jeudi 16 février 2012

Deuxième Provinciale : l’ORANGERIE


Le lendemain de la visite à Orsay, je suis allée à L’Orangerie . Je n’avais pas revu le musée depuis les derniers travaux.



C’ était un hasard ,mais on aurait dit que les deux visites étaient agencées pour un effet esthétique de contraste..
En commun le froid vif et venteux sur la Seine et dans les rues …
En commun, le mouvement Impressionniste, ses précurseurs, ses successeurs…

Mais que de contrastes dans l’impression ressentie….!

A Orsay, le mouvement, le bruit, la foule d’une salle de pas perdus sous la marquise d’une gare immense, édifiée pour l’exposition universelle de 1900, et désormais configurée pour célébrer l’art du siècle naissant. Une nef de cathédrale vouée à l’art, peinture et sculpture de l’aube du XXème siècle. Des bistrots et restaurants à l’intérieur, des parcours multiples.. Un foisonnement d’œuvres dont l’accrochage met en valeur les rapprochements thématiques, les tendances communes ou divergentes, les filiations ou les réactions….

On y est tenté, moi du moins, par un parcours sinueux, avec retours en arrière , détours et contours, comparaisons , rapprochements , découvertes ou redécouvertes…



A l’Orangerie…
J’ai gagné l’Orangerie ce 31 janvier dans le calme lumineux et glacial du Cours La Reine


Pas d’attente, nulle queue , un trajet rectiligne et pré-tracé dans les trois salles du rez- de- chaussée
Le première comme un blanc vestibule de temple, une entrée dans le calme et la sérénité des choses…

La deuxième et la troisième dans l’univers des Nymphéas, un univers à la forme ovale où l’eau, les plantes, la lueur changeante du jour nous enveloppent …Une plongée dans un monde végétal et le calme de la nature. Même s’il s’agit là d’une nature que le peintre a indéfiniment recréée, retouchée, reprise jusqu’à ce que la mort l’en sépare…
Un univers créé pour se recueillir loin des désastres de la guerre, se reprendre, retrouver la paix…

Et il me semble que cette intention première du peintre, de transformations en aménagements, continue de se réaliser…Ou bien est-ce la magie de l’eau, du plan horizontal où l’œil se repose dans le vert, bleuté, ardoisé, éclairé, assombri.
« Un plan de verdure ou chante l’eau… »

Les visiteurs semblent pris dans ce calme recueillement, avancent silencieux, attentifs , chuchotent !!!
Je pense avec amusement et surprise à la visite de Notre Dame, où le bruit des pas et des voix résonne sous la nef, pour un parcours obligé à sens unique !!! Si bien qu’on y perd, moi du moins, tout sentiment du Religieux…

Je fais et refais le parcours autour des trois salles m’arrêtant de temps à autre et m’asseyant pour contempler à mon aise…



Puis je descends vers les sous-sols et les salles de la collection Paul Guillaume…


Un véritable plaisir absolu : peu de monde, un affichage selon mon cœur, un remarquable éclairage… pour chaque salle un peintre, deux parfois. Si bien que le regard peut embrasser sur tout le mur un style, une évolution, s’imprégner d’une manière de pâte, de tracé, de tons, en garder souvenir…

Et quelles salles ! le monde de Soutine face à celui d’Utrillo, le douanier Rousseau, à côté de Modigliani et non loin de Marie Laurencin, monde de femmes étranges aux regards énigmatiques, que je n’avais jamais vu en original, des Picasso face à Matisse , quantité de Derain que je ne connaissais pas bien.
Quelques lignes sobres mais qui pour moi vont à l’essentiel à l’entrée des salles, assez pour présenter, trop peu pour polluer le regard. De la bonne pédagogie en somme!!!

Je fais et refais le parcours m’imprégnant à la fois de ces images et du calme ambiant
Vers 3 heures, c’est la faim qui me chasse !!!On ne mange pas dans les temples….



Après le pont de la Concorde et le quai d’Orsay de plus en plus ventilés, brumeux, et froids, je dévore un sandwich saucisson accompagné d’ un verre de bordeaux et d’un café serré dans une brasserie agréable et abritée , servie avec rapidité et efficacité par ce qui est pour moi le type même du serveur parisien , la classe quoi !

Autour de moi, un « très- connu » en ces lieux , que chacun salue par son prénom et qui n’arrête pas de réclamer, et un couple de divorcés qui échangent leurs avatars de séparation conjugale et des adresses de baby-sitters multiservices pour épauler leur mono parenté
Retour à la vraie vie quoi !!!



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