Bien
sûr j’ai écrit et le réaffirme le plaisir d’un concert, que nous avons
découvert et vécu avec intensité, et
même une certaine passion, depuis
seulement un certain nombre d’années , est pour moi le summum du plaisir
musical…
.Ce plaisir de l’écoute en direct comporte une
émotion très forte , où se conjuguent l’attente du concert , sa prévision, le déplacement même qu’il
nécessite, l’effort de préparation même qu’il implique et par-dessus tout la présence des musiciens, la
rencontre avec eux qu’elle soit distante
ou parfois proche, la communication dans
l’instant à leur musique en train de se créer ou recréer, le fait que l’œuvre se construit en live pour
notre écoute et sous nos yeux, tout fait
de ce moment à par, un Evènement véritable.
Live,
éphémère, tendu, et fragile, moment décisif vécu, et que rien ne nous rendra
réellement , pas même un enregistrement …
Mais
pour autant l’enregistrement est pour moi un outil magique et je ne renie en rien mon amour des disques.
Nous
sommes d’une génération du disque, d’autant plus que mes parents n’étaient pas
musiciens . Ma mère chantait et je crois très bellement (comme je regrette….)
et nous avec, et ce sont là mes premiers émois musicaux...
Mes premiers 45 tours, mes premiers 33 tours, pourtant parfois de qualité médiocre, furent l’occasion de découvertes
extraordinaires dont je me souviens encore, en grande partie, la source de ma
culture musicale , autodidacte, aléatoire et « divagatrice ».
Je
n’avais aucun a priori de catégorie, n’ayant pas connaissance de catégories. Alors comme encore aujourd’hui cette culture de jardin de curé s’est jadis constituée au fil des rencontres et des influences, aux
hasards du goût, le mien, ou celui de ceux que j’aimais et dont j’adoptais plus au moins durablement les
passions…
Mes
disques, ceux qui sont encore là, sont
comme la bibliothèque de mes amours musicales.
Et
c’est ainsi d’ailleurs que je retrouve dans le CD d’aujourd’hui l’impression d’ « œuvre »
que je trouve dans mes livres.
Une sorte d’objet d’art avec une couverture
qui promet , puis qui s’ouvre se déplie et offre des entrées multiples,
les disques eux-mêmes bien sûr qui accrochent par leur brillance , la liste des
opus, la marque des instruments qu’ on y joue, des photos qui expriment elles
-mêmes une esthétique .
Et parfois, trésor supplémentaire et précieux , des
textes, des textes de leurs musiciens , des textes qui, pour les meilleurs,
complémentaires sans redondances , connotent plus qu’ils ne décrivent ,évoquent
plus qu’ils n’expliquent , les variables de l’aventure musicale de leur
auteurs, donnent à rêver mais parfois aussi à comprendre( à
« prendre-avec »)l’écoute qu’on vivra, revivra à loisir….
Et parfois plus précieux encore, une
signature , un "crobar", un mot…un petit signe amical…
Tout y signifie , comme dans un
recueil écrit , les titres , l’ordonnance des morceaux , subtile composition
des allègres et des andantes , toutes parties qui composent un tout…
Cette petite œuvre concentre un moment
de l’œuvre musicale des musiciens , un petit caillou sur son chemin d’aventure musicale
, une étape de sa vie …ce que Sartre appelait pour les livres dont la vue le
fascinait sur l’étagère de son grand père , des « pierres levées »…
Et c’est ainsi qu’il m’apparaissent, nos CD sur nos étagères, un trésor d’œuvres à consulter à revivre...
Il y a d’abord les CD de nos musiciens amis
De
ceux qu’on connait depuis le début de notre chemin d’accordéon et aussi, souvent,
du début du leur. Nous pouvons en feuilleter les étapes, et mesurer le chemin
parcouru, réactiver les débuts, revivre les émotions des premières rencontres.
Bruno, avec Mieko Miyasaki ou Jacques Di Donato puis une aventure personnelle comme un concentré de
musique...
Les
Pulcinella ,Christian Toucas,Sonia Rekis,Lionel Suarez, Vincent peirani...
Didier
Ithursarry
Il
y a ensuite toutes les rencontres : on est « accroché » ,
séduit, intrigué, on aime, on écoute, puis on écoute ailleurs, puis la mémoire
reste enfouie un moment, puis on retrouve et savoure, il arrive parfois même on n’ait pas su aimer du premier
coup …
David
Venitucci ,Spasiuk , Barboza, Gizavo, Laurent Derache , New Meeting Quartet,
Manu Comté et Soledad, Frédéric Viale…et…et…et…
Mais
ils sont là, les CD, sentinelles fidèles
…
Il
y a les rencontres des rencontres. Ceux que nos amis nous on fait découvrir et
aimer : Paolo Fresu, Jan Lundgren Daniel Goyone, parce que « amis
avec Richard G », comme dirait FB, Emile parisien, Michel Portal, Youn Sun Nah,
François Salque, Ulf Wakenius, parce que Vincent Peirani, Jacques Di Donato,
Mieko Myazaki, parce que Bruno , André
Minvielle, Pierre- François Dufour, parce que Lionel Suarez, Renaud Garcia -Fons, parce que Jean Louis Matinier
et David Venitucci…Jerez Le Cam ,Tomas Gubitsch parce que Manu Comté….ET…ET….
Et voilà que pour eux on déroge à l’exclusivité
des choix initiaux et l’on repart à la course au Bonheur des Concerts et en
tout cas des CD…
Irons
–nous aussi entendre Omar Sosa et A Filetta ? Et Jan Lungren Solo…Et A Minvielle, c’est si près, et
Renaud -Garcia –Fons même !!!Solo…et…et….
Il y a ceux qui ont le pouvoir de ranimer "les voix chères qui se sont tues..."
Il y a ceux qui ont le pouvoir de ranimer "les voix chères qui se sont tues..."
Claude... |
Et puis il y a les CD que je qualifierai de CD de chevet :
Comme pour les livres, je dirais que ce
sont ceux qui demeurent à notre chevet, viatiques du chemin de la vie, qu’on
trouve tellement beaux et tellement roboratifs de notre force vitale, qu’on y
puise dans les jours de joie aussi bien que de spleen, CD de chevet auxquels on recourt
parfois le soir, comme à certains livres,
pour conjurer l’angoisse du sommeil impossible , du souci vainqueur, de
l’angoisse importune…
A
l’instar de nos livres de chevet, ce
sont souvent nos CD « fondateurs », ceux qui témoignent de la
rencontre décisive , de celle qui a tout
déterminé de notre goût musical.
Richard
Galliano
Auquel
je reviens toujours avec obstination quand on a besoin de cette beauté là, avec
un rien de crainte que ce ne soit plus
aussi beau, mais aussi la certitude que ce le sera toujours
Et
Piazzolla, qu’on aurait peut-être pas si bien rencontré sans lui….
Et
ainsi demeure demeurent à mon chevet et
dans un certain désordre de mes étagères personnelles, Richard et Piazzolla, empilés
avec Schubert, la Pathétique de Tchaikowski
, le Requiem de Mozart, le Stabat Mater de Pergolèse, les Mazurkas de Chopin, , les extraits des Noces de Figaro , la Note Bleue de Nougaro,
Peer Gynt, Rameau et Lulli et …. Et….Et….
Quel bazar, au Bazar la chance !
NB:
Et en fouillant je retrouve un CD offert, un CD oublié ! Une belle
chose pour ma soirée…..
« Volver »
par Estrella Morente !!!!
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