Ecouter Daniel , plaisir rare pour les méridionaux que nous
sommes …plaisir précieux.
Plaisir couru à Cavérac, à Junas, à Toulouse, à Tulle …
A Trentels ce 18 mai 2012, avec Stéphane Chausse à / aux
clarinettes, que nour rêvions d’entendre en live, et Eric Longsworth au violoncelle, que nous ne connaissions pas, et dont la connaissance est
un enrichissement culturel.
Tous trois d’une grande présence, et Daniel d’une autorité maîtrisée… ce fut vraiment un
merveilleux concert…
Pourquoi nous aimons Daniel Mille ?
Ses mélodies..?la tonalité de l’émotion suscitée…? le son
« soyeux », délicat et précis à la fois de son accordéon ? Et,
ce soir, son accord raffiné avec ses deux compagnons ? Je ne saurais dire...
J’ai déjà essayé dans un texte d’évoquer le plaisir de sa
musique …
" Comme je ne saurais analyser les qualités musicales
de ce concert,- d’autres l’ont remarquablement fait, Michel Contat en
particulier pour ne pas le citer, je me contenterais de dire ce que j’appelle la POESIE
de la musique de Daniel Mille, c'est-à-dire son pouvoir d’ éveiller des correspondances et connotations. »
Des images certes, -les météores sont très présents dans sa
thématique-, mais aussi des fragments de poèmes familiers que cette musique
éveille dans ma mémoire.
Après
tout, il nous le disait comme nous
échangions quelques mots après le concert, « il aime les mots », les
titres poétiques pour accompagner sa musique, il ne saurait donc m’en
vouloir que cette musique éveille en moi
des mots et aussi des « phrasés » chantants, déchirants, mais tendres…
Quelqu’un a parlé à son sujet de « Spleen ».
Mais pour moi, il ne peut s’agir du spleen baudelairien,
chargé de la pesanteur régulière et oppressante de l’alexandrin en quatre temps,
lourd d’ombre poisseuse et de
pourrissement, étreint d’angoisse…
La mélancolie de Daniel Mille est délicieuse,
son mode mineur s’apparente au vers impair de Verlaine,
A la tristesse de Fantasio,
ou au jardin d’Apollinaire :
L’anémone et l’ancolie
Ont poussé dans le jardin
Où dort la mélancolie..
Pourtant, s’il est vrai que parfois je songe à Baudelaire, c’est avec Les minots, dont la mélodie émeut « ce
qui demeure d’enfance en nous », comme les bruits de cours de récréation, que
j’aime toujours et encore , qui musiquent à jamais pour moi un écho du vert
paradis ….
Mais le vers paradis
des amours enfantines
L’étrange paradis
plein de plaisirs furtifs
Peut-on le rappeler avec des cris plaintifs
Et l’animer encore d’une voix argentine
L’étrange paradis…
(Maesta et Errabunda)
Ou encore à L’invitation au voyage
Mon enfant ma sœur
Songe à la douceur
D’aller là-bas vivre ensemble !
…
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystéri-eux de tes traîtres yeux
Brillant à travers leurs larmes…
Et me disant ces vers après le concert, je pensais: justement! dans Maesta (triste) et Errabunda
(vagabonde !), l’alexandrin s’anime,
d’irrégularités
dans la mesure
Loin ! loin ! ici la boue est faite de nos pleurs
Emporte-moi Wagon ! Enlève –moi frégate, …
de sonorités argentines …
de reprises qui sont comme des contrepoints :
Mais le vert paradis…
L’étrange paradis…
Et dans l’invitation au voyage
Le vers impair et irrégulier chante quelque
chose d’ouvert, comme un pas suspendu , une mesure inachevée…
Et je me dis Daniel fait swinguer la
mélodie, il fait swinguer la mélancolie…
C’est ce mélange qui est délicieux… comme du
Verlaine…
…L’attente…Place sainte Catherine…Les Minots…Oblivion…Fin
d’été…Embruns…Besame mucho….Daniel… Stéphane… Eric…!
…Keep on swinging !!!!
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