Toute cette année, « ça va jazzer » nous a offert une
riche variété de belles musiques et sonorités, et aussi de points de vue de
musiciens aussi intéressants que divers, sur le jazz, le travail et l’apprentissage
des instruments , le rôle de leur histoire personnelle et familiale dans leur
aventure musicale, le rapport avec le public des « écouteurs »,
dernier point de vue qui forcément m’intéresse toujours particulièrement !
Ce soir du 12 mai , c’est le
plaisir du direct qu’il nous offre , mais pas seulement , car le piano de
Natanaël et les deux jeunes et superbes voix du duo de Baratine Akoustic
constituaient un vrai bonheur d’écoute..
Bien des remarques de Natanaël et Clara étaient intéressantes,
La manière dont Natanaël compose entre texte
et voix : la plupart du temps,
mélodie d’abord où naît un mot à partir duquel se construira le texte,
qui me rappelle le processus de certains poètes comme Valéry , hanté par un
rythme ,et un mot ou une phrase « donnés » autour desquels se
cristallise le texte…
Remarque sur le travail de la
voix conçu comme un travail sur un instrument, sur une matière sonore…
Un travail sur la couleur plus
que le sens du texte…
D’ailleurs, un travail ?non ! Chanter, chanter
ensemble, s’écouter, s’accorder, s’harmoniser….
En se référant, bien sûr, au
jazz, pas une musique de jazz élaborée, mais en tout cas au jazz vocal, au scat, avec un jeu sur les
onomatopées, des imitations d’instrument, de la trompette en particulier….
Mais ce qui m’a le plus séduite ,
c’est leur grand plaisir à chanter ensemble…leur grand souci d’harmoniser leurs
deux voix, qui se trouvent naturellement accordées, de mélanger leurs timbres, de
se partager la voix principale, afin que l’une ne prenne
pas le pas sur l’autre …
Qu’ils considèrent leur chant
comme un jeu, un très beau jeu ma foi, où les voix se répondent, se lient ou se
désunissent, pour notre plus grand plaisir
…
Leurs textes pour ne pas être
anodins ne se prennent pas au sérieux
pour autant, chantent avec fantaisie les variations de la vie quotidienne.
Leurs dialogues vocaux auquel le piano apporte parfois une vivacité supplémentaire
chantent de charmantes anecdotes plus
proches de séries tv que de tragédies lyriques…
Ainsi Ramdam, Louise, ou les Inséparables,
ou Crème Brulée…
Pleins de charme, de fraîcheur ou
d’humour, on s’y laisserait prendre,
séduit par la fantaisie du chant, on en oublierait d’écouter le texte si le
retour de phrases poétiques et simples, reprises en contrepoint, ne venait en
filigrane rappeler les dissonances de l’amour, la gravité de la vie, de la place
faite au temps, les chaînes des amours …
Un très joli Marivaudage, qui parfois a un petit air à la Prévert ….
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire