Comme je l’ai déjà écrit nous avons beaucoup apprécié Pascal Contet comme interprète mais aussi comme « passeur » de musique : il me semble qu’il sait très bien faire reconnaître et apprécier le style des musiciens qu’il choisit de « jouer ».qu’il s’agisse de Scarlatti, de Couperin, de Piazzolla ou de Chopin…mais évidemment, heureusement ou hélas ??,il ne saurait s’en tenir à de la musique « classique » Il s’essaie aussi à des improvisations « libérées » , il joue aussi de la « musique contemporaine »
Dernièrement, il nous a fait part de sa dernière parution un concerto pour accordéon et orchestre composé par Bernard Cavanna.
Bien sûr nous connaissons (le nom de… !!!) Bernard Cavanna : nos « passeurs favoris, Bruno, Philippe,.. jouent du Bernard Cavanna , essayent au détour d’un concert de nous en faire entendre...
Nous avons donc acheté Karl Koop Koncert…
Intrigués et amusés par son sous-titre : comédie pompière, sociale et réaliste…
Ma première impression :BRUITS , TINTAMMARRE, URBAIN, TRAFFIC …
Autoroute , buildings , travaux ...
Nadia qui travaille à l’autre bout de sa maison croit entendre l’énorme chantier qui s’ouvre Faubourg Bonnefoy , « avec les camions qui ont ces longs klaxons particuliers …musicaux », ajoute-t-elle !
Les villes que j’ai vues vivaient comme des folles
J’ avais une fois écrit que certains bruits étaient musicaux, en particulier par le retour de rythmes réguliers. En écoutant ce concerto, je pense qu’à l’inverse on peut tenter de faire exploser la musique en bruits …
Je pense à un épisode de mon enfance : curieuse de mots en construction comme enfants construisant leur langage, , j’utilisais couramment le mot dé-construire,à la manière de dé-coudre ,dé-faire etc…et m’entendais conseiller plutôt le mot détruire, ou pire le mot démolir, lesquels me paraissaient bien moins satisfaisants au plan de leur signification. Plus tard étudiante j’ai souri de voir surgir en linguistique la notion de déconstruction, doctement préféré à détruire par ses implications méthodologiques !
Karl Koop Koncerto est pour moi une tentative de déconstruction, de dislocation de l’harmonie musicale traditionnelle à la recherche d’un réalisme, d’une réalité moderne, prolétarienne ???.
Je pense à ZONE d’Apollinaire
A la fin tu es las de ce monde ancien
…
Tu lis les prospectus les catalogues les affiches qui chantent tout haut
Voilà la POESIE ce matin…
En plus Pascal on peine à l’entendre dans ce concerto, comme si le son de l’accordéon était étouffé par la multitude des sons produits par l’orchestre, comme s ‘il avait peine à se faire entendre dans ce désordre..
Néanmoins, bien que j’affirme souvent « tant de choses que j’ignore et ne souffre pas d’ignorer » et parce qu’en fait je ne veux pas « mourir idiote » je poursuis mon effort d’apprentissage
J’explore donc le DVD, pour écouter Bernard Cavanna parler de sa musique …
L’humour de l’homme, au marché de Nogent vendant, « bradant » comme camelot sa musique, me paraît drôle et provocateur. Quoique cette sorte de dérision rende l’homme et sa musique d’autant plus distants de nous…
Deux intéressantes passantes… l’une qui définit assez bien la musique contemporaine, l’autre qui s’intéresse à la musique, son auteur et…à l’accordéon !!!.
Il y parle beaucoup de sa mère qui aime la musique et du chemin qu’elle a fait du prolétariat aux musiques difficiles, « alors qu’on ne lui dise pas »…mais si je le lui dis in petto… la culture fait parfois obstacle à la culture, refuse d’être disloquée et n’a pas forcément toujours tort…
Puis la balade dans Nogent de son enfance entre pelleteuses, jardins retournés, maisons écroulées, terrains vagues dévastés, démolition.. démolition.. me conforte dans mes connotations de déconstruction, de ZONE urbaine .
A ces connotations, Bernard Cavanna et ses comparses viennent ajouter la fête foraine sommet de la « polyphonie urbaine » ; d’ autres notations, le tumulte , un très beau mot très sonore et musical en latin ; l’individu contre la multitude , le renversement du concerto classique, le soliste n’est plus maître de l’orchestre mais écrasé par son tumulte.
J’écoute, concentrée, et je regarde, Pascal écrabouillé mais résistant au tumulte. Victorieusement au final ???
Puis tout à coup une musique merveilleusement mélodique, un lied merveilleux, une très belle voix, un violon, un violoncelle et un accordéon..
Je reviens en arrière pour afficher la référence…
C'EST SCHUBERT!!!
Tiens cette fois ce n’est pas Pascal, cet accordéoniste ressemblerait plutôt à Bruno ..
Mais C'EST BRUNO!!!… son appassionata , ses yeux de ciel, son visage attentif, concentré sur sa musique, absent du réel , …rendu si proche par le cadrage de la caméra..
Quand le plaisir de l’amitié s’ajoute aux délices du son …
On découvre que BCavanna aime Schubert et en a fait une transcription (très belle à mon sens) « pour deux instruments nobles, le violon et le violoncelle et un instrument prolo , l’accordéon… »
J’aime tant Schubert, c’est une éclaircie dans ce parcours initiatique plein des aspérités d’une musique inaccoutumée…
Mais à force d’écoute, on se reconstruit, on prend presque plaisir aux dislocations, aux ruptures d’un monde comme explosé.
On se prend à cette vision politique de l’exploration musicale
…Merci Pascal !!!!
Je me repasse encore et encore le petit passage de Schubert pour le bonheur ….
…Merci Schubert, Bruno , Cavanna et les autres !
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