Je divague et m’éloigne mais toujours je reviens, à l’Ecole, aux écoliers, aux maîtres d’école, à la pédagogie, à l’éducation, à la littérature…
Quand j’étais élève, puis enseignante, puis formatrice, toujours j’ai aimé appartenir à mon école, à ma classe, puis à l’équipe de mes collègues, puis au groupe de mes élèves en formation.
Ces groupes étaient pour moi chaleur, échanges, parfois conflits, travail partagé, projets, gaîté, soucis, la vie en somme…
En même temps je n’ai jamais aimé appartenir tout à fait à des groupes …
J’ai mené ou suivi des actions syndicales, mais mon adhésion était chaque année pensée, pesée, pas systématique… et élue au conseil d’administration, je me suis souvent pris les pieds dans les lacets du « qui je représente ? Les collègues qui m’ont élue ? « L’appareil » et les mots d’ordre du syndicat ? Moi- même (horreur aux yeux du Syndicat) ? Et ne pouvant me déprendre de mon individualité propre, j’ai mené ces missions de représentation tout de guingois…
J’ai admiré et admire encore la sagacité de Célestin Freinet, mais peu les groupes pédagogiques de son église, tout en militant auprès de mes stagiaires pour sa conception pédagogique…, de guingois, toujours de guingois !!!
J’ai été formateur avec implication et la conviction que la formation des enseignants était chose fondamentale, mais sans me reconnaître vraiment dans les « professeurs d’iufm », bien que souffrant toutefois des reproches qu’on leur adresse, moi qui suis si peu didactitienne, si peu semblable à la plupart d’entre eux.
Maintenant que me voilà retraitée, je fuis les associations et les lieux qui me rappelleraient mon cher travail défunt mais voilà que mes pas me ramènent toujours à l’éducation, à l’apprentissage et à la littérature, au rôle de l’art dans notre vie, et peu de jours passent sans que je me dise : ne faudrait-il pas faire ça ou comme ça à l’école, en lecture, en écriture, à la maternelle …
Que diable vient faire Galliano dans cette galère ?
Je dois sa découverte à une divagation affectueusement consentie à mon compagnon qui s’est pris de passion à l’heure de la retraite pour l’accordéon, pour des raisons sans doute divagatrices lui aussi। Philosophe de « l’Esthétique », amateur de peinture et de photographie, il se passionne pour cet instrument atypique!!!
Et nous voilà partis un 2 janvier froid et « givré » (on ne peut mieux dire) vers Tulle, où justement ne se tient pour l’heure aucun concert, où bon nombre d’hôtels sont fermés, mais où se visite la manufacture Maugein, militante et attachante...
Je n’aimais que le piano, le violoncelle, la musique romantique et les opéras de Mozart, de Rossini et d’Offenbach, et je me promenais en dilettante dans la chaleur des musiques « latines », musique populaire italienne, chants de la guerre d’Espagne, musique d’Amérique du Sud, cueillant et grappillant des mélodies à enchantement variable…
Et me voilà partie avec Michel sur des chemins de traverse… « chemineaux » de l’accordéon …
Et voilà que je découvre ainsi Richard Galliano et que je trouve en lui un divagateur de génie, divaguant, son accordéon aux épaules, loin des sentiers tracés, mais connaissant tous les chemins d’accordéon, faisant du jazz sans être jazzy, du tango sans danser, du musette sans musette, et pourtant connaissant admirablement la musique et nous la renvoyant dans un son somptueux, sans autre forme d’histoire, en toute simplicité.
J’aime même son site sans histoire et ce poème touchant d’un gamin qu’il y affiche en toute simplicité…
J’aime ce que je comprends de sa conception de la musique, parce qu’elle rejoint me semble-t-il celle que j’ai de la littérature.
Et surtout j’aime sa musique que je qualifierais si je l’osais de « vitale »…
J’aime enfin son vagabondage qui m’a permis aussi avec et grâce à Michel, de nous balader pour le suivre de lieux de France en lieux de France un peu, beaucoup , un peu plus loin, une fois de plus, une fois encore…
Il a dit quelque part qu’il rêvait jadis de vivre de son accordéon et d’aller de ville en ville, son accordéon sur l’épaule, tel un baladin d’autrefois…de rencontre en rencontre। Je crois qu’il y a réussi…dans l’âge mûr…
Moi j’ai souvent rêvé d’aller main dans la main de ville en ville et d’y suivre ma rêverie Je n’ai pas les mêmes moyens esthétiques ni financiers que R.G (aujourd’hui) ni sans doute autant d’esprit d’aventure mais nos promenades musicales comblent un peu ce rêve de jeunesse, de courir avec un compagnon les villes et les champs …à la suite des joueurs d’accordéon !!!
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