Un
nouvel opus, découvert depuis notre première et marquante rencontre avec la
musique de Sylvain Rifflet , et c’est à nouveau la découverte d’un son, comme
voilé, étrange, mais toujours harmonieux , aux composantes diverses étroitement
entrelacées.
Une
musique qui nous embarque dans un
univers mystérieux et captivant.
Bien
sûr pour qui comme moi aime que les titres ouvrent des chemins d’écoute, le
titre Troubadours aussitôt connote un univers éloigné dans le temps à la
sonorité étrange, un peu décalée, quoique totalement mélodieuse.
Ma
curiosité s’accroche un moment aux noms des troubadours éponymes des titres,
mais j’interprète en lisant les noms sur la pochette (aux titres
minuscules !!!) que si les troubadours évoqués ont une existence attestée,
la musique que je découvre est (sauf exception :
I’vo
bene, auteur cité Ghirardello da Firenze)
imaginée, créée par Sylvain
Rifflet ; ou recréée d’un opus de Jimmy Rowle. (pour ce dernier que je ne
connais pas, je fais connaissance avec celui-ci
sur You tube !!!.)
Mais peu m’importe c’est la démarche qui me
séduit comme une création poétique
(au sens plein du mot qui a le pouvoir de faire
existe), d’un univers fascinant , d’une beauté étrange et comme « nouvelle »…un
imaginaire de la musique des troubadours, sans doute non dépourvu de
connaissances musicales mais assumé comme sien.
Le
plus immédiatement prégnant, bien sûr, c’est le SON, le saxo ténor de Sylvain
Rifflet est la source première de cette étrangeté, de « cette beauté intemporelle à couper le souffle.. »J’emprunte
ces mots et partage l’enthousiasme de Citizen Jazz…
Un
saxo alternant avec ses clarinettes , et
les enlaçant avec la très belle sonorité de la trompette de Verneri
Pohjola . pour un son « quasi fusionnel des vents » (Citizen
J. encore )au point que pauvre oreille que je suis j’ai parfois du mal à les démêler…Ils se « mêlent et
se répondent » en « correspondances » avec les percussions de
Benjamin Flamant et l’harmonium de Sandrine Merchetti dans une« ténébreuse
et profonde unité »…Parfois les délices agiles de la clarinette ou de la
trompette y inscrivent une histoire mélodieuse , touchante et lyrique, comme
romanesque ( ex ; le n°10 de Jimmy Rowles )…
Mais
la pulsation du rythme est non moins remarquable et participe de l’ostinato de
certains morceaux : (1) Sordello da Goito ;
Le(8)
de « Bertran de Born » en soulignant répétitions et accélarations des
mélodies
Se
créent ainsi entre morceaux nuances et
particularités qui séduisent et attirent ; mais leur succession est malgré
tout remarqualement homogène.
Tous
sans doute portent le sceau de la création de S.Rifflet ; m^me si leurs titres les placent sous le signe
d’auteurs différents , troubadours authentiques
dont on ignore si les morceaux reflètent quelque chose de leur musique authentique..Sauf
L’vo Bene,the Pecocks « signés», et
Le Murmure signé aussi , que pour ma
part j’adore pur sa variation sonore délicate : du filet de son fragile au
départ au grondement harmonieux et profond ensuite, et qui me fait penser à la
subtile remarque de Valéry sur la variation de sens du mot « murmure »,
du latin « mourmour » au français « murmure »,
merveilles de l’apparition du
« u », et de la création du « Murmure » de Sylvain Rifflet !!!
J’aime tous ces morceaux et ne
choisirais point entre eux ; ni
entre leurs mélodies toutes fort belles , ni entre les jeux divers que s’y
donnent les instruments !
Je me laisserai aller à leur
fusion, et à leur quelque chose d « inanalysable » dans cette musique !!! …
…Que de ce fait on pourrait dire
« poétique » en somme !!!!
Merci aux Troubadours,
à Sylvain Rifflet ,
à l’accompagnement précieux de ses compagnons de musique .
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