Pour exprimer l’émotion
ressentie lors de ce concert de dimanche dans la superbe et surprenante église
st Vincent d’’Urrugne, je ne sais quelles composantes évoquer en premier :
Le plaisir d’entendre en
direct l’accordéon de Philippe avec Maitane au violoncelle ? de l’écouter
du surcroît avec notre
« grande » Charlotte ?
Les plaisirs de l’amitié,
la rencontre, les échanges , la fierté d’être leurs amis ?
La
convivialité de ce pays où Philippe nous accueille en quelque sorte chez lui ?
Le public chaleureux et réactif ?
Le son acoustique superbe sous la vaste voûte de cette curieuse église ?
La sortie d’un nouveau
CD-DVD qui nous permettra de les
réentendre encore et encore, et même, le fait d’avoir contribué au
livret pour quelques lignes de texte ?
Par-dessus tout, en fait, ce concert riche et beau, qui marque à nos
yeux une avancée de plus dans le talent de Philippe dont nous suivons depuis des années la réalisation …
http://vimeo.com/90942398
La première impression à
l’écoute de cette musique est sa variété. Comme Philippe le souligne de
quelques mots discrets de présentation, il s’agit bien d’un voyage, sans
frontières , dans le temps certes, de
Bach à Dave Brubeck, dans les genres évidemment , dans l’espace, du Danemark , l’Allemagne , la France, à l’Espagne,.. et le Pays Basque, mais c’est surtout un parcours dans « la Musique qu’ils aiment », et qu’ils
nous donnent à aimer…
Piazzolla, Philippe et
Maitane, nous l’ont souvent joué. Bach,
Ravel, Philippe a souvent aimé nous les jouer, mais aujourd’hui il y aura aussi Grieg, avec Peer
Gynt, Dave Brubeck…
D’abord Sonate en sol
majeur de Bach,pour nous un inédit ( sur le CD c’est la sonate en sol mineur)
…Et le concert débute avec
la sérénité du contrepoint de Jean Sébastien Bach que le dialogue accordéon, violoncelle
souligne remarquablement …
Puis Ma mère l’Oye de
Ravel,..
et la référence aux contes de fée ouvre un univers poétique, léger, un vert
paradis « des amours enfantines ».
Je me suis prise à aimer
peu à peu cette musique du début du 20ème siècle et la sonorité particulière de
Ravel.
Musique figurative certes dont les titres
orientent la rêverie…les pas du Petit Poucet, le dialogue de la Belle avec la Bête…Figurative certes, mais comme un peu décalée, si légère ,et si peu narrative qu’on
pense à l’art abstrait de son temps , s’ouvrant sur d’autres univers musicaux
ou poétiques …le dialogue instauré par
les adaptations de Philippe y est remarquable
Bien plus figuratives en
fait m’apparaissent les pièces de la suite n°1 de Peer Gynt qui m’enchantent
personnellement : j’aime Peer Gynt .
J’en aime les mélodies si
justement célèbres. « Romanesques »…
elles me semblent romanesques, racontant
les sentiments et en transmettant
l’émotion puissante, ouvrant sur un
monde dramatique.
La Jota de Pablo de Sarasate,
c’est dans le concert un moment léger et dansant. Philippe et Maitane sont
comme chez, eux, plus détendus et souriants…la mélodie a la teinte de leur pays.
Mais aussi une complexité raffinée et
orchestrée…
Rondo à la Türk de Dave
Brubeck marque un intéressant changement de style et de rythme :sa mélodie
nous rappelle Capon et Galliano, son swing nous ramène au dramatique du
thriller parce que toujours on pense à Nougaro,
Et c’est bien de finir par
Piazzolla…
Pour moi, Piazzolla est un
génie. Sa musique chante le tragique du monde, la scansion du destin et le tempo
envoûtant de la danse, avec des mélodies
si prégnantes qu’on en est saisi définitivement.
Virtuosité remarquable et subtilité des deux
sonorités pour la douceur de la Milonga et la scansion tragique de la Muerte
del Angel...
Et comme un jazz man, Piazzolla
ouvre un espace libre à l’ interprétation , et le Libertango offert en rappel par Philippe et
Maitane est bien choisi comme emblème de
cette liberté …Leur interprétation en
témoigne magnifiquement . Deux chorus
nous permettent de goûter le son
superbe et personnel de l’accordéon, puis du violoncelle…
Et puis c’est fini !
Et…malgré l’apéro
délicieux, tortillas et charcuteries basques, la convivialité des proches des
deux musiciens, les échanges amicaux avec Philippe et notre amie Maitane….
( de ces échanges toujours
nous retirons une grande douceur d’amitié et un peu plus encore, par les
remarques ponctuelles, exprimées en toute simplicité par nos musiciens amis, un
supplément de savoir et de compréhension de leur musique )
…Et malgré tout cela,
comme après tous les concerts marquants auxquels nous assistons, nous éprouvons
une impression de vide, la frustration certaine d’un grand plaisir éphémère et
désormais achevé…
Heureusement nous
emporterons le disque, cadeau d’amitié,
promesse d’une insatiable écoute, beauté d’un bel objet, petits disques
brillants accompagnés de texte, enfermés dans un précieux boîtier aux photos
remarquables…
EUPHONIA, le bien nommé
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