dimanche 25 mai 2014

Passion CD


Bien sûr j’ai écrit et le réaffirme le plaisir d’un concert, que nous avons découvert  et vécu avec intensité, et même  une certaine passion,   depuis seulement un certain nombre d’années , est pour moi le summum du plaisir musical…
.Ce  plaisir de l’écoute en direct comporte une émotion très forte , où se conjuguent l’attente du concert  , sa prévision, le déplacement même qu’il nécessite, l’effort de préparation même qu’il implique  et par-dessus tout la présence des musiciens, la rencontre avec  eux qu’elle soit distante ou parfois proche, la  communication dans l’instant à leur musique en train de se créer ou recréer,   le fait que l’œuvre se construit en live pour notre écoute et sous nos yeux, tout  fait de ce moment à par, un Evènement véritable.
Live, éphémère, tendu, et fragile, moment décisif vécu, et que rien ne nous rendra réellement , pas même un enregistrement …

Mais pour autant l’enregistrement est pour moi un outil magique et   je ne  renie en rien mon amour des disques.
Nous sommes d’une génération du disque, d’autant plus que mes parents n’étaient pas musiciens . Ma mère chantait et je crois très bellement (comme je regrette….) et nous avec, et ce sont là mes premiers émois musicaux...
Mes premiers 45 tours, mes premiers 33 tours, pourtant parfois de qualité médiocre,  furent l’occasion de découvertes extraordinaires dont je me souviens encore, en grande partie, la source de ma culture musicale , autodidacte, aléatoire et « divagatrice ».
Je n’avais aucun a priori de catégorie, n’ayant pas connaissance  de catégories. Alors comme encore aujourd’hui cette culture de jardin de curé s’est jadis constituée  au fil des rencontres et des influences, aux hasards du goût,  le mien, ou  celui de ceux que j’aimais et  dont j’adoptais plus au moins durablement les passions…

Mes disques, ceux qui sont encore là,  sont comme la bibliothèque de mes amours musicales.

Et c’est ainsi d’ailleurs que je retrouve dans le CD d’aujourd’hui l’impression d’ « œuvre » que je trouve dans mes livres.
 Une sorte d’objet d’art avec une couverture qui promet , puis qui s’ouvre se déplie et offre des entrées multiples, les disques eux-mêmes bien sûr qui accrochent par leur brillance , la liste des opus, la marque des instruments qu’ on y joue, des photos qui expriment elles -mêmes une esthétique .

Et parfois,  trésor supplémentaire et précieux , des textes, des textes de leurs musiciens , des textes qui, pour les meilleurs, complémentaires sans redondances , connotent plus qu’ils ne décrivent ,évoquent plus qu’ils n’expliquent , les variables de l’aventure musicale de leur auteurs, donnent à rêver mais parfois aussi à comprendre( à « prendre-avec »)l’écoute qu’on vivra, revivra à loisir….
Et parfois plus précieux encore, une signature , un "crobar", un mot…un petit signe amical…

Tout y signifie , comme dans un recueil écrit , les titres , l’ordonnance des morceaux , subtile composition des allègres et des andantes , toutes  parties qui  composent un tout…
Cette petite œuvre concentre un moment de l’œuvre musicale des musiciens , un petit caillou sur son chemin d’aventure musicale , une étape de sa vie …ce que Sartre appelait pour les livres dont la vue le fascinait sur l’étagère de son grand père , des « pierres levées »…
Et c’est ainsi qu’il m’apparaissent, nos CD sur nos étagères, un trésor d’œuvres à consulter à revivre...

 Il y a d’abord les CD de nos musiciens amis

De ceux qu’on connait depuis le début de notre chemin d’accordéon et aussi, souvent, du début du leur. Nous pouvons en feuilleter les étapes, et mesurer le chemin parcouru, réactiver les débuts, revivre les émotions des premières rencontres.
Philippe, son  trajet personnel,puis des collaborations inspirées…avec  Maitane Sébastián, notre amie





Bruno, avec Mieko Miyasaki ou Jacques Di Donato puis une aventure personnelle comme un concentré de musique...


Les Pulcinella ,Christian Toucas,Sonia Rekis,Lionel Suarez, Vincent peirani...


Didier Ithursarry


Il y a ensuite toutes les rencontres : on est « accroché » , séduit, intrigué, on aime, on écoute, puis on écoute ailleurs, puis la mémoire reste enfouie un moment, puis on retrouve et savoure, il arrive  parfois même on n’ait pas su aimer du premier coup …



David Venitucci ,Spasiuk , Barboza, Gizavo, Laurent Derache , New Meeting Quartet, Manu Comté et Soledad, Frédéric Viale…et…et…et…
Mais ils sont là,  les CD, sentinelles fidèles …

Il y a les rencontres des rencontres. Ceux que nos amis nous on fait découvrir et aimer : Paolo Fresu, Jan Lundgren Daniel Goyone, parce que « amis avec Richard G », comme dirait FB,   Emile parisien, Michel Portal, Youn Sun Nah, François Salque, Ulf Wakenius, parce que Vincent Peirani, Jacques Di Donato, Mieko Myazaki,  parce que Bruno , André Minvielle, Pierre- François Dufour, parce que Lionel Suarez, Renaud  Garcia -Fons, parce que Jean Louis Matinier et David Venitucci…Jerez Le Cam ,Tomas Gubitsch parce que Manu Comté….ET…ET….
Et  voilà que pour eux on déroge à l’exclusivité des choix initiaux et l’on repart à la course au Bonheur des Concerts et en tout cas des CD…
Irons –nous aussi entendre Omar Sosa et A Filetta ? Et Jan  Lungren Solo…Et A Minvielle, c’est si près, et Renaud -Garcia –Fons même !!!Solo…et…et….

Il y a ceux qui ont le pouvoir de ranimer "les voix chères qui se sont tues..."
Claude...
Stéphane , dont on regrette tant le talent...


Et puis il y a les CD que je qualifierai de CD de chevet :
Comme pour les livres, je dirais que ce sont ceux qui demeurent à notre chevet, viatiques du chemin de la vie, qu’on trouve tellement beaux et tellement roboratifs de notre force vitale, qu’on y puise dans les jours de joie aussi bien que de  spleen, CD de chevet auxquels on recourt parfois le soir, comme à certains livres,  pour conjurer l’angoisse du sommeil impossible , du souci vainqueur, de l’angoisse importune…
A l’instar de nos livres de chevet, ce  sont souvent nos CD « fondateurs », ceux qui témoignent de la rencontre décisive , de  celle qui a tout déterminé de notre goût musical.

Richard Galliano

Auquel je reviens toujours avec obstination quand on a besoin de cette beauté là, avec un rien de crainte  que ce ne soit plus aussi beau, mais aussi la certitude que ce le sera toujours
Et Piazzolla, qu’on aurait peut-être pas si bien rencontré sans lui….

Et ainsi demeure  demeurent à mon chevet et dans un certain désordre de mes étagères personnelles, Richard et Piazzolla, empilés avec Schubert, la Pathétique de  Tchaikowski , le Requiem de Mozart, le Stabat Mater de Pergolèse, les Mazurkas de Chopin,  , les extraits des  Noces de Figaro , la Note Bleue de Nougaro, Peer Gynt, Rameau et Lulli et …. Et….Et….

Quel bazar, au Bazar la chance !

NB:
Et en fouillant je retrouve un CD offert,  un CD oublié ! Une belle chose pour ma soirée…..


« Volver » par Estrella Morente !!!!



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