mercredi 24 février 2016

El curso: une élève en difficulté!

El Curso : une élève en difficulté, moi !

Je me suis inscrite à un cours d’espagnol , animée par ce que j’ai coutume d’appeler mon mirage espagnol
Naturellement, en niveau débutants !
A la MJC de mon quartier , fort sympathique endroit culturel , mais abusivement nommé en ce qui concerne notre cours . Car de jeunes il n’y a point !quelques-uns se sont fourvoyés quelques cours puis  pour une raison ou une autre ne sont jamais revenus ! trop de mamies sans doute , même les papis, rarissimes, ne résistent pas à notre groupe Miss Marple !!!!
Tant d’années après celles où j’étais moi-même écolière puis étudiante ,vivre cette situation, s’avère une expérience fort intéressante d’autant que je la vis avec le filtre de mes propres années de prof puis de formateur de profs …
De l’autre côté du bureau, élève parmi des élèves, j’ai revécu les ressentis anciens : la difficulté du premier cours, la séduction exercé par  le prof, avec une connivence parfois qu’on n’ose pas laisser voir, une sympathie spontanée   sélective à l’égard  des  autres élèves, une curiosité vive pour cette langue que j’ai tellement rêvé d’approcher, doublée de la curiosité pédago de voir comment elle va s’y prendre notre formatrice…
Les « élèves »  je les ai reconnus presque tous,   « les écoliers- types » , avec bonheur, avec humour …
J’  ai reconnu,  la bonne élève qui aime à montrer ce qu’elle ce qu’elle sait faire, l’élève modèle qui efface le tableau pour s’attarder à la fin du cours, la rétive qui résiste à l’explication qu’elle n’admet pas (traduire qu’elle ne comprend pas ) profils complexifiés par les profils d’adultes qui s’y superposent : l’amateur de culture , qui court les cinémas d’art et d’essai , récuse la télé, dénonce  toutes les injustices politiques et sociales, la femme d’affaire compétente et assurée ,qui en a  vu bien d’autres, l’ancien prof qui souffre d’être passée de l’autre côté du bureau..
Mais cette expérience de la diversité me plaisait bien, car la plupart de ces camarades de cours en quelques séances se sont avérées sympathiques et souvent pleines d’un humour que confèrent l’âge et la condition féminine .
J’ai découvert avec délices les rudiments  de vocabulaire et de grammaire d’une langue qui me fascine , une belle langue romane !
Et puis , la situation a évolué ,la prof de mes débuts est partie ; pour parer à son départ ,les cours ont dû être composés différemment, la composition du nôtre a changé radicalement  : toujours essentiellement « mamie » mais des mamies qui ont à leur actif un nombre imposant de kilomètres , de pratique de l’espagnol , et du savoir et de  l’aisance qui va avec !des poissons dans l’eau dans la pédagogie de la nouvelle prof qui s’efforce de mettre en situation de parole sur des sujets de société qu’ elle s’ingénie à trouver , à diversifier…
Moi , j’avais certes fait des progrès , je lis bien les textes, j’ai acquis au fil des cours et des lectures persos du vocabulaire et même de la grammaire, mais j’ai du mal à produire de l’oral et même à comprendre de l’oral, et j’avoue,  je m’agace de surcroit des propos échangés tertullia « café du commerce » ou simulations de « shopping » espagnol !!!Bref je me sens larguée et me largue moi-même…
Et je me suis retrouvée :  « élève en  difficulté » !!!!!
Toute ma carrière, bonne élève, bon prof, bon formateur, j’avais essayé de prendre en charge d’une certaine manière les élèves en difficulté scolaire, théoriquement, pratiquement, affectivement, tentant de les aider sans les stigmatiser …
Mais voilà que  je me sens étrangement imperméable aux tentatives pourtant intelligentes et pédagogiquement pertinentes (je peux en juger, non ?) de la jeune et agréable prof…
Je résiste, je m’accroche, et je pense à vous tous mes élèves en difficulté , à toi qui dessinait des cow boys tout au long des cours, à toi qui déchirait méthodiquement  ton cahier de texte, a toi qui regrettait si fort ton prof de l’année passée et résista opiniâtrement à toutes mes tentatives de séduction, à toi si appliqué à bien calligraphier tes copies,  mais dont je refusais de voir que tes écrits étaient « à côté » (j’ai toujours refusé de dire nuls) écrits  desquels je m’acharnais à tirer une virtuelle signification (j’y –non nous-  réussissions parfois !!!!)
Peut-être que si je réussis, moi, à me tirer d’affaire je retrouverais la conviction idéaliste, naïve, l’optimisme désespéré, qui étaient miens, qu’on peut toujours y arriver …
La conclusion serait alors celle de la conviction que nous partageons avec Michel, qu’enseigner (et apprendre) est essentiellement, une question d’acteurs …
Mais ces acteurs, il faut entendre que pour fonctionner il leur faut  fonctionner « en couple »,  question de prof, question d’élève… !

Bon je vais relire mon livre (avec Reverso dictionnaire) écouter la RTV ES , demander de l’aide à Charlotte et Camille, donner mon avis circonstancié sur quelque grave question de société, « Faut-il ,par exemple, regarder des séries à la TV », ou « Courir les concerts de nos amis ».
Et peut-être, comme le dit une de mes condisciples guère plus performante que moi, si on arrive à baragouiner un peu à la fin de l’année, on aura atteint un objectif !!!*



*Eviter de préciser lequel !


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