonore, prenante , parfaitement modulée….et comme retenue,  assourdie, un peu éteinte, belle …
Son premier  texte, de Jules Renard,  qui ouvre le spectacle, je le ressens comme  un texte ambigu « Quand l’acteur et le musicien sont mauvais les applaudissements du public les rend pires » qui me semble instaurer une certaine  distance avec le public, distance qui renforce pour moi l’impression qu’il est dans son monde, un peu extérieur  au nôtre …

Et puis les textes …
Des textes qui souvent sont de ceux que j’aime, pas forcément des plus connus .
Pas forcément des plus drôles
Beaucoup célèbrent l’absurdité de l’ordre du monde, drôles quand Prévert raconte   « le chat et l’oiseau »,  tragiques quand ils évoquent avec Vian  la faille infranchissable  entre les classes sociales,  immigrés ,  étrangers,  Sénégalais , ou les rapports familiaux sordides de la misère et de la débilité …ou avec Desnos, la Guerre qui détruit l’ami et l’amant … …

 Je n’aime plus la rue Saint Martin
Depuis qu’André Platard l’a quittée...

Ce sentiment de l’absurde est l’impression dominante que je retire de la belle lecture de ces poèmes ainsi choisis.
Car il s’agit d’un choix, le choix du tragique…
Même quand on attendrait le sourire de la fantaisie ou de la dérision tendre…
Ni Le Képi de Jacques Prévert qui m’a toujours paru une irrévérence, un pied de nez à l’ordre social, et que j’aime ainsi , ne réussit pas à faire sourire. Ni La Cène !
Ni les délicieuses légèretés  des Chantefleurs et des Chantefables , conçues dans les sombres soirées de l’état  de veille, « belles fleurs et paisibles animaux dédiés avec amour aux enfants , donc à L’Avenir » ne réussissent pas à éclairer la belle voix tragique de Jean-Louis Trintignant qui se mêle admirablement bien à la pulsion tragique d’Astor Piazzolla, si remarquablement interprétée, et à la profonde mélancolie si délicieusement tissée par les instruments du quintet  de Daniel Mille…

Et comme à l’accoutumée le font  les musiciens que nous aimons, voilà qu’ils nous entraînent sur des sentiers familiers  parfois un peu oubliés :
En quête des mélodies familières de Daniel Mille , tourmentée du désir de savoir les nommer puisqu’il ne les nomme pas, j’écoute depuis deux jours tout,  mais tout, ce que nous possédons de disques de lui …
Et je feuillète avec obstination mes Chantefleurs, mes Paroles et mes Histoires, mes Boris Vian et Robert Desnos de poche, pour y retrouver les poèmes jadis rencontrés et bien d’autres encore…

     Le dernier poème ...(de Robert DESNOS)
J’ai rêvé tellement fort de toi
J’ai tellement marché, tellement parlé,
Tellement aimé ton ombre,
Qu’il ne me reste plus rien de toi.
Il me reste d’être l’ombre parmi les ombres
D’être cent fois plus ombre que l’ombre
D’être l’ombre qui viendra et reviendra
Dans ta vie ensoleillée