Nous n’avions donc jamais assisté
à un concert du Septet et de Piazzolla Forever!
Et nous décidâmes en découvrant la nouvelle d’un concert à l’Olympia d’Arcachon
que Richard Galliano et le Septet
valaient bien le voyage à travers les Landes, d’autant qu’aujourd’hui
«… Les landes désertes
Vrai Sahara français… » de
Théophile Gautier…sont aujourd’hui et en dépit des tempêtes, une belle forêt de pins que traverse une superbe autoroute neuve au bitume lisse …
Et ce fut Arcachon sous un soleil tiède et délicieux
Et ce fut l’Olympia …
Parfois dans notre attachement passionné à la musique de Richard Galliano
qui en cette occasion se croise avec l’émotion profonde de celle de Piazzola, s’insinue un soupçon
d’inquiétude :
« Est-ce que cette fois ce
sera encore magique ? »
…Sinon le doute en forme plaisanterie de notre malicieuse Sonia :
« N’avez –vous pas peur de l’user Richard à force d’aller le
voir ? »
Eh bien, jeudi soir, ce n’était
pas le Septet initial, dont nous avions
manqué les premiers concerts. Et dont
nous écoutons les CD à satiété…
Ni Jean Marc Apap, souvent entendu dans le « sextet Bach »,
ni Henri Demarquette ou Rafaël Pidoux ni Jean Marc Phillips-Varjabedian, ni Hervé Sellin, jamais entendu au piano.
Seul restait Stéphane Logerot, superbe, avec de son propre aveu avec un soupçon
de gris en plus ! C’est Sébastien
Surel que nous apprécions beaucoup qui tenait le premier violon, et
au piano, , « mal accordé » selon Richard, il y avait Dimitri Naïditch…pour nous un
inconnu !
Et en fait ce n’était pas non plus
le programme de Piazzolla Forever (que j’avais écouté en boucle pour « révision depuis des jours et des jours !!!)
Ce soir, la musique était une
convergence intense et complexe de la mélancolie tragique, rythmée, et
intensément mélodieuse, de Piazzolla, de
la puissance mélodique et magique des compositions Galliano, de ses reprises
revisitées de thèmes clés, et de la plénitude allègre de Bach…(Concerto pour
hautbois, je crois)
En somme « de Bach à Piazzolla en passant par Galliano »,
le programme et d’ailleurs le titre, des concerts du sextet …
Alors déception ?
Justement non ! car un
concert de Galliano n’est jamais tout à fait le même tant la musique offerte varie
en se tissant de
toutes les créations de sa vie, ni tout à fait un autre car le son, le rythme, la
mélodie, la composition dynamique de cette musique contribuent à un style unique,
le style Galliano !
Et le 7ème du groupe , le piano ? Déception ?
Non ! différent de celui d’Hervé
Sellin, si je suis capable d’en juger, un peu étrange , mais non étranger
au groupe, un jeu inspiré, fougueux, et
une remarquable introduction à une pièce de Piazzolla , Invierno Porteño je crois ….
Et outre la complicité habituelle
avec Sébastien Surel, j’ai ressenti de remarquables connivences entre la contrebasse
et l’accordéon , un Libertango encore
différent et toujours superbe , un Adios
Nonino, une première pour cette formation, et une entrée dans le concert par
Tango pour Claude, le thème fil rouge de l’année , qui toujours saisit, tant il exalte la Violence de la Vie … !
Pas de Laura et Astor ? me semble-t-il, dans ce programme : je regrette un peu car je
l’aime terriblement ce thème, mais il me
semble empreint du tragique de la disparition, il a pour moi la scansion du destin,
j’y sens comme un écho des dernières
œuvres des Five tango sensations si terriblement sombres…
Or, quelle que soit sa fidélité au
passé et à ses mentors aimés, toujours Richard Galliano est
repris par la puissance du présent, des
projets récents comme Bach, ou Nino Rota, des entreprises à venir, des rencontres nouvelles… que nous attendons !
« Rien n’est passé
La vie a des feuilles nouvelles »….
Et c’est peut-être à cela que
tient la fascination de sa musique…
Car il y a bien sûr
l’extraordinaire beauté du son, cette virtuosité si accomplie qu’on la dirait naturelle,
les doigts courant sans effort apparents sur les boutons pour un son délié,
continu, parfaitement mélodique et harmonieux …
Mais il y a aussi cette puissante vitalité, cette capacité créative, cet
appétit à FAIRE de la musique (si j’osais je parlerais de POEtique de la musique),
à multiplier collaborations et rencontres,
couleurs sonores, rythmes , interprétations de grandes des oeuvres ou improvisations inspirées…
…Pour en tisser un mélange intime
et un style propre, nourri de ces musiques multiples vécues intensément,
assimilées, recrées..
Et c’est cette vie intense et
créatrice qu’on ressent et qui explique peut-être que le bonheur de l’écouter se renouvelle à chaque
concert…
Car malgré les CD et DVD le bel
objet créé demeure fondamentalement éphémère, joué dans le temps, et remis en
jeu à chaque concert…
Ephémère, comme l’est tout temps
de bonheur parfait, qu’il s’agisse d’une baignade parfaite ou même d’un cours
parfaitement réussi !!
C’est pourquoi notre attente du
rendez-vous reste toujours un peu
anxieuse …
Et je pense souvent que pour Richard
Galliano, et sans doute bien d’autres artistes –pour quelques-uns que je connais bien , je peux l’affirmer- cette
remise en jeu, ne peut se faire que dans le trac et l’angoisse…étant donné le degré de reconnaissance auquel il est
parvenu…. , l’angoisse de nous décevoir
et pire de SE décevoir ….
Et se renouvelle aussi au fur et à mesure que
le plaisir du concert file dans le temps,
la conscience et le vif regret de son
caractère éphémère, le refus de le voir finir …
… et le désir et l’attente de son recommencement !
PS : je me demande souvent
comment des gens peuvent parfois s’en aller avant les rappels ! Faut-il
être inconscient !!!! Ou béotien !
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