Tant il est vrai d’un
concert :« qu’il n’est, chaque fois, ni tout à fait le même ni tout à
fait un autre… »
Et qu’il nous paraît
vain de dire : « ce concert je l’ai vu » comme l’assurance d’un
savoir achevé, ou pire, épuisé ! comme on dit parfois « ce livre, oui,
je l’ai lu… » « Marrakeh je l’ai vu, » ou pire, comme certains
disent : « j’ai fait l’Italie »… !!!
Tant pour moi le critère
des livres, des poèmes, des lieux
fondamentaux de ma vie , est que leur lecture en appelle la
relecture, comme certains lieux le
besoin du retour….Volver !
Donc pour être allés un
soir à Marciac au concert de Galliano « La
vie en rose » avec Winton Marsalis ,
pour avoir acheté et écouté en boucle le CD enregistré avec Sylvain Luc, et
être allés un soir bien froid de mars à un de leurs concerts à Eysines , une
banlieue de Bordeaux qui nous parut sans charme , et où malgré tout nous nous sommes précipités!
Orthez ,
c’est presque chez nous, à mi-chemin entre les Landes chères à mon cœur et les
Pyrenées où nous habitons , c’est une petite ville qui tente des projets
culturels, de jazz en particulier, et résiste de son mieux aux restrictions
budgétaires, une ville sympa…
Un beau concert, où du « même » bien sûr il y eut :
...Comme à Eysines....
« Le plaisir sans mélange
d’écouter le « Son Galliano », pureté de la chanson
mélodique développée dans sa ligne claire, nuances délicates des intensités,
jeu des variables subtiles ou virtuoses des improvisations, … une
virtuosité qui semble n’avoir pour finalité que de se faire royale simplicité…
« La technique est importante à
condition d’en avoir tellement qu’elle cesse complètement exister… »P.
Picasso
"Et c’est un bonheur
total qu’on pourrait comparer à celui de certains solos si ne s’y
ajoutait la superbe découverte pour moi de la très belle guitare de Sylvain
Luc, acoustique, vibrante, et le plaisir des ses notes
égrenées qui dialoguent avec les notes tenues de l‘accordéon, tantôt le
soutenant, tantôt au premier plan assurant la ligne mélodique, tantôt
s’associant étroitement avec lui…"
Profonde émotion que
celle des amants d’un jour , chanson épurée
par l’absence de mots, et la toute puissance du chant des instruments …
Le plaisir du duo où chacun inspire
à l’autre une réponse, une reprise, un développement ou une pirouette en
harmonie ou en surprise …Où chacun exprime à sa guise, avec expression ,
parfois expressionnisme, son propre ressenti du thème, et nous en
transmet l’émotion…"
Mais le « même » dans un concert
très sensiblement « autre »…
... même si le public en était visiblement conquis , une salle assez obscure , les deux interprètes assis , posture insolite pour Galliano, face à face, peu éclairés .
Il en résultait l’impression d’un concert étrange,
presque intimiste, où les deux musiciens engagent un poétique duo, et se
regardent plus qu’ils ne nous voient…
A Orthez, la salle est
chaleureuse, comme un peu décontractée, un public bon enfant d’après midi,
auquel se mêlent les élèves de l’école de musique, qui se sont produits avant le
concert. Les deux musiciens, tout en
laissant paraître leur forte connivence, sont plutôt face à nous , et Galliano
debout, nous communiquant, comme souvent, sa force d’énergie…
Si le concert commence
comme le programme du disque par Douce
Joie de Gus Viseur , puis me semble-t-il Les amants d’un jour, et l’accordéoniste, son déroulement intègre
aux incontournables mélodies d’Edith , de Gus, de Sauguet, de Marguerite
Monnet, des variations : il y aura Le tango pour Claude , la Flambée me semble enchaînée à Indifférence , il y a aussi l’invitation impromptue
de Francis Lassus, batteur remarquable, qui annonce Les forains ! et entame avec Sylvain L’hymne à l’Amour !
Il en résulte une
sensation un peu euphorisante de liberté, d’improvisation, à laquelle s’ajoute par la proximité du premier
rang, une impression de familiarité, d’un échange direct et immédiat …
Surtout que chaque morceau,
chaque thème d’Edith Piaf rencontré,
donne lieu, pour le magique effet de la surprise, à des improvisations où, de
l’un à l’autre, le thème s’offre, s’échappe, de cache, et se retrouve…
Les musiciens semblent vivre
et faire vivre des bonheurs multiples !
Bonheur de jouer
et de jouer ensemble…
Bonheur de développer
des chemins divagateurs éblouissants de virtuosité et de variation de ton et de
mélodie, qui toujours finissent par se rejoindre...
Bonheur de s’écouter …
Bonheur de partager, Richard et Sylvain,Richard
Sylvain et Francis Lassus, Richard Sylvain et Nous … !
D’un concert l’autre, ce
fut, ce soir-là, comme souvent, le délice de la Variation !
Les « Variations Galliano » !
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