El Curso : une élève en
difficulté, moi !
Je me suis inscrite à un cours
d’espagnol , animée par ce que j’ai coutume d’appeler mon mirage espagnol
Naturellement, en niveau
débutants !
A la MJC de mon quartier , fort
sympathique endroit culturel , mais abusivement nommé en ce qui concerne notre
cours . Car de jeunes il n’y a point !quelques-uns se sont fourvoyés
quelques cours puis pour une raison ou
une autre ne sont jamais revenus ! trop de mamies sans doute , même les
papis, rarissimes, ne résistent pas à notre groupe Miss Marple !!!!
Tant d’années après celles où
j’étais moi-même écolière puis étudiante ,vivre cette situation, s’avère une expérience
fort intéressante d’autant que je la vis avec le filtre de mes propres années
de prof puis de formateur de profs …
De l’autre côté du bureau, élève
parmi des élèves, j’ai revécu les ressentis anciens : la difficulté du premier
cours, la séduction exercé par le prof,
avec une connivence parfois qu’on n’ose pas laisser voir, une sympathie
spontanée sélective à l’égard des autres élèves, une curiosité vive pour cette
langue que j’ai tellement rêvé d’approcher, doublée de la curiosité pédago de
voir comment elle va s’y prendre notre formatrice…
Les « élèves » je les ai reconnus presque tous, « les écoliers- types » , avec
bonheur, avec humour …
J’ ai reconnu, la bonne élève qui aime à montrer ce qu’elle
ce qu’elle sait faire, l’élève modèle qui efface le tableau pour s’attarder à
la fin du cours, la rétive qui résiste à l’explication qu’elle n’admet pas (traduire
qu’elle ne comprend pas ) profils complexifiés par les profils d’adultes qui
s’y superposent : l’amateur de culture , qui court les cinémas d’art et
d’essai , récuse la télé, dénonce toutes
les injustices politiques et sociales, la femme d’affaire compétente et assurée
,qui en a vu bien d’autres, l’ancien
prof qui souffre d’être passée de l’autre côté du bureau..
Mais cette expérience de la
diversité me plaisait bien, car la plupart de ces camarades de cours en
quelques séances se sont avérées sympathiques et souvent pleines d’un humour
que confèrent l’âge et la condition féminine .
J’ai découvert avec délices les
rudiments de vocabulaire et de grammaire
d’une langue qui me fascine , une belle langue romane !
Et puis , la situation a évolué ,la
prof de mes débuts est partie ; pour parer à son départ ,les cours ont dû
être composés différemment, la composition du nôtre a changé radicalement :
toujours essentiellement « mamie » mais des mamies qui ont à leur
actif un nombre imposant de kilomètres , de pratique de l’espagnol , et du
savoir et de l’aisance qui va avec !des
poissons dans l’eau dans la pédagogie de la nouvelle prof qui s’efforce de
mettre en situation de parole sur des sujets de société qu’ elle s’ingénie à
trouver , à diversifier…
Moi , j’avais certes fait des progrès
, je lis bien les textes, j’ai acquis au fil des cours et des lectures persos
du vocabulaire et même de la grammaire, mais j’ai du mal à produire de l’oral
et même à comprendre de l’oral, et j’avoue, je m’agace de surcroit des propos échangés tertullia
« café du commerce » ou simulations de « shopping »
espagnol !!!Bref je me sens larguée et me largue moi-même…
Et je me suis retrouvée : « élève en difficulté » !!!!!
Toute ma carrière,
bonne élève, bon prof, bon formateur, j’avais essayé de prendre en charge d’une
certaine manière les élèves en difficulté scolaire, théoriquement,
pratiquement, affectivement, tentant de les aider sans les stigmatiser …
Mais voilà
que je me sens étrangement imperméable
aux tentatives pourtant intelligentes et pédagogiquement pertinentes (je peux
en juger, non ?) de la jeune et agréable prof…
Je résiste,
je m’accroche, et je pense à vous tous mes élèves en difficulté , à toi qui
dessinait des cow boys tout au long des cours, à toi qui déchirait
méthodiquement ton cahier de texte, a
toi qui regrettait si fort ton prof de l’année passée et résista opiniâtrement
à toutes mes tentatives de séduction, à toi si appliqué à bien calligraphier
tes copies, mais dont je refusais de
voir que tes écrits étaient « à côté » (j’ai toujours refusé de dire
nuls) écrits desquels je m’acharnais à
tirer une virtuelle signification (j’y –non nous- réussissions parfois !!!!)
Peut-être
que si je réussis, moi, à me tirer d’affaire je retrouverais la conviction idéaliste,
naïve, l’optimisme désespéré, qui étaient miens, qu’on peut toujours y arriver
…
La
conclusion serait alors celle de la conviction que nous partageons avec Michel,
qu’enseigner (et apprendre) est essentiellement, une question d’acteurs …
Mais ces
acteurs, il faut entendre que pour fonctionner il leur faut fonctionner « en couple », question de prof, question d’élève… !
Bon je vais
relire mon livre (avec Reverso dictionnaire) écouter la RTV ES , demander de
l’aide à Charlotte et Camille, donner mon avis circonstancié sur quelque grave
question de société, « Faut-il ,par exemple, regarder des séries à la TV »,
ou « Courir les concerts de nos amis ».
Et peut-être,
comme le dit une de mes condisciples guère plus performante que moi, si on
arrive à baragouiner un peu à la fin de l’année, on aura atteint un objectif !!!*
*Eviter de
préciser lequel !
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