Convergences
Pierre Rabhi :
L’autre jour, j’ai écouté une interview de Pierre
Rabhi qui présentait son nouveau livre, et qui m’a fort intéressée.
Mais ce
qui a finalement le plus accroché mon attention, ce ne sont pas ses vues remarquables
sur la manière de reconsidérer la manière de vivre sur notre planète,
l’expression modeste d’un idéal de vie merveilleusement ambitieux vers la sobriété heureuse…
C’est une expression belle et énigmatique pour
dire la finalité de la vie la joie d’exister…
-Vous voulez dire « Bonheur » d’exister ?
-
Non !, Pierre Rabhi insiste : « la joie.. » ! Plus juste
expression sans doute d’une sorte de plénitude ressentie à exister dans le
monde…
Un
après midi au jardin :
Dans
le temps incertain, irrégulier, si obstinément pluvieux de cette année, où
alternent de rares mais superbes périodes de beau avec des tunnels de pluies diluviennes
, un hiver pas forcément mauvais pas
vraiment beau, le sentiment l’autre jour, de vivre une après midi à part , un moment « rare »,
dans le jardin clos de verdure , température douce, ciel clair et lumineux , il y a des fleurs justes épanouies, pas de bruit
dans le jardin clos ,mais des oiseaux qui sifflent et se répondent à
intervalles réguliers, une odeur d’herbe encore humide et qui chauffe au
soleil, de fleurs de glycines encore en fleurs
et de lilas qui s’ouvre ,il y a
des chats promeneurs qui traversent la pelouse le blanc aux yeux bleus, le tout
noir aux yeux verts, juste pour occuper
la pensée un instant et la divertir de soucis immanents et tenaces…
Rousseau et le "sentiment de l’existence" :
Vous allez dire que je me
retourne ces jours-ci un peu beaucoup
vers le 18ème siècle, un siècle agité d’angoisses autant que d’idées
de Bonheur et de Lumières…
Rousseau
, je respecte le contrat Social , je comprends en contexte de l’esthétique de
son temps, et de ses mirages personnels de bonheur,( !!!! )La nouvelle
Héloïse , j’admire la réflexion pédagogique audacieuse et moderne d’Emile, mais mon
plaisir de lecture de Jean Jacques, ce sont exclusivement Les Rêveries ..
Et
ce texte énigmatique écrit par un homme pour
qui sa Société, son angoisse personnelle récurrente, un âge déjà avancé, composent un mal être dans le monde complexe et douloureux,
dont l’écriture des Rêveries sont le plus beau remède à mes yeux, m’a toujours fascinée.
J’y aime particulièrement dans la Cinquième Promenade la description et l’analyse
de la forme de bonheur, pourrai-je dire de joie , qu’il lui est possible
d’atteindre en dépit de tout :
« Quand le soir approchait, je descendais
des cimes de l’île, et j’allais volontiers
m’asseoir au bord du lac, sur la grève […]là , le bruit des vagues et l’agitation
de l’eau, fixant mes sens et chassant de mon âme toute autre agitation, la plongeait
dans une rêverie délicieuse[…]Le flux et reflux de cette eau , son bruit continu
, mais renflé par intervalles, frappant sans relâche mon oreille et mes yeux ,
suppléaient aux mouvements internes que
la rêverie éteignait en moi, et suffisaient pour me faire sentir avec plaisir
mon existence , sans prendre a peine de penser…
De quoi jouit-on dans une pareille situation ?
De rien d’extèrieur à soi, de rien sinon de soi-même et de sa propres existence ;
tant que cet état dure, ou se suffit à soi-même, comme Dieu. ( !!!!) »
La remarque finale est qualifiée « d’orgueilleuse
et ingénue » par un manuel , mais j’y
trouve l’expression naïve du sentiment de plénitude que parfois peut procurer
la joie d’exister , indépendamment des biens matériels …
Mais bien sûr « tant que cet état dure… »
Transitoire, résultant de la conjonction
magique d’éléments favorables, la qualité de l’air, un certain degré de luminosité,
le parfum des fleurs, la subtilité de
bruits musicaux, sans doute même la conscience de sa précarité …
Comme un
moment au jardin, un bain de sable sur la plage déserte au bord de l’Océan…
Comme le temps fragile d’un de ces concerts où
tout semble réuni pour ressentir la beauté,
un de ces concerts dont on souhaite qu’il ne finisse pas, en sachant qu’il va s’achever…
Comme
des moments de communication intenses, délicieux et éphémères, avec ceux que l’on
aime…
1 commentaire:
Pierre Rabhi, Les Rêveries de Rousseau, Les lilas et autres douceurs parfumées du jardin, les chats, la mer... les joies de l'existence partagées avec ceux que l'on aime !! Beaucoup de plaisir à lire ce texte.
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