mercredi 24 février 2016

Titus AIMAIT Bérénice !!!

Une lecture subjective

Titus n’aimait pas Bérénice !

Un titre « menteur » !
J’ai trop rêvé sur les mots de Suétone, invitus, invitam , il la renvoya malgré lui malgré elle..
Encore davantage sur ceux de Racine : « Dans un mois dans un an…. » pour y croire , pour en envisager même l’éventualité…
Ce scandale (et le succès du livre sur toutes les antennes , et l’attrait qu’il a exercé sur  ma Charlotte,  ma petite fleur littéraire ), m’ont pour ainsi dire obligée à l’acheter d’abord (pour elle !) et à l’ouvrir ensuite…

La première impression est de soulagement !!!
Le Titus, c’est un mec du XXIème  siècle ! Bérénice l’aime, mais il « la répudie » pour rester fidèle a sa femme Roma…
Roma, un peu grotesque ce nom…
Un peu facile la transposition !!!

Mais enfin, Racine vient, et le livre fascine !
Un Racine, sous la plume de Nathalie Azoulay, recréé…
Comme Léonard de Vinci sous la plume de Valéry…
Non ! Le  Léonard de Vinci de Valéry  est un pur transfert de Valéry qui se nourrit de l’image qu’il en a et du sens qu’il donne à propre vie, ou plutôt à sa pensée, la recréation d’un chemin de pensée qui pourrait être un modèle pour sa pensée,  même pour la pensée !
Un Léonard auquel il  s’identifie…

Le Racine de Nathalie Azoulay est fait de la connaissance intime et érudite à la fois qu’elle a construite de lui. Son Racine exprime de manière remarquable le tourment de l’Ecriture , tourment obsessionnel  et exaltant de la traduction, de la traduction des œuvres latines à la traduction de la passion…Ce travail torturant et  plein de jouissance,  de reprises indéfinies du texte à écrire, son phrasé, sa musique , l’expression exacte d’une vérité qui se dérobe, qui coule entre les doigts comme de l’eau qui fuit….
On lit et on a peine à s’arracher à cette quête poétique et déchirante.
La connaissance biographique érudite de sa vie soutient mais ne brouille en rien la seule aventure,  la recherche de SA langue, la langue racinienne pure …
En filigrane, le lien étroit dénoué renoué avec Port Royal, l’amour pour Duparc, l’amour fascination-t identification pour le Roi, l’amitié, pour Boileau et La Fontaine, l’amitié-inimitié pour Molière , la rivalité avec  lui, avec  Lully , sa vie familiale, pour moi ne perturbe en rien le charme dramatique et envoutant de cette aventure : la naissance de l’alexandrin racinien, ses mots,  son phrasé, et sa musique …
Le retour au contemporain, un drame trivial, intervient  pour moi comme une scorie dérangeante, quasi inutile !
Sauf bien sûr qu’il donne son sens au non-sens initial fondamental : Titus n’aimait pas Bérénice !

Que nenni !

Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous,
Seigneur, que tant de mers me séparent de vous ?
Que le jour recommence et que le jour finisse
Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice,
Sans que de tout le jour je puisse voir Titus ?  

La Poésie  a Raison ….

Invitus , invitam




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