Ce n’était pas tout à fait l’hiver, c’était le 25 novembre , et c’était à Conilhac, dans le massif des Corbières , pierreuse est la plaine vallonnée de Piémont ,où la roche affleure entre les champs, et que la vigne d’hiver anime de ses rangs noueux jusqu’au lointain bleuâtre…
Minéral est le village
aux maisons anciennes de calcaire gris
aux coins de briques roses qui ont
conservé leur architecture traditionnelle , le long d’étroites
rues où.s’engouffre un vent vif et froid …Dans ce froid de pierre ,
s’ouvrent des ilots de chaleur : un joli hôtel dont la véranda au sud
s’ouvre sur le vaste horizon pyrénéen « Côté jardin », à l’accueil
aussi chaleureux que sa véranda, une salle des fêtes, reconvertie pour ce soir en salle de
spectacle, au fond d’une cour, un Club de jazz placé sous le signe du swing et
du vin, où se prolonge l’enthousiasme des soirées de musique…Nous irons d’ilot en ilot, car
c’est pour la musique que nous sommes venus à Conilhac.
Conilhac maintient depuis 30 ans
un festival de jazz, qu’honorent de grands musicos : nous y sommes venus de
Pau pour écouter Galliano et Lockwood :
Ce n’est pas la première fois que
nous écoutons Lockwood , entendu plusieurs fois avec Azzolla..mais nous ne le
connaissons pas bien, et il nous inspire
une certaine curiosité, mais ce soir c’est Galliano que nous venons
écouter ! Depuis des années, tant nous aimons sa musique, nous nous attachons à ses pas .Depuis que le
l’ai découvert en fait car Michel, lui le connaissait , comme il avait écouté
et connaissait beaucoup de musiciens de jazz. Je me rappelle, un soir à Hossegor,
Galliano était invité au festival de contrebasse de Capbreton, je le lui dis :« tu
connais Galliano ? Il rit, il me dit « c’est le plus grand
accordéoniste de jazz !!! » et c’est ainsi qu’a commencé notre
« passion » Galliano, et nos partages musicaux…pas ce soir -là à Capbreton !Car nous sommes arrivés
devant la salle , naïfs, pour prendre des places , toutes louées depuis quinze jours et plus !
Et depuis on le suit comme les petits
rats la flûte de Hamel !!!
Nous sommes allés pour
commencer dans des lieux prestigieux , au New Morning, pour la sortie de Luz Negra , à la salle
Gaveau pour Mare Nostrum , à Junas, à Marciac pour une Carte Blanche , puis dans
des lieux moins réputés , certains
lointains comme Saint Martin du Crau, pour Bach, et dont
quelques-uns , nous offrirent en
cadeau la rencontre, sinon la découverte
en live de « Grands » que nous ne cessons de suivre depuis, ainsi à Junas,
Daniel Mille, et à Saint Martin du Crau, Manu comté et le groupe Soledad . Et
cette quête poursuivie autant que nous le permettent les aléas des soucis et
…de lâge ! nous a conduit dans de lieux multiples , plus obscurs, ,
Limoux, Carmaux , Carcassonne , Seignosse , Montauban, Eysines… , ou plus
proches, Arcachon, Oloron , Orthez , Biarritz, Trentels, où s’organisent avec ténacité de courageux petits festivals de
jazz, à Toulouse, qui est un peu notre ville, et à Pau, notre ville, où nous
avons failli ne pas avoir de places ! Et donc à Conilhac !
Admirant toujours que ces
grands musiciens ,Richard Galliano, Daniel Mille, Vincent Peirani et Emile
Parisien, Renaud Garcia Fons, Lars Danielsson, Airelle Besson, Paolo Fresu, d’autres
encore, viennent dans ces petites salles aux quatre coins de France pour notre plus grand bonheur !
Encore que pour diverses
raisons sans doute, beaucoup d’entre eux et surtout Richard Galliano , me
semblent actuellement courir le monde , loin, bien loin d’ici… en tout cas de
nous !
(à moins que ce soit nous( lol)
qui ,pour des raisons bien sûr tout à fait indépendantes de l’âge qui vient !!!,
ne trouvions de plus en plus inaccessibles leurs destinations même en France ou
pays proches !!!)
A Conilhac, c’est donc
Galliano que nous attendions, pour lui
que nous étions venus !
Eh bien la réponse nous a ravis, nous a offert
un moment de bonheur délicieux, préservé des soucis personnels et des aléas du
monde, le temps arrêté, pensées toute captées par le présent du concert…
A quoi tenait ce bonheur …Evidemment à la
musique, celle de Galliano, à ce que j’appelle les « Variations
Galliano », l’interprétation toujours renouvelée, toujours différente de
ses œuvres qui nous sont familières -Et cette différence, l’invention
d’un « écart » nouveau est poésie pure, savoureuse- S’y ajoute
quasiment toujours la saveur de thèmes nouveaux, ce soir en particulier puisés aux œuvres de Lockwood ou
aux standards de jazz … Ce soir j’ai noté, car tout à leur « double
jeu » il n’annonçaient que peu des morceaux, côté Galliano Fou rire, Aria comme souvent enchainé sur Libertango..(
cela s’enchaine à merveille avec une grande impression d’évidente fluidité) la
force de Tango pour Claude, et Chat Pitre dont Richard raconte avec
humour le destin aventureux, en
concluant « c’est ainsi que les
musiques s’échappent, et voyagent »
et je trouve que cette remarque convient à merveille à leur concert ce soir,
une sorte de liberté, de légèreté, dans la connivence de la musique partagée …
Côté Lockwood, je n’ai pu hélas nommer que peu de morceaux sauf « le Kid »et bien sûr un « Nuages » bien beau …
Mais en fait je me souciais peu de nommer me
laissant capter par la nouveauté de cette musique en duo. Et toujours le duo, côte
à côte, ou face à face, fonctionnait à
merveille, ensemble, ou en solo… Lockwood, frénétiquement inspiré , Richard à
l’écoute , attention extrême et rêveuse à la fois ,
Galliano en solo , accordéon à pleins bras, avec son allégresse magique, sans la moindre trace de fatigue sensible, sa sonorité inimitable, son aisance si accomplie qu’elle semble spontanée et naturelle…
Galliano en solo , accordéon à pleins bras, avec son allégresse magique, sans la moindre trace de fatigue sensible, sa sonorité inimitable, son aisance si accomplie qu’elle semble spontanée et naturelle…
.Et c’était pour moi le plus remarquable de
cette soirée l’impression d’une joie de jouer ensemble et pour nous, sans effort
( !!!) comme si thèmes et tonalités surgissaient et se développaient en
ramifications harmonieuses, s’enchainaient comme d’eux-mêmes… comme à la Fête !
Et pour nous, merveille de voir et entendre la musique de construire à nos oreilles sous nos yeux fascinés …
Merveille du direct, parfois, souvent, presque toujours…
Avec nos musiciens d’Election,
Ceux qu’on suit et poursuit …
2 commentaires:
Je découvre ce superbe article le lendemain de la disparition brutale de Didier Lockwood...bel hommage, hélas désormais mêlé de larmes...
Merci "Sister for ever" de ta lecture fidèle ! Oui bien triste nouvelle que cette disparition, pour nous d'autant plus triste que toute proche de cette "redécouverte "récente , qui avait enchanté ce soir d'hiver dans les Corbières éclairé par l'Amitié Galliano !!!! bises merci!
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