mardi 13 novembre 2012

A réécouter : Frédéric Morando…l’OPPB de Pau , une entreprise pour la musique !

Expliquée par Frédéric Morando directeur artistique délégué
 J’ai raconté une fois notre « découverte » de l’orchestre de Pau à l’occasion de la venue de Richard Galliano , comme soliste invité .J’ai souvent regretté sur ce blog l’absence à Pau de notre musique de prédilection, celle de l’accordéon mais pas que , celle aussi du jazz, ou celle qui revêt un caractère tellement divers qu’elle se voit qualifiée de musique du monde, ou même celle qui se voit aussi étiquetée musique contemporaine pour la même raison d’éclectisme …
L’invitation de notre idole Richard G fut pour nous un démenti bien sympathique à notre a priori, même si nous eûmes bien du mal à trouver deux places au paradis qui mérita quasiment  son nom pour nous en cette soirée…
Car le fonctionnement de l’OPPB par abonnements , comme celui de la plupart des scènes nationales, même parfois celui des festivals,  n’est guère favorable aux fans vagabonds  de musique que nous sommes…
Car je mentirai en prétendant que je n’aime que l’accordéon et pas la musique symphonique, ni la musique classique. Souvent j’ai eu envie d’aller écouter Schubert , ou Bartók ou Beethoven…
Mais nous inscrire à un abonnement annuel ne fut-ce que de 5 concerts ne convient pas à notre pratique du cabotage musical : nous nous attachons à des  musiciens ou des œuvres découverts un jour, ou traqués sur le net ou en CD, comme rats attachés aux pas du Joueur de flûte de Hamel. Nous réservons des places parfois non sans peine et puis en route pour des balades prochaines ou parfois lointaines !. Je reconnais que sans doute nous passons à côté de propositions intéressantes et  nous  privons  de certaines découvertes. Mais  surtout je comprends que pour faire fonctionner un orchestre comme celui de Pau ou une institution musicale telle que nous en croisons, comme l’Astrada de Marciac , ou le festival Jazzèbre… notre fréquentation papillonne  ne constitue pas un atout…
C’est justement ce fonctionnement que Frédéric Morando explique si finement : le public de l’OPPB est le support  central du financement de l’entreprise. C’est grâce à la fidélisation de son public qu’elle peut entreprendre des projets sinon innovants (Frédéric Morando est modeste) du moins  audacieux et que je dirais idéalistes, voire politiques,  en donnant aux deux termes leur sens positif…
Proposer à tous publics la musique classique. Y compris celui qui ne sait pas le solfège ! « Proposer »… car liberté doit demeurer au public de ne pas aimer. Susciter une  rencontre le plus qualitative possible,  avec la beauté des œuvres choisies …
Idéalistes , voire un peu utopique, dit Fréderic Morando car devant viancre des  obstacles, obstacle du prix, et pire encore, celui de la « sanctuarisation » des salles de concert, lieux d’initiés aux codes réglés où certains publics risquent de ne pas se sentir  à leur place,
« Est-ce qu’il faut applaudir ? » dit-il « comment s’habiller ? » « arriver à l’heure ? » voilà peut-être les questions qui se posent à ces publics. Je me rappelle enfant la gêne éprouvée  ayant applaudi entre deux mouvements , et ma surprise ravie dans ms premières expériences d’opéras de voir des gens fort « sapés » se lever à la fin du morceau de bravoure  de leur soprano ou ténor vedette….et applaudir à tout rompre .
 Et de même aux concerts de jazz la découverte qu’on pouvait –ou devait ?- applaudir à la fin d’ un chorus…Je continue à me demander pourquoi ces applaudissements sont souvent sélectifs et sans doute codés ? Souvent le batteur, quelquefois la contrebasse, ou le piano, la trompette, les saxos  …ET rarement l’accordéon !!!!

Mais  plus encore c’est une touchante philosophie de la musique que Frédéric Morando  
esquisse pour nous  : la conviction qui est la sienne et celle de Fayçal Karoui que ce qu’il faut donner à rencontrer c’est l’émotion qu’offre la musique : « on a tous besoin d’émotion , on a tous besoin de beauté . Et la beauté de la musique pour lui est la plus touchante « parce qu’éphémère et imprévue… »



J’ajouterai que si l’émotion éprouvée devant une œuvre littéraire qui fut mon domaine de prédilection ou d’un tableau nous paraît parfois possible à renouveler puisque l’objet demeure , en revanche on ne revivra jamais l’émotion de la première lecture, ou celle de la surprise du premier regard et du sentiment puissant d’évidence de la beauté qui s’y attachait…

C’est donc avec un peu de tristesse, parce que je prends conscience de sa justesse, que j’entends Frédéric Morando remarquer  que les professeurs de français, à l’instar d’ailleurs de l’enseignement de l’histoire de l’art, savent mettre en réseau les œuvres littéraires avec l’art pictural mais jamais avec la musique…
E ce qui me concerne c ‘est vrai ! Je connais un peu d’histoire de la peinture, ou même de la photo, mais si j’ai écouté et écoute, beaucoup de musiques…je ne sais pas grand chose de l’histoire de la Musique
Je n’en connais que l’ EMOTION, poursuivie encore et encore !

En dehors de ça, écoutez cette interview ! 

Vous découvrirez en l’ écoutant racontés avec finesse et simplicité, bien des aspects passionnants de la vie , des  projets , du fonctionnement,  de  l’évolution d’une « entreprise de musique », celle d’un orchestre symphonique , le nôtre, celui de Pau !!!




PS :

Le temps qui file …

C’est le temps des « concerts  magiques ». Petit à petit, à mesure que se bâtit le concert pour nos yeux, nos oreilles et notre sensibilité,  pour nous le temps s’enfuit comme une eau qui coule entre les doigts. La richesse et la  variété même l’accélèrent : on attend la surprise mélodique du thème , et si la mélodie se disloque ou se noie dans les thèmes de chorus, on la cherche avec impatience, on savoure de la retrouver,  et tout à coup on craint que cela finisse…et puis  on sait que cela va finir. ..
Contribuent à ce temps emballé, le pouvoir d’entraînement des musiciens, la force de la mélodie qui crée attente et anticipation, et précipite le déroulement du récit. Y contribue aussi la composition des œuvres et du concert :  la variation dans les rythmes , les modalités , les mélodies,   multipliant  en quelque sorte les évènements sonores, accentue encore l’impression d’accélération du temps …






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