Fanny Azzuro et Rachmanov, Porokofiev, Kapustin
Aimer , comprendre ? C’est la question que me pose ce très bel
enregistrement de Fanny…
J’aime immédiatement le disque…
J’ai l’impression (en toute
naïveté de non-musicienne ) qu’elle
se joue de la subtilité des deux plans,
des graves puissants et percutants et une main légère qui détache la mélodie…
J’aime le thème de Corelli (ou pas Corelli peut-être et qu’importe, c’est Rachmaninov qui le dit) ce thème qui est une de ces
petites musiques qui demeurent dans la tête et le cœur et que l’on a envie de
chanter…Je suis à jamais, midinette au cœur tendre, esclave de la
mélodie !
J’aime ce thème qui parait se cacher, et que le délice des variations
complexifie et éparpille, sous le doigts précis, agiles , et subtils de Fanny..
J’aime Rachmaninov qui ouvre « un chemin vers
l’irrationnel »mais demeure pour moi si romantique encore…
Bien sûr, ma culture musicale est si limitée que je connais surtout
son concerto numéro 2 pour piano, délicieux cadeau que m’offrit ma grande sœur
un 9 mars, interprété par Aldo Ciccolini, mon idole d’alors, et que j’ai écouté
jadis encore et encore…
Et je remercie Fanny Azzuro d’avoir choisi pour ma découverte ces
précieuses et subtiles variations…
Prokofiev, je l’avoue est un peu plus difficile pour moi, ma culture
musicale, mon oreille sans doute imparfaite.
Mais je me laisse glisser grâce au piano de Fanny ,dans un monde
sonore triste et beau, étrange voire un peu étranger, où l’on se met perpétuellement
en attente de l’harmonie et de la mélodie qui ne viendra pas, la mélodie impossible,
l’attente d’un récit qui ne se racontera pas, et ce « suspens » ne
manque pas de charme.
Et voilà d’ailleurs que survient le Vivace du 4ème
mouvement apporte un dénouement tumultueux, et l’émotion puissante d’une
résolution de problème, comme un 5ème
acte de tragédie ! Ouah !
Et puis je lis , je lis la très
remarquable présentation de Laetitia Le Gay : riche, précise ,savante….
J’aime les CD,
« objets »d’art véritables, où la promesse de musique est enchâssée dans
des photos qui donnent visage à ceux qui jouent , et des mots qui donnent aux
auditeurs à écouter autrement, voire mieux …
Le texte est fort intéressant pour situer le contexte, et éclairer
peut-être la tonalité russe et le titre Russian
Impulse (qui néanmoins demeure pour
moi un peu énigmatique). Pertinent pour
approcher le style de chaque compositeur et souligner entre eux parentés et
contrastes…
Mais je mesure à sa lecture ce que j’appelle mon « hédonisme
musical », combien je me satisfais du plaisir de l’écoute, sans chercher «
davantage » à comprendre tenants et aboutissants…
Et j’y retrouve mon éternel problème d’enseignante de littérature, et
d’amateure de peinture et de photo:Le rapport ambigu entre la connaissance intellectuelle de l’œuvre d’art
et l’émotion ressentie…
Entre comprendre et aimer, ça pourrait faire une dissert de philo :
peut-on comprendre sans aimer et aimer sans comprendre ?
Le texte met en relief la brièveté caractéristique des pièces de
Rachmaninov et souligne que leur
séquence loin d’être aléatoire comme on pourrait être tenté de le sentir, obéit
à un projet structuré : ce que je n’avais pas remarqué , le vivant comme une
promenade , une rêverie divagatrice, mélodieuse et rythmée…
Peut-être les écoutes prochaines en seront-elles enrichies ?
Laetitia Le Gay souligne aussi et analyse la spécificité du 4ème mouvement
de la sonate de Prokofiev, dont justement j’ai été si vivement touchée !
Comme quoi comprendre parfois s’accorde avec aimer !
En tout cas, j’aime vraiment QUAND Fanny Azzuro joue du piano , et CE
qu’elle joue !
Ps :J’ai réécouté mon Ciccolini dans le 2ème concerto
de Rachmaninov : il gratte et pétille mon 33 tours !
Mais je retrouve l’émotion d’alors…
Ou pour être exacte l’émotion de l’émotion d’alors !
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