mercredi 19 mars 2014

L’illusion de l’éternel retour


Tout un chacun depuis quelques jours,  après de la pluie, de la pluie, de la pluie !   se réjouit du moindre éclat de lumière sur les  fleurs , superbes en ces prémices de printemps .On se dit « finalement les fleurs aiment donc la pluie ! » Elles ont patiemment puisé leur sève et leur énergie dans ses trombes d’eau, qui dégageaient les cailloux, ravinaient les fossés, transformaient les pelouses en rizières, et avec obstination, sérénité , l’air de rien ...comme glissant leur floraison dans la moindre éclaircie, la plus fugitive embellie… et elles surgissent  un peu partout… !
« Mars qui rit, malgré les averses ,
Prépare en secret le printemps »
Théophile Gautier

Joint à la beauté foisonnante de l’explosion végétale,  l’  éternel retour des saisons nous rassure et nous grise Depuis l’enfance,nous avons été bercés de sa poésie …
Parce que,  depuis l’enfance de notre langue, les poètes l’ont chanté :



L’ancêtre Charles (d’Orléans) :
« Le temps a laissé son manteau,
De vent , de froidure et de pluie, et s’est vêtu de broderies,
De soleil riant, clair et beau…. »*

Ils ont puisé dans le retour de la lumière un symbole pour conjurer le malheur, espérer dans le recommencement…

L’ami  Paul (Eluard)

Il y a sur la plage quelques flaques d’eau
Il y a dans les bois des arbres fous d’oiseaux
La neige fond dans la montagne
Les branches des pommiers brillent de tant de fleurs
 Que  le pâle soleil recule…

C’est par un soir d’hiver dans un monde très dur
Que je vis ce printemps près de toi l’innocente
Il n’y a pas de nuit pour nous
Rien de ce qui périt n’a de prise sur toi
 Et  tu ne veux pas avoir froid

Notre printemps est un printemps qui a raison

Evidemment il y a toujours eu parmi eux de ces esprits  pessimistes  ou bassement réalistes pour ne pas s’en laisser conter et pour en tout cas ne pas nous en conter .
Pour nous chanter les roses qui fanent ,
« Et Rose elle a vécu ce que vivent les roses
L’espace d’un matin… » (Malherbe)

Ou nous rappeler que le temps cyclique végétal n’est pas le nôtre !
 Notre merveilleuse Colette:« Tout s’élance et je demeure… »

Mais , pour moi, j’avoue me laisser  prendre toujours à cette promesse de fleurs et de soleil , comme si tout devait recommencer , en un temps cyclique de l’éternel retour…



Pour peu que les premiers soleils m’entraînent à retrouver la mer, calmée après la folie des tempêtes d’equinoxe , le sable dévasté par le vent se dorant sous les rayons  moins obliques  du presque printemps …



Je ne demande qu’à  m’y laisser prendre, au mirage du recommencement …des projets à venir, des joies à partager….
C’est le printemps viens t’en Pâquette
Te promener au bois joli
Viens ma tendresse est la régente
De la floraison qui paraît
La nature est belle et touchante
Pan sifflote dans la forêt
Les grenouilles humides chantent 
....avec  Guillaume (Apollinaire)

 Des musiques à découvrir , des rencontres nouvelles ou renouvelées d’amis, des jeux avec nos enfants, des progrès sociaux….  
« Rien n’est passé la vie a des feuilles nouvelles
Les plus jeunes ruisseaux sortent dans l’herbe fraîche…. »

MAIS quoi, faut pas croire , si on continue à lire le poète, petit bémol, éclair de lucidité dans...
...la grande illusion poétique :


L'homme ne mûrit pas il vieillit ses enfants 
 Ont le temps de vieillir avant qu’il ne soit mort
 Et  les enfants de ses enfants il les fait rire »











ET VOILA QU’IL PLEUT.!!!!!!!!!!





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