L’hiver qui vient après un bel été – trop chaud pour
certains, il est vrai, mais pas pour moi…- !!!-un été dont je n’ai pas
vraiment profité, sauf par echappées lumineuses :
Des après-midi aux arènes
Des bains
remarquablement plus tièdes que nos bains d’Océan habituels .
Bains paresseux
, délicieux, suivant l’envie du moment, mer ou lac, trop rares toujours, moments arrachés aux
soucis quotidiens asphyxiants , et obligatoirement… altruistes !!!
Des temps de partage délicieux avec les Filles , La
Grande et ses Petites, nos petites oserai-je dire ,
Et les livres !
Livres partagés
entre L’ombre du vent, de Carlos Ruiz Zafon , en français !pas la
version espagnole, achetée au temps où j’avais fait l’entreprise téméraire
d’apprendre l’Espagnol !!!, version française 627 pages, émerveillement
des premières parties , trouvaille poétique captivant l’intérêt du
« Cimetière des livres oubilés » puis énergie bien nécessaire pour poursuivre
l’aventure de lecture , pour se rendre capable de lire un livre « difficile »dont tant de lecteurs vous on vanté l’Ecriture,
puis lassitude du trop de personnages , du trop de rebondissements, du trop de
pages enfin !!!
Heureusement le
soir, il ya Ellis Peters, les passionnantes aventures de Cadfaël le
moine érudit à la Guillaume de Baskerville, le système de personnages sympathiques et récurrents et l’évocation
saisissante de présence des paysages anglais, les faits historiques denses et
précis qui n’ont pour moi, comme d’ailleurs ceux du Nom de la Rose, que le rôle
de contexte narratifs , tenson dramatique , effets de contraste avec la
douceur des scènes intimistes et
chaleureuses qui provoquent notre empathie..
Et c’est ainsi,
comme presque chaque été, un partage de lecture : il y a eu L’été
« Ionesco et les Chaises et autres pièces », Céline et « Le
voyage au bout de la nuit », Modiano Et Agatha Christie ou Simenon, Rimbaud
et Patrick Deville Et Fred Vargas…
Avec parfois, suivant mes échanges avec nos petites
d’étranges va et vient : Montaigne , La Fontaine , La Bruyère, Molière etc
……ET… Thierry Bourcy !!!.Lequel d’ailleurs est en lui-même un intéressant
croisement d’Histoire et d’histoires de destins fictionnels, de Célestin Louise et ses comparses .Quand son personnage
principal n’est pas comme le double
fictionnel de lui-même , écrivain d’histoires de l’Histoire , à son tour
victime d’un engrenage criminel… (La
mort d’Anna).
Pouvoir de la Littérature, ou pouvoirs ? toujours
elle nous arrache à notre réel, ou bien en nous créant un univers parallèle
plus satisfaisant : systèmes de personnages esthétiques , valeurs
positives des rapports humains et des destins.
« La
vraie vie , c’est la littérature !!! » disait un de mes professeurs
des plus remarquables à mes yeux,
spécialiste de Balzac…Des moments de bovarysme heureux en somme.
…Ou bien en nous hissant à l’Abstraction de
l’interprétation, de la signification au second degré , nous obligeant à un
recul tendu et plutôt difficile par
rapport à ce réel.
Etrange notion que ce pouvoir.
Etrange notion que la Littérature ; car pour moi et plus que jamais en ces temps de
souci, je dirai comme Baudelot et
Establet parlant de la lecture, qu’il y a la littérature
« ordinaire » , celle du quotidien
dont on use pour les besoins de sa vie, et la littérature « savante »
, celle dont on est fier de profiter,
celle du « Tiers Instruit », la première que d’aucuns disent « de
gare » , et que d’autres qualifient de populaire… et que moi j’appelle
souvent celle de « mes livres de
chevet » : ceux qui accompagnent notre quotidien avec familiarité,
qui permettent de fuir les noires
pensées du soir (ou du jour), de s’apaiser , de s’endormir parfois…
Des personnages à la présence familière qui tient aux
trouvailles des détails qui nous les rendent réels et touchants : Adamsberg
ou Cadfaël !
Des évocations descriptives de moments vécus dans la
nature, forêts, rivage de la mer, l’averse de neige, ou l’intense chaleur. Présence
incarnée d’un monde palpable et ressenti…
Des flics et détectives réparateurs des maux du
monde : Adamsberg, Maigret, Misses
Marple et Silver…
Romans ou poèmes « ordinaires »nous donnent à
vivre, à rire et à pleurer parfois, souvent à partager l’espoir du monde…
Qu’on ne s’y trompe pas d’ailleurs : je pense que
la littérature « savante » peut aussi jouer la même fonction de donner un sens nouveau à
la vie ordinaire :AuTemps des Donjons de R. Desnos , « As-tu dèjà perdu le mot de passe ? »,
la Mouette du « Je ne sais pourquoi »de
Verlaine, le personnage de Denise Baudu,
sa fascination du grand magasin magique, son choix obstiné de l’amour positif..
L’Expérience soudain partagée avec Montaigne et Rousseau qui nous aide à mieux
jouir du « sentiment de l’existence »,
avec Baudelaire du Spleen de la « pluie étalant ses immenses traînées (qui)
d’une vaste prison imite les barreaux ». Avec La Fontaine qui confirme
à l’égal des graves réflexions politiques, Le Pouvoir des Fables : « Si Peau d’Ane m’était contée ,j’y prendrais un plaisir extrême !!! »
Il y
a en somme les Aventures de Cadfaël , et Le Nom de la Rose
J’ai de tout temps pris le pli du partage….qu’elle soit
savante ou ordinaire le pouvoir de la littérature existe, à condition de refuser l’exclusion de la littérature que
l’on dit « facile » et celle de la littérature que l’on dit «intello »…
… Si on arrive sans complexe à découvrir sa
littérature…
C’est ce qu’une expérience d’un jour, que je me
rappelle avec grande et douce émotion, m’a confirmée à jamais: à la caisse
d’un supermarché, une jeune et jolie caissière surmenée, entre deux facturettes
de produits : le sourire d’une ancienne élève : « ô Madame ,
vous vous rappelez, « Candide » comme nous étions heureux en le
lisant » !
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