Une lecture subjective
Titus n’aimait pas Bérénice !
Un titre « menteur » !
J’ai trop rêvé sur les mots de
Suétone, invitus, invitam , il la renvoya malgré lui malgré elle..
Encore davantage sur ceux de
Racine : « Dans un mois dans un an…. » pour y croire , pour en
envisager même l’éventualité…
Ce scandale (et le succès du
livre sur toutes les antennes , et l’attrait qu’il a exercé sur ma Charlotte, ma petite fleur littéraire ), m’ont pour ainsi
dire obligée à l’acheter d’abord (pour elle !) et à l’ouvrir ensuite…
La première impression est de
soulagement !!!
Le Titus, c’est un mec du XXIème siècle ! Bérénice l’aime, mais il « la
répudie » pour rester fidèle a sa femme Roma…
Roma, un peu grotesque ce nom…
Un peu facile la transposition !!!
Mais enfin, Racine vient, et le
livre fascine !
Un Racine, sous la plume de
Nathalie Azoulay, recréé…
Comme Léonard de Vinci sous la plume
de Valéry…
Non ! Le Léonard de Vinci de Valéry est un pur transfert de Valéry qui se nourrit
de l’image qu’il en a et du sens qu’il donne à propre vie, ou plutôt à sa
pensée, la recréation d’un chemin de pensée qui pourrait être un modèle pour sa
pensée, même pour la pensée !
Un Léonard auquel il s’identifie…
Le Racine de Nathalie Azoulay est
fait de la connaissance intime et érudite à la fois qu’elle a construite de lui.
Son Racine exprime de manière remarquable le tourment de l’Ecriture , tourment obsessionnel et exaltant de la traduction, de la traduction
des œuvres latines à la traduction de la passion…Ce travail torturant et plein de jouissance, de reprises indéfinies du texte à écrire, son
phrasé, sa musique , l’expression exacte d’une vérité qui se dérobe, qui coule
entre les doigts comme de l’eau qui fuit….
On lit et on a peine à s’arracher
à cette quête poétique et déchirante.
La connaissance biographique
érudite de sa vie soutient mais ne brouille en rien la seule aventure, la recherche de SA langue, la langue racinienne
pure …
En filigrane, le lien étroit
dénoué renoué avec Port Royal, l’amour pour Duparc, l’amour fascination-t identification
pour le Roi, l’amitié, pour Boileau et La Fontaine, l’amitié-inimitié pour Molière
, la rivalité avec lui, avec Lully , sa vie familiale, pour moi ne perturbe
en rien le charme dramatique et envoutant de cette aventure : la naissance
de l’alexandrin racinien, ses mots, son
phrasé, et sa musique …
Le retour au contemporain, un drame
trivial, intervient pour moi comme une
scorie dérangeante, quasi inutile !
Sauf bien sûr qu’il donne son
sens au non-sens initial fondamental : Titus n’aimait pas Bérénice !
Que nenni !
Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous,
Seigneur, que tant de mers me séparent de vous ?
Que le jour recommence et que le jour finisse
Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice,
Sans que de tout le jour je puisse voir Titus ?
Seigneur, que tant de mers me séparent de vous ?
Que le jour recommence et que le jour finisse
Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice,
Sans que de tout le jour je puisse voir Titus ?
La Poésie a Raison ….
Invitus ,
invitam
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