samedi 5 octobre 2019

Le pouvoir de la littérature



L’hiver qui vient après un bel été – trop chaud pour certains, il est vrai, mais pas pour moi…- !!!-un été dont je n’ai pas vraiment profité, sauf par echappées lumineuses :
Des après-midi aux arènes
 Des bains remarquablement plus tièdes que nos bains d’Océan habituels .
 Bains paresseux , délicieux, suivant l’envie du moment, mer ou lac,  trop rares toujours, moments arrachés aux soucis quotidiens asphyxiants , et obligatoirement… altruistes !!!
Des temps de partage délicieux avec les Filles , La Grande et ses Petites, nos petites oserai-je dire ,
Et les livres !
Livres partagés  entre L’ombre du vent, de Carlos Ruiz Zafon , en français !pas la version espagnole, achetée au temps où j’avais fait l’entreprise téméraire d’apprendre l’Espagnol !!!, version française 627 pages, émerveillement des premières parties , trouvaille poétique captivant l’intérêt du « Cimetière des livres oubilés »  puis énergie bien nécessaire pour poursuivre l’aventure de lecture , pour se rendre capable de lire un livre « difficile »dont  tant de lecteurs vous on vanté l’Ecriture, puis lassitude du trop de personnages , du trop de rebondissements, du trop de pages enfin !!!
Heureusement le  soir, il ya Ellis Peters, les passionnantes aventures de Cadfaël le moine érudit à la Guillaume de Baskerville, le système de personnages  sympathiques et récurrents et l’évocation saisissante de présence des paysages anglais, les faits historiques denses et précis qui n’ont pour moi, comme d’ailleurs ceux du Nom de la Rose, que le rôle de contexte narratifs , tenson dramatique , effets de contraste avec la douceur  des scènes intimistes et chaleureuses qui provoquent notre empathie..
 Et c’est ainsi, comme presque chaque été, un partage de lecture : il y a eu L’été « Ionesco et les Chaises et autres pièces », Céline et « Le voyage au bout de la nuit », Modiano Et Agatha Christie ou Simenon, Rimbaud et Patrick Deville Et Fred Vargas…
Avec parfois, suivant mes échanges avec nos petites d’étranges va et vient : Montaigne , La Fontaine , La Bruyère, Molière etc ……ET… Thierry Bourcy !!!.Lequel d’ailleurs est en lui-même un intéressant croisement d’Histoire et d’histoires de destins fictionnels, de Célestin  Louise et ses comparses .Quand son personnage principal  n’est pas comme le double fictionnel de lui-même , écrivain d’histoires de l’Histoire , à son tour victime d’un engrenage  criminel… (La mort d’Anna).

Pouvoir de la Littérature, ou pouvoirs ? toujours elle nous arrache à notre réel, ou bien en nous créant un univers parallèle plus satisfaisant : systèmes de personnages esthétiques , valeurs positives des rapports humains et des destins.
«  La vraie vie , c’est la littérature !!! » disait un de mes professeurs des plus remarquables  à mes yeux, spécialiste de Balzac…Des moments de bovarysme heureux en somme.
…Ou bien en nous hissant à l’Abstraction de l’interprétation, de la signification au second degré , nous obligeant à un recul  tendu et plutôt difficile par rapport à ce réel.

Etrange notion que ce pouvoir.
Etrange notion que la Littérature ; car  pour moi et plus que jamais en ces temps de souci, je dirai comme  Baudelot et Establet parlant de la lecture, qu’il y a la littérature « ordinaire » , celle du quotidien  dont on use pour les besoins de sa vie, et la littérature « savante » , celle dont on est fier  de profiter, celle du « Tiers Instruit », la première que d’aucuns disent « de gare » , et que d’autres qualifient de populaire… et que moi j’appelle souvent  celle de « mes livres de chevet » : ceux qui accompagnent notre quotidien avec familiarité, qui  permettent de fuir les noires pensées du soir (ou du jour), de s’apaiser , de s’endormir parfois…
Des personnages à la présence familière qui tient aux trouvailles des détails qui nous les rendent réels et touchants : Adamsberg ou Cadfaël !
Des évocations descriptives de moments vécus dans la nature, forêts, rivage de la mer, l’averse de neige, ou l’intense chaleur. Présence incarnée d’un monde palpable et ressenti…
Des flics et détectives réparateurs des maux du monde : Adamsberg, Maigret, Misses  Marple et Silver…
Romans ou poèmes « ordinaires »nous donnent à vivre, à rire et à pleurer parfois,  souvent à partager l’espoir du monde…

Qu’on ne s’y trompe pas d’ailleurs : je pense que la littérature « savante » peut aussi jouer  la même fonction de donner un sens nouveau à la vie ordinaire :AuTemps des Donjons de R. Desnos , «  As-tu dèjà perdu le mot de passe ? », la Mouette du « Je ne sais pourquoi »de Verlaine, le personnage de Denise  Baudu, sa fascination du grand magasin magique, son choix obstiné de l’amour positif.. L’Expérience soudain partagée avec Montaigne et Rousseau qui nous aide à mieux jouir  du « sentiment de l’existence », avec Baudelaire du   Spleen de la « pluie étalant ses immenses traînées (qui) d’une vaste prison imite les barreaux ». Avec La Fontaine qui confirme à l’égal des graves réflexions politiques, Le Pouvoir des Fables  : « Si Peau d’Ane m’était contée ,j’y prendrais un plaisir extrême !!! »

 Il y a en somme les Aventures de Cadfaël , et Le Nom de la Rose

J’ai de tout temps pris le pli du partage….qu’elle soit savante ou ordinaire le pouvoir de la littérature existe, à condition de refuser l’exclusion de la littérature que l’on dit « facile » et celle  de la littérature que l’on dit «intello »…
… Si on arrive sans complexe à découvrir sa littérature…
C’est ce qu’une expérience d’un jour, que je me rappelle avec grande et douce émotion, m’a confirmée à jamais: à la caisse d’un supermarché, une jeune et jolie caissière surmenée, entre deux facturettes de produits : le sourire d’une ancienne élève : « ô Madame , vous vous rappelez, « Candide » comme nous étions heureux en le lisant » !


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