Expliquée par Frédéric Morando
directeur artistique délégué
J’ai raconté une fois notre
« découverte » de l’orchestre de Pau à l’occasion de la venue de
Richard Galliano , comme soliste invité .J’ai souvent regretté sur ce blog
l’absence à Pau de notre musique de prédilection, celle de l’accordéon mais pas
que , celle aussi du jazz, ou celle qui revêt un caractère tellement divers
qu’elle se voit qualifiée de musique du monde, ou même celle qui se voit aussi étiquetée
musique contemporaine pour la même raison d’éclectisme …
L’invitation de notre idole
Richard G fut pour nous un démenti bien sympathique à notre a priori, même si
nous eûmes bien du mal à trouver deux places au paradis qui mérita quasiment son nom pour nous en cette soirée…
Car le fonctionnement de l’OPPB
par abonnements , comme celui de la plupart des scènes nationales, même parfois
celui des festivals, n’est guère
favorable aux fans vagabonds de musique
que nous sommes…
Car je mentirai en prétendant que
je n’aime que l’accordéon et pas la musique symphonique, ni la musique classique.
Souvent j’ai eu envie d’aller écouter Schubert , ou Bartók ou Beethoven…
Mais nous inscrire à un
abonnement annuel ne fut-ce que de 5 concerts ne convient pas à notre
pratique du cabotage musical : nous nous attachons à des musiciens ou des œuvres découverts un jour,
ou traqués sur le net ou en CD, comme rats attachés aux pas du Joueur de flûte
de Hamel. Nous réservons des places parfois non sans peine et puis en route
pour des balades prochaines ou parfois lointaines !. Je reconnais que sans
doute nous passons à côté de propositions intéressantes et nous
privons de certaines découvertes.
Mais surtout je comprends que pour faire
fonctionner un orchestre comme celui de Pau ou une institution musicale telle
que nous en croisons, comme l’Astrada de Marciac , ou le festival Jazzèbre…
notre fréquentation papillonne ne
constitue pas un atout…
C’est justement ce fonctionnement
que Frédéric Morando explique si finement : le public de l’OPPB est le
support central du financement de
l’entreprise. C’est grâce à la fidélisation de son public qu’elle peut
entreprendre des projets sinon innovants (Frédéric Morando est modeste) du
moins audacieux et que je dirais idéalistes,
voire politiques, en donnant aux deux
termes leur sens positif…
Proposer à tous publics la
musique classique. Y compris celui qui ne sait pas le solfège ! « Proposer »…
car liberté doit demeurer au public de ne pas aimer. Susciter une rencontre le plus qualitative possible, avec la beauté des œuvres choisies …
Idéalistes , voire un peu
utopique, dit Fréderic Morando car devant viancre des obstacles, obstacle du prix, et pire encore,
celui de la « sanctuarisation » des salles de concert, lieux
d’initiés aux codes réglés où certains publics risquent de ne pas se sentir à leur place,
« Est-ce qu’il faut
applaudir ? » dit-il « comment s’habiller ? »
« arriver à l’heure ? » voilà peut-être les questions qui se
posent à ces publics. Je me rappelle enfant la gêne éprouvée ayant applaudi entre deux mouvements , et ma
surprise ravie dans ms premières expériences d’opéras de voir des gens fort
« sapés » se lever à la fin du morceau de bravoure de leur soprano ou ténor vedette….et
applaudir à tout rompre .
Et de même aux concerts de jazz la découverte
qu’on pouvait –ou devait ?- applaudir à la fin d’ un chorus…Je continue à
me demander pourquoi ces applaudissements sont souvent sélectifs et sans
doute codés ? Souvent le batteur, quelquefois la contrebasse, ou le piano,
la trompette, les saxos …ET rarement
l’accordéon !!!!
Mais plus encore c’est une touchante philosophie de
la musique que Frédéric Morando
esquisse pour nous : la
conviction qui est la sienne et celle de Fayçal Karoui que ce qu’il faut donner
à rencontrer c’est l’émotion qu’offre la musique : « on a tous besoin
d’émotion , on a tous besoin de beauté . Et la beauté de la musique pour lui
est la plus touchante « parce qu’éphémère et imprévue… »
J’ajouterai que si l’émotion
éprouvée devant une œuvre littéraire qui fut mon domaine de prédilection ou
d’un tableau nous paraît parfois possible à renouveler puisque l’objet demeure ,
en revanche on ne revivra jamais l’émotion de la première lecture, ou celle de
la surprise du premier regard et du sentiment puissant d’évidence de la beauté
qui s’y attachait…
C’est donc avec un peu de
tristesse, parce que je prends conscience de sa justesse, que j’entends Frédéric
Morando remarquer que les professeurs de
français, à l’instar d’ailleurs de l’enseignement de l’histoire de l’art, savent
mettre en réseau les œuvres littéraires avec l’art pictural mais jamais avec la
musique…
E ce qui me concerne c ‘est vrai ! Je
connais un peu d’histoire de la peinture, ou même de la photo, mais si j’ai écouté
et écoute, beaucoup de musiques…je ne sais pas grand chose de l’histoire de la Musique …
Je n’en connais que l’ EMOTION,
poursuivie encore et encore !
En dehors de ça, écoutez cette interview !
Vous découvrirez en l’ écoutant racontés avec finesse et simplicité, bien des aspects passionnants de la vie , des projets , du fonctionnement, de l’évolution d’une « entreprise de musique », celle d’un orchestre symphonique , le nôtre, celui de Pau !!!
PS :
Le temps qui
file …
C’est le
temps des « concerts magiques ». Petit à petit, à
mesure que se bâtit le concert pour nos yeux, nos oreilles et notre
sensibilité, pour nous le temps s’enfuit comme une eau
qui coule entre les doigts. La richesse et la variété même l’accélèrent :
on attend la surprise mélodique du thème , et si la mélodie se disloque ou se
noie dans les thèmes de chorus, on la cherche avec impatience, on savoure de la
retrouver, et tout à coup on craint que cela finisse…et
puis on sait que cela va finir. ..
Contribuent
à ce temps emballé, le pouvoir d’entraînement des musiciens, la force de la
mélodie qui crée attente et anticipation, et précipite le déroulement du récit.
Y contribue aussi la composition des œuvres et du concert : la
variation dans les rythmes , les modalités , les mélodies,
multipliant en quelque sorte les évènements sonores, accentue
encore l’impression d’accélération du temps …
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