mercredi 11 novembre 2009

Gigi


Mademoiselle Gigi

Il y a quelques jours, j’avais…
« Ce mal qui répand la terreur…
La grippe puisqu’il faut l’appeler par son nom ! »
Agitation fiévreuse, inquiétudes vagues, pensées cotonneuses, il me fallait quelque douceur sucrée qui me distrairait au fond de mon lit. Je cherchais fébrilement et au hasard dans mes trésors VHS, un vieil enregistrement vidéo genre tendre et sentimental.
J’ai trouvé « Mademoiselle Gigi »,
Il ne s’agit pas de la comédie musicale de Vincent Minnelli qui avait obtenu l’Oscar du meilleur film en 1958 et fait aussi mes délices avec Leslie Caron, Louis Jourdan, et Maurice Chevalier
C’est un téléfilm de 2005 de Caroline Huppert.
Peut-être est-ce la grippe, ou la fatigue, mais là où je me rappelais une bluette somme toute adaptée à mon état grippal, j’ai été frappée, nonobstant le happy end , l’humour parfois noir du texte (celui de Colette, fidèlement)et la personnalité de Gigi,par la cruauté de la situation.
Macha Méryl et Françoise Fabian y incarnent deux personnages de courtisanes, la grand mère et la grand tante de Gigi, retirées des affaires, mais engagées dans la préparation de leur succession en la personne de leur petite fille. Elles construisent ainsi une éducation aussi complète que celle d’une archiduchesse ou d’une jeune fille de la bonne bourgeoisie: l’étiquette, le maintien, les manières, les cheveux, le teint, et de « savoureux principes » « Chez nous on ne se marie pas », « les soins du bas du corps »… « on ne peut pas, on peut… » et perpétuellement, en arrière –pensée, la recherche du protecteur capable de lui faire une belle situation
Tante Alicia comme un maquignon ou une mère maquerelle, la jauge,la soupèse comme une pouliche ou une esclave, les dents, le teint, le « petit coin », la conversation , le tenue à table… scrute les points noirs , renifle l’haleine…
La Mamita est plus tendre, plus sentimentale elle-même, elle n’a pas croqué aussi bien les hommes,, mais néanmoins tout aussi déterminée à à assurer l’avenir de Gigi et le sien propre….Gigi est prise comme en un étau dans leur projet, enserrée dans son destin préfabriqué, un avenir sans autre issue…
Et elle se débat et elle se rebelle ! Peut-être à cause de son romantisme entretenu par ces lectures. Mais aussi par une sorte de fermeté, une détermination à suivre ce qu’elle croit bien et honnête, une force obstinée à croire à l’amour heureux, à poursuivre le bonheur dont Stendhal dit qu’on l’atteint rarement mais que sa poursuite vaut bien toute une vie .
Près d’elle, Caroline Huppert a inventé, aussi rousse que Gigi est brune, aussi en chair que Gigi est mince et dégingandée, en contrepoint et en contraste, sa copine d’école. qui choisit plutôt que le vieux baron qui la couvre de cadeaux son garçon d’écurie qui sent bon le foin. Tant pis, elle ira travailler comme vendeuse ce qui ne gagne pas beaucoup et mais évite de faire des cochonneries avec n’importe qui..

Elle retrouvera Denise Baudu au « Bonheur des dames » !!!
Autre jolie figure que le début du xxème siècle nous offre, même force, même fragilité psychologique et sociale, même obstination à croire au bonheur, à la raison et au progrès !
Même détermination à gagner contre le malheur et pour la vie !
Un autre dénouement heureux, chez un romancier qui n’en offre guère !!!

Bien sûr , il y va de mes goûts romanesques, de mes choix déclarés et déterminés pour les histoires qui finissent bien, mais ces deux femmes , dont j’ai toujours aimé les histoires, me paraissaient incarner en ce siècle naissant, un avenir de femme meilleur, des femmes plus libres, déterminées à croire au bonheur, et opiniâtres sous leur apparente faiblesse…
Un siècle après, que seront-elles devenues ???

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je n'ai pas vu en son temps ce téléfilm, mais tu en parles fort bien, donnant envie de replonger dans la lecture de Colette, son ironie, et son amoralisme. Et puis j'ai aussi de la tendresse pour cette petite souris grise de Denise Baudu, avec qui je partage mon nom de jeune fille !
Edith