Dans la série: Hexagonale
Voltaire
, est un de mes auteurs à penser. Il me convient bien, un peu marginal, bon
vivant, rieur, courageux, quoique soumis aux peurs existentielles
fondamentales, et rusé à la fois …
J’aime
son écriture, le rythme de ses phrases, j’aime sa pensée, son optimisme désespéré …
J’aime
qu’il ait su intéresser, et parfois réellement marquer, mes élèves…
Bref je n’ai jamais réellement adhéré
au reproche de Musset, « le hideux sourire de Voltaire », au soupçon
que ce sourire décharné incarnait une
certaine et déplorable mentalité
française, qui se rit de tout, ne se passionne pour aucune cause, ni ne
s’engage dans aucune passion vraie…
Reproche romantique pensai-je…
Oui ! oui ! « Les plus désespérés sont les chants
les plus beaux… » !!!
Et voilà que, parfois, par les temps
qui courent, je me prends à haïr l’esprit de dérision permanent qui constitue le fond de commerce de multiples
émissions télévisées.
Par exemple, pour ne pas les nommer, C
à vous, ou le Grand Journal…et ses Guignols.
Cet esprit me semble quand je suis
d’humeur légère, relever des dîners en ville parisiens , esprit caustique et
copain- copain, car d’ailleurs les invités sont tous du microcosme du showbiz ou de la politique, de l’analyse éditoriale,
de la critique culturelle, d’un petit monde intramuros, ou, comme disaient
les Précieuses de Molière, « le
centre du bon goût, le grand bureau des merveilles ».
Je m’en sens exclue et étrangère,
agacée de l’être, mais sans plus…
Mais parfois quand je suis d’humeur
chagrine, préoccupée par l’état social du monde et de mon pays, cet esprit me
paraît un avatar pénible de l’Esprit Critique auquel je suis évidemment
attachée , une forme dérisoire d’un « on ne me la fait pas à moi »,
une manière de toujours rire ou douter des décisions, de tourner en négatif les
prises de position ou les directions d’action qu’essaient cahin-caha de
mettre en œuvre les acteurs de la politique , de l’économie, voire de
l’éducation, …
Et naïvement je me dis, pour Voltaire
(comme pour Molière d’ailleurs, ou pour Beaumarchais) ce rire relevait du désespoir,
il était une manière d’engagement, parfois la seule possible , un moyen d’agir, qu’ ils payèrent souvent de désagréments,
de disgrâces, voire de condamnations…
Tandis que pour nos amuseurs , c’est
parfaitement gratuit, puisqu’ils ne semblent guère engagés dans l’action, en
général spectateurs du monde, au mieux observateurs, mièvres redresseurs de
tort, leveurs de lièvres, pourvoyeurs en ragots, à qui souvent rien n’en coûte…
Alors, effet du Temps de l’histoire ou
du Temps personnel (que je ne veux pas traduire par « coup de vieux » !)
je suis en passe de me prendre un sérieux Esprit de …Sérieux.
Je zappe les émissions qui ont pour
visée « de tenir au courant de l’état du monde » ou pire
« de décrypter la réalité actuelle , de l’analyser ou l’interpréter »,
je me réfugie dans la Fiction , romans , films, et même séries, où ne manquent
ni les principes , ni les idéaux, les passions ou les grands sentiments !
Je me replie dans mes amours et amitiés
privées…
Et je me nourris de musique, de
musique…
De photos,
Et de façon plus futile, de fleurs
De paysages… et d’air du temps !!!
« Mais voilà qu’il flotte
La lune se trotte
La princesse aussi…
Sous le ciel sans lune
Je pleure à la brune
Mon rêve évanoui… »
J Renoir, La complainte de la Butte
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