vendredi 22 février 2013

Joë Dicker -La vérité sur l’affaire Harry Quebert…



Séduction , déception …

Depuis que les nécessités professionnelles ne m’imposent plus de lectures « obligées « , plus encore que par le passé je grignote à ma guise ce qui me tombe sous la main au rayon du libraire, moins encore que par le passé, je ne me sens obligée de lire les « sorties » de la rentrée littéraire.
Parfois un titre, un mot dans Télérama !!!!, une jaquette m’attirent et souvent dans la librairie du Parvis, lumineuse et claire, calme, joli plancher, bons fauteuils , je m’en lis une petite tranche, parfois, j’achète pour mieux lire et relire …

La vérité sur l’affaire Harry Quebert m’a été prêté par un proche .
J’étais alors un peu condamnée à l’enfermement par la grippe, et le déluge qui accablait notre région, mais ce n’est pas cela qui m’a attachée à dévorer les 387 premières pages ….
J’éprouvais  une totale séduction de l’écriture, des thèmes, du récit…
Une écriture sobre , précise qui donne à voir et ressentir la vie, par ces détails dont Diderot disait qu’ils étaient l’essence du vrai réalisme par cela même que le lecteur dit : « On n’aurait pu les inventer… »
Et la vie du héros-narrateur , sa vie à Aurora, dans le New Hampshire, les personnages qu’il rencontre , les paysages  environnants ont une présence saisissante …Son devenir personnel et la manière dont s’est construite, dont plutôt il a construit sa personnalité, remarquablement servis par la narration à la première personne, donnent l’impression d’une déroutante lucidité…
L’enquête dans laquelle s’engage Marcus Goldman est un vrai thriller, une tension dramatique qui exige de savoir le fin mot de l’histoire
Ses rapports à son maître Harry Quebert, complexes, et déroulés dans leurs complexités,  m’ont intéressée personnellement, parce qu’il s’agit d’une relation maître- élève, et sociologiquement, parce qu’il s’agit d’une université américaine.
Et le thème sans doute les plus porteurs, qui sous-tend toute le faisceau des thèmes, celui de la difficulté d’écrire, entre panne d’inspiration et carcan social des contrats d’édition m’a paru  passionnant…

 Et puis aux trois-quarts de la route, la magie a cessé, je ne sais pourquoi. 
Si, je sais :
Trop de rebondissements :  le fil tendu du drame se détend : on n’y croit plus. Ce pourrait presque s’apparenter à la structure d’une série: à chaque fin de partie, on rempile pour un nouvel avatar évènementiel…
Trop de thèmes pour  moi tout à coup : la richesse tourne à la foison….
 Le rapport récurrent avec sa mère, sans doute constructeur de sa personnalité, devient caricatural à mes yeux , de l’ordre de la mère juive de comédie !
 Les médias , l’Amérique « profonde »,qui évoqués  au début s’avéraient saisissants par leur évocation stylisée,  perdent peu à peu leur relief et cessent de vivre dans mon esprit…
C’est peut-être encore « l’affaire » qui m’intéresse et le fin mot de l’histoire….
La personnalité ambiguë de Marcus, et le problème "être écrivain ou pas",  qui me poussent à poursuivre nonobstant la lecture …

MAIS… en utilisant un de mes parcours de lecture favori (si vous connaissez La manière d’être lecteur de Daniel Pennac, vous comprendrez que j’en revendique la légitimité !)


….Je lis « A rebours » !
Je cherche le dénouement, puis je remonte d’étape en étape à la construction de cet état  final.
Pus de fièvre, plus de tension dramatique, plus d’émotion,  juste la curiosité intellectuelle pour cette construction…
Dans le cas de ce roman, où il y a volonté manifeste d’imbriquer époques, lieux , et personnages , cette quête d’ailleurs, ne manque pas d’intérêt …

Mais ce n’est plus qu’un intérêt  intellectuel…d’où sont exclus l’angoisse, la douleur, le bonheur vécus par procuration, que nous offrent nos romans d’élection.
 Des romans qui d’ailleurs ne sont pas forcément des « chefs d’œuvres »  littéraires  mais qui réussissent à nous impliquer fortement.

Et cet intérêt simplement intellectuel  ne comporte  en particulier pas  le désir de relire et recommencer un parcours haletant…



3 commentaires:

Maître Chronique a dit…

Je te rejoins absolument. A la fin de la lecture, j'avais l'impression d'être un kangourou, avec tous ces rebondissements.
Et puis le bouquin aurait mérité plus de soin dans la relecture : il traîne beaucoup de fautes, des tournures de phrases bâclées. Par moments, je me suis dit qu'il était à la littérature ce qu'est un téléfilm au cinéma.
Dommage parce que, comme tu le dis, la construction est intéressante mais l'auteur abuse un peu de notre patience. Avec cent pages de moins, le livre aurait été plus percutant.

Maître Chronique a dit…

Je te rejoins absolument. A la fin de la lecture, j'avais l'impression d'être un kangourou, avec tous ces rebondissements.
Et puis le bouquin aurait mérité plus de soin dans la relecture : il traîne beaucoup de fautes, des tournures de phrases bâclées. Par moments, je me suis dit qu'il était à la littérature ce qu'est un téléfilm au cinéma.
Dommage parce que, comme tu le dis, la construction est intéressante mais l'auteur abuse un peu de notre patience. Avec cent pages de moins, le livre aurait été plus percutant.

françou a dit…

Je vais ajouter à ta conclusion , si partagée une docte remarque façon vieille ...C...!
"qui ne sut se borner ne sut jamais écrire..."